Lion

Le Signe du Lion

23 Juillet – 22 Août

par

Jean-Pierre Vezien

La Symbolique du Signe

Du fait de la précession des équinoxes, le signe du Lion est actuellement décalé par rapport à la constellation Léo dont il tient son nom. Nous verrons plus loin que le terme « Lion » est né de l’observation terrestre du phénomène des saisons. Contentons-nous, pour l’instant, de remarquer que le zodiaque des signes est différent de celui des constellations pour encore environ vingt mille ans. Bien que Régulus, étoile Royale et’ très bénéfique du cœur de Léo soit celle qui traditionnellement – lorsqu’elle se situe sur un élément important d’un thème de naissance comme l’Ascendant ou le Soleil – accorde richesses et honneurs, nous nous devons de parler du signe du Lion, c’est-à-dire de la portion du ciel qui chaque année, au milieu de l’été, est traversée par le Soleil pendant trente ou trente et un jours.

Le Zodiaque des signes, du Bélier aux Poissons, correspond on ne peut mieux à l’évolution de l’Homme – évolution tant physique que spirituelle. Il est fondé sur le mouvement annuel apparent du Soleil par rapport à la Terre, mouvement qui détermine nos saisons.

Il est logique de penser que si le signe du Bélier représente la Naissance et correspond au début du printemps, et que le signe des Poissons symbolise l’Accomplissement et correspond à la fin de l’hiver en préparant un nouveau printemps, le signe du Lion sera pour nous celui du plein été, celui de la maturité de l’Homme.

L’idéogramme du Lion

L’idéogramme du Lion est formé d’un cercle à partir duquel s’éloigne une vaste courbe. Comme on le voit, il contient deux parties distinctes liées l’une à l’autre. Le cercle, en schématisant, symbolise la vie, la permanence, l’absolu (notons que le Soleil, planète maîtresse et en analogie avec le Lion, comporte également le cercle dans son idéogramme).

La courbe représente la queue du lion-animal sous une forme stylisée. Si, comme le graphologue Max Pulver 1, nous cherchons à analyser le symbolisme des mouvements d’après leur direction et leur orientation, on remarque d’abord, face à cet idéogramme, que la courbe constitue la partie la plus importante : elle couvre la surface la plus grande. Cette courbe nous suggère le mouvement, le dynamisme qui part d’un centre (le cercle) pour s’étaler avec grandeur et dignité, pour rayonner. En approfondissant l’étude de ce symbole graphique, nous nous apercevons qu’en lui-même il contient déjà clairement l’image propre aux léoniens, d’une existence de type expansif, en constante recherche de la perfection et de l’absolu.

Nous savons que la constellation et le signe tiennent leur nom de l’apparence et du caractère du roi des animaux. Il nous faut reconnaître que la constitution de ce dernier s’accorde parfaitement avec le luxe et la majesté de la nature, au milieu de l’été.

De couleur jaune fauve (nous verrons d’ailleurs que la couleur en analogie avec le Lion est le jaune ou l’orange), ce carnassier nous en impose depuis la nuit des temps par son attitude empreinte de dignité, de souplesse et de grandeur. Le plus souvent, sa tête couronnée par une luxueuse crinière nous apparaît rigoureusement droite. Calme et décontracté, cet élégant félin semble toujours très sûr de lui. Connaissant sa puissance, il n’éprouve sans doute guère le besoin de la démontrer, car il passe le plus clair de son temps à sommeiller.

Comme chez tous les félins, la démarche du lion est particulièrement agile, mais on distingue surtout la puissance musculaire et la noblesse du maintien : l’attitude aristocratique. Généralement, le lion se couche sur le ventre à la manière du Sphinx ; il arrive aussi, comme le représentent si fréquemment les statuaires, qu’il s’asseye tout simplement ; il conserve ainsi toute sa tranquille majesté. Mais dans la nature, nous nous devons de constater que le lion est très souvent allongé sur le dos, partie de son corps qu’il adore frotter sur le sol. Dans cette posture, le lion manifeste son bonheur et l’étendue de sa sérénité. Nous savons par ailleurs combien est sensible la colonne vertébrale des félins, et ce n’est sans doute pas le fait du hasard si cette partie du corps correspond symboliquement au signe du Lion.

En sculpture, on rencontre de très nombreuses figures léoniennes : le Lion de Belfort de Bartholdi, devenu « l’étendard », symbole de puissance et de solidité d’une célèbre marque d’automobiles, le Lion en marche de la colonne de Juillet de Barye, ou encore les Lions de la capitale de l’Argolie (Mycènes) qui ornent la fameuse Porte. Mais ce sont surtout les armoiries et les blasons qui nous offrent la plus grande diversité de lions : ils y foisonnent littéralement. Le lion est alors symbole de puissance et de noblesse, et on le rencontre naturellement beaucoup en chevalerie.

Nous n’en finirions pas de citer des exemples d’armoiries nationales où figurent des lions, des Philippines au Canada, à l’Ethiopie, en passant par l’Afrique du Nord, la Tchécoslovaquie, le Togo, la Finlande, le Kenya, le Maroc, la Norvège, l’Inde, la Grande-Bretagne, le Sénégal, la Suède, la Tunisie, l’Espagne, l’Iran… Une telle diversité géographique nous confirme que le lion incarne réellement la pleine affirmation de la volonté, de la puissance consciente : l’autorité et la souveraineté.

Le Lion dans le cours des saisons

Chaque année, vers juillet-août, le Soleil traverse la même partie de l’espace céleste qui délimite le signe du Lion. En juin-juillet, l’astre du jour occupe le signe du Cancer, c’est alors le commencement de la saison chaude : l’été. Le Lion, quant à lui, marque le milieu de cette saison, car en août-septembre le Soleil passe dans le signe de la Vierge, déclenchant ainsi la fin des grandes chaleurs.

Le milieu de l’été correspond à l’époque où, pour les gens de la terre, les récoltes vont se parfaire sous le feu le plus intense de l’année. La sève que contenaient auparavant les tiges verdoyantes va pratiquement cuire sous l’effet de la chaleur et de la sécheresse. Par le mûrissement solaire, il se produit une véritable concentration de cette énergie à l’intérieur des fruits. C’est seulement à cette période que la végétation atteint son apogée : les céréales comme les fruits arrivent à leur maturité. Tout resplendit dans la nature, les couleurs éclatent sous la dorure dont le Soleil les gratifie.

L’été est à son summum. Il peut paraître intéressant d’effectuer une triple analogie Journée-Année-Vie humaine ; c’est ainsi qu’au Bélier, premier signe du Zodiaque (à l’équinoxe de printemps), correspondent le matin, le lever du jour, le début du printemps et la naissance. Avec le Cancer débutent le milieu de la journée, l’été et la maturité ; à la Balance correspond le commencement de l’hémicycle de décroissance, le soir, l’automne, l’âge mûr. Au Capricorne enfin, en décembre-janvier, c’est le début de la nuit, de l’hiver, de la vieillesse, mais aussi de la Sagesse. Dans cet ordonnancement, le Lion se situe juste après le Cancer, il représente donc le plein midi, le plein été et ce que l’on a coutume d’appeler la force de l’âge.

Le Verseau, signe opposé au Lion dans le Zodiaque, est d’ailleurs bien en rapport avec la nuit totale et le milieu de la vieillesse. Après la force pure et si vive du Bélier – l’élan printanier -, la plénitude de cette force en Taureau, sa mutation en adolescence chez les Gémeaux et le début de l’état adulte en Cancer, vient la maturité, l’âge où l’homme se trouve en pleine possession de ses moyens apparents, tant sur le plan physique que sur le plan spirituel. Il lui reste cependant beaucoup de chemin à parcourir avant d’en arriver à l’Evolution ultime, symbolisée par le signe des Poissons.

Feux de paille et brûlures

Plus loin, dans l’étude symbolique du Soleil, la planète maîtresse du Lion, nous verrons que ce luminaire est quelquefois synonyme de hantise, car ses rayons grillent tout et n’épargnent rien. Il est vrai que la verdure de la végétation fin juin – début juillet, va se trouver réduite en paille et totalement asséchée. Le Soleil, lorsqu’il atteint le zénith, est cruel comme le Lion : pas la moindre trace d’ombre. Le signe du Lion nous montre les choses telles qu’elles sont, sans les farder ou les escamoter, ne serait-ce qu’en partie. Cette lumière « d’en-haut », permet à l’homme d’atteindre et de connaître l’objectivité, la raison pure et, par là, de faire preuve de lucidité. Aucune imperfection ne peut échapper aux rayons solaires du midi léonien.

Une autre conséquence de l’écrasante chaleur du plein été est la venue de l’orage. Après avoir longuement accumulé l’électricité Uranienne (Uranus est la planète nouvellement maîtresse du Verseau), l’orage éclate brutalement. Ce déchaînement aussi rapide qu’inattendu des éléments peut être mis en rapport direct avec la colère de l’animal lion qui brusquement rugit et bondit sur sa proie ou sur son adversaire. Tout comme l’être humain entrera subitement dans de terribles colères pour, quelques minutes après, reprendre sa sérénité originelle.

Comme nous l’avons vu, le Lion correspond parfaitement à l’âge de la maturité, l’âge où les réalisations de l’homme sont les plus efficaces, l’âge des constructions bien assises. Pour être efficient, comme le Soleil de midi en plein été, il ne faut pas hésiter à être cruel, il ne faut pas ménager son énergie et son courage. Si nous reprenons l’exemple de la végétation, et en particulier celui du blé, nous pouvons, comme Oswald Wirth, penser que le grain figure la vérité la plus objective, la plus claire, et que la sève est en rapport avec le rêve imaginatif. Le Soleil du Lion qui dessèche cette Sève-Subjectivité-Imagination, pour la transformer en Grain-Objectivité-Vérité, symbolise le fait que le signe, comme l’animal, ne goûte guère la poésie, le vague : « Il veut saisir entre ses griffes et sa mâchoire une proie solidement substantielle ». Une fois encore, on rencontre ici le goût de la clarté parfaite, le désir de lucidité propre au Lion.

Après l’analogie Journée-Saison analysée par l’intermédiaire des signes marquant le début des saisons, les signes qui en astrologie sont appelés « cardinaux » (Bélier, Cancer, Balance et Capricorne), il nous faut dire un mot des signes fixes, ceux qui caractérisent le milieu de chaque saison. En effet, chaque saison est définie par un commencement, une culmination et une fin ; comme le jour et comme la vie. Le Lion, pour sa part, marque le milieu de l’été.

C’est la période où, pendant une trentaine de jours, l’été se stabilise ; tout comme l’être humain, une fois sa croissance terminée, devient vraiment efficace socialement et se fixe pendant un certain nombre d’années dans cette condition. Au Taureau, correspond le milieu du printemps, l’enfance ; au Scorpion, le plein automne, soir de l’existence et au Verseau, l’hiver installé, la vieillesse. Les quatre signes fixes sont comme les quatre colonnes qui soutiennent le temple, ils permettent à l’homme de se stabiliser. Stabilité sans laquelle il est impossible à l’être humain de s’intégrer au monde du réel. Notons au passage que saint Matthieu, saint Marc, saint Luc et saint Jean, les quatre évangélistes, ont toujours été représentés par les signes fixes, Marc en particulier par le Lion.

Le Lion dans le contexte zodiacal

L’ensemble du cycle zodiacal peut être divisé en deux parties, débutant chacune aux équinoxes. On obtient alors deux hémicycles : du Bélier (équinoxe de printemps) à la Vierge correspond le premier hémicycle. Dans la nature, c’est la phase de croissance, et dans l’évolution humaine, la première partie de l’existence. Le second hémicycle, de la Balance (équinoxe d’automne) aux Poissons, caractérise la décroissance. La nature, après le sommet qu’elle a atteint en été, va progressivement s’endormir en automne, pour arriver finalement aux frimas stériles de l’hiver. L’homme entame alors la seconde partie de sa vie, du « certain âge » à la sénilité. Mais l’on peut encore partager chacun des deux hémicycles en deux portions, la division s’opérant aux solstices. Nous obtenons ainsi quatre morceaux qui, soit dit en passant, sont à la base de la naissance des angles 3 dans le morcellement de la sphère locale 4 (l’Ascendant correspondant à l’équinoxe de printemps et le Milieu-du-Ciel au Solstice d’hiver).

La première portion, du Bélier aux Gémeaux, caractérise la phase de croissance la plus rapide. Dans la nature il y a d’abord le semis, puis la naissance et l’essor ; on sait avec quelle rapidité les petits se développent et progressent, chacun bien sûr selon le rythme et l’espérance de vie propres à son espèce. Au solstice d’été (du Cancer à la Vierge), c’est l’âge adulte, la seconde partie de la croissance qui, partant de la puberté, aboutit à l’être humain quadragénaire.

Le signe du Lion se situe à la cime de cette période. De l’équinoxe d’automne au solstice d’hiver (Balance, Scorpion et Sagittaire) commence la décroissance, son sommet étant marqué par la ménopause en Capricorne (signe opposé au Cancer : la puberté). A partir de cette époque, la vieillesse s’établit, et le Verseau, en opposition au Lion, est en haut de cette courbe descendante. Alors que le Lion correspondait à la culmination de la force et des moyens personnels de l’homme – à l’époque où le « je » prenait toute son importance et permettait à la volonté de s’exercer à plein, mais d’une manière égocentrique, – au Verseau (contraire polaire) on arrive au dépassement du Moi. L’évolution réalisée jusqu’ici permet d’agir par autrui et de s’affirmer dans l’allocentrisme, dans le respect de la liberté ou mieux, dans le « vous ».

L’âge du corps

Le développement du corps lui-même suit bien le cycle zodiacal. De zéro à environ onze-treize ans, c’est la croissance enfantine (Bélier aux Gémeaux) qui se transforme subitement en adolescence à l’âge de la puberté, pour arriver à l’âge adulte – la pleine force physique – (Cancer à Vierge). Puis le déclin des forces commence lentement mais inexorablement de la Balance au Sagittaire : les premiers cheveux blancs apparaissent, en même temps que les premières fatigues. Au solstice d’hiver arrive le déclenchement d’une étape importante, la ménopause, le début de la sénilité (on rejoint la théorie suivant laquelle il existerait une forme de « ménopause » masculine) : du Capricorne aux Poissons, le corps se courbe sous le poids des ans et les rhumatismes commencent à se faire douloureusement sentir…

En reprenant le premier hémicycle zodiacal où se situe le Lion et en partant naturellement du Bélier, source de vie, on peut considérer que ce signe hyper-mâle représente le spermatozoïde alors que le signe du Taureau, hyper-femelle, symbolise l’ovule.

En Gémeaux, l’union de ces deux cellules foncièrement différentes se réalise, le corps n’a pas encore pris forme. C’est seulement en Cancer que s’effectue la gestation et enfin, en Lion, que l’autonomie du nouvel être commence, la naissance proprement dite, du moins la naissance au grand jour, l’indépendance, car le Bélier correspond plutôt à la naissance intra-utérine, à la conception. Le même processus est applicable aux plantes : le Bélier est alors en rapport avec la graine, le Taureau avec la terre, les Gémeaux représentent leur rapprochement, le Cancer la poussée sous terre, et le Lion l’apparition tangible de la plante au-dessus du sol.

Par ce raisonnement analogique, on comprend le pourquoi du Lion (signe social et signe de la naissance), mais aussi le pourquoi du Lion signe du « je », de l’indépendance et de l’autonomie. La naissance d’une plante, comme celle d’un individu, ne peut devenir un fait social qu’au signe du Lion ; auparavant, la croissance s’effectue de manière cachée et l’être vivant n’existe pas en tant qu’élément autonome. C’est en prenant sa première inspiration et en poussant son premier cri que l’enfant se manifeste ouvertement sur le plan social.

Cette nouvelle forme de vie demande bien un effort personnel par rapport à la période précédente. Il faut s’affirmer et l’enfant, comme la plante, commence, en Lion, à se nourrir de la substance extérieure, de l’air, de l’eau ; il lui faut aussi lutter contre les changements de température, il n’est plus si bien protégé, la mère ou la terre ne l’entoure plus comme auparavant. C’est en venant au jour que l’enfant, en particulier, commence sa prise de conscience.

Le Feu du Lion

La doctrine des anciens philosophes grecs selon laquelle toutes choses se forment à partir de quatre éléments (le Feu, la Terre, l’Air et l’Eau) est présente dans le Zodiaque depuis son application par Ptolémée, au IIè siècle de notre ère. Claude Ptolémée était un grand érudit, astronome et géographe ; il fut surtout le codificateur de l’astrologie. La théorie des quatre éléments est fondée sur l’observation et sur le bon sens, elle n’a rien d’irrationnel comme le pensent certains.

C’est en partant du mouvement du Soleil, créateur des saisons, qui jouait un rôle particulièrement important pour les peuples – constitués principalement d’agriculteurs -, que cette théorie a été mise sur pied. Le Feu, par exemple, correspond au mouvement ascendant du Soleil, de l’équinoxe de printemps au solstice d’été. On retrouve cette conviction chez Aristote et chez Empédocle ; Platon l’exposa aussi dans le Timée. Galien a appliqué ces données à la médecine, en formulant la théorie des humeurs (bile, atrabile, sang et lymphe).

Hippocrate, quant à lui, esquissa une typologie tempéramentale à partir des quatre éléments ; cette typologie a été récemment redécouverte, et par conséquent confirmée, par des travaux qui utilisent des moyens modernes. Les plus connus sont ceux de Corman, d’Allendy et de Sigaud. C’est ainsi que le type bilieux d’Hippocrate est devenu pour Sigaud le type musculaire (élément Feu) ; le nerveux s’est appelé cérébral (élément Terre) ; le « sanguin » correspond au « respiratoire » (élément Air) et le « lymphatique » s’est transformé en « digestif » (élément Eau).

Cependant, la typologie d’Hippocrate est toujours utilisée, en particulier sur le plan tempéramental que l’on rapproche des comportements psychologiques. Pour en revenir à Ptolémée, le véritable fondateur de l’astrologie telle que nous la connaissons aujourd’hui, c’est lui qui a attribué trois signes du Zodiaque à chaque élément.

Au Feu, correspondent le Bélier, le Lion et le Sagittaire, ces trois signes représentant trois états particuliers du même élément. Le Feu Cardinal du Bélier est considéré comme le Feu originel, à l’état pur. C’est le principe même du Feu, feu spontané, celui qui crépite et ne dure qu’un court instant : l’étincelle, le feu de paille. C’est le jour naissant, la lumière qui bouscule l’obscurité, la construction rapide mais pas définitive. Le Feu Mutable du Sagittaire, dernier état de l’élément, est celui qui couve lentement sous les cendres.

C’est aussi celui qui se transforme pour rejoindre la terre : la lumière, en rapport avec la contemplation, propre au soir de l’existence, la chaleur douce et calme qui diminue sans se hâter. Le Feu Fixe du Lion, qui nous intéresse, se situe entre ces deux extrêmes, il montre l’élément à son sommet. C’est le Feu installé, permanent, éclatant, entretenu, maîtrisé, la lumière efficace qui illumine l’esprit, la flamme amadouée, domestiquée, la chaleur émettrice et régulière. On rencontre le symbolisme des trois signes de Feu dans les fenêtres du temple qui permettent à la lumière divine d’y pénétrer de diverses manières : la fenêtre du Lion étant le moment où la perception concrète des choses peut se faire parfaitement, la plénitude du jour.

Le Feu a longtemps été un objet d’adoration, mais bien souvent, il faut le reconnaître, à cause de la crainte qu’il a suscitée. En Inde, on respecte Agni, le dieu du Feu, mais nous allons voir que Simha (le Lion, depuis la fin du Zodiaqbe lunaire que connaissait ce pays auparavant), n’est pas sans rapport avec la crainte qu’inspire cette divinité. Le Feu et sa manifestation première la plus visible – le Soleil – ne sont pas par hasard les synonymes symboliques de crainte et de respect. En effet, on interdit strictement aux enfants de toucher au feu, il leur faut garder une certaine distance vis-à-vis de lui ; et s’ils s’aventurent à désobéir aux recommandations des adultes, ils constatent rapidement leur erreur : ils se brûlent.

De là naît le principe selon lequel le père transmet l’interdit et affirme ainsi sa toute-puissance aux yeux de l’enfant. Dans le jeune esprit, désobéissance au père est égale à brûlure. Le père comme le dieu est naturellement considéré comme détenteur de la Force et de la Vérité, et il se produit un « déplacement analogique » : FeuSoleil-Père. Prométhée, symboliquement en rapport étroit avec le Verseau, manifestera son antagonisme avec le Lion en dérobant le Feu à Zeus (le Père). La punition suit : Zeus le fait enchaîner par Héphaïstos.

Mais le Feu est aussi passion et enthousiasme, il est à la source de la vie et de l’action, de la victoire et de la gloire. La coutume, qui fait coiffer le vainqueur d’une couronne de lauriers, est bien proche du symbolisme léonien ; dans son Harmonie céleste, Fayol nous le laisse entrevoir : « Les branches de cet arbre que l’Antiquité a dédié au Soleil pour couronner tous les conquérants de la Terre, choquées ensemble, font du feu, comme les os de lion. »

Ce passage mérite une explication : à l’origine, le feu était obtenu en frottant deux morceaux de bois l’un contre l’autre ; il n’est pas surprenant de retrouver une analogie symbolique FeuSoleilLionGloire lorsque l’on considère, de la terre, l’éclat sans pareil et la magnificence de l’astre du jour au moment où il traverse le signe du Lion.

Les plaisirs et les fêtes

Le cinquième signe est aussi en relation avec le cinquième secteur astrologique, celui qui renseigne sur les plaisirs, les fêtes et les récréations. Nous savons déjà que si ce secteur, cette « Maison », informe sur les créations (les enfants par extension), c’est sans doute dû à la signification du Lion dans le Zodiaque, rapport que nous avons examiné précédemment (le Lion est naissance, venue au jour). Mais dans sa Psychanalyse du Feu, Gaston Bachelard I nous apprend que, de manière quasi universelle, dans les peuplades primitives, la fête est toujours associée à la production de la flamme ; et de citer Chateaubriand qui décrit par le menu la fête du Feu Nouveau chez les Natchez : La veille, on a laissé éteindre le feu qui brûlait depuis un an. Avant l’aube, le prêtre frotte lentement l’un contre l’autre deux morceaux de bois sec en prononçant à voix basse des paroles magiques. Quand le soleil paraît, le prêtre accélère le mouvement. » A l’instant le Grand Prêtre pousse l’oah sacré, le feu jaillit du bois échauffé par le frottement, la mèche soufrée s’allume (…) le jongleur communique le feu aux cercles de roseau : la flamme serpente en suivant leur spirale. Les écorces de chêne sont allumées sur l’autel, et ce feu nouveau donne ensuite une nouvelle semence aux foyers éteints du village. »

Sans approfondir les significations symboliques des feux de la Saint-Jean et des nombreux exemples que Frazer nous donne au sujet des feux de joie, nous pensons, comme Bachelard, qu’il existe un rapport étroit entre le plaisir que l’on peut obtenir en fabriquant du feu par le frottement de deux morceaux de matière (de nature d’ailleurs souvent différente) et celui obtenu naturellement dans l’accouplement. Nous comprenons ainsi pourquoi le Lion, en analogie avec le cinquième secteur astrologique, symbolise aussi les plaisirs et en particulier, les relations amoureuses. Une autre façon de concevoir les relations sentimentales est celle qui est empreinte de pureté, lorsque l’Amour rejoint l’Idéal. Pour Novalis, le poète, la lumière n’est pas seulement un symbole, mais un agent de pureté. Rilke considère, lui, qu’être aimé veut dire se consumer dans la flamme : « Aimer c’est luire d’une lumière inépuisable. » A ce stade nous sommes en droit de nous demander comment le Feu, qu’il soit solaire ou léonien, est devenu un symbole de pureté ? Bachelard pense que la désodorisation est une des preuves les plus directes de la purification ; citons-le : ( L’odeur est une qualité primitive, impérieuse, qui s’impose par la présence la plus hypocrite ou la plus importune.

Le feu purifie tout parce qu’il supprime les odeurs nauséabondes. » Point de vue intéressant lorsqu’on sait que le Soleil, maître du Lion, lumière divine éclairant la terre, s’accompagne de pitié et de sacrifice, second aspect de la divinité symbolisé par Neptune (Planète exaltée en Lion 4). Ce sacrifice est représenté, dans de nombreuses religions, par le fils de l’Homme. Or, précisément, Neptune symbolise les odeurs, les émanations, les gaz ; lorsque cette planète domine dans un thème natal et ne reçoit que de mauvais aspects, on n’hésite pas à qualifier le porteur du thème d’être impur, hypocrite ou vicieux. Tout se passe donc comme si le Soleil, astre de feu, venait, dans le signe du Lion, purifier les travers symboliques neptuniens. N’oublions pas que le feu brûle dans l’Olympe, mais qu’il est également présent aux enfers. Les incendies ou les feux volontaires allumés par les agriculteurs constituent une autre explication de la purification apportée par le Feu du Lion. Ici le feu nettoie, il détruit les mauvaises herbes, éclaircit la végétation et enrichit la terre de ses cendres.

Les analogies symboliques du Lion

Les astrologues helléniques concevaient l’univers comme un organisme vivant gigantesque dont toutes les parties étaient solidaires les unes des autres. Pour eux, il existait une interaction entre le Ciel et les éléments qui constituent la Terre ou qui se trouvent sur elle. La question de la distance entre les corps n’entrait pas le moins du monde en ligne compte, seule la nature des éléments avait une importance. L’être humain lui-même, faisant partie intégrante de la Terre et étant constitué par la même matière que les autres corps (matière agencée différemment), était donc en rapport avec le reste de l’univers ; il en était de même pour les végétaux, les minéraux, etc. Tous les corps terrestres, affirmaient les Grecs, sont en correspondance, en sympathie avec le reste de l’univers et les astres en particulier. Cette croyance qui va jusqu’à l’hypothèse d’un homme cosmique est certainement issue de l’Orient. Mais sans doute a-t-on inventé l’Homme aux Signes du Zodiaque à partir des dieux astraux dont parle le Timée. En effet, sept dieux sont en rapport avec diverses parties du corps humain dans le mythe d’Héphaïstos : Zeus gouverne la tête, Mars le cœur, Mercure la langue, Vénus le foie, Poséidon la poitrine, Athéna les mains et Eros les lèvres. Cependant, la répartition des organes du corps par rapport aux signes du Zodiaque, telle que nous la connaissons aujourd’hui, remonte à l’Astronomicon de Manilius (environ 80 ans avant J.-C.). Les organes du corps, en correspondance directe avec le signe du Lion sont, depuis cette époque, le dos, la colonne vertébrale, les vertèbres, la moelle épinière, les centres vitaux, le plexus solaire, le cœur.

Au-delà du corps physique, les symboles généraux du Lion sont en rapport avec la nature de l’animal et avec les effets du Soleil sur la végétation, en été ; ils sont chaleur, sécheresse, feu, mais aussi hauts personnages, souverains ou objets de luxe.

Du temps de Ptolémée, chaque partie du monde, chaque pays, chaque ville et même chaque région étaient gouvernés par un signe. Aujourd’hui, seuls quelques astrologues traditionalistes ont conservé ces données ancestrales et, en astrologie mondiale, si l’on est capable de prévoir divers événements comme les périodes de conflits ou d’accalmies, on se heurte à leur localisation géographique. Ce ne sont malheureusement pas ces données traditionnelles qui apportent une solution dans ce domaine. Les spécialistes se réfèrent davantage aux cycles planétaires ou aux thèmes dressés pour l’instant de la constitution des pays ; le plus facile étant sans conteste l’étude du ou des thèmes personnels des dirigeants gouvernementaux. Donnons, à toutes fins utiles, la liste des pays, villes et régions attribués, traditionnellement, au signe du Lion : le midi, les pays chauds en général, l’Autriche, la Bohême (partie occidentale de la Thécoslovaquie), la Chaldée (basse Mésopotamie), la France, l’Italie, la Roumanie du Nord, la Sicile ; Bombay, Bristol, Chicago, Damas, Philadelphie, Portsmouth, Prague, Rome.

Tout comme les signes correspondent à diverses parties du monde, ils sont en rapport avec certains lieux privilégiés et le symbolisme du Lion se trouve très présent dans l’énumération suivante : les beaux quartiers, les châteaux, les palais, les aires de jeu, les places publiques, les assemblées, les églises, les écoles, les théâtres.

Le dogme grec de la correspondance entre tous les constituants de l’univers permet de comprendre pourquoi certains métaux sont en rapport avec les signes du Zodiaque. C’est l’or qui correspond symboliquement au Lion et au Soleil. On peut supposer la raison pour laquelle l’or, métal précieux de la couleur du Soleil, est en rapport avec le signe du Lion, mais existe-t-il réellement une « connivence », un accord invisible mais vrai entre l’or et le Soleil, un rapport concrètement, pour ne pas dire scientifiquement, démontrable ? Le 29 juin 1927, pendant une éclipse du Soleil, la doctoresse Kolisko de l’Institut biologique du « Goetheanum », dans son laboratoire de Dornach, tentait une expérience. Dans 100 cm’ d’eau distillée, elle plaçait 1 gramme de chlorure d’or. Elle avait toujours obtenu, auparavant, la même tache, lorsqu’elle plongeait une bande de papier filtrant dans cette solution ; là il ne se passa rien. L’image qui apparaissait habituellement ne se forma pas, comme si l’or, sous l’effet de l’occultation du Soleil, n’avait plus le même effet, était affaibli. En revanche, douze heures après la fin de l’éclipse, l’image apparut comme dans les expérimentations antérieures. La doctoresse venait de constater et de démontrer, sans pour autant l’expliquer, la relation or-Soleil des Anciens.

Les scientifiques ne peuvent cependant pas admettre aussi simplement les travaux originaux de cette chercheuse, car divers facteurs extérieurs peuvent venir modifier les résultats de ce genre d’expérience : pression de l’air, température ambiante, manipulation, etc. Sans parler du fait qu’aucune mesure objective, tant en dimension qu’en forme ou en coloration, n’intervient dans l’appréciation des taches sur les papiers filtrants. Finalement, tout ce travail ne constitue pas une « preuve scientifique » et il ne permet pas de tirer une règle absolue de ce genre de rapports. Les astrologues, par la pratique, ont heureusement d’autres raisons de croire aux rapports analogiques.

Les animaux symboliquement en correspondance avec le signe du Lion sont les fauves en général, le lion en particulier, mais on rencontre également la panthère et aussi le faucon, l’aigle, le coq et l’abeille. Comme nous l’avons vu, la couleur symbolique du signe est le jaune, le jaune d’or ou encore l’orange, la couleur du feu et de la lumière solaire. Cette dernière est d’ailleurs plutôt blanche, elle nous offre la décomposition du spectre des couleurs dans le phénomène de l’arc-en-ciel, toujours visible à l’opposé du Soleil. Ce phénomène résulte de la dispersion de la lumière solaire au travers des gouttes d’eau de pluie. On constate ainsi que la lumière solaire, de couleur blanc-jaune, est, en fait, composée de plusieurs teintes : rouge, orange, jaune, vert, bleu, indigo, violet. Comme le Soleil est au centre du système qui porte son nom, les couleurs sont centralisées dans l’astre de Feu. D’ailleurs, en électronique comme dans l’arc-en-ciel, on considère le blanc comme la couleur la plus complète puisqu’elle renferme plusieurs teintes en elle-même. Le jaune solaire semble donc bien être la couleur léonienne par excellence.

Les plantes n’échappent pas à la correspondance universelle. Les végétaux que l’on peut attribuer au Lion sont constitués par toutes les plantes exotiques, les aromates et aussi, bien entendu, par l’héliotrope qu’on appelle plus communément « soleil », car il suit l’astre du jour dans son mouvement semi-circulaire.

Voici la liste des plantes traditionnellement léoniennes : palmier, caféier, romarin, blé, arnica, alchemille, renouée, muscade, oranger, pivoine, grenadier. Les mets végétaux, à ne pas confondre avec les plantes du Lion, sont les agrumes, le riz, le pissenlit, les noix, la centaurée, l’angélique, la pimprenelle ou sanguisorbe, la cannelle, le safran, le laurier, le tournesol. Les parfums attribués au signe sont la lavande, l’héliotrope et l’origan ou marjolaine.

Depuis le XVIIe siècle, on rencontre le symbolisme du Lion dans la onzième lame du tarot (la Force), parfois avec la huitième (la Justice). Sur la onzième lame, figure une femme qui dompte un lion en maintenant ses mâchoires sans paraître avoir à fournir un gros effort… Cette lame qui, dans un tirage, signifie la force sur autrui et sur les événements, contient une image de sexualité et de procréation. Le personnage dispose de la puissance divine, de l’énergie spirituelle qui lui permettent de braver et de maîtriser la force brutale, la force instinctive. Ce Lion ressemble étrangement au Lion de Némée qui, pour Héraclès, ne fut pas aussi indomptable qu’il le paraissait. Toutefois, la ressemblance est limitée par le fait que, sur la onzième lame du tarot, le personnage n’a pas besoin de tuer l’animal ; au contraire, il se contente de le maîtriser ; il discipline la Force, tout comme le souverain ne s’impose pas par la violence, mais obtient la soumission de ses sujets par la raison. On trouve également ce symbolisme au Louvre, où deux splendides statues assyriennes représentent Gilgamesh serrant sur son cœur un lion qu’il vient d’assommer avec une arme qui n’est autre qu’une peau remplie de sable.

Pour en revenir aux correspondances analogiques du signe, il ne faut pas omettre de parler du symbolisme numéral qu’ont adopté les cabalistes et qui, bien avant dans le temps, était pratiqué par Platon, Macrose et Philon le Juif. D’après ce symbolisme numéral, les nombres bénéfiques du Lion sont le 1, le 81 et le 91. Ces nombres sont donnés sous toute réserve quant à leur efficacité dans les loteries ! Il en est de même du dimanche, qui bien que traditionnellement jour faste pour le Lion, n’est pas forcément le jour pour jouer et gagner, comme le laisseraient volontiers entendre certains hebdomadaires. En fait, chaque jour de la semaine s’est vu attribuer une planète ; le dimanche à l’origine était le jour du Soleil, devenu par la suite le jour du Seigneur, après la naissance de la religion chrétienne. Dans ce contexte, le samedi peut être considéré comme le jour néfaste pour le Lion ; c’est en effet le jour de Saturne (planète traditionnellement maîtresse du Verseau, signe adverse).

Citons, enfin, les minéraux léoniens. Leur association avec les signes nous vient d’une tradition hébraïque qui s’appuyait sur les douze pierres de fondation de la Nouvelle Jérusalem. Les minéraux léoniens sont toujours relativement précieux : chrysolithe, escarboucle, hyacinthe, rubis, sardoine, péridot ou olivine, topaze.

Le Symbolisme solaire

Physiquement, le Soleil est l’astre le plus chaud du système (sa température atteint environ 6 000° C à sa surface), il est naturellement bien placé dans le signe du Lion qui, dans le cours des saisons, correspond à la période de chaleur la plus intense. C’est sans doute en partie pour cette raison que le Soleil est considéré comme la planète maîtresse du signe ; on dit aussi qu’elle gouverne ou régit le signe ou encore qu’elle s’y trouve en domicile. Pour les pays chauds, l’été est une période qui n’est pas particulièrement facile à vivre, c’est une époque d’épreuves car le Soleil grille tout, et les hommes se retirent volontiers à l’ombre (le Verseau, face au Lion, a pour planète maîtresse traditionnelle Saturne, planète froide qui symbolise le retrait, la nuit, la mort, à l’opposé des représentations solaires qui sont jour, éclat, chaleur, rayonnement, vie).

Sur le plan astronomique, le Soleil apparaît véritablement comme le cœur du système : toutes les planètes, de Mercure à Pluton, gravitent autour de lui (hormis la Lune, notre satellite). L’astre central, d’un diamètre égal à cinquante-cinq fois celui de la Terre, a un volume équivalant à plus d’un million de fois le volume de notre planète, et sa masse est égale à environ trois cent mille fois la masse terrestre. Il semble naturel que le Soleil, directeur et souverain du système à qui il a donné son nom, soit en analogie avec le Lion, le roi des animaux. C’est, ne l’oublions pas, pendant la période léonienne de fin juillet à la fin août que les effets du Soleil sur notre globe sont les plus remarquables.

Chaque année, autour du 8 août, lorsque le Soleil est en plein milieu du signe du Lion, la chaleur et l’éclat de l’astre atteignent leur intensité maximum. En tant que luminaire, avec la Lune, le Soleil est une des deux planètes qui éclairent la Terre. Alors que la Lune est chargée de la nuit, le Soleil exalte les valeurs de jour, d’éclat et de lumière. L’apparente supériorité attachée au Soleil est très relative et surtout spectaculaire. La nuit, on voit briller dans le ciel des milliers et même des millions de soleils. Le danger est justement de considérer l’écrasante présence de cet astre comme une source de lumière unique dans l’univers, à cause de son intensité. En réalité, le Soleil est simplement l’un des deux pôles fondamentaux qui, avec la Lune, amènent la vie et régissent le monde terrestre. Alors que la Lune est l’expression du Yin, de l’anima – le pôle « passif » – le Soleil correspond au Yang, à l’animus – le pôle « actif ». Ce n’est qu’un des deux principes complémentaires et indispensables à la Vie.

L’idéogramme solaire

On découvre déjà l’idéogramme du Soleil dans les anciens hiéroglyphes égyptiens. Le cercle correspond à la permanence, au ciel, à la raison, au macrocosme. C’est la ligne fermée, le symbole de la perfection. Au centre du cercle se trouve un point qui représente l’homme, le feu intérieur, le centre, le microcosme. La planète maîtresse du Lion correspond au commencement de la vie, à la manifestation visible de la création. Pi, le rapport constant du périmètre du cercle à son diamètre, exprime l’idée de la circonférence constituée par un nombre infini d’êtres spirituels en relation les uns avec les autres d’une manière totalement indissociable. Cette relation de voisinage forme un équilibre stable, car à chaque être spirituel correspond un double diamétralement opposé. L’ensemble de la circonférence symbolise donc l’être spirituel dans sa plus complète perfection. L’espace vide délimité par cette circonférence symbolise la matière à l’état pur. L’union équilibrée de l’être spirituel avec la matière pure va constituer la source de l’activité, l’harmonie complète de l’absolu. Cependant, cet état est statique car l’être spirituel et la matière pure sont en eux-mêmes indépendants. Le point au centre du cercle représente justement le dynamisme, il procure le changement indispensable à l’activité qui permet d’atteindre finalement l’harmonie. Ce point central, pour les chrétiens, est l’amour divin. C’est aussi le monothéisme, la venue de l’unité. Pour l’homme, le point signifie, avec le cercle, l’union consciente de l’esprit et de la matière en tant qu’harmonie parfaite. L’idéogramme montre finalement l’homme rejoignant la divinité.

Représentations et effets physiques

En Grèce, Hélios, personnification de la lumière, est représenté par un éphèbe qui parcourt le ciel dans un char tiré par quatre chevaux ; il porte sur la tête une couronne rayonnante comme le Soleil. Dionysos, fils de Zeus et de Sémélé, figure avec une couronne de lierre ; il est en compagnie d’une panthère et de deux satyres. Apollon, dieu grec de la lumière, des arts et de la divination, ne se sépare que bien rarement de sa lyre ; il est jeune, fort et beau. Sarapis, qui devint un dieu suprême (il était assimilé à Zeus chez les Romains) est représenté avec un sceptre, un globe terrestre et les clefs du monde souterrain ; c’est la figuration-type du souverain. En Egypte, le Soleil est un disque ailé, c’est le grand Lion, le Taureau céleste, l’Epervier sacré, le Phénix panaché. Il prend fréquemment la forme d’un scarabée : comme l’astre central qui provoque la naissance et crée la prospérité, cet insecte sacré se nourrit de bouse et enferme sa semence dans une boulette de fiente. Mithra, divinité persane, génie des éléments et juge des morts, apparaît comme un solide tueur de taureaux ; à ses côtés, figurent les douze signes du Zodiaque et le symbole de la force génitale.

Grâce. à ces descriptions, on s’aperçoit que, depuis fort longtemps, dans les parties civilisées du monde, le Soleil était considéré comme le symbole du souverain, image en rapport avec l’astre du feu autour duquel gravitent les planètes de notre système. En Inde et dans les philosophies qui suivirent, le Soleil est dieu en tant que source des idées ; c’est le principe spirituel supérieur qui définit l’individualité de l’homme. Au Moyen Age, le Soleil est souvent représenté comme un souverain splendide qui porte un sceptre, parfois aussi par deux spadassins qui combattent ; il symbolise alors la force vitale difficile à maîtriser. Sans doute que l’influence exercée par le Soleil, non seulement sur la végétation, mais également sur l’ensemble des êtres vivants de la terre est pour beaucoup dans ces représentations, toujours orientées de la même manière, c’est-à-dire vers l’éclat, la grandeur et la vie. Sans la chaleur et sans la lumière dont le Soleil gratifie notre planète, il n’est pas de vie possible. Sans l’emplacement relatif du Soleil dans l’espace par rapport à la Terre, et sans l’inclinaison de l’axe de rotation de la Terre par rapport au plan de son orbite, il n’y aurait pas de saisons, donc aucune espèce d’entretien de cette vie, plus aucun rythme existentiel.

Le climat de l’ensemble de la planète provoquerait pour les hommes une existence restreinte et végétative qui ressemblerait fort à ce qui se passe aux pôles. Ce qu’on nomme, habituellement, l’activité solaire, provoque d’énormes perturbations dans le rayonnement énergétique de l’étoile de feu. Les taches solaires, visibles de la terre, sont la manifestation d’un ensemble de tourmentes et d’explosions monumentales qui secouent la surface du Soleil et interfèrent considérablement avec le magnétisme terrestre.

Michel et Françoise Gauquelin qui ont démontré, par la statistique, une loi d’hérédité astrale, se sont aperçus que les naissances se produisant pendant les périodes d’agitation magnétique importante étaient davantage soumises à cette loi. Les mêmes planètes que les parents se levaient ou culminaient plus souvent dans le thème des enfants lorsque le magnétisme terrestre était très agité. On comprend ici toute l’importance de l’activité solaire sur la vie humaine ; certains auteurs, à tort ou à raison, vont même jusqu’à établir un rapport direct entre cette activité et les grandes catastrophes naturelles, les épidémies, les suicides, les crimes, les révolutions ou les guerres. Les crises cardiaques seraient, paraît-il, plus fréquentes pendant les périodes de perturbations importantes ; le Soleil, en effet, comme le Lion, régit l’organe vital chargé de la circulation du sang. Sans accorder une foi aveugle à toutes ces hypothèses – certaines restent à démontrer – nous devons, tout de même, constater qu’il existe divers effets terrestres de l’activité solaire qui sont parfaitement contrôlables.

Ainsi connaissons-nous les aurores australes qui, dans les régions polaires, se manifestent par des espèces d’arcs d’où fusent des jets de lumière. On sait maintenant que ce phénomène est dû à des particules électrisées, issues du Soleil, qui sont déviées par le champ magnétique des pôles et qui illuminent la haute atmosphère en la rendant luminescente. Les orages magnétiques qui troublent les transmissions radiophoniques sont encore partiellement mystérieux. On sait que certains troubles dépendent des taches solaires, qui, elles-mêmes, perturbent le magnétisme terrestre, mais la qualité de la propagation des ondes courtes suivant les conditions atmosphériques reste encore un point d’interrogation. (Les ondes radio étant symboliquement sous la férule d’Uranus, il semble presque normal que l’activité du Soleil vienne troubler les éléments analogiques de la planète maîtresse du Verseau, le signe opposé au Lion). L’importance des effets physiques du Soleil sur la vie terrestre que nous venons de survoler doit bien nous persuader que cet astre n’est pas synonyme de vie et de souveraineté par le simple fait d’une rêverie primitive.

Si le Soleil est le symbole de la vie, l’astre de feu est aussi le symbole de l’amour, et il n’est pas inutile d’établir un parallèle entre la conception du feu et la conception de l’homme qui naît de l’amour. Comme le dit Gaston Bachelard : « Si l’on veut bien systématiser les indications d’une psychanalyse spéciale des impressions calorigènes, on va se convaincre que l’essai objectif de produire le feu par le frottement est suggéré par des expériences tout à fait intimes ».

En effet, comment peut-on expliquer autrement que par cette expérience primitive des sensations, la manière dont l’homme en est venu à créer le feu par le frottement ? C’est bien par suite de l’impression de chaleur ressentie lors de ses rapports intimes que l’homme des cavernes a pu faire le rapprochement frottement-chaleur qui traduit parfaitement le symbolisme SoleilFeu-Amour-Naissance. Les esprits rationalistes diront qu’en été, les incendies de forêt se déclenchent d’eux-mêmes par le frottement des branchages. Mais comment l’individu non civilisé a-t-il eu l’idée d’entrechoquer pendant de longues minutes deux morceaux de bois pour obtenir une flamme ? Face au feu, la majorité des animaux non domestiqués s’enfuient, totalement terrorisés. Pourquoi l’homme primitif, habitué au froid et de surcroît coutumier des aliments crus, a-t-il éprouvé le besoin de fabriquer du feu, et surtout de cette manière ?

L’homme a sans doute reconnu dans le feu, comme dans l’astre, la puissance de l’élément sur les choses et en particulier, sur les être vivants, les animaux qui l’entouraient. Posséder le feu et surtout le maîtriser, est devenu un moyen, sinon le moyen, de se démarquer pour diriger, pour être le chef, pour être celui qui domine la nature et dispose de la force qui inspire la peur. L’homme se rapprochait ainsi de la divinité ; on retrouve le symbolisme Soleil – Souverain-Chef. Les symboles Vie-Amour-Naissance et Souveraineté attribués au Soleil ne sont donc pas si éloignés qu’ils pourraient le paraître a priori. L’astre du jour est aussi la planète du social et du ( Sur-moi ». Si la Lune en tant que luminaire représente la vie privée, la famille, le Soleil correspond dans un thème à la vie sociale et par extension à la vie professionnelle – la vie à l’extérieur -, celle qui se caractérise par l’action visible sur la matière et sur le cours des choses.

Sur le plan psychologique, le Soleil correspond au « Sur-moi ». D’après Freud, le Sur-moi naîtrait de l’identification de l’enfant aux parents idéalisés ou à leurs substituts. Cette formation inconsciente (ensemble des interdits moraux) exercerait une fonction d’autorité et de censure morale obligeant le Moi à lutter contre les instincts. Nous allons voir que Soleil et Feu sont si intimement mêlés que le symbolisme du « Sur-moi » et celui du social attribués à l’astre du jour sont réellement indissociables dans l’éducation. Que le Soleil, astre de la clarté et des valeurs brillantes soit en rapport avec la vie extérieure, la plus visible, ne nous étonnera pas, puisque la Lune, astre de la nuit, est synonyme d’ombre, de vie intérieure, d’intimité, de famille, de chez soi. Mais un autre aspect de la sociabilité du Soleil nous vient des interdictions reçues dans l’enfance. On ne respecte pas le feu naturellement, à la rigueur peut-on le craindre après s’être brûlé, mais en réalité, comme le dit Bachelard : « L’expérience naturelle ne vient qu’en second lieu pour apporter une preuve matérielle inopinée, donc trop obscure pour fonder une connaissance objective ». Au départ il y a effectivement l’éducation sociale avec l’interdit du feu. « L’interdiction sociale est notre première connaissance générale sur le feu » conclut l’auteur. Il apparaît nettement que le réflexe de respect est inculqué, ce n’est donc plus un réflexe au sens strict du terme, il s’y combine une éducation sociale. Généralement, c’est le père qui fait office d’intermédiaire dans cette éducation ; il est la première force de formation du Sur-Moi. En face de ce raisonnement, on ne s’étonnera pas si le Soleil représente à la fois le Sur-moi, le père, le monde social et l’éducation en général. Par ailleurs, le Lion, signe régi par le Soleil, est, avec le cinquième secteur astrologique, le significateur principal de l’éducation et par extension, des études. On trouve, de fait, les écoles, les lycées et les collèges dans la liste des lieux privilégiés attribués au signe du Lion. Si le Soleil symbolise le Sur-moi, il est également le principal représentant astrologique du Moi, de la conscience et de l’affirmation. Vers l’âge de trois ans, pour le seul plaisir d’affirmer sa personnalité, bébé commence la longue série des « non », des (je », des « moi » ! Un an plus tôt, il n’était pas encore conscient de sa propre existence ; lorsqu’il se regardait dans une glace, il ne se rendait pas compte du fait que l’image reflétée était celle de sa petite personne. Après la découverte du monde environnant et de son propre corps par le toucher (période GémeauxMercure), après le sevrage (période CancerLune), débute l’affirmation de la personnalité (LionSoleil). Par la suite, le Moi continuera à s’élaborer sous l’influence de l’éducation et selon les conditions socio-culturelles. Le Soleil montre par conséquent le pôle de l’affirmation de l’être, son rapport avec la société en tant qu’individu. C’est aussi la planète représentative de l’ensemble des motivations et des actes individuels qui conditionnent l’adaptation à la réalité en résolvant les conflits par la volonté. La volonté est raison consciente, elle met en branle divers développements intellectuels pour contrebalancer l’ensemble des processus qui agissent sur la conduite, mais échappent à la conscience. Dans un thème de naissance, un Soleil mal configuré indique généralement que le Moi est plus ou moins déséquilibré. L’individualité est sujette aux névroses et parfois même aux psychoses.

Le symbolisme du Soleil se superpose tout à fait à celui du Lion : la planète du feu, de l’éclat, de la direction et de la souveraineté forme une paire idéale avec le signe du milieu de l’été représenté par le roi des animaux. De ce fait, il n’est pas surprenant de retrouver pour la planète, les mêmes analogies symboliques que pour le signe (en particulier en ce qui concerne les métaux, les minéraux, les végétaux, etc.). Nous avons vu que, dans les civilisations passées du monde entier, le Soleil était adoré comme un dieu. L’astre divinisé est donc représentatif de la part de Dieu en chacun de nous, c’est le symbole de la spiritualité et de l’idéal. Il correspond aussi à la volonté de puissance, à la recherche de la gloire, à l’affirmation orgueilleuse, à l’égocentrisme et à la conscience de soi la plus aiguë.

C’est l’astre de la lucidité, de l’autorité et de la hiérarchie. Planète du conscient, du Moi, elle symbolise également la réussite extérieure, la réussite sociale : c’est en effet la planète du succès éclatant. Du fait de sa correspondance avec le Sur-Moi, nous avons noté que dans un thème, le Soleil représente le père. Par extension, il symbolise aussi le frère aîné, l’oncle, les chefs, les guides, les patrons, les entraîneurs ou autres meneurs d’hommes. C’est le principe masculin dans sa généralité qui s’exprime à travers lui. Dans un ciel de naissance féminin, il correspondra naturellement à l’époux. Sur le plan social, le Soleil occupe une place particulièrement importante, il représente l’Etat, les pouvoirs publics, les institutions légales et l’aristocratie. Par ailleurs, l’astre du jour préside aux spectacles, en particulier au théâtre ; le solaire ou le léonien aime toujours plus ou moins dramatiser et il adore se manifester par des attitudes empreintes de lyrisme. Sur le plan artistique, le Soleil symbolise naturellement les drames, le grandiose, les films à « grand spectacle »,,le genre héroïque, etc.

L’astre de la plus grande lumière correspond, bien entendu, aux objets de luxe, aux bijoux ou autres somptueux bibelots, qui demeurent inabordables pour le commun des mortels. Le rapport or-Soleil ne doit pas nous faire perdre de vue que les questions financières, et en particulier spéculatives, sont en correspondance avec l’astre comme avec le signe. Sur le plan physique, les organes du corps régis par le Soleil sont identiques à ceux que régit le signe du Lion (le cœur en particulier), mais on peut y ajouter les artères, le cerveau et la vue (traditionnellement l’œil droit chez l’homme et l’œil gauche chez la femme). Comme le Lion, le Soleil correspond à l’âge de la maturité, celui des réalisations effectives, de la pleine affirmation de la puissance vitale. L’astre de la volonté est en rapport avec l’éducation par la prise de conscience, par le rejet de l’émotivité et par la maîtrise du rêve et des attitudes suggestives. Le Soleil, planète du « social » et de la culture, est également en rapport avec l’ambition, que cette dernière soit simplement matérielle ou hautement spirituelle. C’est lui qui, parmi toutes les planètes de notre système, représente le mieux le désir et les moyens de s’insérer dans la société par la création et les entreprises de tous ordres. Mais le Soleil reste surtout le symbole de la noblesse et de l’élévation d’esprit, de la générosité consentie volontairement, presque comme un sacrifice.

Il montre l’homme qui se détache de la multitude par son indépendance et qui manifeste son aptitude à modeler autrui par l’exemple. Cependant, le respect et l’autorité obtenus par la raison et par la démonstration ne sont que le fait d’un Soleil harmonieux. Il arrive, dans les cas de dissonances accentuées, que le despotisme, la tyrannie et l’autoritarisme l’emportent sur les comportements magnanimes. C’est alors le triomphe de l’égocentrisme et de la vanité, au prix, parfois, d’une véritable « folie des grandeurs ». Le Soleil, en effet, peut traduire tous les processus en « hyper » : hyperactivité ou hypervitalité, hyper-extériorisation (tendances à processus en « hyper » : hyperactivité ou hypervitalité, hyper-extériorisation (tendances à l’exhibitionnisme) en passant par l’hypercérébralité (mépris, froideur, attitudes hautaines).

La Mythologie du Signe

Un peu d’histoire

A Doupliaya (Belgrade) a été découvert un char datant de l’époque des grandes migrations, qui eurent lieu en Egée vers 1 100 avant notre ère. « Le char d’argile de Doupliaya a trois roues. De chaque côté de la roue avant se trouve un oiseau, qui doit représenter un cygne et qui tire le véhicule. Un oiseau semblable émerge de la banne ronde, placée entre les roues arrière. On peut se demander s’il représente le cocher ou si cette forme d’oiseau et la banne ne veulent pas représenter ensemble un cygne stylisé, entre les ailes duquel se tient le personnage qui couronne le char. C’est un personnage masculin, comme le montre le modelage de « ce qui est sous la robe flottant très haut ». Sprockhoff essaie d’interpréter ce char à partir des textes grecs. Il cite un passage d’Alcée (\Tir siècle avant J.-C.) : « A la naissance d’Apollon, Zeus le munit d’un bandeau d’or et de sa lyre et lui donna un char à conduire, qui était constitué par des cygnes, puis il l’envoya à Delphes », et il ajoute : « il ne paraît pas possible de donner une description plus exacte du char de Doupliaya ».

L’astre du jour et le signe du Lion sont masculins, comme Apollon, le dieu solaire, depuis que les Indo-européens les reconnurent ainsi, à l’époque approximative où la planète Mars parut dans le ciel comme une planète virile. Les Indo-européens transportèrent le culte du dieu solaire en Grèce et dans l’Asie ancienne. On qualifiait alors le Soleil d’astre « chaud et sec », ce qui fait partie des qualités attribuées par Aristote à Mars et à l’homme. Nous avons vu que, dans un thème, le Soleil représente le père ; il semble donc que le monde masculin soit de caractère patriarcal. Comme dans la famille, le gouvernement terrestre est aussi patriarcal, les princes sont les « pères du peuple ». Le Soleil apparaît, par conséquent, comme un astre principal, royal : ses « enfants » sont les rois, les prêtres, les hauts fonctionnaires et les nobles. Sur le plan psychologique, le Soleil confère la sagesse, la noblesse et la magnanimité : aussi les animaux majestueux comme l’Aigle, le Lion ou le Vautour lui sont-ils attribués. L’huile et le vin, autrement dit ce que l’homme antique considérait comme le meilleur, lui appartiennent également. De même lui est consacré l’arbre d’où sortait l’arme royale, le frêne ; de son bois, les Anciens tiraient leurs épieux.

L’orge – la céréale du Lion – fut la première produite par les paysans indo-européens et, de ce fait, a toujours conservé un caractère sacré. Chez les Romains, à l’époque impériale, l’orge était la céréale sacrificielle. En Suède, la bière tirée de la fermentation de l’orge était brassée pour la fête devenue, plus tard, Noël.

Dans les pays méditerranéens, le Soleil est souvent considéré comme désagréable, mais en Asie Mineure et en Egypte, on le tenait pour une planète féroce. Les peuples méditerranéens ainsi que les Sémites du sud et de l’ouest considéraient la Lune comme une planète amie, mais le Soleil qui brûlait les prairies et desséchait les champs n’était guère apprécié. D’ailleurs, les préhistoriens n’ont trouvé aucune représentation du Soleil dans le sud de l’Europe pendant toute la période qui s’étend de 12 000 à 2 500 ans avant Jésus-Christ, alors que la Lune et même Vénus sont souvent présentes. Par contre, dans le nord et dans le centre de l’Europe, les images du Soleil sont fréquentes : il était alors représenté par une roue. Sans doute était-il symbolisé de cette manière parce qu’il paraît rond et qu’il semble rouler de l’est à l’ouest.

On retrouve une coutume moyenâgeuse qui consistait à faire descendre, en roulant d’une montagne, une roue enflammée qui représentait le Soleil. Sans que cela puisse être une certitude, certains spécialistes ont pensé que cette coutume remontait à la préhistoire. Il est vrai que d’assez nombreux documents antiques traitent de la « roue solaire ». Les Védas en particulier, attribués à la révélation de Brahma, nous fournissent des vers intéressants. Le dixième yasht, hymne de l’Avesta I, composé pour le seizième mois, est explicite : « Nous adorons Mithra aux vastes pâturages, dont la parole est vraie, le disert, le beau, qui possède mille oreilles et dix mille yeux, le héros qui voit très loin, le vigilant, dont les chevaux blancs tirent le char à l’unique roue d’or. » Il ne s’agit naturellement pas d’un char à une seule roue, car dans les vers qui précèdent, on apprend qu’il transporte mille arcs, mille flèches, mille épieux, la massue de Mithra, etc. La roue d’or fait donc, en quelque sorte, partie du chargement.

Citons aussi les vers du Rig-Véda qui concernent le mythe de Susna : « Indra arracha la roue du Soleil. » En 1902, dans l’île de Fünen en Scandinavie, on a découvert près de Nykobing des morceaux d’un objet bizarre. Il s’agissait d’une trouvaille préhistorique, un disque de bronze recouvert en partie d’or. Il était habituellement porté sur un char à six roues tiré par un cheval. Ce disque était constitué de deux plaques tenues par un solide anneau extérieur. Les plaques étaient bombées et portaient des ornements en spirales. Cette décoration était d’ailleurs habituelle à l’époque, elle était pratiquée à l’aide d’un poinçon. L’anneau extérieur qui dépassait des deux côtés possédait une rainure ; il est donc permis de penser qu’il existait une plaque d’or sur la face postérieure. Le disque devait être posé sur le char et tiré par le cheval à l’aide d’une corde. Mais le disque se contentait de glisser, il ne pouvait pas rouler, car il n’y aurait pas eu d’anneau pour fixer la corde.

Ce disque corrobore parfaitement les textes cités qui sont d’ailleurs de la même époque (entre 1 300 et 1 200 avant notre ère). En Iran comme en’ Germanie, vers 1 200, on « pensait » le Soleil sous la forme d’un disque traîné à travers le ciel. Si l’on admet, ce qui est très vraisemblable, que ce char constituait une offrande, on peut en conclure que l’image du Soleil était nécessaire aux besoins d’un culte. Ce disque montre une évidente influence orientale. Nous savons que le nombre 28 était familier aux peuples de l’Inde, de la Chine et de la Mésopotamie ; or, le disque en question portait vingt-huit petits cercles, correspondant aux vingt-huit « stations lunaires » courantes chez les Orientaux. Ou bien ce char provient d’une région où ce chiffre était en honneur, ou bien il démontre l’existence d’une communauté indo-européenne ancienne. Nous pencherons volontiers pour cette seconde hypothèse car, dans la pensée indo-européenne, le Soleil était tiré à travers le ciel. Un cheval tirait le char et le disque suivait derrière.

Vers 1 200 avant Jésus-Christ, il se produisit une migration en Grèce qui eut d’assez sérieuses conséquences en Europe, en particulier sur le plan spirituel. Ce n’était plus un cheval qui tirait le Soleil et son char, mais un oiseau, souvent un cygne. Cela montre qu’à cette époque, l’imagination devenait plus « terre-à-terre ». On rencontre souvent le terme patanga (oiseau) pour dénommer le Soleil dans les Védas, ou encore pansa (cygne).

L’origine du signe du Lion est bien difficile à établir avec certitude. Nous savons que les constellations ont, sans nul doute, été baptisées d’après les saisons de l’année et il semble que les premiers zodiaques établis par diverses cultures antiques démontrent une connaissance datant d’environ 26 000 ans avant Jésus-Christ ; époque à laquelle signes et constellations se superposaient. Les signes du Zodiaque et les constellations du même nom sont deux éléments très distincts. Les signes du Zodiaque ne font qu’établir un rapport terrestre entre l’année solaire, les équinoxes et les solstices. Il est pratiquement certain et couramment admis que les astronomes-astrologues sumériens dont le but était d’établir une limite concrète des différentes zones des signes, leur ont donné les noms des constellations visibles, à l’époque, dans la même partie du ciel. Quelle que soit la constellation présente derrière le signe du Lion, il commence tous les ans le 23 juillet. Le zodiaque babylonien était fixe, toutes les recherches vont dans ce sens et garantissent cette idée.

La connaissance du Lion et l’apparition de l’astrologie seraient donc antérieures à l’écriture. Certains auteurs supposent que la division de la bande Zodiacale, donc l’apparition du Lion, remonte à cinq siècles avant notre ère (la bande elle-même daterait de huit siècles). Le tout premier document astrologique semble dater de 2 300 avant Jésus-Christ, il est dû aux Suméro-Babyloniens. Nous savons aussi que les sites mégalithiques, les alignements de Carnac ou de Stonehenge, sont orientés suivant diverses directions solaires (lever en particulier), mais cela n’est pas significatif quant à la connaissance du Lion proprement dite. On pense généralement qu’une tradition orale plus ancienne est possible. Le Zodiaque utilisé par les Sumériens n’est pas tout à fait semblable à celui que nous connaissons’ actuellement, cependant les ressemblances sont nombreuses. Bouché-Leclercq, historien, écrit : « S’il n’y a pas de constellation du Lion, on trouve le dieu solaire Nergal, qualifié de Lion« .

Les images tracées dans le firmament constituent les témoignages célestes et les manifestations secondaires d’une très ancienne croyance. Si l’on peut attribuer aux pêcheurs de l’Euphrate le nom de la constellation des Poissons, le terme de « Lion« , n’a pas une origine liée de façon aussi évidente à un intérêt dominant. Les pasteurs et paysans indo-européens n’ont malheureusement laissé aucun témoignage écrit qui expliquerait pourquoi le Lion paraît, dans les vieilles frises babyloniennes, extrêmement « démonisé », comme le Sphinx, cette forme féminine qui possède des qualités léoniennes et dont le sourire exprime à la fois l’angoisse et la cruauté. Sans doute se manifeste ici la connaissance de la sagesse orientale que les Ioniens commencèrent alors à découvrir. L’origine babylonienne du signe du Lion reste en tout cas discutable. Cependant, pour les Sémites du nord, le Lion était déjà un animal royal, il tirait le char de la « Grande Mère » et symbolisait les souverains despotiques de la Mésopotamie et ceux qui construisirent la Porte de Mycènes, ceux de la grande Babel. Leurs armes étaient des faux sur des chariots et leur sceptre un fouet, ils gouvernaient le monde.

Le signe du Lion, tel qu’il est représenté, avec Régulus, l’étoile royale sur la poitrine, symbolisait les tyrans et les despotes. Il réclamait les droits de sa classe, en particulier la chasse, aussi Rudbeck introduit-il ici le Chien et nomme-t-il ce signe « Lion » ou « Chien », d’après l’animal chasseur le plus caractéristique 1. Mais la légende concernant l’origine du Lion et surtout celle de la science astrale ne manque pas d’exagération quant aux dates de ses sources premières.

Simplicius affirme que les observations astronomiques des Egyptiens remontent à 630 000 ans. Mac Kay, plus modeste, parle de 90 000 ans, mais il pense que les Hindous ont observé les étoiles pendant plus de 250 000 ans. Hérodote tiendrait des prêtres égyptiens que leurs observations couvriraient environ 45 000 ans. Des inscriptions relevées sur des monuments assyriens de l’époque d’Assurbanipal font état d’une tradition, qui selon Epigène, remonterait à 720 000 ans ; Diodore, Pline et Cicéron parlent de 500 000 ans. Ce ne sont là, à notre sens, que considérations invraisemblables ou hypothèses invérifiables. Nous allons tenter de voir avec davantage de précision quand il est possible de situer la véritable origine du Zodiaque et surtout, celle du Lion.

Chaldéens ou Egyptiens ?

C’est aux Egyptiens que l’on doit la division de la bande zodiacale en décans ; il semble même que, dans ce pays, elle précéda la division en signes. Trente-six étoiles avaient été cataloguées par les Egyptiens, chacune d’entre elles régissait un décan de l’année, qui comptait 360 jours et qui débutait au moment où Sothis, notre Sirius, se levait à l’horizon en même temps que le Soleil. Les prêtres égyptiens pensaient que les personnes nées dans un décan donné étaient sous l’influence de l’étoile qui gouvernait celui-ci. Déjà, vers 1 500 avant Jésus-Christ, les Egyptiens établissaient des prédictions, mais ces dernières n’étaient pas vraiment « astrologiques ». Ils disposaient en fait d’un calendrier des jours fastes et des jours néfastes : chaque jour et même chaque heure étaient sous la dépendance d’un dieu qui, pour les Egyptiens, déterminait pour une large part la forme de l’existence des hommes.

C’est ainsi qu’une naissance intervenant le 10 du mois de Choiak ou le 4 du mois d’Athyr laissait présager une mort violente. Parmi les astres, les prêtres avaient établi un classement en deux groupes particulièrement importants ; il y avait « Ikhemou-sek », les astres toujours visibles, les « indestructibles » et « Ikhemou-ourz », les astres errants, les « infatigables » ou « astres qui ignorent le repos », qui n’étaient autres que les planètes Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne. Les Egyptiens connaissaient également certaines constellations, citons Orion, la Grande Ourse ou Cassiopée, mais rien ne nous prouve qu’ils avaient déjà attribué un nom aux constellations zodiacales, donc à celle du Lion. A partir de 715 et jusque vers 332 avant Jésus-Christ (à la Basse Epoque), le commerce avec le Moyen-Orient prit des proportions plus importantes et, avec lui, vinrent des Chaldéens qui s’installèrent définitivement dans certaines villes égyptiennes.

D’après plusieurs auteurs traditionnels, c’est l’un d’eux, Manéthon, un prêtre originaire de Sebennytos dans le Delta, un contemporain de Ptolémée II, qui propagea l’astrologie mésopotamienne. C.F. Dupuis, dans son ouvrage Origine de tous les cultes, en 1794, affirmait que l’astrologie avait trouvé naissance aussi bien chez les Egyptiens que chez les Chaldéens. Il pensait que la science des astres égyptienne datait des premières dynasties, et cette idée fut suivie avec enthousiasme par d’assez nombreux égyptologues. Pour Dupuis, les zodiaques retrouvés dans les monuments de l’ancienne Egypte remontaient à plusieurs milliers d’années et celui de Dendérah 1, issu du temple de la déesse Hator et découvert en 1798 par le général Desaix, n’échappa pas à cette estimation.

Avec raison et logique, les archéologues qui se penchèrent par la suite sur la question du zodiaque de Dendérah eurent recours à l’astronomie. La datation n’était pas très difficile à effectuer puisque ces divers zodiaques correspondent à l’état du ciel au moment de la naissance – ou du décès – des momies qu’ils accompagnent dans leur sarcophage. Il est donc possible de calculer la date précise où un tel ciel a existé, grâce à un simple calcul astronomique de positions planétaires. C’est de cette façon que l’on s’est aperçu que le zodiaque de Dendérah n’avait pas plusieurs milliers d’années, mais datait précisément du 17 avril de l’an 17 de notre ère ! Parmi les découvertes archéologiques, un seul zodiaque égyptien date d’avant l’ère chrétienne, il s’agit de celui qui figure en peinture sur un des plafonds du temple d’Esnech ; il est cependant loin d’être aussi ancien qu’aurait pu le penser Dupuy, car il a été réalisé sous le règne de Ptolémée III (246-221).

Pour bien montrer l’erreur des partisans d’une origine millénaire des zodiaques égyptiens, je ne résiste pas à citer un autre exemple encore plus récent, puisqu’il remonte seulement au début du siècle dernier. Un explorateur dénommé Caillaud rapporta de Thèbes un sarcophage à l’intérieur duquel reposait une momie, et où était peint un zodiaque. Après examen, les spécialistes de l’époque (qui penchaient, comme Dupuy, pour l’idée d’une origine hautement ancienne des zodiaques égyptiens) pensèrent que le sarcophage, la momie et le zodiaque dataient de plus d’un millénaire avant Jésus-Christ. Quelle ne fut pas leur déconvenue lorsqu’ils découvrirent, au beau milieu des hiéroglyphes qui se trouvaient sous le sarcophage, les traces d’une inscription grecque. Ces traces signifiaient que la personne momifiée était morte au ter siècle de notre ère, sous le règne de Trajan ! Tout laisse penser qu’en réalité, les zodiaques égyptiens existent grâce au prêtre-astrologue chaldéen Bérose qui, installé dans son école de Kos, enseigna non seulement aux Egyptiens, mais aussi, comme nous le verrons, aux Grecs.

Cela n’enlève en aucune manière aux Egyptiens les importantes connaissances astronomiques qu’ils possédaient. A peu de détails près, ils ont institué le calendrier que nous utilisons encore de nos jours (douze mois dans l’année, vingt-quatre heures dans un jour). Le calendrier sothiaque dont ils disposaient auparavant remonte sans doute à environ 4 000 ans avant notre ère. Par ailleurs, les décans sont incontestablement de source égyptienne.

Notons qu’aujourd’hui, ils ne sont pratiquement plus retenus. Actuellement, pour le Lion, on attribue le plus couramment la planète Saturne au premier décan (de 1 à 10° du signe) 2, Jupiter au second et Pluton au troisième, mais on rencontre parfois, aux mêmes lieux et places, Mars, le Soleil et Jupiter, ce qui n’accrédite guère l’influence de ces décans. Le zodiaque de Dendérah nous montre, lui aussi, plusieurs connaissances astronomiques égyptiennes qui sont fort anciennes : l’épervier symbolise l’équateur, le singe cynocéphale correspond aux équinoxes et l’ibis à l’écliptique. Les personnages et les animaux représentés sur ce fameux zodiaque regardent tous vers l’Occident qui, pour les Egyptiens, correspondait à l’Au-delà (à la nuit), en opposition à l’Orient, là où naît la lumière. Si, malgré l’évidence des faits, les Egyptiens connaissaient la constellation du Lion, ils ne la nommaient certainement pas ainsi. En effet, les autres constellations, dont les noms nous sont maintenant familiers et qui sont arrivés jusqu’à nous en passant par les cultures grecques et romaines, remontent aux Babyloniens. Elles portaient des appellations très différentes en Egypte : la Grande Ourse, par exemple, est appelée la jambe de boeuf et Orion l’homme courant regardant par-dessus son épaule, alors que le Cygne n’est autre que l’homme aux bras tendus.

C’est beaucoup plus tard que les peuple, correspondait à l’Au-delà. Egyptiens ont attribué un dieu, qui leur était plus ou moins propre, à chacune des constellations zodiacales.

L’origine chaldéenne du Zodiaque est beaucoup plus probable. Les Romains eux-mêmes appelaient « Chaldéens » tous les astrologues, même si ces derniers venaient d’une autre région que de celle de Sumer ou de la partie inférieure de la Mésopotamie. C’est sans doute à tous les peuples qui vivaient entre le Tigre et l’Euphrate, y compris les Assyriens, qu’il faut attribuer la naissance de la science conjecturale et du Zodiaque. Les premières observations assyriennes semblent remonter à plus de 6 000 ans avant notre ère, alors que les Chaldéens établirent leurs connaissances de base proprement dites vers 2 500. René Berthelot, dans la Pensée de l’Asie et l’astrobiologie, nous apprend qu' »une tablette ninivite du XIe siècle avant Jésus-Christ signale déjà la marche errante des planètes, leurs stations et leurs rétrogradations afin de les situer dans le Zodiaque ». De nombreux fragments de Zodiaque ont été retrouvés dans les ruines de la capitale de l’Assyrie. Les signes du Zodiaque étaient déjà présents.

Les Chaldéens croyaient que le démiurge Bel, avec son épée, avait fendu l’océan primitif qui recouvrait ciel et terre, en deux parties, deux voûtes superposées, la coupole céleste et l’arche surbaissée de la terre. Dans le ciel, certaines étoiles suivent une voie toute tracée, elles sont conduites par les dieux (ce sont les étoiles fixes). D’autres astres voie toute tracée, elles sont conduites par les dieux (ce sont les étoiles fixes). D’autres astres suivent au contraire une trajectoire particulière, soumise non plus à Bel, mais à Anou, considéré comme le père universel. Les astres « mouvants » sont les cinq planètes traditionnelles : Mercure (Moustabarou) sous l’influence du dieu Nabou, Vénus (Kilbat) dirigée par Ishtar, Mars (Bibbou) par Nergal, Jupiter (Dapirou) par Mardouk et Saturne (Kaimanou) par Ninib.

A ces cinq astres s’ajoutent le Soleil (Shamash) et la Lune (Sin), nos deux luminaires. Selon Diodore, l’historien grec qui examina la civilisation chaldéenne, pour les mages de ce pays « les sept astres soumis à Anou annoncent les événements futurs et interprètent aux hommes les desseins bienveillants des dieux ».

L’observation nocturne de la partie du ciel où se situait le Soleil pendant la journée a amené les Chaldéens à constater que l’astre de feu traversait, pendant trente jours, un groupement d’étoiles fixes. De là naquirent les douze constellations mésopotamiennes du Zodiaque, avec A-ru, le Lion, en rapport avec l’étoile Régulus qui apparaissait seulement lorsque le Soleil était aussi violent que le roi des animaux, Beaucoup plus tard, les Grecs ont donné d’autres noms à ces constellations, des noms mieux adaptés à leur propre mythologie.

Le Zodiaque chaldéen peut être daté grâce au phénomène de précession des équinoxes : puisque les Chaldéens ont fait commencer leur zodiaque au signe du Bélier et que 2 400 ans avant Jésus-Christ l’équinoxe de printemps se produisait dans la constellation du Taureau, c’est que leur zodiaque remonte bien avant cette époque. Il faut plus de vingt mille ans pour que signes et constellations se superposent à nouveau. Les Egyptiens passent nettement au second plan, par rapport aux Chaldéens, quant à l’effort monumental effectué pour déterminer de véritables longitudes et latitudes célestes. Ce sont les astronomes-astrologues chaldéens (les deux sciences étaient alors confondues) qui ont opéré la division sexagésimale du temps et celle du cercle, et qui les ont liées l’une à l’autre. Nous devons également aux Chaldéens la division de l’heure et du jour sur la base du nombre 60. C’est grâce à Bérose, qui naquit à Babylone au III’ siècle avant Jésus-Christ, que les connaissances astrologiques chaldéennes ont gagné l’Egypte et la Grèce. Bérose écrivit une histoire de son pays où il expliquait, avec maints détails, l’astrologie pratiquée en Chaldée. Il partit ensuite dans la patrie d’Hippocrate, à l’île de Kos, pour enseigner l’astrologie aux nombreux étudiants en médecine qui venaient dans cette région. Bérose était un véritable savant, aussi bien mathématicien qu’historien, et ses prédictions astrologiques étaient si exactes que, d’après Pline, les Athéniens lui érigèrent une statue avec une langue dorée.

Avant les Chaldéens

La traduction des tablettes cunéiformes de la bibliothèque d’Assurbanipal nous permet de douter quelque peu de l’origine seulement chaldéenne du Zodiaque. De plus, lorsqu’on déchiffre les tablettes sumériennes découvertes à Ninive, on y rencontre fréquemment la mention : « d’après une tablette aujourd’hui perdue », qui nous laisse penser qu’à l’époque du roi Sargon l’Ancien (vers 2 600 ans avant Jésus-Christ), l’astrologie était une science résiduelle. E. Babelon dans son Histoire ancienne des peuples de l’Orieilt rapporte une tradition qui était chère à Bérose et qui démontre clairement que la science astrale et le Zodiaque ne sont pas du tout une invention sumérienne, ils ont été révélés lors d’un contact du peuple de Sumer avec une race étrangère : « Les Chaldéens disaient que l’astronomie leur avait été enseignée par le dieu Oannès qui sortit un jour de la mer Erythrée (mer Rouge, océan Indien et golfe Persique) sous la forme d’un homme à queue de poisson. Quelques critiques, égarés par cette donnée fabuleuse, ont cherché à expliquer cette prétendue révélation divine par une importation étrangère.

Ils ont supposé que le golfe Persique fut la route suivie par les savants qui, d’Egypte, seraient venus implanter la science des astres sur les bords du Tigre et de l’Euphrate. Il n’en est rien. L’astronomie était une science essentiellement indigène à Babylone. » Nous avons vu que les zodiaques chaldéens sont, sans nul doute, antérieurs à leurs frères égyptiens, mais nous sommes loin d’être certains, comme le pense cet auteur du siècle dernier, que l’astrologie soit née en Chaldée. Dans son ouvrage : Les influences astrales, publié en 1942, l’abbé Moreux, astronome, arrive aux conclusions suivantes : « Dès le III’ siècle avant l’ère chrétienne, les Grecs s’étaient appropriés la science astronomique des Chaldéens, qui datait d’environ 4 000 ans avant Jésus-Christ. Astronomie et astrologie doivent cependant être plus anciennes et c’est ce qui ressort des études du professeur Epping.

Ce savant a fait remarquer les noms mêmes de beaucoup de constellations : ces noms nous amènent à conclure que les astérismes (groupements des étoiles fixes formant les constellations) qui nous sont familiers ne sont pas d’origine chaldéenne, ils proviennent d’un peuple qui vivait dans une région plus septentrionale que Babylone, vers la mer Caspienne (au-dessus du quarantième parallèle Nord), très probablement. Les noms des constellations zodiacales, en particulier, déjà fixés au Ie millénaire avant Jésus-Christ, seraient passés de là aux Chaldéens. Et ce qui le prouve surabondamment, c’est que les poèmes chaldéens relatifs à ces constellations zodiacales, supposent un zodiaque antérieur à l’époque de l’ancienne Chaldée. Ainsi, l’origine de l’astronomie et de l’astrologie, sciences qui se confondaient au début, se perd dans la nuit des temps historiques. Si l’on en croit les traces de dessins relevés sur des pierres qu’étudient les préhistoriens, représentant les alignements proches de nos constellations comme la Grande Ourse, il faudrait presque reporter jusqu’à l’apparition de l’homme sur la Terre la naissance des sciences d’Uranie. Bailly, un autre astronome, dans son Histoire de l’astronomie, va dans le même sens et indique : « Quand on considère avec attention l’état de l’astronomie de la Chaldée, de l’Inde et de la Chine, on y trouve plutôt les débris que les éléments d’une science. Elle est l’ouvrage d’un peuple antérieur… qui a été détruit par une grande révolution. Quelques-unes de ses découvertes, de ses méthodes, des périodes qu’il avait inventées, sont conservées dans la mémoire des individus dispersés. Mais elles se sont maintenues par des notions vagues et confuses, par une connaissance des usages plus que des principes. »

Si l’on part, avec logique, de la précession des équinoxes et si l’on estime, avec raison, que la science conjecturale a vu le jour à l’époque où les signes coïncidaient avec les constellations, on aboutit à environ 28 000 ans en arrière. C’est vers cette période qu’un peuple, dont nous ignorons aujourd’hui jusqu’au nom, aurait établi le Zodiaque. Il semble que les connaissances scientifiques officielles se contredisent entre elles : d’une part, elles admettent le fait que la création du Zodiaque doit remonter à l’époque où signes et constellations se superposaient – elles acceptent une origine présumérienne de la science astrale -, d’autre part, elles nous apprennent que vraisemblablement, aucun être vivant n’était en mesure de posséder une intelligence inventive, il y a 28 000 ans, qui lui eût permis de créer la science des astres (l’homme de Cro-Magnon devait vivre seulement 12 000 ans avant notre ère). Il y a là une antinomie fort embarrassante qui, nous l’espérons, sera éclaircie par quelque découverte future.

Les Grecs

Bouché-Leclercq remarque que « l’astrologie est une religion orientale, qui, transplantée en Grèce, un pays de physiciens et de raisonneurs, y a pris l’allure d’une science ». En fait, c’est au HI’ siècle avant Jésus-Christ que Bérose, installé à Kos, enseigna son art prévisionnel aux Grecs.

Bérose et ses nombreux élèves adaptèrent le zodiaque chaldéen aux divinités grecques. Ils attribuèrent aux constellations et aux planètes les noms des dieux et des déesses propres à la mythologie hellénique. Comme le solstice d’été, au début du Cancer, marquait le début de l’année grecque, on fit commencer le zodiaque à partir de ce signe. C’est grâce à l’astronome Hipparque, qui avait retrouvé, vers 128 avant notre ère, le phénomène de la précession des équinoxes, que l’on revint plus tard à l’année chaldéenne. A ce moment-là, le Zodiaque débuta de nouveau à l’équinoxe de printemps, sous le signe du Bélier. Au deuxième siècle, Claude Ptolémée sépara les deux zodiaques : le zodiaque des constellations, qui se déplace, du zodiaque des signes qui lui, est fixe. Par ailleurs, Ptolémée a traité le problème de la maîtrise des planètes sur les signes. Dans son Quadripartium, il écrit : « Les corps célestes qui ont reçu le nom de planètes ont également certaines familiarités avec différentes parties du zodiaque, qui sont désignées sous les noms de Maison’, de maléficiée, d’exaltation et de terme. La nature de leur familiarité par Maison est ainsi définie : le Cancer et le Lion, étant les signes du zodiaque placés le plus au nord, se trouvent plus rapprochés de notre zénith que les autres signes et, pour cette raison, ils élèvent la température et causent la chaleur, ils conviennent donc comme Maison aux deux grands luminaires, c’est-à-dire aux deux planètes principales : le Lion, pour le Soleil, comme étant masculin, et le Cancer, pour la Lune, qui est féminine. » Cette explication du grand codificateur de l’astrologie ne nous satisfait toutefois pas entièrement ; car, si le commentaire concernant la position du Cancer et du Lion par rapport à notre Zénith est très pertinent, on voit mal pourquoi, dans cet extrait de texte, la Lune devrait correspondre avec le signe du Cancer qui « élève la température », alors que ce luminaire n’est pas particulièrement une planète à réputation de « chaleur ». Il existe heureusement d’autres raisons pour attribuer la maîtrise de la Lune au signe du Cancer.

Les noms des astres, des constellations et des signes qui sont arrivés jusqu’à nous par l’intermédiaire des Romains, viennent des Grecs, mais il semble que les astronomes-astrologues helléniques devaient certaines de leurs connaissances non pas uniquement aux Chaldéens, mais aussi aux Egyptiens. En effet, outre la sphère céleste que nous connaissons toujours actuellement, les astrologues grecs en utilisaient une autre qu’ils nommaient « sphère barbare ». Sous la forme de constellations, on y rencontre d’anciennes divinités tribales sémitiques et les déités traditionnelles des provinces égyptiennes. Cette « sphère barbare » est peuplée de personnages et d’animaux encore plus étranges que ceux qui occupent la sphère céleste.

Dans sa quatrième Ennéade, Plotin, pour organiser sa théorie de l’univers, reprend le vieux texte hermétique de la Table d’Emeraude : « Ce qui est en haut est comme ce qui est en bas »… Les Grecs concevaient effectivement le monde comme un être unique d’une taille gigantesque et, pour eux, la terre et le ciel étaient confondus, le destin de l’homme et les corps célestes subissaient les mêmes lois. Hipparque aurait d’ailleurs déclaré à Pline « qu’il croyait à la parenté des astres avec l’homme et que nos âmes sont une partie du ciel ». Le phildsophe néo-platonicien Plotin demeure en tout cas le véritable précurseur de la pensée analogique en astrologie : « Des choses semblables qui ne sont pas attenantes, mais qui sont séparées par un intervalle, sympathisent en vertu de leurs ressemblances. Sans être en contact, les choses agissent et ont nécessairement une action à distance. Comme l’univers est un animal qui arrive à l’unité, aucune de ses parties n’est en un lieu si éloigné qu’elle ne lui soit proche, à cause de la tendance à la sympathie qui existe entre toutes les parties d’un animal unique. » Et : « Chaque être ne peut pas vivre comme s’il était seul ; puisqu’il est une partie de l’univers, il n’a pas sa fin en lui-même, mais dans le tout dont il est une partie. »

Les Romains

C’est au contact des colonies grecques de l’Italie du Sud que l’astrologie doit son entrée à Rome au IIe siècle avant notre ère. Avec la science astrale coexistaient, tant bien que mal, de multiples procédés divinatoires. Sous l’Empire, l’astrologie atteignit cependant son apogée. La constellation du Lion porta le nom de « Léo » et les Stoïciens, pour qui la sympathie des éléments de l’univers était une chose admise, devinrent les plus fidèles défenseurs de l’art conjectural. César, Pompée, Auguste, Claude et Néron eurent tous recours à ce moyen ; de profondes transformations se manifestèrent dans le domaine religieux. On ne croyait plus avec la même conviction dans les anciens dieux ; il s’établit une espèce de lassitude à leur encontre, mais comme actuellement, où les nouvelles sectes se multiplient, les Romains recoururent à de nouvelles divinités. La plupart du temps, ces dernières furent empruntées aux Perses et aux Egyptiens.

Progressivement, les Calendes de janvier remplacèrent les Saturnales du 17 décembre. L’importance que prirent les fonctionnaires et l’accroissement du pouvoir des citadins reléguèrent l’année, essentiellement paysanne auparavant (elle débutait le le’ mars), au second plan. On attendit, pour consulter l’oracle, le 1″ janvier, jour d’entrée en fonction des consuls (au lieu du 1″ mars). A partir de 153 avant Jésus-Christ, une seconde période de festivité, le 1″ janvier, s’ajouta donc aux Saturnales, qui persistèrent encore quelque temps. Au Iii’ siècle, Aurélien (270-276) décida de mettre un peu d’ordre dans la multitude des divinités étrangères qui envahissaient les esprits romains. Il érigea, alors, en religion d’Etat le culte du Soleil, lequel devint un dieu unique pendant plus d’un siècle. Le 21 décembre (jour du solstice d’hiver) était alors considéré comme le « jour de naissance » du Soleil, car c’est pendant cette période de l’année que l’astre du jour commence à reprendre de la force. Il est probable qu’une influence iranienne a marqué l’adoption de ce culte solaire, car les Perses honoraient déjà, et depuis fort longtemps, l’astre royal qu’ils considéraient comme très bénéfique.

L’empereur Constantin le Grand (306-337) fit dresser un obélisque à Constantinople (la nouvelle Rome) où le dieu solaire Hélios trônait dans toute sa splendeur.

les Arabes

Ce sont les Chaldéens qui, au départ, introduisirent la science astrale chez les Arabes. Plus tard, ces derniers se convertirent à l’astrologie grecque qu’enseignait Claude Ptolémée. Lorsque eut lieu la grande expansion de l’Islam (VIII’ et IX’ siècles), les arabes diffusèrent leurs connaissances dans les Balkans, en passant par la Turquie et en Espagne, par le Maghreb. Déjà à cette époque, l’astrologie islamique se distinguait de la science chaldéenne en ce qu’elle accordait aux planètes un rôle conforme au Coran et à l’Ancien Testament, sur le plan symbolique. Le Soleil, pour les Arabes, était personnifié par Idûs (Enoch), le fils d’Adam.

Les Mayas

A l’époque précolombienne, les habitants de l’Amérique avaient déjà examiné le ciel ; on parle même assez couramment d’observations remontant à près de 8 000 ans avant Jésus-Christ. Le temple de Mexico comportait trois escaliers de 120 degrés chacun. Le chiffre 3 correspond au ternaire et si l’on multiplie 120° par 3, on obtient les 360° du Zodiaque. Les documents anciens sur les pratiques astrologiques des Mayas sont malheureusement extrêmement rares. Certains conquérants n’hésitèrent pas à tout saccager sur leur passage et certains missionnaires un peu trop zélés mirent le feu aux documents culturels qui les embarrassaient. C’est ainsi que le père Landa incendia la bibliothèque maya du Yucatan. Grâce à Joseph d’Acosta, qui vécut au XVIe siècle, nous disposons tout de même de quelques renseignements sur les zodiaques mayas. On se persuade très vite que l’astrologie des Mayas était avant tout d’essence religieuse. Un zodiaque paraissant très ancien, reposant sur l’année sacrée, semblait fort répandu. Alors que l’année civile comptait dix-huit mois de vingt jours, soit trois cent soixante jours, auxquels s’ajoutaient cinq jours dits « inutiles », ce qui faisait un total de trois cent soixante-cinq jours, l’année sacrée comprenait vingt mois de treize jours, soit deux cent soixante jours.

Ces vingt mois déterminaient vingt signes zodiacaux (de l’Espadon au Lapin). Ce zodiaque était attribué au dieu de l’Air et de l’Eau Quetzalcoatl. D’après A. Volguine, seul astrologue français ayant publié une étude consacrée à ce zodiaque, plus que le signe lui-même, c’était le jour de la naissance, à l’intérieur du signe, qui était significatif. Il n’existe aucune trace du « Lion » dans ce zodiaque, et il est toujours impossible de calculer précisément les limites de chaque signe. Les travaux de Bernadico de Sahogun (moine espagnol qui vécut au Mexique) pour essayer de déterminer le début et la fin des signes de ce zodiaque, n’ont pas abouti. Les Mayas adoptèrent plus tard un zodiaque qui comportait douze signes comme le nôtre ; à la place du signe du Lion, on y rencontre le retour de la lance du lion caché et rampant.

Les Indiens

Les empereurs de la dynastie des Achéménides n’omettaient jamais de consulter leur astrologue avant d’entamer toute action importante. Ces derniers pratiquaient l’astrologie chaldéenne qu’ils avaient sensiblement modifiée et adaptée.

Les Perses anciens adoptèrent très tôt les connaissances astrologiques de la Chaldée et il n’existe aucune preuve démontrant l’existence d’une astrologie purement indienne antérieure. Selon Alexandre Volguine « l’Inde n’a pas inventé l’astrologie, mais l’a repensée à sa manière ; elle en a fait un système à part, aussi différent du système chinois que du système mésopotamien ». Lorsque Alexandre le Grand prit la place de Darius III et continua ses conquêtes en direction des plaines de l’Indus, la science des astres gagna le nord de l’Inde, d’où elle se propagea. Ce n’est que vers le VIe siècle que les théories babyloniennes furent enseignées par les siddhânta et c’est seulement au Xe siècle, lorsque les Turcs dominèrent le Pendjab et créèrent la dynastie des Rhaznévides, qui devait durer plus de 300 ans, que des voyageurs arabes modifièrent l’astrologie indienne en lui enlevant son côté « magique », auquel elle était attachée auparavant.

Les Indiens utilisent abondamment les cycles, ce qui confère à leur pratique un côté métaphysique que ne connaît pas l’astrologie chaldéenne. Ils utilisent le même zodiaque que nous, mais celui-ci commence au signe de la Balance, signe non-violent par excellence, qui devient ainsi le symbole de l’est (en fait, tout le zodiaque indien est inversé par rapport au nôtre ; le dernier signe est la Vierge, ce qui paraît normal, puisque l’Inde est située dans l’hémisphère sud). Il est intéressant de constater que le signe du pacifisme (la Balance), occupe, pour les Indiens, la place du signe de la guerre et des conflits (le Bélier), propre aux Mésopotamiens. Une autre différence importante est à noter. Le zodiaque indien se déplace légèrement, comme les étoiles « fixes », d’environ cinquante minutes d’arc par an, dans le sens zodiacal lui-même. A une époque indéterminée, mais qui semble très ancienne, les Indiens ont adopté la théorie des cinq éléments chinois (en rapport avec les cinq planètes traditionnelles de Mercure à Saturne), mais ils l’ont adaptée à leur philosophie.

Le premier zodiaque en usage aux Indes comprenait vingt-huit parties distinctes en rapport avec les constellations « nakshatras ». Ces vingt-huit portions divisaient l’année, qui comptait alors trois cent vingt-quatre jours et qui débutait lorsque le Soleil entrait dans les Poissons. Ces parties correspondaient aux vingt-huit journées qui forment une lunaison. Après plusieurs centaines d’années, le nombre des nakshatras fut ramené à vingt-sept ; puis, un zodiaque de douze signes, comme celui que nous utilisons, fit son apparition. Le Lion fut appelé Simha. Les signes ou « rasis » ne pouvaient pas correspondre avec les nakshatras d’une manière très précise, car vingt-sept n’est pas divisible par douze. Les Indiens inventèrent alors les « padas » : de simples quartiers à l’intérieur des nakshatras. Il y a quatre padas par nakshatra, ce qui fait un total de cent huit padas. On peut ainsi attribuer neuf padas par rasi. C’est de cette façon que Masha (le Bélier), comporte les quatre padas de la constellation d’Aswini, auxquels s’ajoutent les quatre de Bharani et un seul de Krithika. Les trois padas restants de cette dernière constellation sont naturellement attribués au rasi du Taureau. Encore actuellement, les astrologues indiens utilisent ce dernier zodiaque où notre « Lion » comporte neuf padas.

Les Chinois

En Chine, toutes les sciences sont liées au taoïsme, ensemble de doctrines dues au philosophe du VIe siècle avant notre ère, Lao-Tseu. Qu’il s’agisse de mathématiques, de physique ou d’astrologie, toutes les connaissances font partie du Tao ; le même terme « tch’eou » désigne d’ailleurs aussi bien les astrologues que les astronomes ou les savants. C’est l’empereur Houang-Ti, au troisième millénaire avant Jésus-Christ, qui aurait instauré le calendrier astrologique chinois. Ce dernier est fondé sur deux séries d’années ; l’une correspond aux cinq éléments dont nous avons déjà parlé au sujet des Indiens : le Bois régi par Jupiter, le Feu par Mars, la Terre par Saturne, le Métal par Vénus et l’Eau par Mercure. L’autre série est en rapport avec douze animaux, symbolisant chacun une année.

Une vieille légende raconte que Bouddha, un jour du nouvel an, convia à sa cour tous les animaux de la création. Parmi ceux-ci, douze furent plus ponctuels que les autres et Bouddha, pour les récompenser, donna leur nom à une année, dans l’ordre de leur arrivée. Tous les douze ans, il se produit donc un nouveau cycle. Ces signes ne peuvent pas être comparés à ceux de notre zodiaque, car ils ne sont pas du tout liés au passage du Soleil dans la bande qui entoure l’écliptique.

L’année chinoise débute en février et non pas le 1er janvier. Ce cycle se renouvelle tous les soixante ans (douze fois cinq), s’accordant ainsi avec le rythme de « l’Eternel Retour » qui fut adopté en 2637 avant notre ère. Le zodiaque chinois demeure très différent du nôtre : il n’est pas fondé sur le mouvement apparent du Soleil, mais sur vingt demeures lunaires. Les signes ne correspondent pas à un mois solaire, mais à une année lunaire. Cette prédominance de l’astre de la nuit sur l’astre du jour explique sans doute pourquoi les significations des signes chinois sont totalement inversées par rapport à celles qu’on attribue aux signes de notre zodiaque.

Tout se passe comme si les Chinois avaient uniquement tenu compte des valeurs cachées ou « nocturnes » des signes. En prenant l’exemple du Bélier, réputé pour nous courageux et franc, on s’aperçoit que l’animal qui lui correspond dans le zodiaque chinois est le Lièvre (en particulier au Japon) ou le Chat ; animaux considérés chez nous, il faut le reconnaître, le premier comme un fuyard ou un poltron, le second comme un hypocrite. Notre signe du Lion devient le Mouton ou la Chèvre. La chèvre est considérée comme particulièrement douce ; il est rare que les personnes nées sous ce signe réussissent socialement de manière éclatante car elles sont sans grande volonté et sans esprit d’initiative ; elles préfèrent rester dans l’ombre. C’est un signe considéré comme très féminin, ce qui fait que ses natifs manquent de virilité. C’est bien là, rassemblées, toutes les valeurs antinomiques du « Lion« . Le mouton lui-même a été reconnu comme un animal particulièrement doux et dépendant ; à tel point que Rabelais en a tiré un fameux récit anecdotique dans son Pantagruel, récit auquel l’on doit l’expression populaire : « mouton de Panurge ». L’astrologie des Chinois est aussi intimement liée à Feng Souei, c’est-à-dire à « Vent et Eau« . Sorte de géomancie, proche du Yi-King, datant du XIIe siècle, elle fut l’oeuvre de plusieurs maîtres dont le plus célèbre est appelé Tchou-hi.

La Mythologie solaire

Pour Robert Aron, ce qui surprend le primitif « ce n’est pas que les enchaînements des phénomènes naturels soient rompus à certains moments par des cataclysmes inhabituels, c’est qu’ils existent, c’est qu’ils agissent ». L’homme primitif est beaucoup moins étonné par la foudre, par une éclipse, que par le déroulement régulier des saisons ou la succession perpétuelle du jour et de la nuit. Les mythes naquirent davantage d’un désir de comprendre le cours ordinaire de la nature que d’un besoin d’expliquer les phénomènes insolites ou exceptionnels. Le primitif cherche donc des responsables aux événements habituels de la nature, car il ne connaît pas la science, et ne peut pas trouver d’explication rationnelle. Peu à peu, il en vient à peupler le monde d’êtres surnaturels, à son image, mais tout de même supérieurs à lui par leur puissance. Il est admis que l’évolution des mythes s’est déroulée de manière uniforme dans l’ensemble de l’espèce humaine et selon trois étapes principales. Au départ, l’être humain ne peut pas établir de séparation entre l’esprit et la matière.

D’après les sociologues, à l’origine de cette confusion se trouve la conception d’une mystérieuse puissance, répartie sur l’ensemble de la planète, dans les êtres comme dans les objets ; C’est le mana. Par la suite, la pensée religieuse évoluant, le mana s’applique plus précisément dans des éléments différenciés, minéraux, végétaux ou animaux. C’est alors que le primitif honore les phénomènes naturels comme la mer, les rivières, les vents ou les astres. On admet que certains humains, mages, sorciers ou devins, peuvent communiquer avec les êtres surnaturels qui se cachent dans les fleuves ou dans les étoiles. La troisième étape de l’évolution spirituelle se caractérise par une anthropomorphisation. L’homme considère que les êtres surnaturels possèdent des qualités semblables aux siennes. C’est ainsi qu’à Babylone les dieux ont, pendant longtemps, revêtu un aspect mi-animal, mi-humain et, en Egypte, la zoolâtrie a été fort prisée.

On peut tout de même se demander quelle était la conception de l’homme pour les Anciens. Les Hellènes considéraient que l’humain n’était qu’un moindre degré du divin. Tout comme les hommes, Zeus devait s’incliner devant la Moira (le destin). La condition humaine et la condition divine participaient de la même nature. ‘Il existait d’ailleurs un stade intermédiaire, celui du Héros, cet individu mi-humain, mi-divin, enfant d’un dieu et d’une mortelle, ou mortel ayant gagné l’amitié des dieux : Héraclès.

Le symbolisme astrologique n’a rien d’arbitraire, comme on pourrait le penser a priori ; ce sont des noms de divinités qui furent attribués aux planètes ; on doit remarquer que ce symbolisme est étroitement en rapport avec la mythologie. Ainsi, en Egypte, le mythe d’Isis qui erre à la recherche du corps d’Osiris, son frère et époux, correspond parfaitement au mouvement de la Lune. Certains peuples anciens ont considéré le ciel comme un être vivant autonome. Les Egyptiens en ont fait une déesse, Nout, représentée sous la forme anthropomorphisée d’une femme à cornes de vache. Les Sumériens en firent un dieu, Anum, l’époux de la déesse Antum. Cependant, d’autres peuples n’ont pas assimilé le ciel à une personne, ils n’y ont vu que le champ des étoiles, celles-ci étant personnalisées à leur tour. Il existe des étoiles « maléfiques », mais aussi des « bénéfiques », comme celle du matin qui, pour les Egyptiens, n’était autre que l’œil de Rê, le dieu solaire. Mais sur tous les continents, le ciel est considéré comme le domaine de deux divinités suprêmes : le Soleil et la Lune. Pour les Indiens d’Amérique du Nord, par exemple, les luminaires sont frère et sœur, mais poussés par un désir mutuel, ils se sont unis l’un à l’autre ; puis s’étant aperçus de leur parenté, ils se sont enfuis et n’ont plus voulu se rencontrer. Cependant, de très nombreuses mythologies font du Soleil le maître du Lion, le souverain du ciel et du monde.

En Egypte, la théologie d’Héliopolis finit par faire d’Horus, dieu-faucon, le dieu solaire et conçoit la révolution journalière du Soleil soit comme la traversée de l’océan du ciel par la barque de Rê, soit comme un cycle ininterrompu de transformations : chaque soir, le Soleil était « avalé par Nout, pour être enfanté de nouveau pendant la nuit, et renaître au petit matin ». A Babylone, le dieu-Soleil (Shamash) était suivi de toute une cour et de tout un appareil judiciaire, comme un roi. Au Japon, la déesse-Soleil devint une divinité suprême chez les tribus de Yamato, installées dans la région de Kyoto et d’Osaka. Son culte eut son centre aux sanctuaires impériaux d’Isé, près de l’actuelle Nagoya. Dans le Pérou précolombien, le mythe du Soleil-roi a connu une utilisation temporelle : on a voulu faire de l’Inca le fils du Soleil. Les quatre grands dieux du panthéon aztèque ne sont que les images du Soleil à un moment donné de son trajet sur l’horizon. Pour les Grecs, le Soleil fut Hélios, mais le char d’Apollon n’est pas sans rappeler la barque de Rê. Chaque année, le Soleil revient sur son char que traînent deux cygnes au vol infatigable. Tous les produits de la terre sont soumis à son action, bienfaisante ou fatale : s’il fait germer et mûrir, c’est lui aussi qui dessèche et qui brûle. D’ailleurs, la parenté du culte du Soleil et du culte du Feu se rencontre chez plusieurs peuples, et particulièrement, en Asie centrale, chez ceux qui ont fait des emprunts à la mythologie iranienne, et ont fini par assimiler Mithra au Soleil, après l’y avoir associé. Tous les Slaves ont donné la place centrale de leur mythologie à Svarozic, à la fois dieu du Soleil et du Feu.

Mircea Eliade, a remarqué que le culte du Soleil se relève dans un nombre limité de religions : « Ce n’est guère qu’en Egypte, en Asie et dans l’Europe archaïque, que ce qu’on a appelé le « culte du Soleil » a joui d’une faveur pouvant devenir à l’occasion, en Egypte par exemple, une véritable prépondérance. » Mircea Eliade remarque que le culte du Soleil a été le propre des pays qui n’étaient pas stagnants ou sclérosés en matière de civilisation, mais au contraire, de ceux dans lesquels on sentait le mouvement de « l’Histoire en marche ». Dans certaines îles polynésiennes, on appelle la côte occidentale (où le Soleil se couche) « la porte où sautent les âmes ». Ça tient à la propriété du Soleil de disparaître chaque soir pour reparaître chaque matin. Diverses peuplades en ont conclu que le Soleil était tout désigné pour s’occuper des défunts. Descendant chaque soir dans le royaume des morts, il en revient chaque matin, il est donc chargé de les accompagner. Chez les Suméro-Babyloniens, le Soleil était le fils ou le serviteur de Sin, le dieu lunaire, d’où l’opposition entre Yahvé qu’adoraient les Juifs et Baal, le dieu solaire qu’honoraient les Cananéens. En Chaldée, Mardouk devint le Tout-Puissant, créateur, maître de la végétation et gardien de la justice : il gouvernait même la planète Jupiter.

En Egypte, selon la doctrine des prêtres d’Héliopolis (IVe millénaire), Atoum sortit de l’eau primitive et engendra quatre dyades qui formèrent avec lui la grande Ennéade Héliopolitaine. Par la suite, le dieu solaire Atoum fut réuni à Amoun-Rê, Ptah et Osiris.

Dès le début de son règne, le pharaon Aménophis IV prôna le dieu solaire toujours appelé Rê-Harekhi puis A ton, terme qui désigne plus spécialement le disque solaire rayonnant. Aton renouvelait « journellement le potentiel de vie de tous les êtres ».

La tentative plutôt malheureuse de ce pharaon fut l’aboutissement de toute une évolution vers le syncrétisme. Pour les Egyptiens, le cours du Soleil dans les signes du Zodiaque est souvent considéré comme l’aventure d’un héros ; exemple : les douze tableaux de l’épopée du héros assyrien Gilgamesh, les douze travaux d’Héraclès, devenu Hercule chez les Romains.

Le retour régulier du jour et de la nuit s’exprime dans le mythe d’Osiris qui traverse le ciel sur sa barque solaire ; ensuite, elle voyage dans la nuit sur sa barque nocturne que tirent, d’ouest en est, les démons du monde souterrain. Le jour était déjà divisé en 24 heures et Osiris se devait de remplir certaines cérémonies dans chacune des douze stations diurnes où résidait une divinité. Les Egyptiens pensaient que les mouvements annuel et journalier de l’astre central correspondaient au cours de la vie humaine. Il y eut donc quatre formes de dieu solaire suivant les heures de la journée : Hor-pouchroud (Horus l’enfant) le matin, Râ (l’homme barbu) à midi, Atoum (un vieillard avec un bâton) le soir et Knoum (corps cadavérique) à minuit. En analogie, le matin correspondait à la première saison du calendrier égyptien (naissance du dieu solaire). Une fête était célébrée en cette occasion au solstice d’hiver, alors situé le 25 décembre. A cette date, les Romains fêtaient la naissance de Sol Invictus et c’est pourquoi, plus tard, cette journée devint Noël pour les Chrétiens.

Chez les Grecs, Zeus, le père des dieux, supplantait le dieu solaire et, en tant que maître de l’Olympe, il lui commandait d’éclairer le monde, aussi bien sur le plan physique que sur le plan spirituel. A Rhodes, à Corinthe et dans le Péloponèse, le dieu solaire était considéré comme l’œil de Zeus, Hélios.

Les Grecs appelaient Hélios « le vengeur des crimes » et comme il était censé apporter la lumière et mettre au clair le mensonge et l’iniquité, les Hellènes n’hésitaient pas à jurer par lui. Dans d’autres régions de la Grèce, Apollon, le dieu de la sagesse, le devin, le dieu guérisseur, conducteur des Muses, était le représentant de la force et de la beauté virile ; on trouvait d’ailleurs la statue de cet éphèbe dans tous les gymnases. Dionysos quant à lui, fait jaillir le vin enivrant avec son thyrse ; il devint le Bacchus des Romains. Pour Nietzsche, Dionysos correspond à la fuite dans l’illimité, à l’enivrement, à la musique, alors qu’Apollon représente au contraire les limitations, la mesure, les choses claires, l’objectivité. Cette conception des deux dieux solaires rejoint précisément la nature symbolique des deux planètes dignifiées dans le signe du Lion : avec Neptune (planète exaltée) nous avons l’incommensurable, le global, l’insaisissable et avec le Soleil (planète maîtresse) le rationnel, le réel.

A Rome, c’est seulement au temps d’Auguste, l’héritier de Jules César (27 avant Jésus-Christ), que le dieu solaire Sol fut placé au rang de Phébus-Apollon. Alors que les dieux de l’Olympe devenaient de plus en plus des divinités astrales, le dieu solaire atteignit le niveau du Père des dieux ; ainsi, il devenait le maître des dieux planétaires. Baal dont l’image visible était le Soleil arriva de Syrie et il fut adoré comme Jupiter-Summus, « le plus élevé » (Hypsistos). Aurélien (270 à 275) fut le seul empereur divinisé de son vivant ; il transforma le culte de Mithra en un culte solaire qui devint la religion officielle. Le Soleil fut alors considéré comme le maître du ciel, le protecteur de l’empire et de son souverain. Auparavant, Pline avait rejeté toutes les autres divinités ; et il n’acceptait plus que la puissance divine solaire. Cicéron considéra le Soleil comme « le prince et le conducteur des autres astres », comme « le Directeur du monde ».

En Inde, Surya, le Soleil, était appelé « l’œil de Mithra », mais on pensait également qu’il était la personnification du dieu céleste Vamma. Vischnou lui-même honorait le dieu solaire.

Dans l’empire des Incas, le souverain se nommait « Fils du Soleil » et le tiers des terres cultivées s’appelait « le pays du Soleil » car ses produits étaient utilisés pour les services du culte. Au Mexique, à l’instar de l’Orient et de l’Egypte, Huitzilopochtlé, le dieu solaire, est considéré comme un roi ; il est représenté assis sur un trône.

En guise de conclusion, on peut dire que l’ensemble des mythes solaires s’orientent selon deux grandes tendances : celle du monarque qui détient le pouvoir et la puissance, et celle du héros qui conduit son char comme un guerrier et réalise d’innombrables exploits ; tous deux sont des êtres privilégiés que l’on place sur un véritable piédestal.

La plus ancienne légende de la Grèce antique qui concerne le dieu du Soleil est celle d’Hélios. Poursuivi tout jeune par les fils d’Ouranos et de Gala, les Titans, Hélios fut précipité dans le fleuve Eridan. Son père, qui le cherchait en vain, fit un rêve : il eut la révélation qu’Hélios avait été admis chez les dieux et qu’il résiderait désormais dans « le feu sacré brillant dans le ciel ». De son union avec la nymphe Rhodos (d’où nous vient le nom de l’île de Rhodes), Hélios eut un fils dénommé Phaéton. Ce dernier était fort présomptueux et il se vantait sans cesse de ses origines, qu’il considérait comme supérieures à celles des autres. Il demanda et obtint de son père – qui pourtant n’était pas tout à fait d’accord – de conduire le char du Soleil pour une journée. Ce char de feu parcourait habituellement le Zodiaque tiré par quatre chevaux. Lorsque Phaéton eut pris les rênes, les chevaux, dont la fougue n’était plus maîtrisée par la main sûre d’Hélios, s’emballèrent et se dirigèrent à toute allure vers les étoiles. Ils finirent leur course folle en se précipitant sur la terre, desséchant les fleuves et grillant la végétation. Jupiter, appelé de toute urgence par Géa, la Terre, foudroya Phaéton pour arrêter le cataclysme. Depuis cet épisode, Hélios a repris son trajet régulier dans les signes du Zodiaque sur son char de feu. Cette légende mythique attire l’attention sur le danger que représentent la présomption et l’orgueil démesurés (valeurs aussi bien solaires que léoniennes), mais aussi sur le risque encouru par celui qui attache trop d’importance à l’idéal surhumain, et qui poursuit la perfection avec une ardeur excessive.

Une autre légende significative est celle d’Apollon. Il naquit de l’union de Zeus (Jupiter) et de Lêtô (Latone) ; il a, lui aussi, des origines très particulières. Junon, jalouse de Latone à qui Jupiter avait donné un enfant, excita et braqua le Python, serpent monstrueux, contre cette dernière ; de plus, elle interdit à la Terre de lui donner asile. Latone ne put que se réfugier sur la mer et Neptune le frère de Jupiter, fit émerger l’île de Délos pour la recevoir. Lorsque Apollon eut vu le jour, Latone fut dans l’impossibilité de l’allaiter ; Thémis, la déesse de la justice, se chargea de le nourrir. Elle ne lui donna que des mets divins : le nectar et l’ambroisie, cette substance neuf fois plus douce que le miel, qui est censée donner l’immortalité. Quand Apollon eut grandi, il décida de se venger du Python, responsable des mauvaises conditions de sa naissance. Il mit donc un terme à la vie du serpent et plaça sa peau sur le trépied du temple où la Pythie prophétisait à Delphes. Apollon, qui en tant que dieu de la lumière, aimait bien comprendre le pourquoi et le comment de ce qui l’entourait, voulut découvrir pourquoi le dieu de l’amour, Cupidon, utilisait des flèches de nature différente.

Celui-ci, en effet, disposait de la passion et de la répulsion, qu’il pouvait inculquer suivant les flèches qu’il lançait. Comme Apollon, pour en savoir plus, se moquait de Cupidon, ce dernier lui décocha une flèche inspirant la passion, alors qu’il frappait simultanément une admirable nymphe dénommée Daphnée d’une flèche de répulsion. Si bien que le dieu solaire s’éprit instantanément de la jolie nymphe alors qu’elle s’enfuyait devant lui pour rejoindre son père, le fleuve Pénée, à qui elle demandait de la sauver, quitte à y perdre sa beauté.

Son père exauça son voeu et la transforma en un bosquet de laurier. Apollon dut se contenter de fabriquer une petite couronne avec le laurier, qu’il plaça sur sa lyre. C’est, paraît-il, depuis ce temps que les lauriers sont utilisés pour couronner les vainqueurs. Par cet épisode mythologique s’exprime le danger d’une curiosité trop grande. On ne doit pas percer les secrets des dieux (et ceux de la nature) ; notion tout à fait présente dans la dialectique de l’axe LionVerseau.

Zeus prit un jour les traits d’Amphitryon pour séduire Alcmène, épouse de celui-ci. De cette union naquit Héraclès ; nous allons voir que sa légende est directement en rapport avec le symbolisme du Lion. Pour expier le meurtre de son épouse Mégara, Héraclès dut exécuter les douze célèbres travaux que lui imposa Eurysthée, le roi de Tirynthe. Il remplit cette tâche extraordinaire et surhumaine avec un succès prodigieux. Il commença par étouffer le lion de Némée, qui terrorisait toute la vallée de l’Argolide et qui était réputé invincible. Héraclès demanda à un paysan au service de Dionysos, un dénommé Molorchos, de préparer un animal pour le sacrifice. Il fut entendu que si Héraclès revenait vainqueur avant le délai de 30 jours (le temps mis par le Soleil pour traverser un signe du Zodiaque), cet animal serait offert à Zeus. Si Héraclès devait ne pas revenir, il résiderait alors parmi les dieux et le sacrifice serait accompli en son honneur. Lorsque le héros se trouva face au terrible lion, et que le combat s’engagea, il l’attaqua avec son arc et ses flèches, mais ces dernières s’épointèrent les unes après les autres contre la peau indestructible de l’animal.

Héraclès pensa qu’il aurait sans doute davantage de chance en employant sa grosse massue ; mais l’arme se brisa au moment où il s’en servait sur le lion. N’ayant plus aucun moyen de défense, Héraclès décida courageusement de rentrer dans l’antre du lion et de l’affronter à mains nues. Il le saisit dans ses bras puissants, musclés, et l’étouffa avec son genou, qu’il appliqua fortement sur le plexus solaire de l’animal.

Le fait qu’un délai précis de trente jours ait été donné à un simple mortel, Molorchos, nous montre que nous sommes dans le domaine du réel et non plus dans celui du rêve. Si dans le signe qui précède chronologiquement le Lion, le Cancer, le danger est dans l’imaginaire ou la nébulosité, au Lion, il réside dans le désir orgueilleux de réaliser concrètement le rêve cancérien, au risque d’y perdre son équilibre psychique. Le lion de Némée représente aussi les instincts qu’il est nécessaire de maîtriser pour connaître consciemment sa voie. Héraclès atteint l’individualité en s’affirmant par la seule volonté (il arrive à vaincre le lion sans armes ni artifices). Il aurait pu devenir le frère et l’égal des dieux en renonçant à cette victoire du réel et du jour sur le rêve et la nuit. La différence est marquante avec le mythe apollinien qui, au contraire, est en rapport avec l’idéal surhumain. Notons, de plus, que notre héros, afin de protéger sa force de vie, s’est emparé de la dépouille du lion qu’il a pu revêtir comme une véritable cuirasse. Il faut remarquer que cette carapace protectrice symbolise parfaitement le « masque social », si souvent présenté par les natifs du signe. Héraclès demeure en tout cas dans la lignée des plus grands héros ; ses innombrables exploits sont là pour le prouver. Il ne faut pas oublier qu’après avoir éliminé le lion de Némée, il tua l’hydre de Lerne. Ensuite, il prit vivant le redoutable sanglier d’Erymanthe. Il atteignit, à la course, la biche aux pieds d’airain de Cérynie. Il tua à coups de flèches les oiseaux du lac Stymphale qui se nourrissaient de chair humaine. Il dompta le taureau de l’île de Crète, envoyé par Poséidon (Neptune) contre Minos. Il mit fin au règne de Diomède, le cruel souverain de Thrace, en le faisant dévorer par ses propres chevaux. Il vainquit les Amazones en la personne d’Hippolyte, leur reine. Il nettoya les immenses écuries d’Augias, le roi d’Elide, en y faisant couler le fleuve Alphée. Il combattit et tua Géryon, le géant à trois têtes et à trois troncs, auquel il enleva ses troupeaux.

Il réussit à ravir les pommes d’or du jardin des Hespérides, qui étaient réputées donner l’immortalité. Il délivra des Enfers le roi d’Athènes, fils d’Egée, Thésée. Après avoir réalisé encore beaucoup d’autres exploits, Héraclès mourut dans des circonstances peu ordinaires : un centaure, appelé Nessos, qui voulait enlever Déjanire, l’épouse du héros, fut atteint par une flèche que ce dernier avait trempée dans le sang de l’hydre de Lerne. Alors qu’il agonisait, Nessos confia sa tunique à Déjanire en guise de talisman, pour la protéger contre l’éventuelle infidélité de son époux.

Le manque de confiance de Déjanire envers Héraclès et la trahison de Nessos devaient être fatals à notre héros. Lorsqu’il eut revêtu la tunique du centaure, il fut dévoré par la souffrance ; ses douleurs furent telles qu’il alla se brûler sur le Mont Œta, en Thessalie. En Inde, le signe du Lion est mis en correspondance avec le Jivatna ; lequel, à l’origine, était l’enfant de l’Etre Suprême, celui qui a été consacré par lui, un peu à la manière dont Jésus-Christ le fut par Dieu le Père, pour les chrétiens. La pensée traditionnelle des Indiens stipule ‘que l’homme se trouve lié seulement à cinq plans du Cosmos, parmi les sept existant. Le cinquième signe du Zodiaque regroupe les cinq premières émanations de la création (Brahmas). Le Lion représente un signe parfaitement « intermédiaire » ; il correspond, en même temps, à l’aboutissement d’une manifestation spirituelle (le Jivatna), et au commencement d’une nouvelle. Comme à l’intérieur des signes du Bélier et du Sagittaire, le Feu provoque chez le Lion une attitude créatrice et une réelle force dynamique. Cependant, le cinquième signe est aussi à considérer comme un facteur de fixité ; il est, par suite, le seul dans le ternaire « Feu » à pouvoir emmagasiner en lui-même certains éléments qui se manifesteront plus tard, lorsque le Soleil traversera les autres signes, au cours des mois suivants. Ces quelques conceptions religio-zodiacales, propres à l’Inde, nous permettent d’être persuadés que ce pays a été, depuis des temps très reculés, un pays hautement civilisé. Lorsqu’un peuple primitif ne possède encore aucune notion abstraite ou organisée, on a constaté qu’il n’a ni Zodiaque, ni dieu solaire. Tout juste dispose-t-il d’un « Etre Suprême », une espèce d’entité très supérieure qui domine tous les êtres, toutes les choses, et qui est censée avoir tout créé. Retenons que cet Etre Suprême demeure soit inabordable, tellement sa puissance est grande, soit simplement indifférent.

Chez les primitifs, quand la civilisation progresse, la religion devient toujours plus complexe. Diverses divinités font leur apparition et viennent s’interposer entre l’Etre Suprême et l’homme. C’est bien souvent un dieu qui joue ce rôle « d’intermédiaire ». Comme de nombreuses peuplades primitives, les premiers hindous ont estimé que le Soleil (en analogie avec le Lion) était le fils de l’Etre Suprême, mais dans certaines tribus extra-indiennes, le Soleil a été considéré comme le Père, le Grand Créateur, comme l’Etre Suprême en personne. Ces tribus primitives ont d’ailleurs le même mot pour exprimer ces trois pensées a priori si différentes les unes des autres. En Afrique, et plus précisément près du Kilimandjaro, par exemple, les Dschagga ont complètement assimilé l’Etre Suprême au Soleil. Au Bengale, les Mundas honorent principalement « Sing-Song » (le Soleil) qu’ils considèrent comme l’époux de la Lune.

Nous savons que le Soleil, considéré quasiment dans toutes les mythologies comme le Grand Créateur et fréquemment comme le Père, a, pour symbole graphique, un point au centre d’un cercle. Or, il existe une ressemblance frappante entre cet idéogramme et le symbole de l’atome d’hydrogène, constitué, comme chacun sait, par un unique électron qui gravite autour du noyau. De fait, des millions d’étoiles comme le Soleil contiennent, pour leur plus grande part, de l’hydrogène (le Soleil en comprend approximativement 93 %).

Dans l’espace, on rencontre environ mille fois plus souvent de l’hydrogène que tous les autres corps simples réunis. Dans son ouvrage La nature de l’univers, le physicien anglais Hoyle estime que la nature est créée perpétuellement à partir des atomes d’hydrogène et que les autres éléments n’existent qu’en qualité de dérivés de cet atome.

Dans notre système planétaire physique, le Soleil est l’unique source d’énergie, il semble donc logique et raisonnable de penser que, symboliquement, l’astre du jour représente la création. Par ailleurs, toutes les planètes sont placées sous l’ordonnancement du Soleil, l’astre central, (hormis la Lune qui gravite autour de la Terre). Ce mécanisme physique exprime l’existence du principe d’organisation et de direction, pour ne pas dire de domination ; aussi n’est-il pas surprenant de retrouver l’astre central comme représentant de l’Etat ou de la souveraineté. Sur le plan symbolique, Jupiter est sans doute la seule planète qui possède autant de similitude avec le Soleil. Comme lui, Jupiter est synonyme de grandeur, de puissance, d’autorité et d’épanouissement, mais il ne possède pas la fameuse capacité créatrice ni l’éclat propres à l’astre du jour. Cette lumineuse clarté solaire est à mettre en correspondance avec l’esprit, la conscience et le divin. Toutefois, il importe de ne pas confondre divin et « mystique », car les rayons lumineux du Soleil tendent précisément à rejeter, d’emblée, toutes les formes de mysticisme et surtout toute nébulosité : là où brille le Soleil, l’ombre et le rêve ne peuvent trouver une place, si petite soit-elle. La chaleur, qui se manifeste aussi bien par le rayonnement de l’astre de feu que par la saison placée sous le signe du Lion, est, elle aussi, un symbole de vie. Tout centre rayonnant et directeur dispense de la chaleur qui, d’ailleurs, demeure aussi inséparable du jour et de la lumière que le froid est indissociable de la nuit et de l’ombre.

Le Lion dans la vie

Lever de rideau

Et maintenant, mesdames et messieurs, voici le moment que vous attendiez tous : le moment où sa Majesté léonine s’avance -avec un rien de trac, mais ne le dites pas sur la scène du Grand Théâtre Caractérologique. Vous pouvez applaudir. Notre félin multiplie les courbettes sous les feux croisés des projecteurs multicolores. Une surabondance de projecteurs, d’ailleurs : projecteur Hippocrate, projecteur Le Senne, projecteurs Jung, Sheldon, Kretschmer… N’en jetez plus, n’en jetez plus ! Notre pauvre Lion tout ébloui chancelle sur ses pattes, et le bon public n’y voit que du bleu. Machiniste, un par un, les projecteurs, s’il vous plaît. Que nous puissions contempler à l’aise notre acteur favori sous toutes ses coutures sans risquer la cécité.

Vous avez du feu ?

Tiens, cette question ! Bien sûr qu’il en a, du feu. Tous vos bons classiques vous le diront.

Quand on est un fier animal des contrées torrides et qu’on règne sans partage sur les fournaises de thermidor, comment ne pas avoir la voix chaude et le regard brûlant, comment ne pas bouillir à tout propos, comment ne pas se sentir plein d’ardeur et toujours prêt à jeter des étincelles ? Indiscutablement, notre zodiacale bête de scène brûle les planchés, du moins dans ses incarnations les plus accomplies. Il ne faut pas plus que ces quelques locutions imagées pour la marquer au fer rouge de l’élément Feu, avec brûlures au cinquième degré pour le moins. Bien sûr, on peut se demander au passage pourquoi son voisin d’à côté, le timide Cancer, se trouve placé, pour sa part, sous la coupe de l’élément Eau. On saisit mal le rapport avec le caniculaire Soleil de juillet. A moins que l’eau en question ne soit celle dont on étend le pastis à la buvette des piscines surpeuplées. Si vous voulez mon avis, ces analogies saisonnières, c’est un peu tiré par les cheveux. On ne peut pourtant nier que bon nombre de traits de la psychologie du Lion fort recoupent assez bien le portrait du bilieux d’Hippocrate, couplé traditionnellement avec l’élément feu dans la vieille caractérologie. Mais que les amateurs de fumeuses analogies pseudo-poétiques ne plastronnent pas trop : il est des explications plus intéressantes de cette coïncidence, et nous les découvrirons ensemble un peu plus loin.

En attendant, monsieur Hippocrate, parlez-moi donc de ce bilieux qui, paraît-il, me ressemble. Eh bien, nous disons donc… Une nette prédominance du dynamisme mental et de la volonté (vous êtes trop bon…), une ambition forcenée (n’exagérons rien) et, bien entendu, l’esprit de domination (bof !). Impérieux besoin de s’affirmer, d’avoir des responsabilités (très peu pour moi, monsieur Hippocrate). C’est un orgueilleux, un susceptible, (ne dites pas ça, je me vexe pour un rien). Capable de colère et d’accès de violence (vous aimez qu’on vous marche sur les pattes, vous ?), il déteste qu’on lui résiste et se montre très tenace. Il agit selon un rythme puissant et continu (pouf, pouf, laissez-moi souffler deux secondes) et sait s’organiser pour accomplir de rudes tâches de longue haleine (c’est vrai que ce bouquin sur le Lion…)

Gageons que, parmi vous, chers lecteurs léoniens célèbres ou inconnus, il en est tout de même quelques-uns qui se seront trouvé quelque ressemblance avec ce bref croquis du Bilieux. Sur l’un des ouvrages de référence -pas astrologiques pour deux sous- que j’ai consultés, le visage du Bilieux croqué par l’artiste de service ressemble à s’y méprendre à celui d’Eric Tabarly, qui est comme par hasard un Lion très caractérisé. Il n’empêche que, même si j’ai, comme lui, l’Ascendant en Vierge, faudrait être rudement miro pour nous confondre tous les deux. Et d’ailleurs, je déteste qu’on me mène en bateau.

N’éteignons pas le projecteur Hippocrate sans noter que la plupart des astrologues ont discerné, chez le Lion « fort », bon nombre de traits de comportement d’un autre type hippocratique : le type Sanguin. A savoir, en vrac : un grand dynamisme vital, le besoin de contacts sociaux, la vanité de briller, le goût des honneurs, la générosité, l’optimisme, l’entrain, les colères soudaines… Là encore, il faut bien reconnaître que cela correspond assez à la fiche signalétique de pas mal de natifs du cinquième signe. Mais comment diable nos astrologues lyrico-fantaisistes vont-ils pouvoir justifier ce jumelage analogique avec l’élément Air, conjointement au précédent jumelage avec le Feu ? Oh, on peut leur faire confiance pour dénicher de nouvelles comparaisons ou de nouveaux lieux communs providentiels : ils vous raconteront sûrement qu’un bon gros rougeaud de Lion Bilio-Sanguin, ça brasse beaucoup d’air, ça se donne de grands airs, et ça ne manque pas d’air. Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais ce genre d’explication de mon petit caractère par images d’Epinal interposées, ça me laisse un peu sur ma faim. D’autant plus que moi, je ne suis ni Bilieux ni Sanguin, je me contente d’être un grand Nerveux longiligne.

Un peu, beaucoup, passionnément

Et si on essayait quelque chose de plus moderne’? Allez, monsieur Le Senne, envoyez-nous votre projecteur. Qu’avez-vous de beau à nous proposer ? Ah, oui : votre célèbre petit jeu de pile ou face : émotif ou non-émotif, actif ou non-actif, primaire ou secondaire. Que choisissez-vous pour commencer, Votre Majesté ? Eh bien, pour commencer, Sa Majesté choisira l’émotivité. C’est émotif, un Lion, vous savez ! Ça s’enthousiasme, ça vocifère, ça rugit de joie ou de colère, mais, en général, l’indifférence n’est pas son fort. Même s’il affecte protocolairement un flegme aristocratique, le Lion prend facilement la mouche à propos du moindre moucheron qui importune son altière sérénité. Si sa dominante planétaire le porte à l’extériorisation, notre natif sera coutumier des outrances théâtrales, des situations superlatives, des débordements verbaux ou autres. S’il penche plutôt vers l’intériorisation, son émotivité sera moins apparente, mais tout aussi intense : elle se traduira par des phobies, des angoisses, la hantise de l’échec, la peur perpétuelle de ne pas être à la hauteur. Pour la Tradition, chaque signe était censé régir un ou plusieurs organes du corps humain, et le Lion s’est vu, tout naturellement, attribuer le cœur, siège symbolique de tous nos émois et palpitations. De fait, notre Lion prend énormément à cœur tout ce qui le concerne et tout ce qu’il entreprend.

Seconde alternative : activité ou non-activité ? Pour le Lion-type de la Tradition, pas de problème. C’est un actif, et plutôt deux fois qu’une. L’indice qui ne trompe pas, c’est que l’obstacle, loin de le rebuter, le stimule et l’incite à redoubler d’efforts. On ne se lasse pas de vanter son audace, son esprit d’entreprise et son mordant. On note, avec un respect mêlé d’admiration, que ce dominateur ne craint pas de s’abaisser pour mettre la main à la pâte, et qu’il est du genre à tuer tout le monde à la tâche. Evidemment, il y a des exceptions : moi qui vous -parle, par exemple, je n’ai rien, mais vraiment rien d’un bourreau de travail, et gageons que je ne suis pas le seul Lion dans ce cas. Mais je vous rappelle que, dans cette introduction, nous passons surtout en revue les poncifs sur le grand Lion royal classique.

Nous retoucherons quelque peu ces clichés trop flatteurs par la suite, faites-moi confiance. Au petit jeu de Le Senne, le Lion s’apprête à jeter une dernière fois sa pièce. Pile ou face, primaire ou secondaire ? Difficile de choisir. Il a bien envie de répondre « sur la tranche ». Finalement, suivant le conseil insidieux d’un astrologue en renom, il se décide pour « secondaire ». Mais qu’est-ce que ça veut dire ? ? Eh bien, ça veut dire que notre léonien a des réactions plutôt étalées dans le temps, qu’il persévère dans ses tâches comme dans ses sentiments, qu’il préfère l’organisation à l’improvisation, qu’il est porté à bâtir des plans, à élaborer des systèmes. En son for intérieur, notre Lion pourra trouver ce portrait exact, mais il se sait également capable d’improvisation, de brio, de réflexes-éclairs, d’intérêt pour l’immédiat, sans pour autant négliger des visées à plus long terme. D’où son hésitation de tout à l’heure entre « primaire » et « secondaire ».

Enfin, le sort en est jeté. Voici donc notre héros sacré Emotif-Actif, Secondaire. Comme par hasard, cette combinaison a pour résultante le caractère dit Passionné, caractère « à la plus haute puissance », comme ne manque pas de le souligner, en se pâmant d’aise, certain auteur astrologue, fasciné par le vedettariat, déjà évoqué plus haut. Evidemment, pour qui veut passer le Lion au tamis de la caractérologie classique, le Passionné est une trop bonne aubaine. Nous retrouvons, là encore, notre ambitieux tenace, orgueilleux, susceptible et entêté. Un ambitieux qui fait de son ambition le centre du monde, avide de commander et de dominer partout. Fût-ce en passant sur le dos des moins arrivistes. Un orgueilleux convaincu de la grandeur de ses entreprises, du bien-fondé de ses raisonnements et de la noblesse de ses aspirations. Un obstiné qui voue sa vie à une idée-force et que rien ne saura détourner de sa route. Un travailleur acharné, organisé, réfléchi, responsable et sérieux comme un pape, souvent déplorablement dénué du plus petit sens de l’humour.

Heureusement qu’on n’est pas tous comme ça, nous, les Lions. Bien sûr, nous avons Napoléon 1″, Mussolini et Louis XIV, fortement signés du Lion et reconnus officiellement comme passionnés par les caractérologues bien-pensants. Mais, de toute évidence, la famille des passionnés est loin de faire de notre signe son unique fief : le Bélier Zola, le Gémeaux Dante, le Vierge Turenne et le Capricorne Staline sont là pour nous le prouver.

Concédons au Lion, à l’extrême rigueur, le droit d’être Emotif-Actif-Primaire, c’est-à-dire exubérant, enthousiaste, affairé, téméraire, débordant de vie et d’énergie. Concédons-lui, en un mot, le droit d’être catalogué Colérique. Nous aurons certes la joie de découvrir dans cette famille les Lions Mirabeau, Danton et Dumas père, mais nous ramènerons aussi dans nos filets le Cancer George Sand et le Poissons Hugo. Décidément, monsieur Le Senne, votre projecteur ne me semble pas très centré sur le sujet qui nous préoccupe. Vous me répondrez qu’en ce qui vous concerne, pour élaborer votre système, vous vous êtes soucié du zodiaque comme de votre première chemise à rabat. Et comme, de leur côté, les astrologues qui vous ont annexé, se soucient de mécanique céleste autant que de leur premier chapeau étoilé, on ne saurait s’attendre à des miracles de clarté dans leurs recherches éperdues de corrélations scientifiques. Enfin, merci quand même, monsieur Le Senne. Peut-être aurons-nous davantage de chance avec vos collègues…

Dynamisme vital, autoritarisme, générosité, aplomb, goût de l’action… Aucun doute, cet animal-là, c’est un Somatotonique des plus typiques, nous dit l’ami Sheldon, qui tient absolument à mettre son grain de sel. Possible, mais il ne doit pas être bien difficile de découvrir de gros Lions placides tout ce qu’il y a de Viscérotoniques, et encore moins difficile de dénicher de grands flandrins de Lions Cérébrotoniques, vous n’avez qu’à me regarder. Et puis d’ailleurs, trois tempéraments seulement pour se partager douze signes, ça risque d’aboutir à des analyses assez peu rigoureuses. Pas très fin, ce projecteur-là. Et par-dessus le marché, on n’en finit pas de tourner en rond, de sans cesse rebrasser les mêmes adjectifs bateaux qui n’expliquent rien. J’ai horreur qu’on me mène en adjectifs bateaux, ne vous l’ai-je pas déjà dit… ? Ah, c’est vous, monsieur Kretschmer ? Faites vite, je suis pressé.

Qu’est-ce que vous racontez ? Que je suis un Schizothyme athlétique ? Dites donc, soyez poli. Et si c’est pour me resservir encore les mêmes adjectifs que les autres, ça n’est vraiment pas la peine.

Grand « Je » et petits jeux

Sur la scène, le pauvre Lion commence à être un peu fatigué de tous ces zigotos qui lui donnent le tournis et lui envoient de la lumière dans Il tombe comme une masse sur un divan, opportunément placé là par le machiniste, et se lamente, d’une voix entrecoupée de sanglots. Ah ! que soudain lui pèsent tous ces regards appuyés sur lui… Mais une fois ces regards éteints, existe-t-il toujours vraiment ? Ne vit-il que parce qu’on le couvre de vivats ? Ne respire-t-il que parce qu’on l’encense ? Son cœur pourrait bien arrêter de battre si les bravos ne battaient plus la mesure ! Une fois déchirée l’affiche, une fois décollée l’étiquette sur la porte de la loge, une fois les accoutrements remisés au grenier, reste-t-il quelqu’un derrière tout cela ? Ah, si les gens savaient combien le Lion est triste, le soir, au fond de ses déboires domestiques… Triste et malade, faible et dolent, pelote de nerfs sursautant au moindre bruit ; il n’est plus que l’ombre de lui-même, le fantôme pâlichon de sa splendeur déchue.

C’est alors qu’attiré par le divan et par les lamentations, l’astrologue en renom, fasciné par le vedettariat, revient à la charge. S’il n’avait pas oublié son masque de Freud, il aurait pu dégoiser à gogo sur le narcissisme et sur l’exhibitionnisme d’un felin névrosé, demeuré au stade phallique, qui masque un sentiment inconscient de moindre valeur et de défaillance sous des dehors de fierté, d’arrogance, d’étalement impudent et de prétention à l’omnipotence. Un félin obnubilé par la préservation de son image de marque, obsédé par un constant besoin d’affirmation qui n’est, en fait, que l’éclatant bouclier d’un petit guerrier fragile et souffreteux.

Grâce au ciel, acte manqué ou pas, ce jour-là, notre astrologue en renom, fasciné par le vedettariat, a donc oublié son masque de Freud à la maison, nous épargnant ainsi les peu reluisantes turpitudes d’un phallus en débandade. Il préfère nous dire peu ou prou la même chose en arborant le masque de Jung, et en nous entretenant, avec des accents wagnériens, de la dramatique tyrannie de la personne refoulant un inconscient qui se rebiffe. Voilà une allure tout de même plus présentable : vedettariat zodiacal oblige. Enchaînons sur l’individualisme égoïste, fort mal vu au seuil de cette ère fraternelle du Verseau, et qui doit céder le pas à une « individuation » autrement plus recommandable. Pas question de s’abstenir de jouer un rôle éminemment personnel, vous n’y pensez pas, ce serait la mort des vedettes. Le tout est de demeurer malgré tout en excellente harmonie avec le reste de l’orchestre humain. C’est très beau, on en pleurerait presque. Une musique céleste enrubanne la scène de ses divins arpèges. Notre Lion affalé sur son divan daigne entrouvrir une oreille. Qu’est-ce qu’il raconte, lui ? Il dit que le ciel est en nous, que l’astrologie doit chercher sa mesure dans les fonds de l’être humain ? Si l’on peut tout expliquer par les avatars de notre petite enfance, c’est que les planètes et les signes, finalement, comptent pour du beurre. On se demande vraiment pourquoi il dresse encore des thèmes, cet astrologue-là. Mais l’astrologue en renom, fasciné par le vedettariat, reste sourd à ces récriminations et continue bravement sur sa lancée. Après avoir évoqué la gracieuse image d’Hercule filant aux pieds d’Omphale, il ôte son masque de Jung et ne garde finalement que son masque favori : celui de l’astrologue en renom fasciné par le vedettariat. Et dans l’élan irrésistible de ses évocations mythologiques, le voilà qui nous fait part, tout fiérot, de sa grande découverte personnelle : il y a deux grands types de Lions. Le Lion herculéen et le Lion apollinien. Le Lion herculéen, patronné par Hercule, évidemment, dominé par Mars et Jupiter, planétairement parlant, est un héros viril et combatif, par lequel la raison du plus fort est toujours la meilleure. Il accède théoriquement à la « grandeur terrestre ». Exemples édifiants : Garibaldi et Bolivar, mais aussi Mussolini… Le Lion apollinien, dominé par les planètes Soleil, Saturne ou Uranus, se réserve la grandeur purement spirituelle, comme Liszt, Pétrarque, et, paraît-il, Claudel. Comme l’on voit, de toute façon, tous les chemins mythologiques mènent à la grandeur. Et d’ailleurs, vous pouvez être à la fois Hercule et Apollon, c’est ça qui est pratique.

Le Lion, tout à fait réveillé, fronce les sourcils d’un air courroucé. Comment ! Voilà un type qui me parle de mon masque social, des images qui m’emprisonnent, et qui ne trouve rien de mieux que de me coller sur le dos de nouvelles étiquettes piquées dans le Who’s Who de la mythologie ! Elle est bien bonne… Des étiquettes comme ça, mais j’en trouve tous les matins ! Tiens donc, pourquoi pas le Lion phaétonien, remarquable par son outrecuidance et son imprévoyance gaffeuse ? Pourquoi pas aussi le Lion edgarfaurien, célèbre par son sens de la magouille avantageuse ? Sans parler du Lion ménigrégoirien, qui vous catapulte sur une scène, en avant-garde éclairée, la pauvre psychanalyse tout hébétée… Monsieur l’astrologue en renom fasciné par le vedettariat n’est pas Lion, mais cela ne l’empêche point d’être ménigrégoirien.

Finita la commedia

Si vous le permettez, occupons-nous d’abord de ce fichu signe céleste, et faisons plus ample connaissance avec lui. Ne nous attardons pas, je vous prie, à cette constellation de vingt-cinq étoiles visibles à l’œil nu qui a l’insigne honneur de ressembler, avec beaucoup de bonne volonté, à la silhouette de notre animal-totem. Les anti-astrologues notoires et autres astronomes ne manquent de nous faire remarquer que, entre le 23 Juillet et le 22 Août, du fait d’un phénomène appelé précession des équinoxes, le Soleil ne transite plus cette fameuse constellation du Lion, mais sa voisine immédiate, celle du Cancer. Ils en déduisent, un peu hâtivement, et avec mauvaise foi, que l’astrologie ne vaut désormais plus rien, si tant est qu’elle ait jamais valu quelque chose. Mettons-leur, une bonne fois pour toutes, le point sur le « i » du mot cosmographie.

La position du Soleil, de la Lune ou des planètes en tel ou tel signe n’est nullement définie par rapport aux très lointaines étoiles des constellations. Les limites des signes sont déterminées en prenant pour origine le point vernal (point où passe le Soleil à l’équinoxe de printemps) et en divisant le cercle écliptique (trajectoire annuelle apparente du Soleil) en douze secteurs, de trente degrés d’angle chacun, à partir de ce fameux point vernal. Il est vrai que, du fait de la précession des équinoxes (découverte d’ailleurs, il y a vingt et un siècles, par un astrologue), le point d’origine se déplace avec une extrême lenteur par rapport à la toile de fond du ciel étoilé. Comme les constellations ont gardé le nom du secteur qu’elles occupaient aux temps lointains des débuts de l’astrologie, il s’ensuit une confusion possible, soigneusement entretenue par les adversaires de l’astrologie, entre signe et constellation. Ainsi, le signe du Bélier (premier des douze secteurs définis plus haut, le seul qui intéresse l’astrologue) ne contient plus depuis belle lurette la constellation du Bélier (groupe d’étoiles dont l’astrologue n’a pas à se préoccuper). En ce qui concerne notre signe à nous, c’est le cinquième secteur à partir du point vernal, voilà tout.

Nos adversaires, naturellement, ne se privent pas de ricaner encore plus fort : qu’est-ce que c’est que ces secteurs baladeurs, ces fenêtres vagabondes qui ne montrent jamais le même paysage stellaire ? C’est finalement encore plus improbable que le zodiaque des constellations ! Nos chers symbolistes, tout fiérots, s’empressent de leur clouer le bec. Comme ils comptent bien, ils ont remarqué que chaque saison correspond au parcours de trois signes par le Soleil, et que notre Lion, par exemple, coïncide précisément avec le deuxième tiers de l’été. Pour eux, tout en découle lumineusement, par la grâce ineffable de correspondances saisonnières qu’ils s’efforcent de ne jamais manquer. Mais faites-leur remarquer que la Lune (pour ne prendre qu’elle) faisant pour sa part, le tour du Zodiaque en un mois, peut fort bien se trouver en Lion à n’importe quelle saison, au temps des giboulées comme au temps des frimas. Si vous leur demandez de vous expliquer par quel tour de passe-passe une Lune en Lion au mois de février peut rester aussi ardente dans ses effets qu’un chaud Soleil en L’ion au mois d’août, vous les verrez s’empêtrer dans de filandreuses justifications qui les rendront un peu moins fiérots que tout à l’heure. La clé du problème est manifestement ailleurs que dans les analogies saisonnières, grossières approches, un tantinet romancées, de certains effets d’un seul cycle, celui du Soleil.

Du fait de la rotation de la Terre sur elle-même, chaque astre, Soleil, Lune ou planète, décrit, de son lever à son coucher, un arc au-dessus de l’horizon, dit « arc diurne » (« jour » dans le cas du Soleil) avec, pour complémentaire, un arc au-dessous de l’horizon, dit « arc nocturne » (« nuit » pour le Soleil). Or, la durée respective de ces arcs diurne et nocturne, pour un astre donné, varie selon sa position par rapport au pont vernal ; donc selon sa position en tel ou tel signe. Dire qu’un astre est en Bélier, par exemple, est une manière commode de signifier que la durée de son arc diurne, dépassant de peu celle de l’arc nocturne, est en train de croître au fil des jours. Un astre dont la durée de l’arc nocturne tendra vers son maximum sera en Sagittaire, et ainsi de suite. Le Lion, pour sa part, est défini par une durée d’arc diurne dominante, mais décroissante, avec un écart moyen entre les durées des arcs diurne et nocturne. On voit donc que les signes n’existent pas « en eux-mêmes », mais que leur définition astronomique découle d’un phénomène concret parfaitement mesurable.

Tout ça, c’est bien joli, dit le lecteur Lion qui commence à s’impatienter, mais je trouve qu’on parle un peu trop de mon signe, et pas assez de ma modeste personne, si attachante au demeurant. Nous y arrivons, cher frère zodiacal, nous y arrivons. Je vous demanderai tout de même encore un rien d’effort attentif. Nous venons donc de définir objectivement les caractéristiques de l’émetteur planétaire. Reste à en faire autant du côté du récepteur humain, ce qui à première vue n’est pas si facile. Il nous faut, en effet, éviter au départ tout jugement moral et tout parti-pris affectif, autant que faire se peut. Le mieux est de partir à la racine même de tous nos comportements, des plus instinctifs aux plus élaborés ; à savoir l’arsenal de base du vocabulaire neuro-physiologique : les réactions d’excitation et d’inhibition, leurs diverses modalités, leur mobilité ou leur lenteur, leur équilibre respectif.

Reste à mettre en relation cohérente les signaux de l’émetteur céleste et les réactions du récepteur humain. C’est ce qu’a fait le chercheur astrologue Jean-Pierre Nicola. Mettant l’arc diurne en rapport avec l’excitation, l’arc nocturne en rapport avec l’inhibition, leur croissance ou leur décroissance en rapport avec la rapidité ou la lenteur de la réponse, il a dégagé la « structure naturelle » des comportements traditionnels. C’est ainsi qu’en termes techniques, notre cher signe adopte de préférence les comportements suivants : force d’excitation, excitation débloquante, lenteur d’excitation, inhibition concentrée, induction positive, sens des combinaisons. Ses carences relatives découlent d’un manque d’inhibition différentielle, d’une inhibition trop mobile de la phase paradoxale.

Vous m’en direz tant, réplique avec un peu d’inquiétude le cher lecteur Lion, qui a la vague impression de tomber du Charybde d’un galimatias pseudopoétique dans le Scylla d’un prétentieux jargon technique. Rassurons-le tout de suite : je ne vais pas me lancer dans de longues et savantes dissertations pour justifier ces corrélations en apparence bien hermétiques. Pour les lecteurs curieux, il existe des ouvrages remarquables qui traitent la question en profondeur. Je me contenterai de développer ici, en termes que j’espère suffisamment clairs et explicites, les données de base que j’estime être les plus cohérentes et les plus solides pour expliquer notre signe. Je dis bien : expliquer et non simplement décrire, comme nous venons de le faire avec la caractérologie classique.

Quelques ultimes précisions avant de nous lancer. Tout Lion qu’il soit, Napoléon aurait certainement eu du mal à devenir empereur, s’il était né au quatorzième siècle sur un îlot perdu des Petites Antilles… Ceci montre que, parmi l’éventail de possibilités que lui donne théoriquement son signe, le natif retiendra, en priorité, celles que lui permettront sa constitution physique, son bagage héréditaire, celles que lui offriront l’environnement, les préoccupations majeures de son époque et de son milieu familial et social. Et ces données-là ne peuvent se déduire d’un thème astral, contrairement à ce que prétendent les charlatans. Notons aussi que la dominance planétaire et l’influence conjuguée d’un autre signe peuvent accentuer ou altérer les comportements de base, avec plus ou moins d’intensité. Nous le verrons en détail au sujet des Ascendants et des Planètes.

Valse à trois temps

Pour les manuels d’astrologie classique, les signes apparentés ne sont jamais voisins immédiats. Le Lion doit se résigner à n’avoir pour acolytes que les deux autres signes de Feu, à savoir le Bélier et le Sagittaire. Le Cancer et La Vierge ? Vous n’y pensez pas, voyons. Comment notre félin prestigieux pourrait-il se commettre sans déchoir avec l’incertain crustacé et la mesquine oie blanche qui se trouvent logés de part et d’autre de Sa Grandeur ?

On peut se laisser tenter par des métaphores agricoles : fructification au Cancer, maturité au Lion, récolte à la Vierge… Ou bien encore, en plus sophistiqué : gestation cancérienne, naissance léonienne, raison Virginienne. A partir de là, il est évidemment possible d’extrapoler, avec plus ou moins d’à-propos, et de lâcher la bride à une imagination qui se veut poétique. Mais Pégase a besoin de bases plus solides et plus fécondes. Il semble que ce soient les fonctions neuro-physiologiques de base qui nous montreront le mieux la logique interne du trio estival.

Dans cette optique, le Cancer a pour rôle principal de crier pouce à un excès d’ouverture au monde, de mettre le holà au gaspillage d’énergie désordonné et fort éprouvant qui en résulte. Le cancérien, par la force des choses, reconnaît les bornes de son pouvoir et de ses forces. Il cantonne sa capacité d’action dans des limites raisonnables. Il édifie des barrages protecteurs autour de son fief. Il espère, à l’instar de la Fontaine, « loin du monde et du bruit, goûter l’ombre et le frais ». Vu la conjoncture, il est urgent d’attendre. De cultiver nonchalamment la prospérité de sa petite famille au cœur de son jardin clos ; d’organiser sans hâte son bric-à-brac intime, de quêter rêveusement l’idéal reflet de son Moi dans les mille miroirs dont s’adorne le vaste grenier de sa mémoire. Mais le Lion, lui, ne l’entend pas de cette oreille ! Il reprend bien vite du poil de la bête. Il réagit avec vigueur contre ce repli résigné, cet enlisement ouaté, cette vie enfouie dans du sable douillet. Défier effrontément le Soleil du regard, déployer librement ses forces et sa crinière, faire sauter les insolents verrous d’un coup de patte rageur, rompre les chaînes, les lisières et les entraves en un magistral sursaut, tel est le programme essentiel de notre signe, sa fonction primordiale, celle qui rend compte de la plupart des adjectifs alignés à la queue-leu-leu par les astrologues traditionnels. En termes savants – et néanmoins évocateurs, une fois n’est pas coutume – nous pouvons avancer que l’atout principal du Lion réside dans sa force d’excitation débloquante. Au stade zodiacal suivant, le signe de la Vierge va riposter par un repli contracté, par un frileux souci de protection hermétique, un dénigrement systématique des excès jugés pernicieux et une vigilante défiance vis-à-vis des risque-tout hâbleurs.

Nous voyons donc que les trois signes dits estivaux, en dépit de leur dissemblance apparente, sont tous préoccupés par des problèmes similaires : problèmes des limites de leur forces, de leur pouvoir, de leur champ d’action, que chacun résout à sa manière. Mais revenons sans plus tarder, à la vitesse grand V, au seul Lion avec un grand L.

Les mille et une façons de débloquer

De nos jours, même dans un cirque, on risque assez peu d’avoir à occire l’hydre de Lerne ou à purifier les écuries d’Augias. D’ailleurs, la plupart des lions sont bien loin d’avoir la carrure et le punch herculéens. Et, dans le quotidien, à moins d’être candidats aux Olympiades ou à la traversée de l’Atlantique, ils devront se rabattre sur la bouteille récalcitrante à déboucher, la fenêtre à décoincer, la porte à défoncer ou la valise à hisser dans le filet, toutes besognes -si modestes soient-elles- qui stimulent leur besoin inné de se colleter aux obstacles et de les vaincre. Naturellement, cela s’applique aussi à des tâches moins terre à terre, et nul, plus que le Lion, n’est susceptible de dénouer les situations paralysantes grâce à son esprit de décision et à sa force de volonté. A cœur vaillant, rien d’impossible, comme le proclame un proverbe qu’on dirait inventé exprès pour lui. Ce refus de renoncer devant la difficulté, de se laisser arrêter par les apparences les plus impressionnantes et les réalités les plus récalcitrantes, voilà qui explique et justifie amplement la renommée de courage attribuée au Lion fort. Comme le vociférait un célèbre léonien, tribun à ses heures : de l’audace, encore de l’audace, toujours de l’audace !

Rompre les limites, cela revient aussi à se répandre et à rayonner, à déborder de toutes parts, à refuser de passer inaperçu, recroquevillé dans la pénombre. Nous aurons ici la galerie des Lions m’as-tu-vu, théâtraux, paradants, dont le principal souci est de se faire mousser et d’en mettre plein la vue, style « L’ai-je bien descendu ? » de Cécile Sorel, « Dix Commandements » de Cécil B. de Mille, et autres rodomontades de paons faisant la roue. On voit, maintenant, comment rattacher le lion et le symbolisme du feu. Le feu, ça rayonne, ça s’étend.et ça se propage à partir d’un foyer glorieux. Le feu s’approprie l’espace, irrésistiblement ; mais, pour s’étendre, il a besoin que tout se consume d’admiration pour lui. Et le feu, comme le Lion, peut mourir d’être étouffé, cloîtré, empêché de briller et de brûler par les pompiers et les vilains envieux. Nous retrouvons, là encore, la notion d’étendue à conquérir et de barrières à réduire en cendres. Décidément, nous tenons le bon bout pour comprendre notre Lion.

Pour vivre heureux, pas question, par conséquent, de vivre caché, ni de vivre à l’étroit. Et pour atteindre cet objectif, certains Lions ne reculent pas devant les manières les moins charitables de dépasser les bornes : ce sera l’outrecuidant qui s’arroge la si bien nommée part du Lion, ce sera le sans-gêne spécialiste de l' »ôte-toi-de-là-que-je-m’y-mette », celui qui joue des coudes et roule des épaules, le malotru qui étale ses valises sur toute la banquette pour en demeurer le seigneur et le maître. Nous n’aurons garde d’oublier dans la liste les envahisseurs pour qui les frontières des Etats ne sont que rideaux de papier : Alexandre le Grand, Napoléon et Mussolini. Et, si l’on est Lion et cosmonaute, on ne se contentera pas, comme le Poissons Gagarine, de prendre des petits airs détachés vis-à-vis de l’attraction terrestre. On posera fièrement sa patte sur le sol vierge de la Lune pour l’avoir à sa botte, le premier, comme l’a fait notre frère zodiacal Neil Armstrong, né le 5 août 1930.

Si vous étiez Cancer, vous vous laisseriez volontiers dorloter par le groupe, vous vous complairiez à vous sentir bien arrimé au train-train quotidien par la trame solide des coutumes et des règles morales. La soumission et l’obéissance à des règles abstraites vous dispenseraient de toute dépense d’énergie inutile et seraient les garantes de votre sécurité béate. Mais, si vous êtes un Lion typique, vous ne sauriez certes vous satisfaire de cette situation. S’il est une chose qui déplaît à un Lion, c’est bien de se sentir englué dans son groupe ou sa famille comme dans un plat de spaghettis, aussi peu libre de ses mouvements qu’un bébé au maillot ! Face à tous ceux qui obéissent, il va donc riposter par une attitude frondeuse ou autoritaire. Face aux timorés, il entendra donner l’exemple de l’assurance et de la hardiesse. Quoi d’étonnant, dans ces conditions, à ce qu’il aspire bien souvent à jouer un rôle de leader ? Pour lui, dominer autrui, c’est en quelque sorte se sentir autonome, avoir rompu ses amarres, avoir brisé les limites que prétendaient lui imposer ses pairs au nom de leur sacro-sainte tranquillité et de la sienne.

Se démarquer du groupe ? Les connaisseurs en astrologie ne manqueront pas de signaler que c’est également le fait du Scorpion, contestataire né. Mais il importe de bien saisir la nuance. Si le Scorpion se démarque, c’est pour dénoncer les accointances trop faciles, et pour nouer des liens étroits et exigeants avec quelques rares élus en se moquant du reste du monde : c’est finalement une attitude de repli. Le Lion, lui, se déployant vers un extérieur plus vaste, se démarque en se faisant remarquer, en quêtant l’admiration un rien envieuse de ceux qui n’ont pas osé. S’il y a coupure, c’est surtout la coupure du ruban inaugural d’un chemin qu’il espère triomphal. Vous me direz qu’on a beau être Lion, on n’est pas magicien, et qu’il est quelquefois bien ardu d’émerger de la foule. Mais, où qu’il se trouve, par sa force de déblocage, et par sa volonté de dépassement, le Lion n’a pas son pareil pour développer en lui la plus petite aptitude ou la moindre caractéristique qui le distinguera flatteusement du commun des mortels.

Le refus des limites et des entraves explique un autre trait assez constant du léonien : son indépendance forcenée. Il déteste qu’on le couve, qu’on brime ses initiatives, que l’on fasse obstacle à ses projets. Plus que quiconque, il refuse d’être le jouet docile et l’esclave soumis de quelqu’un. Il a également une sainte horreur des « pots de colle », de tous ceux qui vous accaparent et vous empêtrent sous couleur d’amour ou d’amitié. S’il a le sens du collectif, il sera fréquemment un chaud partisan de l’indépendance active de son clan, de sa classe sociale, de sa patrie… et même, en certains cas, de l’humanité toute entière. Dans son optique, chacun doit disposer pleinement de lui-même et jouir sans restrictions de la plus complète autonomie. Cette fonction débloquante fut certainement le moteur principal de l’action politique d’un Bolivar, d’un Garibaldi, d’un Boumediène ou d’un Fidel Castro, pour ne citer que ces quatre Lions.

Toujours grâce à sa force de déblocage, le Lion est très doué pour démolir les ghettos et les prisons, que ce soit sur le plan physique ou mental. Tout ce qui est restrictif le hérisse, tous ceux qui prétendent limiter le pouvoir ou le champ d’action de quoi que ce soit le révoltent. Goscinny s’est glorifié, à juste titre, d’avoir libéré la bande dessinée de sa réputation d’infantilisme. Stockhausen laisse le champ libre aux sons, rompant avec la tyrannie des instruments et des partitions figées. Coco Chanel dit non aux corsets barbares et redonne aux vêtements souplesse et ampleur. Béjart, Ascendant Lion, considère la danse comme un phénomène solaire, ouvert, expansif et social, qui atteint à la perfection en débloquant le corps au maximum. Le dessinateur Gébé (LuneNeptune en Lion) est l’auteur visionnaire de l’utopique « An 01 », révolution douce et radicale, gigantesque rupture collective des mille et une chaînes qui nous aliènent. Et c’est tout naturellement à un Lion Ascendant Lion nommé Bartholdi que fut confié le soin de statufier la Liberté rayonnante…

Si les Lions ne supportent pas d’être prisonniers des autres ou de forces qui les dépassent, ils ne tolèrent pas davantage d’être prisonniers d’eux-mêmes, de stagner et de s’embourber dans des marais sans issue par un comportement inadéquat. Ils sont donc tentés de sans cesse se surpasser, de se rapprocher le plus possible d’une idéale perfection, théoriquement garante de liberté absolue. Selon les conceptions morales et les préoccupations du sujet, cela peut se traduire par la conquête jamais terminée d’une autorité indiscutée, d’une compétence hors pair, d’une irréprochabilité jamais prise en défaut, ou d’une force physique propre à éliminer, sur-le-champ, tous les rivaux gênants.

Je vois d’ici plus d’un lecteur Lion se pâmer d’aise, et se dire que, décidément, cette fonction débloquante est le « sésame ouvre-toi » universel, la potion magique insurpassable devant laquelle le monde entier n’a qu’à bien se tenir… Hélas, la perfection n’est pas de ce monde, et le déblocage intensif et immodéré peut occasionner bien des désagréments. A entasser exploits sur exploits, pour atteindre, coûte que coûte, le faîte de la gloire, il vient un moment où l’équilibre est fort précaire et l’acrobate fort vacillant. Comme dirait Monsieur de la Palisse, plus haute sera la pile, plus douloureuse sera la chute. Fort heureusement, dans beaucoup de cas, les garde-fous octroyés par le reste du thème sont suffisamment solides pour éviter cette pénible extrémité.

Il sera, certainement, quelques lecteurs du Lion pour trouver que c’est assez peu dire, et que, personnellement, ils ne se sentent guère concernés par le mécanisme de déblocage ci-dessus évoqué. Rétorquons-leur que les effets dudit mécanisme seront surtout patents et éclatants sous une dominance des planètes Mars, Jupiter et Uranus, avec risque d’emballements irrépressibles en cas de dissonance. Mais si l’on se trouve, en revanche, devant une dominance de planètes plus intériorisées comme Saturne, Neptune ou Pluton, le déblocage peut fort bien n’être vécu que sur le plan des conceptions, des idées et des fantasmes, se prêtant assez peu en l’occurrence à des manifestations colorées, tapageuses et spectaculaires.

Inattaquable, on vous dit

Il va bien se trouver aussi des Lions critiques pour s’étonner du subit passage de la couveuse cancérienne à l’éclatement léonien. Par quel tour de passe-passe un besoin timoré de sécurité peut-il se muer en outrecuidance avantageuse ? Eh bien, disons que, dans notre optique neuro-physiologique, les signes centraux de chaque saison concentrent le processus dominant du signe précédent sur un point précis, pour mieux développer le processus contraire. Dans le cas du Lion, ce sont les mécanismes de protection qui vont se ramasser sur eux-mêmes. Usons d’une image pour mieux nous faire comprendre. Dans le jardin cancérien, vaste mais cependant limité, le natif cherche son Moi à l’abri d’incertaines et mouvantes clôtures. Si le Lion de son côté démolit les clôtures en question, c’est parce que, en fait, il les a réduites et consolidées aux dimensions de sa personne, qu’il a transformé les frêles barrières tremblant au vent en impénétrables murailles de béton armé. Devenu lui-même une sorte de forteresse imprenable, il peut se permettre de se promener impunément dans toutes les contrées qu’il lui plaît de fouler du talon. Véritable place forte ambulante, il use à sa guise du territoire illimité qui l’environne. Le dessinateur Gébé, déjà évoqué, résume à merveille la situation lorsqu’il proclame : « Les frontières naturelles c’est le contour des individus. » et qu’il refuse d’abandonner la moindre parcelle de son pouvoir d’action et de décision à « ces anormaux qui se prennent pour des Etats » ; entendez, par là, politiciens et partis de tout poil.

L’on peut déduire de tout cela que le Lion est le premier signe à prendre pleinement conscience de son Moi en tant qu’individualité autonome. Les mécanismes de protection, hyper-concentrés, vont rendre ce Moi imperturbablement sûr de son bon droit, et de son impunité, très peu perméable aux suggestions d’autrui, si ce n’est pour s’en proclamer l’auteur, admettant difficilement qu’il puisse perdre ou se tromper.

Ainsi centré sur un Moi devenu le nombril du monde et le pivot de l’univers – pour peu que sa dominance planétaire l’incite à la recherche du pouvoir personnel, au dédain des valeurs collectives – le Lion pourra être taxé, à juste titre, d’égoïsme forcené. Pour lui, rien ne comptera plus, alors, que sa réussite, aux dépens d’autrui ; il ne reculera devant aucune extrémité pour satisfaire ses appétits, ne craignant pas de dépouiller son voisin du nécessaire, pour arrondir son superflu. Une attitude aussi outrée est naturellement un cas extrême ; pour le Lion modèle courant, il est même inexact de parler d’égoïsme pur et simple. Le terme conviendrait davantage au Cancer et à la Vierge : le premier est trop occupé à se chercher lui-même pour se tourner vraiment vers les autres, et la seconde est ségrégationniste, voire protectionniste à l’excès. Pour notre cher signe à nous, parlons plutôt d’égocentrisme : délivré de l’inquiétude d’avoir à chercher son Moi, le Lion a le champ libre pour laisser rayonner autour de lui son intérêt pour le monde. Certes, ce sera toujours un individualiste ramenant tout à son étalon. Mais il se trouve mieux que personne en position de force pour user généreusement de ses tendances les plus positives. Les bonnes choses ne me lassant pas, je me permettrai d’illustrer mes propos par une nouvelle maxime neptuno-léonienne de l’ami Gébé : « Vivre pour soi à pleins bords, c’est enrichir la vie de tous. » Qu’on se le dise.

Si la protection concentrée trouve son achèvement dans l’immunisation du Moi, on aurait grand tort d’y voir sa seule et unique manifestation. D’une manière générale, tout ce qui implique la sauvegarde forcenée d’un point particulier, jugé essentiel, peut être considéré comme un comportement léonien. Citons en exemple le cas de ce personnage du dessinateur Sempé (SoleilMercure en Lion) qui intente un interminable procès à son voisin, prétextant l’insolente enclave d’un seul petit chou de rien du tout qui a l’audace d’empiéter sur son immense champ de choux à lui. Mais le point particulier en question n’est pas toujours réduit au territoire d’un modeste légume. Ce peut être, par exemple, le minimum pécuniaire nécessaire pour se comporter en mécène généreux sans craindre soi-même la disette… Mentionnons également le détail physique ou vestimentaire, jugé indispensable et suffisant pour se sentir parfaitement à l’aise en toutes circonstances, la spécialité unique sur laquelle on bâtit toute une réputation flatteuse, ou encore l’éternel argument imparable que l’on ressort à tout propos pour se tirer d’affaire. Il va de soi que la tirelire de sécurité est intouchable, que le détail vestimentaire est l’objet de soins attentifs, que l’argument est défendu avec la dernière énergie, et que la spécialité est un domaine réservé sur lequel il est déconseillé de s’aventurer.

Voilà qui est bel et bon ; mais l’invulnérabilité absolue n’est qu’un idéal mythique ; le panier dans lequel on met tous ses oeufs n’a pas forcément la résistance à toute épreuve d’une armoire blindée. Il faut toujours compter avec les failles sournoises, les lézardes imperceptibles, les sinistres petits craquements annonciateurs d’effondrements calamiteux et d’omelettes-surprises.

Pourvu que ça dure !

Eh oui : toute fascinée qu’elle fût par la fulgurante ascension de son célèbre Lion de fils, maman Laetitia Bonaparte s’inquiétait tout de même un peu. C’est bien joli de grimper, mais le plus dur, c’est de tenir longtemps sans retomber. Maman Laetitia avait grand tort de s’en faire. Pour durer, on peut dire que ça a duré… Les méchantes langues diront même que ça a été interminable ; l’on a toujours pas fini de dégoiser dans les chaumières sur la longue liste des méfaits et gestes de l’illustre fiston. Mais quelle fut donc sa mirifique recette pour débloquer avec tant de persévérance ? Eh bien, dans le jargon des neuro-physiologues, la recette a pour nom lenteur d’excitation. Elle se trouve être l’apanage commun du trio CancerLionVierge, dont nous avons déjà souligné les relations d’étroit parentage.

Persistance obsessionnelle des impressions reçues et de l’énergie dépensée : tel est le dénominateur commun des trois signes précités, bien que vécu de façon différente et diversement nuancée. Chez le Cancer, cela va nous donner cette obstination passive et cet immobilisme tenace que l’on se plaît à symboliser par une solide paire de pinces refusant de se desserrer. Chez la Vierge, ce sera l’application minutieuse et la fidélité sans défaillance à la consigne. Chez les deux signes, soumission aux habitudes et mémoire encyclopédique nous confirment l’indélébilité des impressions. Et le Lion, solidaire de ses deux acolytes, se montre lui aussi tenace, obstiné, peu enclin à oublier quoi que ce soit qui puisse lui servir. Mais avec le mécanisme du déblocage, ces traits de caractère vont prendre une coloration bien particulière.

Chaque fois qu’un Lion brise ses limites, chaque fois qu’il a ce sursaut de volonté ou d’audace, ce pourrait n’être qu’un simple éclat, sans lien avec ceux qui l’ont précédé ; sa vie ne serait alors qu’une suite d’explosions discordantes et peu constructives. Quand on a un long tunnel à percer à travers la roche compacte de l’immobilisme ambiant, ce n’est peut-être pas la meilleure méthode pour progresser. Il est recommandé, au contraire, de ne pas placer ses cartouches de dynamite au petit bonheur, de planifier, d’organiser, de prévoir, de ne pas se laisser décourager par les aléas d’une problématique avance. En deux mots, la lenteur d’excitation est plus que jamais nécessaire si l’on veut atteindre avec panache la sortie lumineuse du tunnel. Tunnel ou pas, le lion n’aura de cesse qu’il n’ait atteint la pleine clarté, la toute-puissance ou le champ le plus libre possible, en y consacrant le temps et l’énergie qu’il faudra. Avec sa conscience de soi poussée à l’extrême, il fait du but visé une affaire personnelle, dans laquelle il s’implique totalement, avec toute la force de son ambition ou de son enthousiasme. C’est le signe des vocations précoces, impérieuses et durables, des passions uniques qui remplissent toute une vie, des grands chevaux de bataille enfourchés sans faiblir jusqu’au dernier souffle. N’en déplaise à nos amis Sagittaires, déçus de n’avoir plus l’apanage des comparaisons équestres.

Le revers de la médaille des brillantes idées fixes, c’est évidemment le risque de se faire traiter de monomane et de vilain rabâcheur. J’ai nettement, moi-même, l’impression d’être considéré par beaucoup d’amis et de connaissances comme un type exclusivement polarisé sur les hautes vertus de l’astrologie et de la bande dessinée. Et je dois dire que ces amis et connaissances n’ont pas tout à fait tort. Quelles que soient les circonstances, je ne peux absolument pas résister à la tentation d’y aller de ma petite allusion astrologique ou de mon petit croquis satirique. Comme, pour un monomane, une seule manie vaut mieux que deux, je n’ai pas trouvé mieux que de créer des B.D. astrologiques et de collectionner les thèmes astraux de caricaturistes. Incorrigible, n’est-ce pas ?

Nous touchons ici du doigt les dangers de la lenteur d’excitation trop insistante, couplée avec une surestimation du moi. Un seul but est pris en considération : le sien ; une seule méthode est satisfaisante : la sienne ; une seule opinion est valable : celle que l’on professe. Les autres font tout de travers : on est donc conduit, peu à peu, à prendre le monde en charge, au risque de se faire écraser, tôt ou tard, par le fardeau sans cesse accru des responsabilités. Dans les cas pathologiques, nous confinons à la paranoïa pure et simple.

Contrairement à ce que m’a écrit un jour un lecteur bien intentionné, je ne crois tout même pas en être arrivé là… ! Disposant à la fois de l’irrésistible élan du déblocage et du frein savamment dosé de la lenteur d’excitation, notre Lion a, théoriquement, tous les atouts pour mener à bien sa lente marche triomphale sur le tapis rouge de l’existence. Mais, en pratique, les deux processus sont rarement équilibrés dans leurs effets. Que du fait des planètes dominantes, la force débloquante prévaille, nous aurons l’éternel aventurier, l’insatiable ambitieux aux dents longues, l’infatigable sportif ou l’irréductible révolté, tous peu soucieux de ralentir leur rythme et de se stabiliser. En revanche, si la lenteur d’excitation domine (et bien souvent, elle gagne du terrain avec l’âge) notre Lion sera surtout préoccupé de la stabilité de son piédestal, écrasant sans pitié les doigts des jeunots qui prétendent s’y hisser.

Il lui importera, au premier chef, de consolider les avantages acquis, de gérer le butin de guerre, de renforcer une position chèrement gagnée. Pour le Lion d’un naturel placide, ce sera le temps béni du repos sur les lauriers. « Non, moi je ne rêve plus d’être mousquetaire. Et si le choix m’en était donné, je choisirais sûrement d’être l’aubergiste à qui l’on jette avec mépris une bourse pleine de doublons.. » Le LionAscendant Lion Goscinny qui écrivait ces lignes, a certainement ressenti avec acuité, mais sans excessive angoisse, l’embourgeoisement un peu couard du Lion repu et mûrissant qui commence à s’essouffler.

Bien combiné

De la durée égale des arcs diurne et nocturne, une astrologie physique peut déduire, chez le natif concerné, un fort sens des contraires ; c’est-à-dire la faculté aiguë de distinguer clairement toute valeur de son opposé. Dans le trio dit estival, la Vierge est dans ce cas : elle est bien connue pour son purisme, son horreur des mélanges de torchons et de serviettes, son souci obsédant de préserver ses particularismes et de ne pas se lier au petit bonheur. Avec la prédominance écrasante de l’arc diurne, le Cancer va se montrer en revanche très peu soucieux de séparer les choses, et les positions tranchées ne sont pas le fort de ce signe ambigu, qui aura, par ailleurs, beaucoup de mal à se désengluer de son milieu d’élection. Au stade intermédiaire – objet de toute notre attention puisqu’il s’agit du Lion le natif sera doté à la fois de la faculté de sauvegarder son individualité ( il ne manquerait plus que ça !) et de la faculté de se mêler à l’ambiance, de lui faire des concessions, de composer avec elle.

Quand cette double aptitude est bien vécue, il en résulte de précieuses facultés d’adaptation. Le Lion connaît plus qu’un autre l’art de bâtir sa réussite personnelle en usant de deux conduites opposées, qu’il fait alterner avec opportunité.

Nous aurons, par exemple, un type de Lion mondain et salonnard, beau parleur et complaisant, habile à vous entortiller dans des paroles charmeuses, mais qui garde tout de même, en réserve, la dent dure et la griffe acérée : dans la jungle surpeuplée de l’arrivisme, il est bon d’avoir plusieurs cordes à son arc si l’on veut se frayer un chemin. Assez proche est le Lion politicard « magouilleur », prétextant son indépendance, sa lucidité et sa largeur de vue pour manger à tous les râteliers : son discours libéral et humaniste masque mal un culte du’ Moi qui prime tout le reste. Les vilains médisants ajouteront aussi à la liste le Lion généreux à seule fin de bien se faire voir, le Lion qui ne tombe amoureux que de partenaires susceptibles de redorer son blason, le Lion farouche aventurier qui hante les cocktails à la mode pour fêter la publication du récit de ses exploits…

Mais ne nous cantonnons pas dans ce registre un peu déprimant, il est d’autres façons plus sympathiques de vivre cette précieuse combinaison de mondanité et d’individualisme.

Ainsi, tout en sachant bien quel est son camp, et sans renoncer à la moindre parcelle de ses convictions, un Lion digne de ce nom ne pensera pas déchoir en se montrant magnanime avec l’adversaire, ou compatissant avec l’ennemi. D’où la réputation de fair-play dont nous pouvons prétendre nous auréoler, à l’occasion. En société, le Lion peut se montrer affable, sociable, ouvert et disert sans pour autant tomber dans la familiarité excessive et le débraillé. Certes, il a un besoin quasi vital de l’approbation des autres et de leur admiration, mais il perd rarement sa dignité pour les conquérir. Il sait garder en lui ce soupçon de distance et ce rien de réserve aristocratique qui imposent le respect.

Ce tableau idyllique se vérifiera surtout en cas de dominance jupitérienne, fortement soutenue par un Saturne harmonique. Un Jupiter affligé, privé de ce contrepoids modérateur, nous renverra plutôt à la gamme des grosses compromissions signalées un peu plus haut.

Pas de détail !

A ma gauche, le noeud Gordien, entrelacs indescriptible que nul n’est encore parvenu à démêler. A ma droite, un Lion nommé Alexandre le Grand, qui relève crânement le défi, comme il se doit. Alexandre n’y va pas par quatre chemins : il te vous lève son glaive, on entend un grand « tchac ! » comme dans une aventure d’Astérix, et l’adversaire se trouve défait en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Mon papa à moi est aussi un Lion. Il ne s’appelle pas Alexandre, il s’appelle Pierre, et sa taille est tout ce qu’il y a de modeste. Il ne s’est jamais trouvé face à face avec le noeud Gordien, mais il aime bien taquiner le goujon de temps en temps. Et quand sa ligne s’emberlificote un tantinet, que croyez-vous qu’il fait ? Egarer ses doigts dans les subtiles contorsions du fil facétieux, très peu pour lui… un bon « tchac » de couteau de poche précipite, à chaque fois, le dénouement. Et tant pis si la ligne est fichue.

Dans le coup d’épée d’Alexandre comme dans le coup de canif de mon papa, le lecteur sagace aura reconnu sans peine – du moins je l’espère – le sursaut salvateur du déblocage, par lequel on s’affranchit d’une situation paralysante. Mais comment ne s’apercevrait-il pas, aussi, du revers de la médaille ? La poussée d’énergie libératrice s’assortit ici d’une incapacité à décortiquer avec minutie les éléments du problème, d’une inaptitude à trier, distinguer, choisir entre tous les méandres du sac de noeuds. En termes techniques, nous dirons que l’une des carences relatives du Lion, c’est le manque d’inhibition différentielle, ou faiblesse du pouvoir de discrimination. Si, dans votre thème, la Lune, Neptune, Saturne ou Pluton sont dominantes et fortement dissonantes entre elles, vous serez particulièrement concerné par ladite carence et par ses pittoresques effets.

Supposons que, par ailleurs, votre excitation débloquante ait suffisamment de punch : vous serez tenté de l’assener comme une grosse masse sur l’obstacle qui vous gêne, sans vous préoccuper de formalités préliminaires, et sans perdre votre temps à faire une analyse objective et détaillée de la situation. Selon les dispositions d’autrui à votre égard, vous serez loué pour votre folle bravoure et votre superbe inconscience, ou vitupéré pour votre culot phénoménal et vos insoutenables prétentions. Demandez, par exemple, à Jules César, ce qu’il pense de la force de frappe d’Obélix : vous comprendrez ce que je veux dire… Le célébrissime livreur de menhirs, créé par le LionAscendant Lion Goscinny, est assez représentatif, à maints égards, des menus et gros travaux de notre signe en carence d’inhibition différencielle : la subtilité n’est certes pas son fort, et sa vision du monde est passablement sommaire. Comme il se doit, quand on possède un chien Idéfix, Obélix n’a que deux passions : les baffes et les sangliers. Et, bien qu’il ait affirmé un jour qu’il aimait mieux savoir pourquoi il se battait, toute sa stratégie se réduit à « On fonce, par Toutatis ! » et toute sa doctrine politique se résume au désormais proverbial « Ils sont fous ces Romains ! ».

Malheureusement, tous les Lions ne sont pas des personnages de bande dessinée. Il ne manque pas, dans le monde, de grosses brutes, infiniment plus palpables, spécialistes des matraquages en tout genre. Le C.R.S. qui ne se pose pas de questions, le publicitaire accoucheur de slogans-massues travaillent de concert à estourbir la lucidité et l’esprit critique, ces ennemis mortels des pouvoirs à poigne. Lesdits pouvoirs, coutumiers des discours ineptes mais tonitruants, des prises de position brutalement simplistes et des mises en scène éléphantesques, ont tout pour séduire une certaine catégorie de Lions obtus au cœur en forme de grosse caisse. A en juger par le succès persistant des défilés militaires, l’espèce ne me semble guère en voie d’extinction…

Mais n’ayons garde de tomber nous-même dans la caricature grossière : tous les Lions en carence d’inhibition différentielle ne sont pas, automatiquement, des êtres bornés, bêtes et méchants. Souvent, pour peu que la dominance planétaire s’y prête, la difficulté d’analyse méthodique des situations va de pair avec une hypertrophie de la fonction sentiment : tout est ressenti uniquement sur le mode du plaisir ou du déplaisir, du « j’aime » ou du « je n’aime pas » ; de préférence dans un style théâtral et spectaculaire : ce seront les emballements naïfs, les colères soupe au lait, les rires homériques et les pathétiques sanglots de ceux qui « parlent du cœur ».

Abstraction faite de tout jugement sur leur bien-fondé très relatif, on conviendra que les règles de la politesse, du bon goût et du bon ton nécessitent, à tout le moins, une faculté de discrimination particulièrement poussée. Il importe de savoir infailliblement trier entre ce qui se fait et ce qui ne se fait pas, entre ce qui se dit et ce qui ne se dit pas, le tout variant subtilement selon le lieu, le moment et l’interlocuteur. Quand on est un Lion-fait-tout- d’une-pièce, la tentation est grande d’envoyer promener au fin fond de la Mongolie extérieure les chinoiseries d’un tel casse-tête. Si vous êtes dans ce cas, vous n’avez guère le souci de tourner sept fois votre langue et de bien mastiquer vos mots. Vous estimez que tout est bon à dire et que chacun devrait vider son sac sur-le-champ. Dans le meilleur des cas, vous serez admiré pour votre franchise et votre profond mépris à l’égard des hypocrites. La plupart du temps, il faut bien le dire, vous vous ferez surtout une réputation d’incorrigible gaffeur. Appliqué aux canons de la mode, si vous êtes du genre Lion m’as-tu-vu, votre manque de sélectivité vous fera aisément tomber dans le mauvais goût criard, enfantin et tapageur.

D’une manière générale, vous supporterez difficilement les contraintes codifiées d’une société de plus en plus obsédée par le planning et les labyrinthes d’une administration étouffante. Vous n’avez pas une souplesse suffisante pour courber l’échine sur commande, obéir aux flèches au doigt et à être toujours disponible quand la minuterie vous sonne, remplir sans faute et sans omission les mille et une paperasses qui vous pleuvent dessus sans répit. Vous êtes un peu la réincarnation de l’Ingénu de Voltaire, ce Huron confiant, naïf et maladroit, égaré dans un monde de fous, redouté pour ses saintes fureurs d’animal libre mis en cage. Si l’humour et l’ironie reprennent le dessus, peut-être prendrez-vous votre plus belle plume pour muer le monde de fous en meilleur des mondes, comme le fit un certain Aldous Huxley né le 26 juillet 1894… C’est ici l’occasion de souligner que les faiblesses relatives d’un signe, si elles sont une source d’inadaptation plus ou moins grande sur le plan social, ne doivent, en aucun cas, être considérées comme foncièrement et irrémédiablement négatives. A l’actif de la carence d’inhibition différentielle du Lion, nous pouvons mettre en avant l’horreur des magouillages, des embrouillamini, et des intrigues venimeuses, ainsi que le goût pour les idées simples, claires et fortes qui finiront bien par dissiper la purée de pois ambiante où se complaisent les truqueurs et faussaires de tout poil.

Peurs de Lion

Comme nous venons de le voir, la faculté de trier, choisir et distinguer avec subtilité (faculté dont pas mal de Lions sont dépourvus) est un atout fondamental pour ne jamais se trouver pris de court, quelles que soient les circonstances de la vie en société. En termes de neurologie, nous parlerions de la vitesse d’inhibition, c’est-à-dire de rapidité des réactions de défense. L’on conçoit qu’une telle fonction, lorsqu’elle suffisamment maîtrisée, permette de dominer pleinement sa peur et ses réactions de panique. C’est le rôle qu’elle joue avec brio chez les trois signes d’automne. Elle permet au Balance Gandhi d’inventer la non-violence, rude école de sang-froid et de contrôle personnel, s’il en est. C’est elle, encore, qui permet à maint Scorpion de jouer en virtuose avec les petites et grandes peurs d’autrui. C’est elle, enfin, qui permet au Sagittaire Lucky Luke de tirer plus vite que son ombre et de faire mouche à tout coup. En revanche, dans le cas où elle est faible et mal contrôlée, cette vitesse d’inhibition va se traduire par des angoisses, des phobies, des appréhensions de toute sorte : de pénibles sensations de désarroi vont naître d’une impuissance à riposter avec opportunité à l’imprévu qui se présente. Et quels sont donc les signes gratifiés de cette vitesse d’inhibition cafouilleuse ? Je vous le donne en mille : notre désormais inséparable trio, CancerLionVierge.

A d’autres, vont me rétorquer les astrologues amateurs à qui on ne la fait (pas. Que le Cancer fragile soit facilement sujet aux phobies, ça, on veut bien le croire : le pauvre chérubin tremble sans cesse d’être exilé loin des chaudes ailes de maman poule et ses rêveries tiennent plus souvent qu’à leur tour du cauchemar un peu morbide. Pour la Vierge, pas d’objection non plus : cette éternelle inquiète s’alarme de la moindre impureté baladeuse, et se met dans tous ses états rien qu’à la pensée d’être sevrée de sa miette de pain quotidienne. Mais le Lion ! Que ce prestigieux seigneur du Zodiaque soit, à l’occasion, un froussard fébrile, sujet aux terreurs nocturnes, vous n’allez tout de même pas nous faire avaler ça… Eh bien si, pourtant. C’est écrit en toutes lettres sur le menu de l’hostellerie du Lion d’Or, et je suis assez bien placé pour le savoir.

Mais direz-vous, quelle peut bien être la source d’inquiétude essentielle pour un Lion digne de ce nom ? Le souci prioritaire de tous les instants, c’est bien entendu l’invulnérabilité du Cher Moi, une invulnérabilité à conquérir et à consolider sans cesse, face aux vents et marées de l’adversité. D’ailleurs, rappelez-vous, lorsque nous avons évoqué le possible effondrement du panier dans lequel on met tous ses oeufs, nous avons déjà pressenti chez notre sujet d’imperceptibles tressaillements qui ne trompent pas sur sa fragilité latente.

Dans ses moments de relative faiblesse, le Lion est un pauvre animal surmené, perpétuellement sur le qui-vive, subodorant partout des chausse-trappes et des entraves à sa capacité d’affirmation. Le moindre incident fortuit risque de prendre des allures de complot universel ; la plus insignifiante souris se voit accusée de vouloir saper les murailles de la forteresse. Les jaloux et les envieux en veulent à ses titres, à sa position, à sa fortune. On ne peut être sûr de personne. Les subordonnés sabotent sciemment leur travail pour mettre en faillite sa sublime entreprise. Les bons conseils des amis les plus chers deviennent d’insidieuses peaux de banane pour l’envoyer au tapis… Bref, ce genre de Lion, dans les cas pathologiques, risque fort de sombrer dans un délire de persécution de la plus belle eau.

Sans tomber dans cette pénible extrémité, le Lion modèle courant, de toute manière, est un grand susceptible qui passe le plus clair de son temps à supputer sa cote d’estime ou d’amour, quêtant sans relâche l’approbation admirative d’autrui, doutant sans cesse de l’effet produit sur le cœur inconstant des foules. Selon les niveaux de préoccupation, tel se braquera pour une remarque désobligeante sur son physique, tel autre prendra la mouche si l’on émet quelques réserves sur le bien-fondé de son raisonnement ou de sa technique, tel autre enfin se vexera si l’on reste indifférent à ce qu’il considère comme une prouesse ou comme un acte digne d’éloge. Sans parler de ceux qui s’alarmeront pour tout ça à la fois…

Son Moi étant le centre de gravité de l’Univers, notre Lion se sent immanquablement concerné par tout ce que les autres font, comme par tout ce qu’ils ne font pas, interprétant et amplifiant le geste le plus anodin de ses vis-à-vis dans le sens de sa gloire, de son mérite, de sa disgrâce ou de sa déchéance, au gré des hauts et des bas de sa houleuse émotivité. Il peut ainsi devenir, dans les mains de flatteurs intéressés ou de manoeuvriers dénués de scrupules, une marionnette d’autant plus docile qu’elle a l’impression de tirer les ficelles des cœurs du monde entier.

Du fait de la dominance planétaire conjuguée à l’influence du milieu, il ne manque pas de Lions idéalistes et contemplatifs, moins âprement tournés vers les podiums à grand spectacle de notre société plutôt arriviste. Leur situation n’est pas plus sereine pour autant : sans cesse tracassés par la hantise du mieux, par un irrépressible élan qui les pousse vers un modèle de sagesse, considéré comme parfait, ils auront toujours peur d’être inférieurs à la belle image qui scintille dans leur ciel intérieur. Ils seront tentés de se culpabiliser pour des manquements, somme toute mineurs, mais, qui, à leurs yeux, les éloignent de cette irréprochabilité absolue, tant souhaitée. Si l’on combine ce genre d’angoisse au manque d’inhibition discriminatrice, il en sort un type de Lion tout à fait opposé aux reluisantes enluminures des manuels classiques : à savoir un Lion timoré, très peu dégourdi, mal à l’aise en société, dérouté par la complexité des rapports humains, se dérobant gauchement face aux formalités un peu trop subtiles et aux responsabilités nécessitant un minimum d’entregent. Je n’ai guère besoin d’imagination pour brosser ce portrait-là : il me reste suffisamment d’encombrants vestiges d’une proche adolescence pour travailler d’après nature…

Les mêmes anti-astrologues, qui nous reprochent le simplisme et le formalisme des portraits traditionnels, vont sans doute nous dire, cette fois-ci, que nos signes zodiacaux tiennent de l’auberge espagnole, et qu’avec cette débauche de fonctions qui s’entrelacent dans un même signe, on peut justifier n’importe quel comportement. Le temps, malheureusement, me manque pour leur expliquer par le menu les comportements des onze autres signes ; ils verraient qu’ils ne sont nullement interchangeables, en dépit de leur complexité respective. Complexité que nous cherchons d’autant moins à nier qu’elle reflète parfaitement la richesse et la luxuriance du vivant. J’estime que cette petite parenthèse était nécessaire avant de vous offrir mon ultime cocktail : le cas du Lion à la fois phobique et débloquant.

Les astrologues traditionnels eux-mêmes vous le diront : il est bien évident que les audaces à la mode Bélier et les audaces à la mode Lion se vivent assez différemment. On insistera volontiers sur le côté casse-cou du premier, sur cet irrépressible élan qui lui fait brûler son énergie jusqu’à l’épuisement prostré, jusqu’à ce qu’il s’affale, à bout de souffle… C’est que les systèmes de défense du Bélier sont très difficiles à mettre en branle. Pour le Lion, le problème est inverse : les brusques dérapages sur la pente savonneuse de l’évitement demandent sans cesse à être maîtrisés. Il connaît rarement l’abandon grisant et l’ivresse aveugle. Au plus fort de son exploit, il reste facilement tendu et crispé, il serre les mâchoires et raidit son sourire. Comme le dit le parfait petit dictionnaire des lieux communs -finalement pas si bêtes- le véritable héros, en définitive, c’est celui qui tient sa frousse en laisse, qui sait juguler ses tendances obsédantes à la fuite éperdue. Or, pour peu que la force de déblocage fasse défaut, chez notre Lion, nous compterons un bon nombre de poltrons et de dégonflards dans nos rangs, contrairement à la réputation flatteuse du fier animal qui nous sert de totem. Avec une excitation suffisamment forte, ces tendances ne sont étouffées qu’en apparence. Il est bien rare qu’un Lion, si intrépide soit-il, ne se ménage pas, malgré tout, une porte de sortie, une échappatoire salvatrice, une possibilité de prompte retraite ; souvent, d’ailleurs, il le fait de façon instinctive et inconsciente. Dès que baisse l’excitation, l’on assiste à de brusques replis après les fanfaronnades, à de piteuses reculades succédant aux étalages d’orgueil, voire de vantardise.

Pas très reluisant, tout ça, se lamente le lecteur Lion qui s’attendait tout de même à une conclusion un peu plus élogieuse. Allons. Le portrait d’ensemble, après tout, n’est pas si noir que ça. C’est vrai qu’il n’est pas non plus d’une blancheur immaculée. Mais il faut bien, lorsqu’on s’intéresse à l’astrologie, se défaire de tout complexe de supériorité ou d’infériorité en ce qui concerne son signe : ni pire ni meilleur qu’un autre ; il se contente de vivre ses fonctions selon la mesure de ses possibilités et son degré de conscience. J’espère, par conséquent, que le lecteur Lion aura compris qu’une analyse astrologique sérieuse n’est pas un simple jeu de miroirs, et que sa validité ne se mesure pas au nombre de « Ah ! c’est bien moi ! » proférés par un consultant enthousiaste. La réalité quotidienne a souvent bien peu de rapport avec les idées préconçues que l’on s’en fait : vérité qu’il n’est pas mauvais de rappeler, de temps à autres, aux natifs du cinquième signe. Et puisque nous parlons de réalité quotidienne, nous allons avoir maintenant l’honneur et l’avantage d’observer de plus près notre félin fétiche aux prises avec les préoccupations les plus inéluctables de son existence d’homo sapiens.

Le Lion et l’Amour

Forte parole d’un bellâtre avantageux au comptoir du bistrot de mon quartier : « Moi, je suis Lion. Et le Lion, c’est le meilleur signe pour un homme ! ». Ben voyons. Quand on connaît les penchants dominateurs de bon nombre de léoniens et le poids des idées reçues sur la nécessaire suprématie masculine dans le couple, une telle remarque, hélas, n’a rien de surprenant. En tout cas, pour ce qui est de la prétentieuse bêtise, elle ne le cède en rien à la prose racoleuse de certains mensuels dits astrologiques, parce que ça fait vendre. Pour notre part, pas question d’exciter davantage un déplorable esprit de compétition en conviant les douze signes au hit-parade de la prouesse sexuelle et du plus beau roman d’amour. Cupidon merci ; dans le zodiaque, et même au sein d’un seul signe, si l’on sait bien chercher il y en a pour tous les goûts et pour tous les appétits. D’ailleurs, insistons bien sur le fait qu’une vie sexuelle épanouie ou une expérience de couple enrichissante sont bien loin d’être tributaires de la seule carte du ciel. Il faut, aussi, énormément compter avec le poids de l’hérédité, les multiples pressions sociales et la pesanteur des coutumes, ainsi qu’avec l’aptitude du natif à la prise de conscience lucide de toutes ces interférences. Ne demandons pas à notre horoscope plus qu’il ne peut nous donner…

Cela dit, l’on conçoit aisément qu’en amour, comme dans les autres domaines, les léoniens et les léoniennes – déblocage oblige – ne supporteront guère tout ce qui peut ressembler à une entrave. Cela peut, bien sûr, se traduire de diverses façons, selon le niveau des préoccupations du sujet. Nous aurons, par exemple, surtout chez les lions fortement extravertis, des tombeurs et des tombeuses qui multiplient les conquêtes, simplement pour étendre leur territoire amoureux, pour se rassurer sans cesse sur la verdeur de leur tempérament, pour asseoir davantage une réputation flatteuse, parfaire, enfin, leur empire sur les corps, sinon sur les cœurs.

De façon générale, jamais une passion de Lion ne souffre de demi-mesure et de restrictions à son accomplissement. Ce n’est pas l’être des liaisons tièdes, fades et superficielles. Il lui faut de l’entier, de l’éclatant, du massif, de l’inaltérable. Il ne souffre pas les dérobades, les serments velléitaires, les promesses évasives. Le Lion aime pleinement, d’un seul bloc, sans équivoque, et il prétend être aimé de même. Inutile de dire qu’il est facilement déçu. Il ne comprend guère que l’autre s’enferme dans des refus polis et circonstanciés ou dans un dédain qu’il juge, un peu vite, insultant. Il considère, facilement, les prudentes réticences et les aimables réserves comme autant d’infamantes fins de non-recevoir. Si sa dominante planétaire le pousse à s’extérioriser et à se démener, notre Lion va tout faire pour forcer le barrage du cœur de l’être aimé : il se lancera dans une cour enflammée, fera théâtralement miroiter ses avantages ou ses appas, accumulera les générosités voyantes et les somptueux petits cadeaux, étourdira le partenaire dans une ambiance de faste et de fête.

Les Lions moins démonstratifs et plus introvertis n’en sont pas moins exigeants. L’idéal amoureux est placé très haut sur un piédestal ; c’est une image pure, une magnifique statue de Prince Charmant ou de Princesse Parfaite. Ces lions-là rêvent d’un amour total, sans mesquineries ni basses contingences, le couple doit irradier son bonheur à l’infini, comme un soleil sans tache et sans éclipse. Mais de telles perfections surhumaines ne se trouvent pas sous le premier pétale de marguerite venu. Et, de peur d’ébrécher la statue ou de ternir le soleil, le Lion idéaliste est bien souvent tenté de se détourner dédaigneusement d’une si pauvre chère pour sa fringale d’absolu. Va-t-il sublimer ses déconvenues dans une activité artistique ou littéraire ? Va-t-il se rabattre sur la presse du cœur à l’eau rose et sur les prestigieuses idylles des grands de ce monde ? Ce n’est pas son thème, seul, qui nous le dira.

Comme nous le savons, le perpétuel centre de gravité du Lion, c’est sa propre personne, avec ses ambitions impérieuses, ses grandes marottes et ses idées fixes, plus solides que du béton armé. Le fait de vivre en couple ne modifiant en rien ces dispositions foncières – et notre Lion s’implique tout entier dans son attachement – il risque, à la limite, de considérer le partenaire comme un simple miroir flatteur qui se doit de lui renvoyer l’image de lui-même la plus impeccable et la plus resplendissante possible. Bon nombre de Lions vont vivre leur soif d’ascension sociale et de hausse de standing par conjoint interposé, par exemple. S’ils n’ont pas la possibilité d’émerger par leurs propres moyens, ils choisiront un partenaire de condition flatteuse ou feront tout pour favoriser sa percée. Dans le cas d’une réussite personnelle, le conjoint se devra d’être une vivante preuve de ladite réussite, tant par sa belle apparence et son élégance que par son comportement raffiné.

On comprend, ainsi, pourquoi le Lion se montre si souvent exigeant et même tyrannique pour l’être qu’il a choisi d’aimer. Il se sent perpétuellement et personnellement concerné par le moindre des actes ou la plus minime parole de l’autre. Il suffit, pense-t-il, d’un impair anodin du partenaire pour entacher sa propre réputation. Si l’autre n’agit pas selon son bon plaisir, il imagine, aussitôt, ses propres plans contrecarrés, ses objectifs compromis, ses convictions tenues pour quantité négligeable. C’est une nouvelle illustration de ses tendances phobiques : il a perpétuellement besoin de se savoir admiré, encouragé, soutenu. Nous n’irons certes pas jusqu’à conseiller d’user à sofa égard de compliments outrés et de serviles flatteries. Il suffira de ne pas trop garder pour soi les choses agréables qu’on a sincèrement envie de lui dire. Il risquerait, dans le cas contraire, de prendre votre mutisme pour une indifférence qu’il jugerait aussi blessante qu’inexplicable.

Parmi les Lions plus introvertis et moins entreprenants, nous n’aurons aucune peine à trouver des sujets encore plus centrés sur eux-mêmes, avec tous les problèmes que cela implique. L’amour, dans ce qu’il a de plus quotidien, peut leur sembler un danger pour l’intégrité de leur Cher Moi, une menace pour leur sacro-sainte indépendance ; il risque de désagréger leur cuirasse de certitudes patiemment construite et consolidée. Ils ne veulent surtout pas s’abandonner, délaisser leur forteresse de conscience et de lucidité, pour se fondre et se diluer dans un amour un peu trop fou. En fait, ils sont surtout amoureux de leur propre personne et de leurs propres ambitions. Ambitions forcément nobles, morales et irréprochables. Cet état d’esprit n’excluant pas la force des appétits physiques, le partenaire, dans les cas extrêmes, risque d’être considéré un peu comme un jouet futile, un objet charmant mais un rien encombrant, une source de servitude qui appelle un certain mépris condescendant. A moins qu’il ne se trouve être la vivante incarnation du sublime Idéal précité ou qu’il ne partage, viscéralement, les mêmes nobles ambitions. Mais, à ce genre de loterie, on s’en doute, il n’est pas aisé de gagner tous les matins.

Nous avons déjà pu constater que la subtilité n’est pas toujours le fort du lion. Il risque d’être maladroit à démêler l’écheveau des mobiles profonds de l’autre ; il risque de se comporter en balourd et en butor, de fouler aux pieds les tourments secrets et les raffinements de la sensibilité qu’il a tendance à considérer comme un tantinet morbides. S’il veut éviter que la relation ne se dégrade, on ne saurait trop lui conseiller de délaisser un peu les dorures de la façade et de verser, de temps en temps, quelques larmes d’eau dans le vase de fleurs discrètes qui embaume le nid d’amour. Lui faire remarquer à temps que, si les yeux de l’être aimé brillent de tant de feux, ce n’est peut-être pas simplement parce que s’y reflète la lumineuse enseigne d’une prestigieuse raison sociale. Une fois émoussé l’aiguillon des piqûres d’amour-propre, une fois les superficialités de l’ambition sociale remises à leur juste place, la relation a des chances de repartir du bon pied. Une relation claire, nette, loyale et forte, sans hypocrisie ni fausse pudeur. Une passion dont l’inaliénable certitude sait pourfendre victorieusement toutes les noirceurs de l’existence. Les empêcheurs d’aimer en rond n’ont plus qu’à bien se tenir.

Le Lion et l’Amitié

Comme l’on s’en doute, il faudrait une dominance planétaire bien défavorable pour que notre Lion soit un revêche et un misanthrope intégral fuyant systématiquement la société de ses frères humains. Tourné, la plupart du temps, vers le monde extérieur, le flux rayonnant de son énergie expansive en fait un être sociable et chaleureux, dont on recherche volontiers la tonifiante compagnie. Au sein des réunions amicales, il est particulièrement doué pour rompre la glace, décrisper l’atmosphère, dégeler ces soirées où chacun reste figé craintivement dans un quant-à-soi paralysant. Il envoie royalement promener d’un revers de patte les sourds griefs et les sombres intrigues, les confidences geignardes et les discussions assommantes. Le Soleil dissipe les nuées menaçantes. Place à la bonne humeur, à la détente et aux jeux. Place à la joie des retrouvailles qui vous réchauffe tous les cœurs. Que l’humble et le timide ne restent pas dans l’ombre, que chacun s’ébatte et donne libre cours à son allégresse. Le Lion brille pour tout le monde, ce serait lui faire injure de ne point fêter sa présence. A savourer ainsi le spectacle du bonheur qu’il sait répandre, il s’aime lui-même encore davantage. Ceux qui ne l’aiment pas diront qu’il est horripilant, qu’on ne voit que lui, qu’on n’entend que lui, qu’on a les oreilles rebattues de ses hâbleries et de ses anecdotes prétendument désopilantes. Ceux-là peuvent toujours courir pour qu’on les invite la prochaine fois.

Etre l’ami d’un Lion, on le voit, ça n’est pas toujours aussi facile que ça en a l’air. Ses qualités, on les devine : il est d’une fidélité à toute épreuve, il n’a pas son pareil pour vous remonter le moral, et il se mettrait en quatre pour vous tirer d’embarras. En contre-partie, il fait montre de redoutables exigences à votre égard. Vous vous devrez d’être l’ami parfait, impeccable sous tous rapports. Comme il est franc et honnête envers vous, il ne tolérera pas la plus petite cachotterie, le plus infime mensonge. Si vous faites un coup par en dessous et qu’il ait le malheur de s’en apercevoir, ne comptez guère poursuivre de sereines relations avec lui, il ne vous le pardonnera jamais. Comme il ne veut que votre bien, les conseils dont il vous abreuvera sont autant de consignes qu’il vaut mieux suivre sans murmures. Un refus d’optempérer, même circonstancié, serait, à ses yeux, la preuve que vous n’avez pas confiance en lui ou que vous doutez de ses capacités, ce qui est encore un impair difficilement pardonnable. Si vous vous conformez à ses directives éclairées, tâchez de l’imiter de votre mieux, il adore jouer les Pygmalion et les pédagogues éveilleurs de conscience. Mais prenez garde de ne pas pousser le zèle jusqu’à surclasser votre modèle, il serait capable d’en être profondément vexé. Vous trouverez sans doute que votre ami Lion se mêle un peu trop de ce qui ne le regarde pas, et vous serez plus d’une fois tenté de lui en faire la remarque. Mais si vous tenez à son amitié, paradoxalement, ce sera à vous de mettre les formes et d’user d’adroites circonlocutions pour ménager sa vanité et son amour-propre.

Chez le Lion moins ouvert et moins entreprenant, les exigences ne sont pas moindres, et la susceptibilité est encore plus exacerbée. Il se montre fort élitaire en matière d’amitié. Il veut pouvoir être fier de ses amis, il veut que ses amis le comprennent et l’estiment à sa juste valeur. Il s’alarme du moindre signe de disgrâce, de tout ce qui peut lui faire croire que les autres l’apprécient moins, boudent sa compagnie, ou se désintéressent de ce qu’il fait. Il tend à s’attacher à quelques rares élus, à ceux qu’il juge dignes de lui servir de modèles, à ceux qui savent lui présenter le fidèle miroir de ce qu’il aimerait devenir. Il est capable de se montrer d’une extrême virulence vis-à-vis de ceux qui prétendent ternir ou briser ledit miroir. Les calomniateurs, les faussaires et les persécuteurs qui en veulent à ses amis n’ont qu’à bien se tenir. Quant aux amis, eux aussi n’ont qu’à bien se tenir. Et à bien tenir le miroir : autrement, l’amitié risquerait de tomber de haut.

Le Lion et son Education

Il est né, votre bébé Lion, elle est là, votre mini-Lionne… Sans hautbois ni musettes, mais le cœur tout gonflé des poncifs élogieux de la presse astrologique, vous entonnez le cantique habituel des parents fiers et attendris : votre enfant sera le plus beau, le plus fort, et le plus intelligent des enfants. N’en déplaise aux détracteurs un peu hâtifs, les astrologues honnêtes sont bien loin d’être aussi bêtement catégoriques. Prenons l’intelligence, par exemple. Au vu du thème de naissance, on ne saurait aucunement préjuger de son niveau, ni des facteurs sociaux et des événements qui favoriseront ou entraveront son épanouissement. Tout ce que l’on peut appréhender – après avoir constaté que votre bambin est fortement marqué par le signe du Lion – c’est la structure de son intelligence, son mode de raisonnement préféré, avec les atouts majeurs et les inévitables points faibles qui peuvent en découler.

Signe en force d’excitation, le Lion est manifestement intéressé par le monde qui l’environne, mais cet intérêt pour l’extérieur est toujours lié aux intérêts personnels, à la volonté de puissance et à la recherche de l’invulnérabilité du Moi. L’intelligence léonienne haïra les ombres. Elles se veut claire, lucide, sans raisonnements équivoques. Elle exalte la conscience de soi et du monde. Elle balaie l’univers qui l’entoure de son brillant faisceau lumineux pour saisir l’ensemble de la situation et agir en conséquence, au mieux des intérêts personnels évoqués ci-dessus. Le jeune lion assimile, en priorité, ce qui est susceptible de lui apporter un surcroît d’efficacité, un regain de prestige, une consolidation de l’autonomie déjà acquise. Il a horreur qu’on lui apprenne telle ou telle matière « parce que c’est comme ça ».

Les mots vides, non branchés sur sa vie réelle, ne sauraient l’accrocher. Les élucubrations fumeuses et les théories tarabiscotées lui répugnent. Il a horreur des explications contournées qui vont chercher midi à quatorze heures et se perdent dans des digressions oiseuses. Il a besoin d’idées nettes, claires, fortes, d’une solidité à toute épreuve, sur lesquelles il puisse asseoir fermement son assurance et son aplomb. Le revers de la médaille, c’est, évidemment, la propension aux jugements par trop sommaires et aux analyses simplistes. Une fois qu’il a fait sienne une opinion, il la défend contre vents et marées, il s’applique à la fortifier dans son esprit, à l’assener à grands coups de massue dans la tête de ses contradicteurs. Il ne tient plus compte de l’évolution subtile du contexte et des légitimes points de vue particuliers des interlocuteurs. A la longue, son idée acquiert le poids d’une expérience concrète, ce qui la rend d’autant plus indiscutable, à ses yeux. Il convient d’apprendre très tôt aux Lions à se défier de leur tendance à se croire infaillibles.

Les inciter à remettre sans cesse leur savoir à l’épreuve du réel ne peut que leur être salutaire. L’amour-propre, on l’a compris, est déjà très vif chez le petit Lion. Il déteste déchoir aux yeux des autres et fera tout pour acquérir et conserver leur estime et leur admiration. En prenant bien garde de ne pas sombrer dans la louange outrancière, faites en sorte de témoigner à son égard une fierté non équivoque lorsqu’il agit d’une façon que vous jugez positive. Ce sera pour lui un puissant stimulant qui l’encouragera à persévérer dans cette bonne voie.

L’enfant du Lion prend très au sérieux tout ce qu’il fait. Ne tentez pas de le dissuader par l’ironie et la moquerie : il réagit très mal aux plaisanteries que l’on fait dans son dos, même si elles ont pour but une amélioration de sa conduite. Mieux vaut faire appel à ses facultés de jugement et le traiter de bonne heure en être raisonnable et responsable qui sait pourquoi il agit. Donnez-lui, le plus souvent possible, l’occasion de constater que vous lui faites confiance, que vous le jugez capable de se débrouiller par lui-même et de s’organiser de son mieux. Ceci, bien entendu, en prenant soin d’adapter les tâches aux responsabilités effectives de son âge. Votre enfant aura très vite envie de mettre son grain de sel dans les conversations, d’émettre des opinions catégoriques et définitives, parfois peu opportunes.

Lui rabattre violemment le caquet en lui laissant entendre que son avis compte pour du beurre n’est pas nécessairement la meilleure solution : il ne serait que trop tenté, par la suite, d’agir de même avec des interlocuteurs moins assurés que lui. Acceptez d’écouter ses arguments, répondez-lui clairement, franchement et posément. Fournissez-lui des explications simples et des preuves palpables, vous lui apprendrez ainsi le sang-froid et la tolérance intellectuelle, qualités qui risqueraient, sans vous, de n’être pas son fort.

Nous savons que le Lion n’a que trop tendance à vouloir tout régenter, à dominer ses semblables, à faire de toute relation humaine un problème de préséance dont il doit sortir vainqueur. Atténuer une telle poussée instinctive n’est pas facile. Il faut, dès que possible, lui faire constater que les aspirations des autres peuvent être aussi légitimes que les siennes, et qu’elles ne nuisent pas forcément à ses ambitieux desseins. Lui donner constamment l’exemple d’une juste répartition des tâches au sein de la famille ou des groupes qu’il sera amené à fréquenter ; lui monter qu’une organisation efficace des activités n’implique pas automatiquement l’écrasement ou le mépris de tel ou tel participant. Sa force de déblocage, il doit la ressentir surtout comme une constante disponibilité pour aider les autres, les tirer d’embarras, les stimuler et les réconforter. Il tient à vous de lui offrir toutes les occasions de la canaliser dans ce sens à la fois altruiste et auto-valorisant. Comme il se montre volontiers exclusif et jaloux vis-à-vis de frères ou de sœurs qu’il juge mieux aimés que lui, une telle orientation de déblocage pourra également apaiser les heurts dans ce domaine. Le tout est de lui apprendre à être bienveillant sans jouer au protecteur tout-puissant, à être un exemple entraînant sans se montrer tyrannique.

Pour les Lions plus intériorisés – et surtout s’ils sont enfants uniques – il importera de favoriser au maximum les contacts avec d’autres jeunes, si l’on veut éviter que leur égocentrisme natif ne se mue en égoïsme pur et simple, en suffisance ronchonneuse de gosse trop gâté. Cette ouverture au monde, en les confrontant à d’autres volontés et à d’autres points de vue que les leurs, sera un excellent remède à leur subjectivité orgueilleuse. Ce genre de Lion, nous le savons, est facilement sujet aux phobies et aux angoisses. Là encore, les explications claires et simples, la franchise naturelle, le développement de l’esprit d’analyse et l’éducation du sens de l’observation s’avéreront les procédés les plus bénéfiques. Evitez si possible de placer de tels enfants en situation d’échec. Ne formulez pas d’exigences abusives. S’il leur arrive, malgré tout, de ne pas réussir un travail ou de manquer à ce que vous considérez comme un devoir, ne dramatisez surtout pas : ils n’ont que trop tendance à le faire eux-mêmes. Ramenez les choses à leurs justes proportions. Montrez-leur que votre confiance demeure intacte. Cherchez calmement avec eux les moyens de mieux faire la prochaine fois.

En jeu ou en sport, le jeune Lion – et même le Lion adulte – ne joue pas tellement pour se détendre et s’amuser. Il s’agit avant tout de gagner, de surclasser un adversaire, de se surpasser pour se prouver sa valeur et la prouver aux autres. Comme on le devine, nette tendance à se montrer mauvais perdant. Même intégré à une équipe, il reste un individualiste au jeu personnel ; mais il sait se rendre indispensable quand il s’agit de diriger et d’organiser. Sa préférence va souvent aux sports de plein air permettant d’amples évolutions et de grands déploiements d’énergie. Avec son goût du « paraître », il ne dédaignera pas les activités physiques à caractère esthétique, mettant le corps en valeur : gymnastique, culturisme, danse, patinage artistique. Pour les Lions moindrement adaptés, toutes les activités visant à la parfaite maîtrise du corps, de ses mouvements et de ses attitudes sont à conseiller.

Pour ce qui est de l’orientation professionnelle, je me garderai bien d’être péremptoire. Le choix final d’un métier dépend de bien des facteurs qu’on ne saurait déduire d’un horoscope. Plutôt que des professions spécifiques, énumérons les goûts et les besoins fondamentaux du Lion. Il incline à diriger, à organiser, à se mettre en vedette, à se montrer, à se donner en exemple. Il aspire à l’indépendance, à la liberté de manoeuvre. Goût pour les beaux objets, intérêt pour la personne humaine, son aspect physique, la façon dont se construisent et s’affirment les personnalités ; intérêt également pour la vie publique, la société dans son ensemble, les problèmes de pouvoir, l’éducation, la publicité, la civilisation de l’image… Il est bien rare qu’un Lion ne se sente pas attiré très tôt par l’un ou l’autre de ces domaines : on sait que sa vocation est précoce. Les parents devront tout de même veiller à ce qu’il ne surestime pas trop ses capacités et qu’il n’entreprenne pas d’études manifestement au-dessus de ses forces.

Le Lion et son Travail

Pour ce qui est du choix de la profession, on peut l’affirmer sans ambages, en dépit du paradoxe zoologique, le Lion fait très tôt sa tête de cochon. Tout enfant, à ce qu’on raconte, Eric Tabarly se fabriquait déjà de bringuebalants esquifs de fortune pour courir l’aventure, au grand dam de ses parents qui avaient toutes les peines du monde à faire garder les pieds sur terre à leur garnement. Quant à Goscinny, selon ses propres dires, il n’a eu, dès son plus jeune âge, qu’une seule ambition : faire rire les autres avec les moyens du bord. Pourtant, on n’arrêtait pas de lui seriner, sur tous les tons, que ça n’était pas sérieux de vouloir gagner sa croûte en faisant pouffer ses semblables. Etonnez-vous, après ça, que, sous la léonine crinière d’un Marcel Bleustein – Blanchet, grand fauve publicitaire de son état, il ait pu germer cette idée d’une Fondation de la Vocation…

Eh oui, il faut bien que sa famille s’y fasse : les visées professionnelles d’un Lion sont d’autant plus constantes et inamovibles qu’elles font, pour ainsi dire, corps avec les forces vives de son être. Plus que quiconque, le Lion a donc un besoin vital d’une profession qui le passionne et l’enthousiasme. Si, comme il arrive tout de même quelquefois, toutes les facettes de son activité lui agréent, son rendement sera considérable, son efficacité remarquable, et son zèle indéfectible. Il connaîtra alors la sensation exaltante de s’épanouir sans contrainte ; il rayonnera de joie de vivre, d’entrain et de dynamisme. Si son activité ne l’attire puissamment que par certains aspects, il sera tenté de se donner à fond dans les seuls domaines où il se sent inattaquable. Les tâches jugées subalternes vont se trouver, par la force des choses, subordonnées aux grandes marottes. Le travail, dans son ensemble, va se trouver infléchi dans une direction particulière, souvent remarquable et spectaculaire. Le résultat pourra n’avoir qu’un lointain rapport avec l’image de marque de la profession concernée. On parlera de style éminemment personnel, ou, comme il sied mieux à un Lion, de griffe inimitable.

Cependant, même un Lion peut se heurter à des réalités sociales et économiques plus têtues que son bon plaisir. Il peut se trouver attelé à une tâche pour laquelle il n’éprouve aucune attirance particulière, ce qui lui est infiniment pénible. Mais tout cela est bien déprimant. Revenons vite au Lion qui trouve matière à s’accomplir, et voyons un peu comment il s’acquitte de sa tâche exaltante. On s’en serait douté : il la prend énormément à cœur. Il entend se donner à fond, et vise à la perfection dans les modalités d’exécution. Il va chercher, là aussi, à triompher de tout ce qui peut entraver de tels desseins. S’il peut choisir ses collaborateurs, il sera fort intransigeant sur leur qualification et leur compétence.

Quant au matériel et aux outils, tout se devra d’être irréprochable et d’excellente qualité, sous peine de déchaîner de grosses colères, ponctuées de projections d’objets divers. Bien entendu, il ne s’agit pas de travailler n’importe comment, au hasard de la fantaisie et de l’inspiration… Si notre Lion en tient pour une méthode qu’il juge plus efficace et de meilleur rendement que celle de ses collègues, il ne faut guère espérer l’en faire démordre. Au contraire, il sera plutôt enclin à en faire mousser les avantages et à l’imposer à tout prix aux dits collègues, parfois un peu agacés. Mais que ceux-ci, en revanche, ne se mêlent pas trop ouvertement de lui donner des conseils et de s’immiscer dans ses petites affaires.

Il aime être seul responsable de ses actes, et toute ingérence est ressentie comme une intolérable atteinte à sa liberté de manoeuvre et à son autonomie. Avec des critiques trop brutales, on le braque sans beaucoup d’espoir de retour. Il est préférable de se débrouiller pour qu’il ait l’impression d’avoir trouvé de lui-même ce qui clochait : tout seul, comme un grand. Bien sûr, son plan de travail peut sembler parfois sommaire. En fait, la plupart du temps il est solidement charpenté, sans complications inutiles ni formalisme stérile.

Le Lion et l’Argent

Même si vous êtes né avec Soleil et Lune en Lion sous une dominance jupitérienne, ne vous bercez pas trop d’illusions dorées : il y a bien peu de chances pour que vous deveniez un nouveau John Rockefeller. D’ailleurs, par ces temps de pollution galopante, je me demande si c’est un but bien propre que de briguer le titre de roi du pétrole… N’empêche que l’argent, liquide ou non, ne saurait laisser indifférents les Lions les plus adaptés à notre société mercantile : il constitue, pour eux, le moyen rêvé d’asseoir leur domination et d’étendre leur puissance. A condition d’en disposer suffisamment, l’argent, c’est bien connu, vous ouvre toutes les portes, vous octroie tous les passe-droits, recule à l’infini les limites de vos plaisirs et de vos désirs. Grand nombre de Lions aux dents longues n’ont trouvé que ce moyen de vivre leur excitation débloquante, briseuse de contraintes. Il est vrai que l’imagination n’est pas encore au pouvoir : c’est toujours Sa Majesté Financière qui tient le haut du pavé…

Tous les degrés sont évidemment possibles dans l’intensité de ce déploiement offensif de papier-monnaie ; bien des lecteurs Lions vont sans doute juger le portrait un peu outré. Cependant, même en ramenant le problème au niveau du nécessaire gagne-pain quotidien, nous retrouverons chez tous les Lions adaptés modèle courant un schéma de comportement identique : il s’agit, en priorité, de gagner toujours davantage pour vivre toujours plus largement. N’en déplaise aux dénigreurs de notre mirifique société de surconsommation.

Gagner davantage, on peut essayer d’y arriver en travaillant d’arrache-pied. Nous avons vu dans le chapitre précédent quelles peuvent être les dispositions du Lion « fort », en ce domaine, surtout s’il est un peu arriviste. Quoi qu’il en soit, il n’entend pas s’échiner pour des prunes, et ne se gênera pas pour revendiquer avec force le réajustement de son salaire à ses besoins personnels. Besoins personnels qu’il ne saurait être question de restreindre, cela va sans dire : les ceintures à crans sont priées d’aller se faire vendre ailleurs. Quant aux Lions maîtres d’eux-mêmes et de leurs entreprises, ils savent mieux que personne faire d’une transaction réussie un tremplin pour lancer une autre opération encore plus fructueuse.

Nouvelle illustration de la force de déblocage du signe, conjuguée à son inflexible persévérance. Reconnaissons, tout de même, que bon nombre de financiers et de brasseurs de capitaux du Lion gardent le souci de se montrer (autant que faire se peut, dans un tel milieu) généreux, nets et loyaux en affaires. Cependant, ils ne résistent pas toujours à la tentation d’écraser le concurrent plus faible et moins déterminé, d’un vigoureux coup de patte. Si vous les sommez de se justifier, ils arriveront presque à vous convaincre que la loi de la jungle, finalement, c’est la loi la plus morale qui soit. Du moment qu’ils en sont les heureux bénéficiaires…

Mais la fonction primordiale du Lion, nous le savons, n’est pas de thésauriser et d’amasser, comme se plaisent à le faire le Taureau et le Cancer. Avec lui, l’argent a bien peu de chances de dormir en paix. Il lui arrivera même, assez fréquemment, d’être jeté par les fenêtres. Pour le Lion, l’argent ne saurait tenir son rôle dominateur s’il reste inemployé, enfoui dans les plus sombres recoins des coffres ou des bas de laine. L’argent du Lion est fait pour être vu, pour que chacun puisse en constater la déferlante abondance. Et pour cela, il importe de le répandre autour de soi avec le maximum de panache, de le dépenser de la plus voyante façon possible. En ne s’achetant que le quelconque, le strict nécessaire, on n’a que bien peu de chances de se faire remarquer du voisin. Vive donc le superflu, le clinquant, le tape-à-l’œil et les goûts fastueux ! Ce qui compte, finalement, c’est la force de l’impact sur la rétine d’autrui. On peut déduire que ce genre de Lion un peu esbroufeur sera très doué pour tirer le maximum d’effets du minimum de moyens. Ne pas perdre la face et paraître toujours au sommet de sa forme financière : voilà la préoccupation essentielle. Et c’est un art plus difficile qu’il n’y paraît, surtout quand se profilent à l’horizon de squelettiques fins de mois.

Le Lion, nous l’avons déjà précisé, est un égocentrique ; mais ce n’est pas un égoïste. Son argent, il en fera profiter les autres autant, sinon plus, que sa propre personne. Du moment que l’on remarque sa largesse, qu’il peut prouver aux autres et se prouver à lui-même l’étendue illimitée de son bienfaisant pouvoir, le reste importe peu. Il rayonne, donc il est. Il est le mécène, le généreux donateur, la providence des tapeurs qui savent le flatter. Mais que ces derniers ne s’avisent pas de blesser son amour-propre ou d’abuser de sa candide bonne foi : les vannes de la corne d’abondance se verrouilleraient sans plus tarder. Notons aussi que, mis à part des cas d’irréflexion extrême, le Lion ne pousse jamais ses libéralités jusqu’à mettre en péril son minimum vital. C’est tout de même son intérêt personnel bien compris qui a le dernier mot.

Avec l’âge, comme dans les autres domaines, la lenteur d’excitation tend à supplanter peu à peu la force de déblocage ; tout au moins, à se mêler à elle en proportion non négligeable. Il y a même des Lions qui, du fait de la structure de leur thème natal, sont en permanence aussi « excités lents » que « débloquants ». Ce sera la galerie des Lions qui savent tout à la fois gagner, dépenser et gérer leur avoir, dosant opportunément les coups de poker et les placements solides, la vie à grandes guides et la ferme tenue des cordons de la bourse. Je leur souhaite beaucoup de bonheur et des tas de petits zéros dans leur compte en banque.

Vous avez deviné que je me sens assez peu concerné par la course à la fortune, et que les harmonieux accords de la grande symphonie en Fric majeur ne me tirent jamais de longs sanglots émus de mélomane averti. S’il est un Lion qui n’a pas la tête financière, c’est bien moi. Pauvres Lions inadaptés, mes sœurs, mes frères, penchons-nous avec sollicitude sur notre cas si attachant. Notons d’abord que notre manque de sélectivité et de subtilité nous donne peu de goût pour les comptes précis, les budgets détaillés, les savantes opérations bancaires, les cheminements tortueux et complexes des économistes distingués. Nous flairons partout des possibilités de traquenards, de sordides combines, des entourloupes peu charitables. Ce qui ne nous empêche pas de tomber dans le panneau crinière la première, nous muant ainsi en pigeons plumés ou en dindons de la farce. Ainsi vécu, l’argent saurait difficilement jouer le rôle de débloqueur de contraintes comme il le fait pour les Lions adaptés. En l’occurrence, il nous apparaît plutôt comme une source d’embarras et de complications. Nous ne le manions qu’avec réticence, infinie méfiance, et n’en usons qu’en cas d’extrême nécessité. En général plus intériorisés et plus détachés du profit immédiat que les Lions adaptés, nous tendons à donner la primauté aux valeurs de l’Etre sur celles de l’Avoir. Cela ne veut pas dire que nous refusons d’assumer notre signe. Bien au contraire, nous nous sentons en permanence riches de nous-mêmes, de cette liberté intérieure dont nul filou de la Finance ne saura nous dépouiller.

Le Lion et sa Santé

Tomber malade, ça n’amuse pas grand monde ; le Lion encore moins que quiconque : il ressent la maladie comme une intolérable atteinte à ses capacités d’affirmation, comme une insupportable entrave à la réalisation de ses projets. Et s’il ne va pas à son travail, qu’est-ce qu’ils vont tous faire sans lui ? Tous ces remplaçants et intérimaires n’y connaissent rien, ça va être encore un beau gâchis. Non, vraiment, étant donné la conjoncture, il est tout à fait impensable de tomber malade… Le plus fort, c’est que, la plupart du temps, notre félin réussit à tenir la gageure : il se démènera comme quatre, serrera les dents, redoublera d’ardeur à la tâche, mais ne tombera pas malade. La maladie, ça n’arrive qu’à ceux qui se laissent aller, qui n’ont plus de ressort, qui abdiquent devant l’adversité. Ça n’arrête que ceux qui le veulent bien. Et comme chacun sait, l’obstacle qui l’arrêtera n’est pas encore né. S’il est des timorés qui s’écoutent, ce n’est certes pas son cas. A plus forte raison, n’écoute-t-il pas les conseils de modération et de prudence des autres. De quoi se mêlent-ils, ceux-là ? Qu’est-ce que ça peut leur faire s’il travaille trop, s’il veille trop, s’il ne se couvre pas assez ou s’il se nourrit à tort et à travers ? Après tout, pour sa santé, comme pour le reste, il est seul maître des décisions à prendre et des conduites à adopter. Et comme il affiche une confiance illimitée dans ses forces, dans sa capacité de résistance et dans son pouvoir de récupération, il décidera, immanquablement, de laisser son organisme se débrouiller seul le plus longtemps possible. Si son état de santé finit, à la longue, par lui inspirer des inquiétudes, son premier réflexe ne sera pas de consulter son médecin, tant lui déplaît l’intrusion d’une volonté étrangère dans la conduite de sa vie. Il préférera essayer d’abord un traitement ou un remède à sa façon : un traitement de cheval ou un remède-choc, par conséquent. Pas de médecines compliquées, pas de subtils dosages. Il attaque le mal à ses racines essentielles par des moyens nets, simples et radicaux. Dire que le gros pavé qu’il assène sur la maladie fait mouche à tout coup serait exagéré : passé un certain stade de complexité, ce n’est pas un analyste remarquable. Et à ce stade-là, il a beau plastronner pour la galerie, il finit, au fond de lui-même, par redouter le pire. Voilà pourquoi, un beau matin, nous retrouvons notre héros dans la salle d’attente du cabinet de consultation, la gorge oppressée par tout l’orgueil qu’il a dû ravaler d’un coup.

Pourtant, si l’on en croit l’astrologie traditionnelle, ce n’est probablement pas sa gorge qu’il vient faire soigner. Il y a plus de chances -si l’on peut dire !- qu’il soit tracassé par son cœur, son dos ou sa vue. Le cœur, en particulier, semble se tailler la part du Lion dans la pathologie du cinquième signe. Des recherches modernes, notamment celles de la psychosomaticienne Helen Flanders Dunbar, tendent, effectivement, à déceler de troublantes ressemblances entre le profil de personnalité du cardiaque-type et le style de comportement habituel du léonien. Pour justifier ces corrélations, la Tradition, selon son habitude, se contente de raisonner par analogie. Le Lion, signe du cœur de l’été, centre de la saison chaude, se doit de régir l’organe royal qui distribue généreusement, sous forme de sang vermeil, l’ardeur et la vitalité au corps tout entier. Le Soleil étant l’œil du ciel qui voit tout, l’œil étant un symbole de lucidité et de conscience, cela suffit, paraît-il, à expliquer pourquoi les natifs du signe ont souvent besoin de lunettes. Quant aux problèmes avec le dos, ils résulteraient de la mainmise du roi des signes sur la colonne vertébrale, cette poutre maîtresse de notre charpente osseuse.

Une astrologie moderne ne saurait se contenter de telles pseudo-explications. Mais l’on se doit de reconnaître, honnêtement, que les recherches sérieuses en astrologie médicale n’en sont qu’à leurs premiers balbutiements, et que tout est encore bien loin d’être clair et net. Il est cependant assez évident que les ennuis cardiaques et circulatoires du Lion découlent de sa propension à se donner à fond, à atteindre l’extrême limite de ses forces, à surestimer sa résistance à l’usure. Tableau surtout exact pour le Lion hyperactif et entreprenant, genre P.-D.-G. surmené. Chez une tel être, la constante dépense d’énergie réclame une irrigation sanguine permanente et abondante. Notons, au passage, que la régulation de l’appareil circulatoire est assurée par la moelle épinière et par les ganglions sympathiques, localisés dans la région dorsale, chère aux traditionalistes. Du fait du mécanisme de déblocage appliqué aux processus circulatoires, l’irrigation susmentionnée a tendance à se faire par brusques afflux envahissants, dont la manifestation la plus visible est la tendance aux rougeurs et aux congestions de l’épiderme. Le frêle réseau des capillaires de la rétine ne résiste pas toujours à la poussée, et les mini-hémorragies internes qui en résultent expliquent bon nombre de troubles visuels. Si l’on y ajoute les phénomènes d’hypertension, les brusques ruptures de vaisseaux durcis par l’âge et les obstructions fatales par d’inamovibles caillots, force nous sera de reconnaître que, pour sa santé comme pour le reste, les problèmes essentiels du Lion découlent des barrières et des obstacles qu’il brise avec plus ou moins de bonheur.

Le rythme des maladies, lui aussi, dépend bien évidemment des fonctions neurologiques dominantes. Les atteintes sont en général brusques et fortes, avec accroissement subit de la température pour la phase de déblocage. La lenteur d’excitation prenant le relais, il y a consolidation et persistance du nouvel état morbide jusqu’à la prochaine attaque. Ceci, évidemment, dans le cas où l’organisme a été durement touché. Dans le cas d’une affection légère ne laissant pas de séquelles, la bonne santé persistante reprend bien vite tous ses droits. Le Lion sera donc un « jamais malade » à l’existence ponctuée de brèves indispositions sans gravité, ou un « malade chronique » atteint très tôt d’une maladie majeure qui évolue, soudain, par paliers imprévus.

Pour ce qui est du genre de remèdes à conseiller au Lion, l’on peut faire confiance à Louis Millat, orfèvre en astrologie médicale, chimiste, biologiste et pharmacien dans le civil. Les fruits mûris au soleil, les essences de thym, de menthe et de romarin, ainsi que l’olivier, l’ail et le gui, sont des médications naturelles à recommander à nos malades. Souhaitons-leur bonne chance, espérons qu’ils réussiront à trouver de belles oranges juteuses sans diphényle ni mercure. On peut aussi leur suggérer de modifier leur rythme de vie souvent éprouvant, mais ça n’est pas toujours facile par les temps qui courent (et même qui galopent). Le vrai remède à la plupart des problèmes de santé, si l’on y réfléchit bien, ne réside sans doute pas dans ces mille et un replâtrages individuels. Non, le vrai remède, ce serait sans doute une remise en cause globale et sans douleur d’un style de société qui mutile et altère les individus.

Le Lion et son Apparence

Et après ça, de quoi j’ai l’air ?

Telle est la légitime question que vous pourriez vous poser au terme de ce chapitre. La tradition n’accorde-t-elle pas au signe Ascendant une importance au moins égale à celle du signe solaire, en ce qui concerne l’aspect physique ? A dire vrai, tout n’est pas si simple, et les planètes fortement dominantes sont également à considérer. Remarquons aussi que les astres ne sont pas la clé de tout et qu’ils ne sauraient supprimer les particularités anatomiques découlant de la race, de l’hérédité ou des conditions d’existence. On a rarement vu un martien rougeaud du côté de Tokyo, et les petits Biaffrais jupitériens n’ont guère de chances de devenir dodus. Le plus honnête, en la matière, est de s’en tenir aux expressions et aux mimiques, révélatrices de notre mode préférentiel de relation avec l’environnement, donc, de nos fonctions neurologiques dominantes.

Occupons-nous d’abord, c’est bien naturel, du cas où le Lion est réellement votre signe prépondérant. Si l’on en croit un auteur connu, vous pouvez être : soit un Lion herculéen ; soit un Lion apollinien. Dans la première éventualité, vous êtes massif, trapu, un peu rude et grossier dans vos manières, et votre faciès a quelque chose d’animal. C’est le genre Dumas père ou Tabarly. Dans la seconde éventualité, vous êtes svelte, élancé, d’une allure noble et distinguée. C’est le genre Bolivar ou Stockhausen. Reconnaissons qu’il est de nombreux Lions difficilement classables dans l’une ou l’autre de ces catégories : voyez Bourvil, par exemple. Cela dit, de solides gaillards baraqués et de grandes asperges longilignes, on en trouve un peu dans tous les signes…

Si vous êtes un Lion chez qui domine l’excitation débloquante sur un mode extraverti -prépondérance de JupiterMars, notamment- votre physionomie exprime, la plupart du temps, l’assurance enthousiaste, voire une certaine hâblerie. Vous ne cachez pas facilement vos émotions. La joie, la colère ou le chagrin se peignent aussitôt sur vos traits avec une intensité qui ne saurait passer inaperçue. Vous avez besoin d’espace. Vos gestes sont francs et décidés, souvent un peu théâtraux dans leur ampleur. Quand un problème vous préoccupe, vous ne pouvez vous empêcher d’arpenter de long en large le local où vous vous trouvez, comme pour y découvrir une sortie libératrice. Vous marchez volontiers à grands pas, prenant ainsi possession, dans votre irrésistible foulée, du territoire à conquérir qui s’offre devant vous. Votre voix est forte, votre rire bruyant, et la discrétion n’est pas votre qualité dominante. Vous affectionnez les teintes vives et franches, les parures brillantes, les vêtements plutôt amples. Vous adoptez la tenue qui vous permet de vous sentir le plus à l’aise tout en mettant, au maximum, votre personne en valeur. Une co-dominance d’Uranus accentuera votre côté abrupt et tranchant, assortira votre extériorisation d’une certaine raideur. En revanche, une co-dominance de Vénus, Lune ou Neptune enrobera votre fougue d’une rondeur avenante, d’une amabilité chaleureuse ou d’une bienveillance rassurante.

Si la lenteur d’excitation prévaut dans vos comportements -signes d’été et d’automne fortement occupés, Saturne dominant et harmonique- votre physionomie exprime plutôt la puissance contenue et l’inflexibilité. Pour être plus lents et mesurés, vos gestes n’en témoignent pas moins de votre force ou de votre efficacité. Le masque est plus volontiers impassible, avec un rien de crispation. Vos sentiments, tout aussi intenses, se dévoilent furtivement par de subtiles modifications de votre physionomie. Dans le cas d’une vitesse d’inhibition prépondérante – forte occupation des signes d’été et d’automne, dominance dissonante de Saturne, Neptune ou Pluton– c’est votre fébrilité sans cesse aux aguets qui risque d’être la plus apparente, combinée avec le souci de paraître maître de soi et plein d’assurance. Votre regard mobile semble s’enquérir, sans trêve, de l’opinion des autres à votre égard. Comme vous vous sentez plus ou moins écartelé entre le besoin de faire preuve de votre maîtrise et la crainte d’essuyer un échec, vos gestes sont souvent mal coordonnés, d’une précipitation peu adaptée à la tâche ou d’une gaucherie quelque peu angoissée. Sur cette toile de fond dissonante, une co-dominante solaire, malgré sa flatteuse réputation, ne peut qu’accentuer vos problèmes concernant votre posture, votre apparence et votre maintien. Quel problème de paraître toujours digne et irréprochable…

Passons succinctement en revue la nuance susceptible d’être apportée par votre signe Ascendant. Le Bélier accentue votre fougue, votre brusquerie, votre côté cassant. Le Taureau vous calme, du moins en apparence ; vous donnez une impression de solidité, de force massive, de puissance tranquille : vous pouvez vous replier brusquement dans la bouderie ronchonneuse et têtue. Les Gémeaux accentuent votre souplesse, votre agilité, votre mobilité faciale et corporelle. Le Cancer peut tout aussi bien vous donner une extériorité rêveuse et nonchalante qu’une apparence de stabilité indéracinable. La Vierge a de fortes chances d’atténuer votre côté m’as-tu-vu, de vous rendre plus pudique : elle accentue la vitesse d’inhibition. La Balance affine et humanise vos attitudes, vous permet de mieux maîtriser vos gestes, d’en émousser le côté brutal et instinctif. Le Scorpion risque d’accentuer un côté tendu et crispé, autoritaire, tranchant : vous pouvez joindre, aux évidentes démonstrations d’autorité du Lion, de plus subtiles mimiques pour subjuguer vos interlocuteurs. Le Sagittaire, théoriquement, devrait rehausser votre allant, votre panache, votre abord chaleureux, en développant vos tendances mondaines et votre aisance en société ; il peut aussi vous porter à exagérer l’ampleur de vos gestes ou la profusion de vos parures. Le Capricorne, en revanche, vous incite à la sobriété de mise, à une certaine froideur un peu intimidante, au dédain des minauderies comme des manifestations tapageuses. Le Verseau peut vous rendre plus original et plus imprévisible dans vos façons de vous extérioriser : votre rythme peut être plus saccadé ; selon votre dominance planétaire, envisageons aussi l’hypothèse de l’abandon des grands airs arrogants au profit d’une sérénité avenante. Les Poissons émoussent quelque peu votre mordant apparent et votre souci d’une extériorité flatteuse : vous aurez peut-être l’air candide, insignifiant, tout innocent, mais il ne fera pas toujours bon s’y fier…

Comment vous accordez-vous avec les autres Signes

Il est possible d’explorer vos affinités et vos incompatibilités d’humeur avec les autres en partant des caractéristiques de votre signe solaire.

Ce signe exerce en effet une action particulièrement puissante sur vos goûts et sur vos buts dans la vie.

Dans le tableau qui suit, vous découvrirez sous la forme de plusieurs mots-clé la manière dont chaque signe zodiacal perçoit les onze autres signes, en termes d’accord, de conflit ou d’indifférence.

Votre personnalité est certes plus vaste que votre seul signe solaire, c’est pourquoi, pour en explorer un autre aspect, vous pouvez utiliser le même tableau mais en partant cette fois de votre signe Ascendant.

Votre Ascendant influence en effet directement votre comportement social spontané. Si cette deuxième exploration recoupe la première, vous possédez une personnalité dont les affinités et les antipathies sont nettement tranchées ; si, par contre, les deux résultats sont différents, votre capacité de contacts constructifs est très large.

Les Astromariages de la Femme Lion

Femme Lion et homme Bélier

Une Lionne ne passe jamais inaperçue : charme, élégance, autorité… Le cher Bélier, toujours prêt à se précipiter cornes baissées dans tout ce qui brille, prend feu immédiatement et passe à l’attaque. Hardi, petit. Et le voilà, tout feu tout flammes, faisant le siège de cette citadelle étoilée… On ne s’ennuie jamais avec ce couple gai, ouvert, actif. Le train-train, la grisaille, la soupe aux herbes, ce n’est pas leur genre. Mais le Bélier s’apercevra très vite que la Lionne est une patronne. Quelques coups de griffe le tiendront en respect… Comme ils adorent commander tous les deux, et que personne ne veut céder, ça risque de flamber… Le Bélier finira pas baisser les cornes ; elle est beaucoup plus forte que lui ; surtout elle mijote ses coups en catimini, et le pauvre garçon, naïf, se fera avoir jusqu’à la racine du poil !

Le Bélier sera particulièrement séduit par la Balance, laquelle cache son énergie sous une grande douceur apparente. Avec celle-là, il peut être heureux, elle le fera marcher en grande douceur et petite vitesse, sans qu’il s’en doute le moins du monde !

Femme Lion et homme Taureau

C’est un couple que l’on rencontre rarement sur le marché : ils n’ont pas grand-chose à se dire ! Le Taureau, brave bête, amoureux de sa prairie normande, cède rarement au vertige de l’exotisme africain. Si, d’aventure, les savanes brûlées du Lion lui tournent les cornes, il comprendra bien vite qu’il s’y est égaré. Le safari, très peu pour lui…

La Lionne essaie de le faire marcher, sport qu’elle pratique avec brio depuis sa plus tendre enfance. Malheureusement pour elle, le Taureau, signe fixe, les quatre pattes sur l’élément Terre, n’est pas facile à remuer. Les artifices de la Lionne n’éblouissent guère cet animal épris d’authenticité. Elle aime le faste, et lui, au contraire, déteste qu’on jette l’argent par les fenêtres pour épater le voisin…

Et puis, elle ne répond que rarement aux ardeurs amoureuses du Taureau : elle est trop cérébrale pour cette bonne bête chaude ! L’incompréhension réciproque entre deux signes fixes rendra leur union malheureuse : aucun des deux n’a la souplesse nécessaire pour s’adapter à l’autre. Laissez tomber !

Femme Lion et homme Gémeaux

En principe, le Feu et l’Air s’entendent bien, les deux Soleils étant ici en sextile (à 60°), et tout devrait aller pour le mieux. Pourtant, trop souvent, Mercure des Gémeaux ne fait pas le poids devant l’éclat écrasant du Soleil léonien.

Bien entendu, la Lionne, énergique et entreprenante, s’efforcera de coincer les deux jumeaux pour les obliger à marcher droit : travailler, gagner de l’argent, faire des affaires, bref, rentrer dans le système… Le but étant de lui offrir, à elle, le somptueux train de vie dont elle ne pourrait se passer. Et sans être aussi méchant, on peut dire que la Lionne n’apprécie pas tellement la bohème des Gémeaux, leur non-conformisme…

Mais si nos jumeaux souhaitent être fermement pris en main, surtout quand ils sont jeunes, cela ne saurait durer éternellement. Comme tous les signes d’air, leur fantaisie se nourrit de liberté… A vouloir enfermer le vent dans une boîte, on l’anéantit, on stérilise sa créativité… Attention, Lionne ! Votre poigne trop dure risque de détruire les deux brillants petits Gémeaux dont le charme vous amusait tant : vos exigences risquent de bloquer leur vivacité, leur génie inventif, leur vitalité à mille facettes. Le Gémeaux qu’on veut coincer réagit très mal : par la violence, par la dépression… ou encore par la fuite. Laissez-les vivre…

Femme Lion et homme Cancer

Pourquoi ces deux-là se marient-ils si souvent alors qu’ils n’ont rien de commun entre eux ? C’est peut-être en vertu du vieux principe chinois qui veut qu’on marie une grande mince avec un petit pot à tabac, un tendron avec un barbon, un intellectuel avec une cuisinière, etc… Systématiquement les contraires !

Le feu n’a pas de langage commun avec l’eau, surtout avec cette eau cancérienne si passive. Le Soleil et la Lune ne règnent pas sur la même partie de la journée, ils n’ont pas la même sensibilité. La Lionne, rapide, pratique, active, extravertie, s’agacera des zones d’ombre qu’abrite, en contrebande, le Cancer. Il lui échappe… elle n’est pas invitée au festival intérieur de rêveries qu’il s’offre en permanence, abrité sous sa carapace… Lui, le malheureux, espérait que cette éblouissante lumière, cette énergie solaire, le tirerait de son marécage intérieur. Nous avons remarqué à quel point le Cancer est fasciné par les Martiens : il se précipite vers les Béliers, les Scorpions, les Capricornes… Mars est exalté en Lion, certes, d’où l’attrait que ressent le Cancer pour la superbe Lionne. Mais là, il s’est trompé d’adresse. S’il a besoin d’une énergie extérieure pour l’aider à mûrir son oeuf, à sortir de sa coquille, peu de Lionnes y parviendront. Beaucoup se lasseront en cours de route, rebutées par la passivité du crabe. C’est qu’il n’est pas facile à manier, notre tourteau : attaché à ses habitudes, très peu mobile, secret, et avec ça, plus indépendant qu’on ne le croirait…

Nous avons rencontré bien des couples Lionne-Crabe la plupart marchent de travers ! Leurs relations deviennent souvent sado-masochistes, au point de les conduire au divorce… ou bien le Cancer se compense discrètement par quelque liaison. (Impardonnable crime de lèse-Lionne !). Les couples qui survivent, malgré tout, sont ceux qui bénéficient d’Ascendants « correctifs » : par exemple, LionneBalance et CancerBélier, ou LionneScorpionne et CancerPoissons

Femme Lion et homme Lion

C’est possible… A Soleil égal, c’est elle la plus forte ! Elle l’encouragera à réussir en affaires, à conquérir le monde. Elle recevra pour son mari, l’entourera d’un cadre brillant et flatteur, qu’il apprécie au plus haut point puisque cela le met en vedette : les Lions aiment le faste !

Cependant, si le Lion est en chômage, s’il rate lamentablement son coup, et s’il ne peut lui offrir les rivières de diamants qu’elle estime mériter, elle l’enverra paître dans une réserve puis s’arrangera pour se trouver un brillant mécène. La vache enragée est fatale aux amours des Lions

Femme Lion et homme Vierge

Aïe… La seule possibilité de réussite dans cette combinaison est la suivante : le Monsieur Vierge doit être un barbon et la demoiselle un tendron : il faut au moins vingt ans de différence… Dans ce cas, la vivacité d’une Lolita amuse au plus haut point le Monsieur Vierge qui en a vu d’autres, se laisse gentiment taquiner et mener en bateau – mais pas plus qu’il n’est nécessaire. Le feu du Lion ragaillardit sa maturité, et tout le monde est enchanté.

Dans l’autre sens, c’est la catastrophe garantie : la Lionne est, en amour, extraordinairement précoce. Tandis que le jeune homme Vierge, le malheureux, garde sa virginité et ses illusions plus longtemps que de raison. C’est tellement facile de le faire marcher que la Lionne en abuse.

Elle qui n’apprécie que les rapports de force, comment estimerait-elle à leur juste valeur la délicatesse, la tendresse et l’amitié du pauvre jeune homme Vierge ?

Femme Lion et homme Balance

Là encore, très facile, trop facile, pour notre experte amie Lionne, de manipuler le pauvre Balance, assoiffé de voluptés… Elle règne sur lui sans aucune difficulté. Elle n’a pas les mêmes exigences physiques que lui, elle s’offre ou se refuse selon ce qu’elle a envie de négocier, en gardant la tête froide… Plus cérébrale que sensuelle, elle s’adapte aussi à ses exigences physiques, en gardant très bien le contrôle de leurs relations… Elle lui apporte ce qu’il demande : la beauté, l’élégance, le luxe, une maison ouverte à tant d’amis riches, artistes connus…

Elle peut fermer les yeux sur ses infidélités, lorqu’elle comprend que c’est plus fort que lui, et que c’est la façon dont il exprime son besoin d’indépendance. Elle s’en agace un peu, certes mais elle est si sûre de le tenir bien en main… L’association peut être particulièrement bonne dans le domaine artistique à condition qu’ils ne soient pas, tous les deux, en concurrence dans le même domaine. La Lionne se fera volontiers l’imprésario et la protectrice d’un artiste Balance de génie, qu’elle saura lancer.

Femme Lion et homme Scorpion

Deux redoutables signes fixes en quadrature : si, vraiment, vous voulez vous marier, faites étudier soigneusement vos deux thèmes par un astrologue très sérieux… Et écoutez ses avis !

Femme Lion et homme Sagittaire

Excellente association, aussi bonne que l’inverse (homme Lion et femme Sagittaire), ce qui n’est pas toujours le cas. Ici, les mêmes raisons de succès jouent dans les deux sens.

Femme Lion et homme Capricorne

L’exemple classique d’Onassis et de Jackie Kennedy donne à réfléchir… Le Capricorne, ambitieux et avide de pouvoir, s’élève parfois très haut dans la réussite sociale et professionnelle. Ce qui lui permet de se payer toutes les femmes qu’il veut, en particulier des Lionnes, attirées par son argent comme des papillons de nuit par les phares d’une Rolls-Royce… Le Capricorne prend la Lionne comme le plus beau fleuron de sa collection d’objets d’art : elle couronne sa réussite.

Cependant, peu à peu, il s’en lasse ; il se met à détester les manigances, les flatteries, le chantage, les intrigues de la Lionne, et surtout sa disposition à tout calculer. Car il aime le naturel, et la spontanéité du cœur (dont il manque tant lui-même). Même une Lionne gentille, pas trop intéressée, (cela existe) ne saurait lui apporter la chaleur et la tendresse dont il a besoin.

Femme Lion et homme Verseau

Très, très bon. Le Verseau lui-même, plus doué pour l’amitié que pour l’amour, est assez sec et cérébral. La Lionne le fait marcher, s’impose par ses flatteries, ses bouderies, ses prétentions. Ils ont, au fond, la même inaptitude sensuelle profonde, et les mêmes goûts de luxe… Grande sera, pour eux, l’importance de la vie sociale, des amis, des voyages, des réceptions… L’homme Verseau est une marionnette entre les mains expertes de la Lionne, mais puisqu’il est profondément heureux comme ça, laissons-les ensemble… (Et surtout, n’allez pas lui dire la vérité… D’ailleurs, il ne vous croirait pas.)

Femme Lion et homme Poissons

La noyade. Chers, très chers et très aimés petits Poissons, ne vous embarquez pas dans cette galère où vous mourrez de sécheresse, d’asphyxie… La lumière du Soleil vous brûlera jusqu’aux arêtes… Restez dans votre Gulf Stream, n’en sortez jamais pour vous confier à une Lionne d’Afrique : vous en mourrez !

Les Astromariages de l’Homme Lion

Homme Lion et femme Bélier

Sautez bien haut, jolie dame, sautez de joie, voilà votre homme ! Feu plus Feu, Soleil et Mars, c’est l’incendie, un grand feu de joie qui éclairera toute votre vie.

Le Lion sera stimulé par l’irrésistible dynamisme de cette biquette entreprenante, enthousiaste, passionnée, généreuse. Elle trouvera en lui la stabilité dont elle a besoin (car le Lion est un signe fixe). Elle ne cesse de l’asticoter, elle le taquine, elle le flatte, elle le provoque : et comme c’est, en amour, une très grande actrice, il est enchanté ! Tant de démonstrations l’amusent et confortent son amour-propre. Ils se ressemblent, vivent sur le même mode de sensibilité extravertie et chaleureuse. Un même besoin intense d’activité les pousse à se dépenser à la fois physiquement et affectivement, à entreprendre, à créer, à monter sans cesse de nouvelles affaires…

Ils adorent les enfants tous les deux ; ils aiment les fêtes brillantes et les amis, ils sont sportifs, ils sont dans le vent…

Pourtant, attention aux coups de corne, chère Biquette… Votre Lion est susceptible, et son ego assez développé ne supporte ni la rébellion ouverte, ni la concurrence : ne vous amusez pas à le rendre jaloux. Vous aimez la bagarre plus que lui : ne provoquez pas trop souvent ses colères ravageuses…

Homme Lion et femme Taureau

A déconseiller absolument. Le Lion croit naïvement que toutes les femmes s’achètent : qu’il suffit d’y mettre le prix…

Peut-être, s’il est très riche, se laissera-t-elle intéresser. Mais cette grande sentimentale a un cœur… Que le Lion n’a pas les moyens de conquérir. Toujours un peu phallocrate, il pense qu’en la couvrant de bijoux et de fourrures, elle sera contente et l’aimera…

Or, la femme Taureau, signe de Terre, ne confond pas le cœur et les visons blancs : elle est contente, certes, qu’on déroule à ses pieds un tapis d’orchidées… Mais elle aimerait qu’on soit tendre, qu’on lui consacre du temps, qu’on lui parle, qu’on la caresse longuement, bref, qu’on la traite comme un être humain plutôt que comme un objet de luxe. Lente à s’émouvoir, comme les signes de Terre, profondément sensible et romantique, le Feu du Lion la déçoit : trop sec, trop cérébral, pas assez sensuel, il brûle l’humidité de la Terre. Vraiment non, n’insistez pas !

Homme Lion et femme Gémeaux

Vive, enjouée, folâtre, un vrai petit lutin, cette Gémeaux… Elle gardera toute la vie une allure d’adolescente. Sa démarche sautillante, ses réparties vives séduisent le Lion qui n’a pas cette légèreté. Lui qui adore le théâtre, le voilà servi ! Les Gémeaux sont des prestidigitateurs de premier ordre : adroits comme des singes, ils savent tout faire, ils vous sortent en un clin d’œil un lapin d’un chapeau de roues et une citronnade d’une pomme d’escalier…

Là, le Lion est bluffé : il en redemande… Les rois s’ennuient, ils ont toujours eu besoin de baladins pour les distraire, et la petite Gémeaux, fine mouche, a vite compris comment on séduit le Roi des Savanes…

Elle a l’échine souple : elle ne se laissera, pas écraser sous la grosse patte du fauve ; elle le contourne, joue à cache-crinière avec lui, et finalement, n’en fait qu’à sa tête, avec un tel brio que le Lion, sidéré, laisse faire… En flattant sa barbiche, on peut tout obtenir

Homme Lion et femme Cancer

Pas fameux… Et pourtant, nombreux sont les couples qui s’embarquent à vie dans cette combinaison…

Le Soleil uni à la Lune, le Jour à La Nuit, l’Eau au Feu : ce devrait être la combinaison idéale, l’accord parfait du Yin et du Yang, de la lumière et de l’ombre…

Eh bien, non, détrompez-vous : en pratique, les résultats ne sont pas brillants. L’entente physique n’est pas bonne ; Le Lion avait cru que cette tendre et douce écrevisse était une grande sensuelle. Le plus souvent, il n’en est rien : elle a le plus grand mal à s’exprimer physiquement. Et si elle se libère de ses inhibitions, ce ne sera pas grâce au Lion… On pourrait croire qu’une certaine frigidité cancérienne dégèlerait sous l’effet de la chaleur solaire… Ce n’est pas vrai la plupart du temps. Le Lion a trop d’angoisse sur sa propre virilité (une minute de défaillance est un drame pour son amour-propre). Aussi compense-t-il cette angoisse par des démonstrations extérieures d’autorité et de prestiges… Mais incapable de comprendre les abîmes secrets des signes d’eau, il ne peut rassurer la pauvre étrille. Celle-ci ne fera totalement confiance qu’à un autre signe d’eau (ou à un signe de Terre), dont la nature profonde ressemble à la sienne. Ici, le feu pulvérise l’eau, qui se venge en l’éteignant ! Les animaux marins craignent au plus haut point les ardeurs de l’été, et se dessèchent lorsqu’on les expose au Soleil à marée basse. C’est vraiment un couple très, très difficile à bien mener…

Homme Lion et femme Lion

C’est possible… A Soleil égal, c’est elle la plus forte ! Elle l’encouragera à réussir en affaires, à conquérir le monde. Elle recevra pour son mari, l’entourera d’un cadre brillant et flatteur, qu’il apprécie au plus haut point puisque cela le met en vedette : les Lions aiment le faste !

Cependant, si le Lion est en chômage, s’il rate lamentablement son coup, et s’il ne peut lui offrir les rivières de diamants qu’elle estime mériter, elle l’enverra paître dans une réserve puis s’arrangera pour se trouver un brillant mécène. La vache enragée est fatale aux amours des Lions

Homme Lion et femme Vierge

Jeune personne tout à fait convenable, la Vierge ne rêve que de se dévouer.

Voyez comme ça tombe bien : le Lion cherchait justement une admiratrice, une collaboratrice compétente, discrète et fidèle, un « faire-valoir » qui lui répète tous les jours combien il est admirable… combien il est admirable…

Ce n’est pas la Vierge qui irait se moquer de lui ou contester son autorité… Bien au contraire, elle lui lissera le poil dans le sens qu’il faut, et aussi longtemps qu’il le voudra…

Mais la Vierge, signe double, est plus subtile que ne l’imagine le Lion : fine mouche, très possessive et très jalouse, elle s’ingéniera à l’enserrer dans les filets de son dévouement quotidien. Peu à peu, au fil des années, le Roi des Afriques se retrouvera complètement ligoté, ficelé, coincé par cette bourgeoise personne qui sait si bien le rassurer. Et comme il est lui-même un signe fixe, aucunement souple, ni volatile, il sera si bien pris au piège, cette grosse bête, qu’on finira par se demander qui est l’esclave et qui est le dompteur… Ne le grosse bête, qu’on finira par se demander qui est l’esclave et qui est le dompteur… Ne le plaignez pas, c’est bien fait pour lui !

Homme Lion et femme Balance

Il se méprend complètement sur la nature aérienne de la Balance… Aimable, sociable, conciliante, le Lion voit en elle la femme idéale (quelque chose du genre : « sois belle et tais-toi »). Mais la Balance n’est soumise qu’en apparence : sa désinvolture provoque le Lion, le séduit, l’inquiète. Il a bien raison d’être inquiet ! Il cherche à assurer son pouvoir en couvrant notre Balance de diamants, de cadeaux et de bons restaurants… Elle accepte en souriant. Mais alors qu’il touchait presque le but, la voilà qui dit non. Il ne comprend pas, lui. Expliquez-lui que le rythme de la Balance, c’est un pas en arrière, deux en avant, trois en arrière… Et on recommence. Elle est capable de le ridiculiser devant toute la galerie, de lui renvoyer ses bijoux à la tête, de se moquer de lui… Car elle aime avant tout son indépendance, et son indépendance de jugement, aussi, fort critique, très peu tolérante, elle roi des animaux n’est jamais qu’une grosse bête un peu simpliste… Malheureusement, trop occupé de lui-même, méprisant, au fond, les femmes, incapable d’accepter leur différence, il ne se donne pas la peine de comprendre les subtilités de sa partenaire. Elle lui rendra mépris pour mépris, et pour que ça marche, entre eux, il faudrait que le Lion soit croisé d’autres bestioles…

Homme Lion et femme Scorpion

Dramatique. Oui, un désastre. (Bien entendu, entre un vrai Lion et une vraie Scorpionne). Cette combinaison n’est viable qu’avec un Lion Ascendant Poissons et une Scorpionne Ascendant Balance ou Verseau… Autrement dit un Lion d’eau et une Scorpionne d’air, par exemple.

Sinon, impossible. Le Lion, le malheureux, est tombé sur une femme qu’il ne réussit pas à épater, qui est trop perspicace et trop intelligente pour lui, et qui refuse de le flatter bêtement… Impossible de la manoeuvrer, de l’acheter, de la dominer, de la manipuler, de la tenir à sa merci, en un mot. Qu’il se sauve, c’est vraiment ce qu’il y a de mieux à faire !

Homme Lion et femme Sagittaire

Très heureuse association d’un grand prédateur et d’une superbe chasseresse devant l’Eternel… On peut détester la chasse, mais ces deux-là sont faits pour sonner l’hallali ensemble ! Ils feront des affaires à l’étranger, ils gagneront des fortunes qu’ils risqueront entièrement, avec un bel optimiste, dans de nouvelles affaires… Une chance insolente amènera la fortune à leurs pattes ! Redoutable et efficace association… Pourquoi diable les Lions vont-ils courir les signes d’eau, impossible Cancer et Scorpion insoumis, alors qu’il existe des Sagittaire faites exprès pour eux ? Dites-le leur, ils n’ont pas l’air de le savoir… Homme Lion et femme Capricorne

A ne pas encourager… L’ambition politique peut les réunir un moment, mais ils sont bien trop orgueilleux tous les deux pour qu’on les attèle ensemble ! le Lion réussit mal auprès des signes de Terre, qu’il essaie d’éblouir avec ses feux d’artifice. Mais il ne s’attire que leur mépris. (Et le mépris capricornien, c’est quelque chose…). Comme ils tirent chacun à soi la couverture, il est normal qu’elle se déchire un jour par le milieu… A moins que les Ascendants ou les signes lunaires n’y mettent un peu d’élasticité : LionVierge, par exemple, et CapricornePoissons

Homme Lion et femme Verseau

La voilà, l’âme sœur, la jumelle idéale et complémentaire que cherchait désespérément notre pauvre Lion ! Opposés, mais aussi unis sur le même axe zodiacal, ils se ressemblent et sont faits pour s’entendre ! Si le Lion cherchait une ombre pour faire valoir sa lumière, ce n’était pas le CancerLune, c’était le VerseauSaturne, signe nocturne, qui lui était destiné… Qu’on se le dise !

Homme Lion et femme Poissons

A conseiller plutôt avec un Lion de mer, c’est-à-dire très humidifié par un signe d’eau à l’Ascendant… La petite sirène rêvait d’un Prince charmant, beau, riche, brillant : le voilà ! Elle l’enserre dans ses filets d’eau, et l’attire dans ses cavernes marines : il est cuit, le pauvre Lion ! Mais il est si heureux d’être adoré qu’il devient tendre et chevaleresque, protégeant sa sirène contre les monstres marins qui hantent ses nuits… Attention, la sirène est jalouse : elle ne tolérera pas la moindre infidélité !

Combinaison du Signe avec les Ascendants

Pour ce qui est de l’interprétation du couple signe solaire – signe Ascendant, il me paraît dommage de se contenter d’un vague mixage des qualités et des défauts des deux signes en présence. Dommage, aussi, de réserver les tendances du signe solaire à la vie publique et celles du signe Ascendant à la vie privée : il ne manque pas d’exemples illustres infirmant nettement cette hypothèse de travail. Si l’on s’en réfère aux définitions astronomiques des deux signes, il semble plus logique de considérer le signe Ascendant comme un facteur d’individualisation progressive. C’est par l’expérience acquise en vivant les fonctions du signe solaire que le natif acquiert peu à peu la conscience des fonctions de son signe Ascendant ; qu’il s’efforce de les vivre de la façon la plus adaptée à son cas personnel et à sa situation particulière. Quand on dispose d’une bonne définition des signes en termes fonctionnels, on analyse naturellement la dynamique de l’évolution d’un signe à l’autre avec plus de précision. C’est ce que je vais tâcher de faire dans les pages suivantes. En transposant un peu, des portraits peuvent également s’appliquer sans mal à la description du genre de relations qu’un Lion très typé peut espérer nouer avec des natifs d’autres signes. Je vous laisse le soin de faire travailler vous-même vos facultés déductives.

Lion Ascendant Bélier

Devant cette association de deux signes de Feu, les manuels classiques n’ont pas assez d’exclamations superlatives pour vanter votre énergie, votre combativité et votre audace.

Vous êtes décrit comme un entraîneur enthousiaste, un lutteur passionné et l’on évoque complaisamment les idéaux en principe généreux qui vous incitent à l’action brusque et turbulente, aux coups d’éclat plus ou moins héroïques, aux exploits un peu fous. On vous reconnaît, aussi, une franchise sans calcul, une indépendance forcenée et une autorité tranchante qui ne s’embarrasse pas de finasseries.

Un peu moins poétiquement, l’astrologie moderne vous dira que vous êtes marqué, en priorité, par des processus d’excitation qui vous poussent à réagir activement au monde extérieur sur un mode d’affrontement résolu et de percutante affirmation de soi. Cette force d’excitation sera des plus patentes si votre thème est dominé par Soleil, Jupiter, Mars et Uranus, de préférence en aspects harmoniques réciproques. Vous ne vous endormirez guère sur vos lauriers, vous ne vous figerez pas aisément dans un rôle de pontife bien assis sur son trône. L’expérience vous a appris les dangers de l’encroûtement et de la routine. Pour maintenir à l’état neuf ses capacités d’affirmation, rien ne vaut l’action-éclair, l’initiative audacieuse et improvisée. Vous êtes le champion toujours prêt à remettre son titre en jeu ; mais, comme vous n’avez pas craint l’affrontement immédiat avec tous ses aléas, vous sortez de chaque victoire, renforcé et raffermi, plus sûr encore de votre indiscutable supériorité. Si le Soleil, Jupiter, Mars et Uranus forment, entre eux, des dissonances majeures, les processus de base sont analogues, mais vous avez plus de mal à en tirer profit. Vous risquez de gâcher une flatteuse réputation par des actions irréfléchies et inopportunes. Vos lubies soudaines, vos fracas malencontreux, tout cela risque, à la longue, de saper votre prestige et votre autorité. Les avantages acquis à force de travail enthousiaste et opiniâtre menacent de se réduire en fumée. Mais vous êtes un optimiste indécrottable, et vous repartez bien vite vers de nouvelles aventures, comme disent les héros de vos bandes dessinées favorites.

Vous savez adopter une ligne de conduite claire et non équivoque, l’un de vos atouts majeurs est votre faculté d’éliminer les affres du doute et de la tergiversation inquiète au moment d’agir. Avec vous, on ne risque pas de se morfondre dans les longues ruminations stériles. Le revers de la médaille, ce sont les simplifications abusives, les prises de position violemment partiales, et d’autres jugements aussi hâtifs que catégoriques. Vous qui êtes si sensible aux thèmes d’indépendance et de liberté, vous risquez de vouloir asséner aux autres vos solutions-miracles avec une paradoxale et virulente intolérance. Si, dans votre ciel, dominent des dissonances de Lune, Neptune, Saturne ou Pluton, vous vivrez vos tendances sur un mode plus intériorisé : théories d’autant plus audacieuses et radicales qu’elles ne risquent guère d’avoir à affronter l’épreuve de la mise en pratique, oeuvres violentes pleines de panache, de bruit et de fureur, qui n’égratignent que la toile et le papier ou ne risquent d’écorcher que les oreilles délicates.

Lion Ascendant Taureau

Deux signes fixes, deux signes forts, deux animaux imposants… Il n’en faut pas plus pour que la tradition vous attribue un caractère entier. Extrêmement têtu, opiniâtre, sujet aux passions profondes et durables. Vos instincts sont puissants, vos convictions inébranlables. Vous êtes doté, en principe, d’une volonté de fer et d’une ambition à toute épreuve, mais aussi, assez souvent, d’une bonne dose de susceptibilité et d’égoïsme. Si, dans votre thème, la prépondérance des deux signes s’assortit d’une nette dominance d’Uranus, de Jupiter et de Saturne, vous avez de fortes chances de vous reconnaître sans ambiguïté dans ce portrait traditionnel. Il convient cependant d’être plus analytique.

En vérité, même si les deux signes se rejoignent effectivement par leur côté systématique, jusqu’au-boutiste et obsessionnel, leur dynamique de base est bien différente, pour ne pas dire opposée. Le Lion entend atteindre ses buts en s’ouvrant au monde, en s’extériorisant, en s’affrontant activement à tout ce qui gêne sa progression. Le Taureau préfère réaliser ses ambitions en se fermant aux remous et tourbillons de la vie sociale, en opposant sa force d’inertie à tout ce qui menace sa tranquillité foncière et l’empêche de mener à bien son programme. Loin des agitations futiles et de la course au vedettariat, il préfère cultiver son jardin, s’enraciner, jouir pleinement d’une vie simple et saine en bûchant avec application ses centres d’intérêt de prédilection. On conçoit que vous puissiez ressentir de pénibles tiraillements entre votre goût du spectaculaire et vos aspirations au calme et au confort, entre vos ambitions plus ou moins mondaines et vos besoins instinctifs, entre les impératifs d’une ascension sociale active et la nécessité non moins pressante de souffler un peu. A supposer que vous parveniez à coordonner vos tendances au fil des ans, vous tendrez à mettre votre force d’affirmation, votre esprit d’entreprise et vos ambitions sociales au service de vos aises, de votre bien-être élémentaire, d’une vie paisible à l’abri du besoin. A quoi bon, pensez-vous, acquérir puissance et renommée si c’est pour y perdre la santé ?

Vous vous défiez de toute audace qui ne déboucherait pas sur des avantages en nature. Vous ne vous démènerez et vous ne remuerez ciel et terre que si vous pressentez du solide, du palpable et du concret au bout de vos efforts tenaces. Vous déserterez les chemins de la gloire qui ne mènent pas à la maison de campagne. Et, pour arriver à vos fins, vous savez mieux que personne enrober votre détermination massive d’une diplomatie de salon qui n’exclut pas une astuce de commerçant avisé.

L’une de vos faiblesses majeures – car vous en avez, malgré tout – c’est le risque de vous murer dans vos certitudes sommaires, d’en tirer prétexte pour vous enferrer dans la routine en refusant le renouvellement de vos conceptions. D’aucuns pourront trouver dommage que les colères et révoltes du Lion qui est en vous ne se mobilisent pour de plus hautes causes que la défense de vos intérêts de propriétaire. Il n’est pas exclu, cependant, qu’un Neptune particulièrement fort dans votre thème, ne vous permette de vivre vos tendances foncières sur un mode plus idéaliste, plus poétique, davantage axé sur la puissance obsédante des rêves, des fantasmes et des violents sursauts du cœur. C’est le cas, par exemple, de l’écrivain canadien Anne Hébert.

Lion Ascendant Gémeaux

Lion et Gémeaux, un félin et deux bambins, ça vous fait un sacré trio qui s’entend très bien : tous les astrologues – ou peu s’en faut – sont, pour une fois, d’accord là-dessus. Dans cette heureuse alliance, en effet, les deux signes s’épaulent et se rehaussent mutuellement. On vous dit à la fois fort et souple, ferme et mobile, persévérant et plein d’à-propos, volontaire et plein d’entregent. Le Lion se fait moins abrupt, le Gémeaux se fait moins futile. Une dominance harmonique des planètes Mercure, Mars, Jupiter et Soleil devrait faciliter la réalisation de ce beau programme. Voyons cependant les choses de plus près.

Il est plusieurs possibilités d’évolution de vos tendances. Sur le mode accompli, par exemple, vous pouvez, à mesure que vous mûrissez, refuser la spécialisation et l’étroitesse de vue. Pour vous, la véritable force doit être polyvalente, jouir d’une entière liberté de manoeuvre et ne pas craindre les contradictions possibles entre les façons dont elle s’exerce.

Il ne sert à rien, pensez-vous, de rompre les obstacles pour s’affirmer si vous devez vous retrouver, à chaque fois, dans une nouvelle cage. Vous serez donc tenté de diversifier vos moyens d’affirmation, ou de travaux, à partir d’une compétence indiscutable dans un domaine précis, matière à de multiples variations, pirouettes, facéties et jeux d’esprit. Mais que vous ayez plusieurs cordes à votre arc n’atténue pas pour autant la force et la détermination de chacune des flèches que vous décochez.

Une autre façon de vivre positivement vos tendances consiste à vous dégager, peu à peu, des oeillères d’un Moi trop imbu de son nombril ; à exorciser, par l’humour, votre désir foncier d’être le plus fort, le plus beau, le plus riche où le plus célèbre. Peut-être, aussi, vous montrerez-vous suprêment habile à masquer vos appétits ambitieux sous des dehors légers et primesautiers. Plus d’un adversaire, distrait par vos virevoltes aimables de papillon, ne s’apercevra que trop tard de la force de vos mâchoires. Sur un plan plus élevé, vous êtes, en principe, fort doué pour donner une diffusion maximale à vos idées fortes comme à vos sursauts d’indépendance. Vous saurez les répandre dans un vaste public, en montrer la valeur universelle par le biais de stylisations hardies, non exemptes d’esthétique.

Si Saturne, Lune, Neptune, Mercure ou Pluton dominent en dissonance votre thème, vous êtes plutôt un LionGémeaux du genre inadapté. La tendance à la dispersion des Gémeaux ne risque guère d’atténuer vos phobies léoniennes. Vous qui auriez besoin d’analyser en profondeur pour moins perdre votre sang-froid, commettre moins d’impairs, vous voilà irrésistiblement attiré, tel un papillon de nuit égaré chez un éclairagiste, par les mille sollicitations contradictoires du monde qui vous environne. Vous qui êtes soucieux de perfection, à la recherche d’un droit chemin et d’une claire devise sur votre fier drapeau ; vous vous culpabilisez de vos errements et incertitudes, qui ne font que croître, au fil du temps. La maîtrise d’une bonne technique de relaxation vous ferait certainement le plus grand bien.

Je suis plutôt content, pour finir, de pouvoir vous livrer trois exemples typiques de LionAscendant Gémeaux qui me semblent assez bien illustrer mes propos : le grimaçant Louis de Funès, le Jean-Christophe Averty qui en vaut deux, et le dessinateur Sempé, alerte croqueur à belle plume de nos dérisoires prétentions.

Lion Ascendant Cancer

Comme pour la combinaison précédente, les astrologues font chorus, mais cette fois pour souligner les profondes divergences des deux signes en cause. A entendre les plus catégoriques, vous portez en vous l’irréductible dualité du jour et de la nuit, du clair et du ténébreux, de la maturité et de l’infantilisme ; on va même jusqu’à dire – pour ceux qui sont un peu phallocrates sur les bords – la masculinité triomphante et la féminité soumise. En nuançant davantage, on peut effectivement admettre, en gros, que vous arborez un double visage : une face conquérante, spectaculaire, active, ambitieuse et mondaine côtoie une autre face toute de repli, de rêverie, de goût pour l’intimité douillette et les secrets émois du cœur. Cependant, ne citer, du Lion, que ses facultés adaptatives et ne retenir du Cancer que les faiblesses des types inadaptés, ne me semble pas très équitable : nous avons déjà fait connaissance avec les faiblesses du Lion, et il existe aussi des Cancers forts.

Si le Soleil, la Lune, Jupiter et Uranus dominent harmoniquement votre thème, vous avez des chances d’appartenir à cette dernière catégorie.

Réussissant alors votre évolution du Lion au Cancer, vos conquêtes et vos audaces, loin de vous inciter à faire cavalier seul, ne vous donneront que plus d’assurance pour consolider la cohésion du groupe auquel vous appartenez : que ce soit votre famille, une communauté quelconque, ou un clan cimenté par les mêmes intérêts. Vous userez de vos certitudes et de votre aplomb pour renforcer l’implantation dudit groupe, pour en perpétuer les traditions et lui épargner le déracinement. Vous le nourrirez de votre énergie rayonnante, n’ayant de cesse qu’il n’ait atteint sa pleine efficacité dans les limites de son champ d’action. Vous savez vous montrer, pour parvenir à vos fins, particulièrement tenace et persévérant, faisant preuve de hautes aptitudes d’organisateur ou de gestionnaire. Mais vous êtes tenté d’ériger vos maximes percutantes et vos arguments massues en règles morales et moralisatrices à l’usage des brebis dont vous estimez être le tout-puissant berger. Ce qui, à mon sens, est certainement l’un de vos travers les plus agaçants.

Pour le cas où vous rateriez plus ou moins votre évolution du Lion au Cancer, la liste des divergences fondamentales évoquées plus haut permet déjà de se faire une petite idée de vos avatars probables. Repentant retour au bercail après des frasques d’enfant prodigue : renoncement à une autonomie quasiment acquise, par peur, refus des responsabilités, ressenties comme écrasantes, repli dans le rêve et l’imaginaire, tentatives de passions totales et de liberté inconditionnelle se soldant par un refuge dans le romanesque platonique…

L’on n’en finirait pas, apparemment, d’égrener la litanie des piteux échecs qui vous menacent. Mais, vous rejeter, illico, dans la poubelle réservée aux minables, comme le ferait plus d’un astrologue bien-pensant, ce serait méconnaître les avantages féconds de l’inadaptation, en tant que remise en cause des valeurs en cours. Et vous, LionCancer inadapté, face à l’agressivité arriviste qu’il est de bon ton d’afficher en notre siècle de fer, vous êtes très bien placé pour dresser, comme un bouclier salutaire, la pacifique innocence du jardin d’Eden.

Lion Ascendant Lion

A l’entrée de mon recueil d’horoscopes, force m’est de constater que les célébrités LionAscendantLion se bousculent au portillon. De Claudel à Dumas père en passant par Bartholdi, de Noël-Noël à Goscinny en passant par Edgar Faure, sans même parler de Laurent le Magnifique, de Debussy et de quelques autres, la pléthore est à l’ordre du jour.

Choeur des lecteurs qui se laissent aller à leur tempérament triomphaliste habituel : c’est normal, on est les plus forts ! Surtout quand on est des Lions à la puissance deux ! Minute, petits Lions. Au risque de me faire traiter de faux frère par mes frères zodiacaux, je considère qu’une telle surabondance n’a rien à voir avec une éventuelle supériorité de leur signe, mais qu’elle découle, tout bonnement, statistique en main, de la montée en flèche du nombre de naissances au lever du jour, ce qui se vérifie pour n’importe quel signe. Ne supposez pas que la présence simultanée de l’Ascendant et du Soleil dans le Lion, multiplie automatiquement par deux la qualité des performances de l’animal: Il est plus juste de parler d’une meilleure continuité de comportement, chaque nouvelle expérience vous confortant dans vos orientations primitives et vos mobiles originels.

Ainsi, les sursauts successifs de votre force débloquante sont autant de paliers qui rehaussent votre confiance en vous-même et vous confirment vos hautes aptitudes pour la voie que vous vous êtes choisie. Plus encore qu’un autre Lion, vous avez horreur des impasses de l’échec. Vous vous efforcez de ne faire déboucher vos audaces que sur des situations qui vous laisseront le champ libre pour un nouveau bond en avant. De tels exploits, naturellement, sous-entendent une conscience aiguë de vous-même et une parfaite lucidité quant à vos dons et compétences. Cette perpétuelle reconduction de vos certitudes mobilise plus que jamais votre persévérance, votre obstination, votre ténacité. Vous vous sentez obligé d’être perpétuellement sur la brèche. Vous ne sauriez résister à la tentation de vous jeter dans la mêlée, dès qu’une compétition, pour peu qu’elle soit dans vos cordes, s’annonce à l’horizon. Le processus n’a pas que des avantages, en particulier pour les risques de surmenage et de tension qu’il implique. Vous prenez trop à cœur le maintien d’une réputation, lourde à soutenir sans faiblir. L’image déjà évoquée du Lion équilibriste vacillant tout en haut de sa pyramide d’exploits, sans cesse à deux doigts de la dégringolade, devrait vous faire réfléchir sur les dangers des forcings trop ambitieux. Si vous êtes un Lion plutôt inadapté du genre maladroit et gaffeur, vos déconvenues ne vous conduisent pas à pousser plus avant votre réflexion analytique. Elles vous maintiennent au contraire dans vos jugements sommaires et péremptoires. A une saine recherche d’explication cohérente, vous substituez, de plus en plus, une susceptibilité maladive constamment à l’affût des supposés saboteurs de votre gloire éclatante.

Lion Ascendant Vierge

Si l’on se réfère aux portraits classiques, voilà encore un couple passablement contrasté, proche parent du couple LionCancer. On sera tenté d’opposer ici les fanfaronnades à la modestie; la générosité sans calcul à la mesquinerie intéressée, l’aplomb phénoménal aux pudeurs outrées, le goût du grandiose fastueux à la simplicité de la violette, et le reste à l’avenant. Mais nous n’expliquerons pas ce caractère en le figeant dans ses contradictions. Essayons plutôt d’en saisir la dynamique interne, à savoir le passage d’un déblocage briseur de limites à un blocage étroitement auto-protecteur.

A première vue, et surtout si, dans votre ciel, dominent des dissonances majeures de Lune, Saturne, Neptune ou Pluton, ce n’est pas un passage très facile. Toutes vos entreprises audacieuses, en effet, tendent à se solder, chez vous, par une conscience aiguë de leur démesure et de leur caractère irraisonnable. Du moins les jugerez-vous démesurées et irraisonnables, eu égard à vos besoins minimes, et aux modestes capacités que vous avez tendance à vous attribuer. On comprend qu’à la longue, cela puisse émousser votre mordant, vous conduire au fatalisme résigné, vous *inciter aux replis craintifs devant les vastes horizons qui ne demanderaient qu’à s’ouvrir. L’amélioration de votre sens analytique ne se manifeste guère que par des coupures inquiètes de cheveux en quatre. Vos dissections vétilleuses ne sont qu’un prétexte à éviter l’affrontement d’un échec supposé inéluctable.

Autre avatar possible : la maladresse gaffeuse dont vous faites preuve dans vos rapports sociaux de Lion fragile peut vous conduire à limiter lesdits rapports au maximum. Vous vous réfugiez, peu à peu, dans une insociabilité bourrue, hérissant vos manies et vos particularismes comme autant d’écueils pour décourager l’accostage. Mais, du fond de votre retraite, peut-être serez-vous le premier à vous lamenter sur la solitude des grands hommes à qui l’on n’a pas donné leur chance.

Vous pouvez vivre votre inadaptation de façon un peu plus positive en usant d’un humour grinçant et d’une ironie désabusée pour dénoncer les m’as-tu-vu, les bluffeurs, les outrecuidants et les puissants de cette terre, sans qui tout serait tellement plus clair, plus vrai, plus simple. Vous avez plus fortement conscience que d’autres de l’inanité de leurs prétentions et de leur inaptitude foncière à rendre le quotidien plus habitable en modelant le cadre de vie à la mesure de l’être humain.

Si vous êtes d’un genre plus adapté, sans doute viserez-vous avant tout, par vos exploits et sursauts héroïques, à consolider un individualisme discret, tenace et orgueilleux. Toute initiative est bonne qui, au bout du compte, vous permet de vous suffire, d’affirmer votre autonomie sans vous encombrer, jusqu’au bout, de mondanités paradantes. Vous avez soin de ne vous colleter qu’à des tâches à votre mesure. Vous organisez, vous prévoyez, vous pesez soigneusement les risques. Vous rectifiez votre puissance instinctive en la passant par le fil d’une logique acérée qui sait faire la part entre les bravades futiles et les efforts utiles.

Comme on le voit, Soleil LionAscendant Vierge, ça peut donner aussi bien Tabarly que Louis XVI. Ça donne aussi des types dans mon genre. Mais, comme je suis modeste, je n’en dirai pas plus long.

Lion Ascendant Balance

De l’avis général des augures classiques, sur la route en pente douce qui mène du Lion à la Balance, tout glisse à merveille. La volonté de puissance met de l’eau dans son vin ; la griffe redoutable se gante de velours ; le rugissement impérieux se mue en dialogue roucoulant. Notre fauve se pare et se pomponne au goût du jour pour mieux gagner les faveurs des salons. Au risque d’altérer un peu la belle harmonie du tableau, une analyse plus fine et plus objective devrait nous permettre d’en retrouver les traits essentiels, mais en nuançant davantage nos appréciations élogieuses.

Du Lion à la Balance, nous passons de l’excitation débloquante à l’excitation associative. Permanence, par conséquent, de l’ouverture au monde et de l’attrait pour la vie extérieure. Mais, si l’expansion se fait au départ sur le mode de l’affirmation personnelle, de la brusque rupture audacieuse vis-à-vis des habitudes paralysantes de votre milieu, tout cela ne doit pas vous couper de la société ou faire obstacle à votre intégration. Vous serez ravi, au contraire, de pouvoir contribuer, par vos salutaires sursauts, à une plus grande souplesse des rapports humains, à une meilleure entente, au dénouement des conflits. Mais, en même temps, vous espérez bien bénéficier, par ricochet, d’un regain d’estime, d’une réputation de conciliateur magnanime qui rehausse votre propre image.

L’un des atouts majeurs que vous octroie la Balance, c’est la maîtrise de vos phobies secrètes, un affinement opportun de vos facultés d’analyse, de votre subtilité, de votre sens des discriminations savamment dosées. Flairant ce qui est dans le vent, prompt à saisir les plus minimes modifications dans l’équilibre des forces, vous avez l’art de choisir le bon moment pour vous mettre en avant. Et quand vous le faites, vous savez employer les mots qu’il faut et adopter l’attitude adéquate pour maintenir vos avantages ou persuader autrui du bien-fondé de ce que vous leur imposez. Rien d’étonnant, dans ces conditions, à ce que l’on puisse vous trouver aimable, avenant, poli et pondéré. A vous regarder d’un œil plus critique, on vous jugera peut-être comme un habile manipulateur, qui ne songe, en fin de compte, qu’à satisfaire ses ambitions, reniant sans vergogne ses risettes et ronds de jambe dès lors qu’ils ne servent plus ses desseins.

Si votre dominance planétaire vous porte à l’idéalisme contemplatif, vous serez davantage porté à renier vos racines léoniennes en prêchant la fraternité contre l’égoïsme, la compréhension d’autrui contre les certitudes arrogantes, la douceur et la justice contre l’arbitraire du fort, du bête et du méchant. Il se trouvera forcément des gens bien intentionnés pour vous taxer de songe-creux irréaliste et inefficace, de naïf un peu trop porté à sous-estimer les appétits de domination de ses semblables. Mais vous persisterez, envers et contre tous, dans vos rêves flambants de liberté généreuse.

Quelques célébrités LionBalance pour conclure : Michel Rocard, Bourvil, Minou Drouet… et le dessinateur Saint-Ogan, qui vous fait un petit signe d’amitié de la part d’Alfred le pingouin.

Lion Ascendant Scorpion

Le moins que l’on puisse dire, c’est que vous n’avez pas la réputation d’être particulièrement commode. Si vous êtes fidèle à vos deux signes, tels qu’ils sont habituellement décrits, vous faites effectivement preuve d’un sacré caractère : farouchement individualiste, extrêmement volontaire, entier, combatif, exclusif, passionné, jaloux et susceptible… Par-dessus le marché, la tradition astrologique vous gratifie d’une autorité magnétique irrésistible. Vos animaux-symboles, certes, ont de quoi impressionner tous ceux qui ne demandent qu’à l’être. Vous ne vous privez guère d’user et d’abuser des diverses façons d’en imposer aux autres. Mais ne nous en laissons pas conter…

Un peu comme dans le cas du LionAscendant Taureau, vous réunissez, dans votre formule, deux signes obsessionnels, systématiques et inflexibles, dont les moyens respectifs d’affirmation ne se ressemblent guère. Vous êtes, en conséquence, porté à des comportements contrastés, dont vous pouvez plus ou moins bien maîtriser l’alternance.

Une forte dominance harmonique de Soleil, Jupiter, Uranus et Mars devrait vous permettre de jouer sur le double tableau LionScorpion au mieux de vos intérêts. Vous saurez, dans ce cas, user tour à tour de la vertu des proclamations spectaculaires, des actions fracassantes, puis de celle des cabales, intrigues, pièges plus ou moins sournois et lents travaux de sape. Vous serez simultanément habile aux manoeuvres souterraines et à la bataille au grand jour. Le Scorpion apporte au Lion ce qui lui manque souvent : la finesse, la ruse, la subtilité, l’art de jouer au chat et à la souris, de tirer les ficelles des empoignades les plus confuses, de frapper juste et net au point capital, au moment crucial. Vous savez affiner vos initiatives ambitieuses, parfaire leur efficacité par une meilleure analyse ou par une maîtrise consommée de la propagande insinuante. Vous serez peut-être tenté de consacrer votre énergie débordante au renforcement d’un clan étroit ou de quelque subversion secrète ; ou bien, de spécialiser vos audaces dans des domaines considérés comme tabous, choquants, ou, tout au moins, dérangeants pour le confort intellectuel de vos semblables. Même dans ces cas-là, vous comptez bien recueillir en retour une hausse de prestige et remonter dans votre propre estime.

Lorsqu’une mauvaise coordination entre vos deux signes apparaît, la claironnante prise à rebrousse poil des usages vous vaudra plus sûrement la réprobation publique que les lauriers attendus. Vous vous exposez ainsi à vous aliéner les purs et durs de votre camp, qui ne manqueront pas de vous reprocher le côté un peu théâtral de vos révoltes. Vous risquez, enfin, d’empêtrer vos fougueux élans dans l’inextricable réseau de vos propres machinations, de vous retrouver prisonnier de la Bastille que vous comptiez démolir. Sans doute serez-vous tenté de vous imaginer grandi et renforcé par les persécutions dont vous vous croyez l’objet. Or, si vous retiriez de vos expériences le sens critique qui vous manque peut-être en partie, vous seriez redoutable pour démasquer les hypocrisies des puissants.

Quelques illustres, illustrant bien votre cas : Napoléon I », Mussolini, Gilbert Trigano, et l’éditrice Régine Deforges.

Lion Ascendant Sagittaire

Devant un tel duo de signes de Feu, la Tradition, bien évidemment, ne peut manquer d’exalter votre ardeur, votre enthousiasme, votre esprit aventureux, votre énergie généreusement déployée. On vous reproche, parfois, d’être un peu envahissant dans vos exubérances ; mais l’on vous dit, aussi, bon compagnon, honnête, loyal, courageux et compatissant, le tout pimenté de la noblesse chevaleresque, seyant à un Lion mâtiné de Centaure. En somme, à en croire vos augures, au hit-parade du parfait héros de bonne compagnie, vous avez de fortes chances de bien vous placer sur le podium.

Une dominante harmonique de Soleil, Uranus, Mars et Jupiter, planètes d’affirmation active, ne peut qu’accentuer votre ressemblance avec ce portrait flatteur. Un portrait que tous les conformistes pleinement adaptés ne manqueront sans doute pas d’apprécier, mais qui montre bien vite sa relativité et ses insuffisances. D’une manière plus abstraite, on peut dire qu’en évoluant du Lion au Sagittaire, votre volonté de puissance tend à élargir au maximum son champ d’action, à diversifier le plus possible ses points d’impact. Non pas, à la manière des Gémeaux, en dilettante papillonnant et superficiel, mais en reliant constamment entre elles vos nouvelles conquêtes, qu’elles soient d’ordre matériel ou intellectuel, d’ordre humain ou affectif. Vous ne vous contentez plus de briser les clôtures pour vous ébattre comme un cabri ; vous explorez à fond la campagne environnante et vous liez connaissance avec tous les habitants. Vous vous mouvez dans un réseau d’expériences variées, d’accointances multiformes, de connaissances éclectiques, tissant, dans leur ensemble, la parfaite image du système de pensée de votre époque, le fidèle reflet des coutumes dominantes de votre milieu. Vous n’êtes plus un fauve sauvage, mais un animal civilisé. Toujours dynamique, autoritaire et impulsif ; mais vous savez y mettre les formes, vous plier aux modes, vous conformer aux lois. Vous mobilisez vos énergies surabondantes pour défendre, en preux baladin, les valeurs et les idéaux de votre temps. Votre punch peut faire merveille quand il s’agit d’organiser, de fédérer, de coordonner, de faciliter les échanges et les rapprochements à l’échelle la plus vaste possible. Vous savez surmonter tous les obstacles.

En cas de dissonances ou de dominantes planétaires contraires, vous risquez plusieurs écueils : ainsi, en brassant trop d’affaires, vous diluez vos forces dans mille projets qui se mêlent, s’entremêlent et se contrarient mutuellement. D’aucuns pourront vous soupçonner de philanthropie intéressée, vos bons offices et vos louables initiatives n’étant destinés qu’à rehausser votre prestige personnel. Si vous êtes d’une trempe contestataire, prenez garde, plus qu’un autre, au risque de récupération de vos audaces par les bien-pensants.

Défiez-vous, enfin, de vos tendances à la mythomanie et à la folie des grandeurs, ainsi que des accidents stupides qui brisent net l’élan des risque-tout trop confiants en leur étoile. Parmi les LionSagittaire assez représentatifs pour avoir accédé à la notoriété, je me permets de vous annoncer : Maurice Barrès, John Rockefeller et Coco Chanel.

Lion Ascendant Capricorne

L’alliance d’un Lion bourru et d’une Chèvre revêche incitant beaucoup moins aux envolées lyriques, les manuels ne font pas de vous un portrait aussi chatoyant que celui du LionSagittaire. Vous ne passez pas spécialement pour aimable, mondain et primesautier. On aurait plutôt tendance à vous reprocher votre sérieux, votre froideur impérieuse. Votre mépris hautain pour ceux qui traversent la vie en flânant, sans se fixer de buts et sans vouloir lutter. La quasi-unanimité des astrologues se fait à votre endroit : l’on s’accorde à vous reconnaître une extrême ténacité, une volonté de fer, un esprit réfléchi et planificateur ; enfin, et surtout, une ambition effrénée, superposant les froids calculs aux ardents combats.

Votre conformité avec ces images d’Epinal est, comme d’habitude, fortement subordonnée à vos dominantes. Dans le cas présent, une prépondérance harmonique de Saturne et du célèbre quatuor SoleilJupiterUranusMars devrait favoriser une coopération optimale de vos deux signes. La valeur de l’expérience, pour vous, n’est pas un vain mot.

Plus le temps passe, et plus vous savez juger et jauger la portée réelle de vos succès, vous détacher des emballements et griseries du triomphe, parcourir de haut en bas et de bas en haut, d’un regard froid, le monumental escalier qui mène au sommet de la pyramide. Le Lion vous permet de surmonter avec panache les difficultés de l’ascension, de vous hisser toujours plus haut de marche en marche. Le Capricorne vous aide à éliminer les futilités qui risqueraient de vous détourner de votre but ou de vous faire faire une chute malencontreuse : il vous rend sourd au chant troublant des sirènes, il vous rend aveugle à la fleur tentatrice qui pousse à côté.

Dans les cas extrêmes, notamment en cas de dissonances des planètes susnommées, votre détachement vis-à-vis de ce que vous considérez comme accessoire peut être tel, que vous ne craignez pas d’éteindre tout sentiment humain, allant jusqu’à sacrifier père, mère, amours et amis sur l’autel de votre réussite.

Si, dans votre thème, dominent harmoniquement des planètes comme Saturne, Neptune, ou Pluton, vous serez plutôt enclin à prendre peu à peu du champ par rapport aux ambitions agressives et aux appétits matériels gloutons. Les luttes de préséance, le fracas des tournois pour le pouvoir, tout cela vous sera prétexte à de hautes méditations sur la vanité de la course aux lauriers, à l’élaboration de théories profondes sur l’ordre immanent à l’âme ou aux cosmos. Bien plus important, à vos yeux, que l’ordre factice imposé par d’éphémères fantoches. On vous reprochera de vous murer dans votre tour d’ivoire, de jouer les intouchables supérieurs pour masquer votre impuissance à faire avancer vraiment les choses. Mais vous connaissez mieux que quiconque l’inutilité des efforts pour contenter tout le monde et son père.

Il peut arriver, aussi, que vos planètes dominantes vous écartèlent entre l’affirmation et l’effacement ; auquel cas, vous ressentirez durement les divergences de vos deux signes. Vos succès les plus éclatants auront toujours un arrière-goût de cendre. Vos ascèses les plus sévères se ressentiront un peu d’une arrogance catégorique qui les rendra finalement peu convaincantes.

Quatre exemples de LionCapricorne : le psychiatre Jung, le président Raymond Poincaré, le metteur en scène Marcel Carné, et Ménie Grégoire.

Lion Ascendant Verseau

Deux signes diamétralement opposés sur le cercle zodiacal : voilà qui laisse présager des interprétations traditionnelles tout en contrastes, conflits et tiraillements. Luttes les plus couramment évoquées : l’orgueilleux dominé par ses passions contre le doux sage, acquis à la sérénité ; l’égocentriste à tout crin contre le fraternel universaliste ; le monarque absolu contre le démocrate libéral ; le fauve vorace contre l’ange désintéressé. Dans cette histoire, vous n’êtes pas sans remarquer qu’à l’inverse du grand méchant Lion, le gentil Verseau fait un peu figure de chouchou. Sans doute, certains astrologues s’imaginent-ils se concilier ses bonnes grâces, au seuil de l’ère aussi mirobolante qu’incertaine qui porte son nom.

En vérité, une fois définis de façon naturelle, vos deux signes ne manquent pas de points communs pour réussir leur alliance. Sauf dominante planétaire franchement contrariante, vous êtes porté à vous extérioriser, à agir, à vous plonger dans le monde qui vous entoure pour le modifier. Vous avez horreur de la résignation sous toutes ses formes. Vous savez, mieux que d’autres, mobiliser vos énergies pour faire évoluer les situations, par un sursaut libérateur. A vos yeux, rien n’est impossible, tout vaut la peine d’être tenté. Cette liberté sur tous les fronts s’appuie, au départ, uniquement sur la quête de l’invulnérabilité d’un Moi, qui cherche à étendre ses pouvoirs, son espace vital, son autorité personnelle. Fermement campé sur votre aplomb et vos certitudes, vous prendrez peu à peu conscience d’une forme de liberté d’un ordre plus général, plus collectif ou plus abstrait : celle qui consiste à réinventer les usages, à donner un sens neuf aux rapports sociaux, à remettre en question les préjugés intellectuels ou moraux, à savoir déceler tout ce qu’il peut y avoir de prometteur et de positif dans ce qui laisse les autres indifférents, ou dans ce qui semble voué à l’échec.

Bien vécu, le processus peut avoir l’avantage de mobiliser votre dynamisme mordant et instinctif pour des causes généreuses ou des tâches rénovatrices. Il vous permettra peut-être d’échapper à l’auto-suffisance du Lion pur en libérant votre personnage de ses oeillères. Mais sachez qu’en cas de dissonance Uranienne, martienne ou jupitérienne, votre volonté de puissance initiale risque d’opérer des retours de flamme aussi subits qu’offensifs. Quand vous parlerez d’imagination au pouvoir, on finira par vous suspecter de ne vous servir de la première que pour conquérir le second. Et quand vous vous mêlerez d’éclairer les autres de vos sages conseils, peut-être verront-ils se profiler, derrière vous, comme une ombre de despote.

Si vos planètes dominantes vous portent davantage vers la tendresse active que vers l’arrivisme, votre générosité ne connaîtra pas de bornes, votre naïveté non plus. Vous accorderez un crédit illimité à autrui, parfois aux dépens de votre sécurité personnelle et de votre santé. Votre confiance irréfléchie en vos propres forces vous conduit ici à faire fi des instincts de conservation, à gaspiller votre énergie par brusques saccades, jusqu’à épuisement prostré. Si vous êtes intériorisé, peut-être vous muerez-vous en philosophe indulgent et compatissant, la tête pleine d’intuitions radieuses ou de solutions miracles, contemplant rêveusement les furieuses empoignades pour le pouvoir, toujours un peu fasciné, malgré tout, par ce que vous aurez su dépasser.

Lion Ascendant Poissons

Le Lion n’a rien d’un lapin, le Poissons n’est pas forcément une carpe, mais le mariage des deux signes, de l’avis général, n’en est pas moins l’un des plus incongrus du Zodiaque. Pensez donc : il s’agit d’unir la fanfare des rugissements sonores avec le mystérieux monde du silence, les coups de griffes et de crocs avec la fuite glissante entre les doigts, le soleil aveuglant de midi avec les ténèbres des abysses, le trône inamovible en or massif avec les amples déferlements de l’univers océanique… Devant cette somme de problèmes apparemment insolubles, quelques-uns vous conseillent de résoudre vos dilemmes en faisant carrément deux parts dans votre existence : la première, toute d’ambition énergique, consacrée à la vie mondaine, extérieure, spectaculaire ; la seconde, toute de suave renoncement, vouée à la culture de vos jardins secrets, à la méditation extatique, ou à quelque tâche humanitaire dont vous ne tirez ni gloire ni puissance. Certains, supposant la synthèse réussie, se hasardent poétiquement à vous dépeindre comme un prince munificent venu d’un ailleurs indéfinissable, comme une impérieuse reine tout embrumée d’irréel, ou comme un saint ermite rayonnant d’on ne sait quelle irrésistible et bienveillante autorité.

Traduite en termes un peu plus prosaïques, l’évolution possible de vos comportements n’est pas sans rappeler, par certains côtés, celle du LionCapricorne. Là aussi, vous tendez à vous détacher des vanités superficielles, des glorioles puériles, des limites d’une domination uniquement fondée sur les vertus des discours tonitruants et des grands coups d’épaule dans les portes. Cela ne veut pas forcément dire que vous renonciez à ladite domination, comme pourraient le faire croire les portraits traditionnels. Vous pouvez, au contraire, par le biais des Poissons, lui donner des formes autrement plus subtiles et redoutables. En fait, vous savez très bien, dans votre for intérieur, où vous voulez en venir. Mais délaissant les méthodes voyantes archiconnues, vous excellez à employer des procédés inhabituels et des cheminements imprévus qui endorment la vigilance de vos adversaires éventuels.

Peut-être vivrez-vous ces tendances foncières sur un plan plus général ou plus élevé que celui des rapports de concurrence. La force irrésistible et tenace du Lion vous soutiendra dans votre quête d’absolu. Vous saurez vous confronter sans faiblir aux vérités essentielles du monde, vous les éprouverez dans la plénitude de leur poésie, en sachant faire fi de toute idée préconçue. Sondant ainsi les abîmes du mystère universel, vous prendrez fortement conscience de l’inanité des petits orgueils individuels, de la fragilité des ambitions les plus arrogantes, face à l’infini et à l’éternité qui ont, infailliblement, le dernier mot.

En cas de dissonances majeures de Neptune, Lune, Saturne et Pluton, ce cheminement peut étouffer en vous toute velléité d’affirmation, transformer peu à peu votre phobie de l’échec en immobilisme impénétrable. Vous courez le risque de vous murer dans de chatoyantes rêveries de monarque perpétuellement en exil, de diluer vos plus nobles idéaux dans la mer étale de votre indolente indifférence. Espérons que vous aurez su, tout de même, cultiver quelque moyen d’expression permettant la mise en valeur de vos richesses intérieures.

Comment interpréter les aspects du Soleil avec les autres Planètes

Je vous suppose amateur d’astrologie suffisamment éclairé pour savoir ce que l’on entend par « aspects planétaires » : il s’agit de distances angulaires privilégiées entre deux planètes ; ou encore, entre une planète et un axe du thème. La Tradition en utilisait un grand nombre. A la lumière de recherches modernes, il semblerait qu’il faille retenir en priorité les six aspects suivants, par ordre d’importance : la conjonction (écart angulaire de 0°) l’opposition (1801, le trigone (120°) et le carré (90°), le sextile (60°) et le semi-carré (45″),. Quant aux aspects avec le Soleil – les seuls que nous étudierons dans le présent volume – on tolère une marge de 15° en plus ou en moins pour la conjonction et l’opposition, de 8° en plus ou en moins pour le trigone et le carré, de 4° en plus ou en moins pour le sextile et le semi-carré.

Le trigone et le sextile sont dits harmoniques ; le carré, l’opposition et le semi-carré sont réputés dissonants. En vérité, les affinités ou les non-affinités entre les fonctions des planètes en cause sont plus importantes que la nature de l’aspect qui les relie. Dans les analyses qui vont suivre, l’interprétation « aspect harmonique » décrit, en fait, l’éventualité d’une bonne coopération des tendances en cause, et l’interprétation « dissonance » met l’accent sur la problématique essentielle de ladite coopération.

Soleil-Lune

Harmonie SoleilLune. Votre monde intérieur peut être hétéroclite comme un terrain vague et luxuriant comme une forêt vierge, vous savez ne jamais vous y perdre. En dépit de la multitude de vos caprices, de la diversité de vos humeurs, du bouillonnement de vos instincts, vous gardez suffisamment de logique, de lucidité et de rigueur pour ne pas perdre le fil de vos ambitions sociales. Il faut dire que vous avez soin de vous choisir des buts en accord avec vos instincts profonds : vous ne sauriez être heureux dans une activité qui vous contraindrait à brimer votre fantaisie ou à faire taire votre sensibilité. Assumer dans la vie une fonction précise, c’est bien, mais vous n’entendez pas sacrifier, pour cela, vos moments précieux de farniente, votre petit confort ou la quiétude de votre vie privée.

Réciproquement, vos moments de nonchalance et de rêverie savent se faire suffisamment discrets pour ne pas nuire à votre réputation et ne pas vous détourner de vos buts privilégiés.

Votre mémoire est classificatrice et efficace. Vous savez toujours retrouver au bon moment les données qui sont nécessaires à vos objectifs. Vous puisez avec opportunité dans le riche bric-à-brac de vos souvenirs engrangés. Vous concevez d’ailleurs l’univers comme un ensemble foisonnant et divers – mais ordonné – dans lequel chaque élément a son rôle précis et concourt à la bonne marche de la totalité. Si vous inclinez vers.la poésie, vous saurez exprimer en termes clairs, simples et frappants les frémissements de votre sensibilité, vous donnerez une voix aux forces muettes de la nature.

Dans la vie en commun, vous parvenez sans peine à définir le rôle qui vous mettra le plus en valeur, qui sera, simultanément, en accord avec votre tempérament et avec les intérêts de la collectivité. Cela peut vous conduire à devenir le porte-parole officiel de votre groupe, de votre communauté, de votre classe ou de votre parti. Quelques exemples historiques : Louis XI, Jean-Jacques Rousseau, Willy Brandt et Karl Marx.

Dissonance SoleilLune : Dans ce cas, et surtout si dans votre thème la Lune est plus puissante que le Soleil, vous aurez beaucoup de mal à ne pas vous égarer dans la jungle de vos instincts, de vos appétits et de vos passions. Vous risquez de ne savoir quelle direction précise donner à votre vie, de compromettre votre image de marque par des exigences d’enfant gâté, des incohérences et des paresses, des distractions et des emballements chimériques.

Vous ne vous résignez pas à choisir, par peur de perdre votre douce irresponsabilité d’enfant sans souci. Vous êtes enclin à exalter l’ivresse face à la lucidité, le naturel face aux simagrées mondaines, la fantaisie face à la rigueur et au sérieux, selon les signes en cause et les autres planètes participant à l’aspect. Vous détestez vous spécialiser. signes en cause et les autres planètes participant à l’aspect. Vous détestez vous spécialiser.

Vous agissez en dilettante, au gré du vagabondage de vos humeurs et au détriment de votre fil stabilité. Si, en revanche, le Soleil l’emporte sur la Lune, vous serez enclin à sacrifier vos appétits les plus naturels à votre réussite sociale, à détruire votre intimité au nom de votre vie publique, à compromettre votre bonne santé animale par une ambition forcenée qui vous surmène. La conquête d’une haute compétence dans un domaine particulier peut vous fermer tragiquement aux autres dimensions de la vie, à l’ambiance chaleureuse d’une vie quotidienne simple et sans prétention.

Si le Soleil et la Lune sont de force à peu près égale dans votre ciel, vous oscillerez entre ces deux attitudes ou vous tâcherez d’en opérer la difficile synthèse. De toute manière, sensible aux contradictions entre instinct et logique, émotivité et raison, nature et civilisation, vie intime et vie sociale, vous êtes plus fortement motivé que d’autres pour la recherche de solutions originales à ce type de problèmes.

Les écartèlements intérieurs de Musset, Goethe, Baudelaire, Malraux et Soljénitsyne témoignent, chacun à sa manière, des effets de cette dissonance peu confortable.

Soleil-Mercure

Conjonction SoleilMercure bien aspectée : Vous êtes au fait de toutes les règles de la

bienséance, du bon ton, du savoir-vivre et de la politesse. Vous connaissez les formules à

utiliser, vous savez quelle posture avantageuse ou quelle attitude flatteuse adopter pour vous

ménager l’estime et l’admiration d’autrui. Vous pouvez ainsi acquérir une position enviable,

remplir une fonction honorifique, jouir d’une image très favorable dans la spécialité que

vous avez faite vôtre. Mais vous avez la précieuse ressource d’être bien moins que d’autres

prisonnier de ce rôle officiel. Par exemple, il vous plaira d’adopter une carrière où vous

aurez à montrer votre facilité d’improvisation, votre goût de la diversité et du changement,

votre aptitude à jouer de multiples rôles dans lesquels chacun pourra cependant reconnaître

votre griffe, sans ambiguïté.

Sans forcément devenir comédien ou homme-orchestre, vous pouvez être celui qui apprend aux autres à se libérer de leurs oeillères, à accepter le changement des méthodes, à se recycler en maintenant sans cesse leur curiosité en éveil, tout cela sans perdre de vue la direction à suivre et le but qu’il faut atteindre. Vous pouvez montrer que le classicisme et la tradition n’ont pas dit leur dernier mot, et qu’ils ont encore plus d’un tour dans leur sac.

Une autre solution consiste à vous bâtir une réputation d’homme ou de femme d’esprit qui sait tourner aimablement en dérision les tics et travers de notre société. Votre persiflage à l’adresse des menues manies de votre époque vous est d’autant plus aisé que vous-même, vous reconnaissez n’être pas à l’abri desdites manies. Vous avez ainsi le beau rôle de celui qui déride les autres en se moquant de ses propres travers. Votre type d’humour est essentiellement basé sur l’exploration d’une idée simple que vous montrez sous mille faces toutes plus cocasses les unes que les autres. Vous vous montrez virtuose dans l’art des infinies variations sur un thème unique qui paraissait, au départ, donner peu de prise à l’invention.

Trois exemples assez typiques : René Goscinny, Sempé et Jean Effel, inépuisables producteurs de gags.

Conjonction SoleilMercure mal aspectée : Le côté persifleur et moqueur est porté à l’extrême, mais sur un mode nerveux, instable et angoissé, surtout si des planètes comme Saturne ou Pluton s’en mêlent. Vous avez le plus grand mal à définir clairement vos buts et vos idées, vous ne parvenez pas à vous accrocher à une ligne de conduite solide. Ou si vous y parvenez, c’est pour couper le fil aussitôt et vous échapper en faisant des pieds de nez. Dès que vous vous hissez sur un piédestal, vous ne pouvez résister à l’envie de vous tordre de rire, et c’est bientôt la douloureuse dégringolade.

Vous n’êtes d’ailleurs jamais bien sûr de donner aux autres une image conforme à votre vérité profonde. En fait, votre vérité profonde, elle-même, vous paraît multiforme et insaisissable ; vous finissez, bien souvent, par renoncer à toute prétention à la sincérité. Ce que l’on appelle « l’objectivité » est un mot qui vous fait doucement sourire. Naturellement, vous vous exposez à vous faire traiter de caméléon, de petit rigolo, de fumiste cynique, de libertaire impénitent, de puéril jongleur de mots. Mais, finalement, vous vous amusez beaucoup moins que vous pouvez en donner l’impression à des observateurs superficiels.

Le philosophe Sartre, le dessinateur Gotlib et le chanteur Guy Béart, tous trois gratifiés d’une conjonction SoleilMercure dissonée par Pluton, chantent chacun dans son registre un « Qui suis-je ? » demeuré sans réponse qui illustre bien cet aspect.

Soleil-Vénus

Conjonction SoleilVénus bien aspectée : Durant vos premières années, vos parents vous ont abreuvé des mille et un conseils simples et de bon goût censés vous aider à devenir, dans la vie, quelqu’un de comme il faut. Quelqu’un de bien sous tous rapports qui saura faire son chemin et peut-être même – qui sait – trouver en même temps le bonheur. Peu à peu se sont ainsi imprimés en vous le texte de votre rôle social et l’image idéale vers laquelle vous deviez tendre. Vous n’avez pas ressenti cela comme une odieuse robotisation. Les maximes et conseils ont su toucher votre cœur, se relier sans problème à votre besoin de chaleur humaine et de contacts sans heurts avec autrui. Vous vous efforcez d’incarner, le plus aimablement possible, les vertus que l’on vous a inculquées. Quoi d’étonnant que l’on vous juge si plaisant à vivre, si poli, si avenant, si séduisant, même ? Pour vous, les règles et les principes n’ont rien d’une froide mécanique. Vous savez toujours les adoucir et les tempérer par quelque biais, en montrer les côtés les plus agréables, les applications les plus heureuses au niveau de la vie quotidienne. En somme, vous êtes particulièrement doué pour montrer aux autres que le bonheur existe, qu’il ne s’agit pas simplement d’un mot qui se morfond dans les livres, et que chacun peut s’en fabriquer tous les jours, quoique en petite quantité.

Par ailleurs, vous prenez bien soin de n’adopter que les conduites qui vous attirent la sympathie bienveillante des autres, ladite sympathie vous étant un moyen permanent de vérifier l’heureuse continuité d’un comportement théoriquement exemplaire. Vous ne concevez pas votre rôle social comme un rôle étriqué de spécialiste sans ouverture sur la vie, vous voyez toujours les prolongements humains des fonctions les plus abstraites. Que ce soit sur le plan de la passion amoureuse ou de la création artistique, par-delà votre éventuelle exubérance ou vos charmantes fantaisies ornementales, on discernera toujours, en filigrane, une grande idée simple ou un idéal unique, auxquels vous resterez obstinément fidèle.

Trois exemples connus, quoique dans des domaines assez différents : l’acteur Jean-Paul Belmondo, le compositeur Franz Liszt et le président John Kennedy.

Dissonance SoleilVénus : De ce qui précède, l’on déduit aisément que, dans votre cas, si les préceptes de vos parents et éducateurs ont également touché votre cœur, c’est par le sentiment de leur insuffisance et de leur inaptitude à combler vos besoins affectifs que vous vous êtes surtout senti remué. Si Vénus est la plus forte, vous transgressez avec charme les sacro-saints bons principes, vous vous laissez aller à votre naturel, à vos inclinations et à vos bons mouvements, sans trop vous soucier du qu’en-dira-t-on (non sans une pointe de secret orgueil). Si le Soleil étouffe Vénus, vous en êtes réduit à ne chercher le plaisir que dans le culte de héros factices, l’imitation de modèles fort séduisants mais totalement décalés par rapport à votre vie quotidienne et à vos relations courantes. On trouve cet aspect, avec prédominance de Vénus, chez le poète Robert Desnos et la couturière Coco Chanel, pour ne citer que ces deux cas.

Soleil-Mars

Harmonie SoleilMars : Il est des inconséquents qui conçoivent l’existence comme un lit de roses, un doux lit où il suffit de s’endormir la bouche ouverte sous les grands vols d’alouettes toutes rôties. Vous ne mangez certes pas de ces oiseaux-là. Vous vous êtes, très vite, rendu compte que le plus sûr moyen d’avoir du pain, c’est encore de mettre soi-même la main à la pâte. Vous avez acquis la conviction que l’autonomie personnelle ne s’acquiert qu’au prix d’une activité perpétuelle, d’une lutte constante, d’un affrontement fécond avec les êtres et les choses. Vous avez, d’ailleurs, un besoin irrépressible de vous démener, de vous dépenser, d’explorer, de manipuler, de fabriquer, de vous colleter avec vigueur au réel, d’en ressentir intensément les caresses comme les morsures. C’est le seul moyen, pensez-vous, de retenir des leçons qui valent d’être érigées en règles de vie. Tout le reste n’est que savoir livresque et pédantisme desséché. En somme, vous n’acceptez, comme conseillers de votre conduite, que les pulsions de votre dynamisme vital, les exigences de vos appétits naturels et les témoignages bruts de vos sensations. Vous parvenez à les dégager de leur animalité première, à en faire des modèles idéaux à imiter. Etonnez-vous, après cela, que l’on vous attribue de hautes qualités d’initiative et le pouvoir de susciter une active émulation. Quant à la franchise qu’on vous prête, elle réside, en priorité, dans cette faculté de faire coïncider vos actes et vos discours, votre masque social et votre tempérament instinctif. Ce que vous dites, vous le faites, et la contenance que vous jugez bon d’adopter est le fidèle reflet de vos pulsions naturelles.

Que l’on déplore ou non votre conformisme, on est souvent obligé de reconnaître vos talents d’animateur et d’organisateur. Vous prenez, d’instinct, les initiatives les plus aptes à canaliser les énergies de votre groupe vers l’idéal commun le plus souhaitable – et le plus souhaité – ce qui a, naturellement, pour effet de rehausser votre prestige aux yeux de vos pairs. Vous ne sauriez, d’ailleurs, rester en retrait. Vous avez besoin d’être aux premières loges. Et si vous pouvez occuper activement le devant de la scène, vous vous estimerez tout à fait comblé. L’une de vos grandes forces est de savoir dépeindre le monde en termes peut-être pas très originaux, mais suffisamment évocateurs pour retenir l’attention du plus grand nombre. Ce faisant, vous êtes facilement porté vers l’emphase. Vous donnez aux êtres et aux événements un coloris et un lustre qu’ils n’ont pas toujours : vous inclinez davantage vers la louange que vers le dénigrement. Il vous plaira, notamment, de glorifier l’être de chair et les plaisirs physiques, d’ennoblir la personne humaine dans ce qu’elle a de plus concret.

Vos faiblesses résident surtout dans votre refus des réalités gênantes qui pourraient vous compliquer la vie. Vous ne voulez souvent voir que le bon côté des choses : celui qui vous arrange. Vous risquez de donner une importance démesurée aux apparences, à la façade, à ce chatoyant manteau d’images et de paroles dont il vous plaît de revêtir la vérité toute nue.

Quelques exemples parmi les notoriétés : François I », Auguste Rodin, Enrico Macias, Edgar Faure, Chaban-Delmas. Le Soleil, nous venons de le voir, tend à socialiser les tendances martiennes. Votre réalisme, votre énergie et votre combativité s’exerceront, de préférence, dans le cadre d’une fonction officielle, impliquant la transmission de certaines normes socio-culturelles, comme, par exemple, l’éducation et l’information. De son côté, Mars sera l’aiguillon critique qui vous permettra d’échapper à l’auto-suffisance, de rester en prise constante sur les réalités. Sur un plan philosophique, on devine que votre morale est avant tout pratique. A moins d’aspects neptuniens, plutoniens ou uraniens, vous n’avez guère la tête métaphysique. Vous vous fiez aux vertus du gros bon sens et des évidences premières.

Vous n’avez que dédain pour les élucubrations purement intellectuelles et les exercices de style. A votre avis, l’expérimentation directe est la source la plus sûre du savoir. En fait – et c’est là une de vos relatives faiblesses – vous risquez d’être un accoucheur de recettes pratiques qui n’ont de poids que dans le cadre étroit de telle ou telle institution : vous ne remettrez pas fondamentalement en cause la finalité de ladite institution.

On trouve un trigone SoleilMars dominant dans le thème de Célestin Freinet, papa de la célèbre méthode d’éducation active qui porte son nom.

Dissonance SoleilMars : Vos dispositions foncières sont les mêmes que dans le cas de l’aspect harmonique. Seulement, vous avez beaucoup plus de mal à utiliser votre expérience vécue pour élaborer des règles de conduite personnelle ne portant pas ombrage à votre insertion sociale. Ce que vos affrontements vous ont concrètement appris, vous semble incompatible avec ce que les convenances vous demandent de paraître. Votre réputation de rebelle vient essentiellement de là. Les nécessités de la lutte pour la vie vous soulignent, chaque jour davantage, la ridicule inefficacité des directives, des leçons et des idées reçues qu’on a voulu vous enfoncer dans le crâne. Face aux tranches de vie saignante, à la crudité de nos instincts, et aux rapports de force dans ce qu’ils ont de plus implacable, les discours édifiants de tous les beaux donneurs d’exemple vous apparaissent comme le summum de l’hypocrisie. Vous mettez bas le masque des loups déguisés en bergers, vous arrachez la feuille de vigne de ceux qui voudraient se faire passer pour d’olympiennes statues de marbre blanc.

Sur le plan professionnel, on le devine, une telle attitude n’est guère propice à la stabilité de l’emploi et aux rapports détendus avec les supérieurs. On vous voit mal dans la peau d’un petit employé bien sage qui n’a qu’à dire amen. Si l’occasion vous en est donnée, embrassez plutôt une carrière de critique, de polémiste, de satiriste virulent ou de justicier sans complaisance. Vous êtes particulièrement apte aux recyclages courageux, aux renouvellements risqués des méthodes, aux entreprises aventureuses où vous pouvez agir en franc-tireur. Le tableau qui précède est surtout vérifié en cas de nette prépondérance des valeurs martiennes dans votre thème. Si le Soleil prédomine, vous serez facilement obsédé par l’ordre, la netteté et la simplicité des choix, la constance remarquable des ambitions.

Vous vous efforcerez d’arborer, en toute circonstance, un visage digne, une certaine noblesse de maintien, non exempte de raideur. Mais il vous sera bien difficile de dissimuler longtemps que vous bouillez sous le masque ; le loup, évoqué un peu plus haut, montrera, plus d’une fois, le bout de son oreille ou la pointe de ses crocs. Vos objectifs avoués se parent volontiers d’honorabilité, mais ils risquent souvent de paraître en porte-à-faux avec les méthodes brutales et les déclarations à l’emporte-pièce auxquelles vous ne sauriez renoncer, quand l’occasion s’en présente. Les astrologues n’ont que l’embarras du choix pour illustrer d’éloquente façon cette dissonance haute en couleur. Je me contenterai de citer, pêle-mêle, Antonin Artaud et Marcel Aymé, Jacques Brel, Maximilien de Robespierre, Henri-Georges Clouzot et Luis Bunuel. Sans oublier un Jacques Chirac, peu enclin, semble-t-il, à traverser l’Histoire sur la pointe des pieds.

Soleil-Jupiter

Harmonie SoleilJupiter : A l’état pur, nous le savons, la fonction solaire sensibilise au simple, au clair, à l’unique, à l’évident, à ce qui est reconnu sans équivoque par le plus grand nombre. Par là même, elle incite à se conformer aux modèles officiels pour se faire remarquer en bonne part. Avec l’apport de Jupiter, ladite fonction est renforcée : plus que jamais, vous êtes soucieux de faire une impression flatteuse, de vous conformer aux principes communément admis, de quêter un pouvoir ou une fonction précise dans le cadre des institutions en vigueur. Vous tenterez de parvenir à vos fins par des oeuvres jugées méritoires, par des actes considérés comme des exploits, ou par l’acquisition de biens qui témoigneront, à leur façon, de votre entière adhésion à l’idéologie dominante. Inutile de vous dire que ce dernier procédé est de loin le plus répandu. D’une manière générale, votre vécu quotidien et vos expériences tendent à vous intégrer toujours davantage à votre milieu, à vous confirmer que vos buts sont louables et que vos opinions sont les plus convenables du monde. Il vous serait donc bien difficile de n’être pas pleinement satisfait de ce que la vie vous donne.

Dissonance SoleilJupiter : Vous êtes sensibilisé aux mêmes données et vous quêtez les mêmes buts que dans le cas de l’aspect harmonique, mais, cette fois-ci, vous risquez d’avoir du mal à guider, d’une main ferme, votre excitabilité galopante. Dès que vous subodorez une occasion de vous mettre en vedette, vous vous précipitez, sans plus attendre, sous la lumière des projecteurs, ne craignant pas de bousculer un peu cavalièrement, au passage, la foule des flâneurs et des indifférents. Le désir pressant d’attirer l’attention à tout prix ne vous laisse pas toujours le loisir d’être particulièrement raffiné dans le choix de vos moyens. Si le reste de votre thème ne vous octroie pas une suffisante force d’inhibition, vous serez hélas, trois fois hélas, coutumier des tartarinades impudentes, des audacieuses mises de pieds dans le plat, des cabotinages téméraires. Vos buts précis tendent à se muer en chevaux de bataille obsessionnels, vos dons oratoires dégénèrent en goût du pathos. La dévotion que vous portez aux lieux communs – pas si bêtes que ça, d’ailleurs – peut vous rendre injuste vis-à-vis de ceux qui n’ont pas la chance d’être présentables en société. Vous risquez de tenir pour morbides et chimériques les êtres qui se posent des questions ou qui émettent des idées non conventionnelles.

Si le reste de votre thème vous permet de prendre un certain recul, les effets de la dissonance ne seront peut-être pas aussi voyants. Il est probable que votre ambition demeurera, mais elle pourra se teinter d’idéal : elle consistera, surtout, en désir de perfection. L’interférence jupitérienne jouera dans le sens d’une perpétuelle insatisfaction quant aux lauriers que vous récoltez. Une bonne réputation qui s’éternise devient, à vos yeux, bien fade. Les titres honorifiques et les situations confortables ne doivent pas devenir des voies de garage qui vous empêcheraient de courir à nouveau après la chance. C’est pourquoi vous êtes toujours prêt à vous lancer dans de nouvelles entreprises, à tenter de nouveaux exploits, à vous livrer à de nouvelles expériences, espérant bien chaque fois dénicher la pierre philosophale, le sésame universel ou la poule aux oeufs d’or. Citons à titre d’illustration les noms de Victor Hugo, Napoléon I », Mata-Hari, Louis de Funès, et le dessinateur Gotlib.

Soleil-Saturne

Harmonie SoleilSaturne : Dans votre milieu d’élection, il est des principes, des règles, des coutumes et des convenances évidents, bien définis, admis tacitement par la majorité ; ils sont transmis, de génération en génération, par les parents, les éducateurs et les moyens officiels d’information. On ne peut pas vraiment dire que vous êtes frondeur à l’égard desdites règles. On ne peut pas dire non plus que vous allez crier leurs mérites sur les toits. Il semble bien qu’elles n’aient pas le pouvoir de vous exalter ou de vous échauffer la bile. Ce calme imperturbable vous donne de sérieuses dispositions pour exécuter les consignes et observer l’étiquette avec une extrême rigueur. Vous persévérez dans vos desseins sans vous laisser troubler par les circonstances, sans vous laisser apitoyer par des pleurs ni soudoyer par des risettes.

Si vous vous sentez si peu concerné, c’est que Saturne vous a appris que l’essentiel était ailleurs. Par vos expériences, vos luttes, vos actions en tout genre, vous avez pris, peu à peu, conscience de la complexité des choses, de cet ordre abstrait qui préside aux phénomènes et qui n’a rien à voir avec les rites superficiels d’une société donnée. Vous vous êtes également rendu compte de vos ressources profondes, de vos vérités les plus secrètement personnelles. Inlassable, vous creusez le temps qui passe, à la recherche de nouveaux trésors intérieurs.

Dans ces conditions, demandez-vous pourquoi vous persistez à sacrifier aux rites dont vous avez mesuré toute la vanité. Mais votre démarche n’est paradoxale qu’en apparence : l’expérience vous a appris que se conformer aux usages, c’était encore le meilleur moyen de ne pas perdre son temps, de vivre tranquille sans gaspiller son énergie en conflits incessants avec ses semblables. Votre sécurité assurée de ce côté-là, vous n’en êtes que plus libre pour continuer votre quête spirituelle ou scientifique dans le calme de votre retraite. Considéré isolément, Saturne n’est pas très apte à communiquer et à s’extérioriser : il se confine en un sombre mutisme, dans un silence lourd de sous-entendus. Avec l’apport solaire, dans le meilleur des cas, vous réussirez à trouver les mots précis les plus compréhensibles pour décrire avec un maximum d’objectivité les phénomènes compliqués ou les arcanes des mondes intérieurs. Mais on vous reprochera peut-être, quelquefois, d’être aussi peu chaleureux dans vos propos qu’un annuaire téléphonique ou une horloge parlante.

Quelques exemples connus : Charles X le Sage, Pasteur, le peintre David, Paul Valéry, Lénine, Michel Rocard.

Dissonance SoleilSaturne : Comme l’on vient de voir avec l’aspect harmonique, les fonctions solaire et saturnienne ont bien du mal à trouver un terrain d’entente. Et, quand elles y parviennent, c’est un peu comme deux voisines qui se tolèrent de loin, se rendent à l’occasion quelques menus services, mais ne se fréquentent pas. Dans le cas de la dissonance, l’incompatibilité devient criante. Chacune tend à se raidir sur ses positions et à exacerber ses incompatibilités avec l’autre, au grand dam du natif qui n’en peut mais.

Si, dans votre thème, les valeurs solaires dominent, vous êtes tenté de vous figer sur des principes étroits, des règles formelles et des artifices de façade censés vous prémunir contre les innombrables complications de l’existence. Vous êtes perpétuellement sur le qui-vive.

Quand il vous faut passer aux actes en vous confrontant avec les dures réalités, vous appréhendez d’emblée toutes les difficultés possibles et imaginables qui ne manqueront pas de s’ensuivre. En fait, vous ne redoutez pas tant les difficultés en elles-mêmes que l’éventualité de n’être pas à la hauteur de ce qu’on attend de vous. Vous êtes obsédé par le risque de déchoir à vos propres yeux et à ceux des autres. L’engrenage des événements, vous le pressentez, peut vous contraindre à transgresser les modèles de conduite qu’on vous a inculqués ou à remettre en cause l’image flatteuse que vous vous faisiez de vous-même, ce à quoi vous ne sauriez vous résoudre. Pour arrêter la mécanique et dominer la situation, vous ne trouvez pas mieux que de redoubler de zèle dans l’observance rigoureuse de vos conventions morales habituelles. Mais ce luxe de précautions stéréotypées s’avère parfaitement inadapté aux circonstances, ce qui ne manque pas, à la longue, de vous attirer les ennuis que vous prétendiez contourner.

Si Saturne domine sur le Soleil, vous vous êtes rendu compte, très tôt, de l’inanité des leçons livresques et des belles recettes toutes faites, face à la grouillante cohorte de tous les embarras de l’existence. Vous avez appris à vous défier des beaux parleurs et des coquets. Votre recherche des vérités profondes, privée du rempart sécurisant des conformismes, est loin d’être une sinécure. Vous risquez d’être ballotté de rebuffades en déconvenues, de chausse-trappes en guet-apens, à la merci des pièges à loup et des sables mouvants, placés sous les pas de ceux qui s’aventurent sans guide en pays inconnu. Vous avez beau être soutenu par l’espoir de découvrir les plus authentiques joyaux de la connaissance, il est des moments où vous vous sentez bien seul, bien démuni, et, pour tout dire, plutôt dépressif.

Dans ces moments-là, il vous vient des nostalgies de soleil éclatant qui vous montrerait le chemin sans que vous ayez à peiner ou à réfléchir. Pour résoudre vos problèmes, il vous faut apprendre à forger, peu à peu, votre propre soleil, un nouvel idéal axé sur des valeurs plus fondamentales et plus personnelles que les poncifs d’une époque. Cela prendra peut-être des allures de renoncement, d’ascèse, de dégringolade au bas de l’échelle sociale. Votre comportement énigmatique desservira votre cote auprès de tous ceux qui se cramponnent à de fausses évidences, tellement plus confortables ; mais vous n’en aurez cure. Dès que vous sentirez votre démarche se figer dans un système, vous ne craindrez pas, sans égards pour votre tranquillité d’esprit, de vous replonger dans les réalités déplaisantes et de gagner votre « essentiel », à la sueur de votre front.

Pour illustrer cet aspect, on peut citer Picasso, Baudelaire, Léon Blum, Staline, Boris Vian, Marcel Proust, Agnès Varda, Claude Chabrol et la dessinatrice Claire Bretécher. Du démantèlement des modèles picturaux jusqu’au désenchantement des frustrés du Nouvel-Obs…, je m’en voudrais d’oublier, pour finir, l’ineffable Schatzman, grand croqueur d’astrologues.

Soleil-Uranus

Harmonie SoleilUranus : Comme Jupiter, Uranus converge vers le simple, l’unique, la représentation, la quête du pouvoir. Il magnifie donc, lui aussi, les valeurs solaires ; mais, comme il part du multiple le plus foisonnant pour aboutir à l’unité la plus concentrée, le processus a quelque chose d’abrupt et de radical, de remarquablement intense dans ses manifestations. Votre lucidité devient hyper-conscience, refus virulent de tout ce qui assoupit l’esprit, de tout ce qui endort la vigilance de la raison. Aucun opium ne trouve grâce à vos yeux. C’est pourquoi vous vous gardez de tomber dans le piège de l’apitoiement, de vous engluer dans les guimauveries du sentimentalisme de bazar. Vous vous impliquez toujours à fond dans vos opinions et vos entreprises : vous n’avez que mépris hautain pour les irresponsables, les inconscients, les lâches, les incertains. Vous avez horreur du flou, du doute, de l’équivoque. Votre monde est un monde d’arêtes vives et de lumière crue, un monde peu confortable pour les amateurs de douces langueurs et de pénombre ouatée.

Vous êtes un être à principes. Vos conceptions morales refusent les accommodements faciles. Vous vous montrez aussi exigeant pour vous-même que pour les autres. Vos règles de conduite ne sont pas de simples imitations de modèles. Vous avez eu, très tôt, conscience de votre tempérament profond, de vos pulsions fondamentales, de tout ce qui fait que vous êtes vous-même et non un autre. Si, dans votre enfance, on a pu vous reprocher de n’en faire qu’à votre tête, c’est que vous obéissiez seulement aux maximes en affinité avec vos vérités profondes. Ces vérités profondes, pour vous, sont représentatives de l’espèce humaine en général : dans ce qu’elle a de plus inaliénable, par-delà les mœurs différentes, les siècles et les frontières. Avant de vous considérer comme un fils modèle, une épouse modèle ou un employé modèle, vous voulez paraître, à vos propres yeux aussi bien qu’à ceux des autres, comme un homo sapiens exemplaire. Une sacrée responsabilité qui n’incite guère à se laisser aller. Vous aimez l’ordre et l’organisation, vous êtes ennemi du chaos. Mais, pour vous, le pouvoir ne saurait s’appuyer sur des traditions devenues vides de sens ou sur la puissance purement matérielle. Seules doivent être prises en compte les aspirations collectives les plus essentielles. C’est l’élite, ayant le plus pleinement conscience desdites aspirations, qui se trouve toute désignée pour assumer un rôle de guide. Vous êtes peut-être révolutionnaire à l’occasion, mais vous n’êtes en aucun cas décentralisateur. Avec vous, la hiérarchie n’est pas près d’être assouplie ou abolie.

Vous avez le goût des systèmes, des formules concises, des slogans percutants et des expressions ramassées sur elles-mêmes qui résument, en termes décisifs, les réalités les plus vastes ou les moins immédiatement perceptibles, de l’infiniment grand à l’infiniment petit – en passant par l’infiniment caché. Si vous embrassez la carrière scientifique, ces hautes aptitudes à la codification pourront, par exemple, s’appliquer aux secrets des atomes, aux mystères des étoiles ou aux ténèbres de l’inconscient, que vous fouillerez sans relâche avec le redoutable rayon laser de votre raison.

Quelques exemples : Saint-Just, Mermoz, Teilhard de Chardin, Barbara, Jean-Christophe Averty, Jean-Louis Bory, Pasteur, et les célèbres psycho-duettistes Freud et Jung.

Dissonance SoleilUranus : Comme dans la dissonance SoleilJupiter, on peut d’abord parler d’une hyper-excitabilité mal contrôlée. La fonction simplificatrice et réductrice commune aux deux astres tend à jouer avec excès. Le besoin de dissiper les ombres devient obsessionnel, votre souci de clarté s’assortit d’exigences peu communes, et bien rares sont les interlocuteurs dont vous jugez le raisonnement parfaitement inattaquable dans sa rigueur. La confusion et l’ambivalence vous étant particulièrement insupportables, vous décelez tout de suite les illogismes, les incohérences, les contradictions et compromissions de la démarche d’autrui. Vous-même n’êtes pas nécessairement exempt de ces travers que vous reprochez à vos vis-à-vis. Comme vous avez une conception étroitement unitaire dé votre personnalité, votre tentation est grande de vous élaguer de tous les traits de caractère qui vous déplaisent en les attribuant à vos proches, qui auront plus d’une fois l’occasion de faire les frais de votre humeur tranchante. On vous jugera fréquemment rigide, exagérément puriste, imbu de votre supériorité, corseté dans des certitudes que vous considérez définitivement inattaquables. Les faiblesses communes au Soleil et à Uranus ne manquent de ressortir avec une criante évidence. Vous ne vous sentez guère à l’aise que dans le maniement des concepts et des abstractions. Vous vous mouvez comme un poisson dans l’eau parmi les grandes théories. Vous ne daignez vous intéresser qu’à des sujets de taille, peu accessibles au commun des mortels. En revanche, à moins d’une dominance planétaire ou zodiacale nettement contraire, vous êtes mal à l’aise dans le quotidien, vous vous acquittez avec difficulté des menues tâches concrètes, et la dimension purement affective des événements a tendance à vous échapper.

Si le Soleil l’emporte sur Uranus, vous vous accrochez à vos opinions et à vos règles de conduite avec une extrême rigidité. Toute revendication différente des vôtres vous paraît puérilement provocatrice, arrogante, et complètement déplacée. Vous refusez de reconnaître l’expression des motivations profondes par trop étrangères à votre propre tempérament.

Vous taxez les autres d’arbitraire : en fait, le seul tort de ce prétendu arbitraire, c’est de n’être pas conforme à votre arbitraire à vous. Les accidents, brusques ruptures et « tuiles » en tout genre, promises par la Tradition, ne sont pas l’oeuvre d’une maligne fatalité, mais résultent de l’affirmation brutale des forces naturelles, des idéaux collectifs ou des tempéraments humains que vous vous obstinez à tenir pour quantité négligeable.

Si Uranus est prépondérant, vous ne sauriez vous retenir de courir sus aux conformismes, aux manières bien sages de s’exprimer, aux apparences banales, à tous les pouvoirs en titre. Vous passez toutes ces baudruches à l’épée de vos implacables certitudes. Selon votre conception de la transcendance, vous pouvez leur reprocher d’être dénuées de toute dimension spirituelle, de méconnaître les forces réelles qui animent la collectivité, ou encore – et c’est le cas le plus fréquent – de brimer la libre éclosion des plus riches potentialités de chacun. Si ces dernières vous font un peu défaut, vous risquez de ne laisser apparaître de vous qu’une folle excentricité. Mais si vous avez du fonds, vous pourrez peut-être devenir un créateur puissamment original ou un éveilleur de conscience hors pair.

Avec Soleil et Uranus sensiblement égaux en force, vous serez sujet à des revirements spectaculaires, à des conversions abruptes, à d’impérieux caprice., d’autant plus exaspérants que vous les présentez à chaque fois comme d’immuables évidences. Mais ceci n’est que l’expression superficielle d’un problème plus fondamental : l’impossibilité de vous accrocher à un modèle idéal et de vous y tenir sans avoir envie de vous rebeller contre lui pour en forger un autre. Lequel autre, bien entendu, décevra, lui aussi, tôt ou tard, votre soif de perfection.

Parmi les personnalités fortement signées par cet aspect turbulent, on peut citer George Sand, Colette, Jean Cocteau, Méliès, André Breton, le dessinateur Gébé, et dans un registre infiniment moins intellectuel, les inséparables Dassault et Bigeard, le plus beau couple de l’ère pacifique du Verseau.

Soleil-Neptune

Harmonie SoleilNeptune : Comme tout le monde, vous construisez votre moi social à partir des modèles proposés par vos éducateurs et vos parents, qui souhaitent tous, bien sûr, vous voir réussir dans la vie (c’est-à-dire, vous voir les imiter point par point). Prises à la lettre, leurs maximes sont simples et nettes, ne laissant guère de place au doute : tiens-toi droit, mange ta soupe, sois sage, copie ce proverbe, répète ce que je viens de dire, et dis bonjour à la dame. Les héros qu’ils proposent à votre admiration imitative ne sont plus des êtres de chair et de sang, mais des étiquettes où s’inscrivent en lettres calligraphiées les Vertus Exemplaires ; Turenne le Brave, Colbert le Travailleur, Saint-Louis le Pieux et le Bon Roi Henri IV vous indiquent d’un doigt impératif la seule route à suivre. Ces autres conseillères, les insidieuses publicités, donnent toujours elles aussi dans le schématique et résolvent tous les problèmes d’un seul mot décisif : Aspri pour le mal de tête, Blanblan pour le linge sale et Glou-glou pour la soif.

De toute façon, le thon c’est bon, et avec une orange, tout s’arrange… Or, vous avez senti, depuis longtemps, que la vérité est beaucoup moins simple. Neptune vous permet en effet de percevoir les impondérables, de ressentir sur le mode émotionnel les plus anodines manifestations de la complexité des événements et des personnes. Ainsi, vous n’êtes pas radicalement hostile aux règles et aux principes, mais vous ne craignez pas de les assouplir, de les adapter aussi souvent que nécessaire aux circonstances fluctuantes et aux tempéraments divers. Il y a mille manières de dire bonjour à la dame, qui dépendent de votre humeur, de l’ambiance, de la couleur des yeux de la dame en question, et de bien d’autres choses encore.

En somme, vous vous défiez des prises de position trop rigides, de ceux qui observent mécaniquement les modes d’emploi et les formulaires, de ceux qui professent des opinions invariables sans se soucier des réalités humaines. Pour vous, il n’est pas de recette immuable ; si vous donnez, parfois, l’impression de contourner habilement les problèmes, c’est que vous préférez atteindre votre but en flânant en-dehors des chemins dûment balisés. Quant à ceux qui vous traitent d’opportuniste toujours à l’affût d’un doux vent favorable, ce sont, à vos yeux, des sectaires au cœur sec.

Pour vous, ce qui importe dans la fonction sociale, c’est la façon profonde dont on la vit, les forces émotives dont elle se nourrit. Derrière l’apparence, la contenance, les paroles stéréotypées, vous ne sauriez oublier qu’il y a toujours un être vivant plus ou moins bien dans sa peau, sans cesse à la merci de pulsions inconscientes, détendu ou déprimé selon l’atmosphère euphorique ou oppressante, galvanisé ou manoeuvré, à son insu, par des forces qui le dépassent. Considéré isolément, Neptune, comme Saturne, n’est pas très doué pour la communication claire. La fonction solaire qui s’y adjoint, dans votre cas, peut vous permettre de faire passer la rampe à vos états d’âme les plus subtils, à vos impressions les plus diffuses, à vos rêves les plus secrets. Vous trouverez les attitudes, les gestes, les mots simples et compréhensibles qui sauront le mieux se faire les interprètes de votre cœur.

A l’inverse, – et ce n’est un paradoxe qu’en apparence – vous vous sentez d’autant plus sûr de votre voie que vous éprouvez, en vous, une exaltation et un enthousiasme dont l’origine échappe à votre conscience raisonnante. La moindre de vos fibres s’émeut de la présence agissante d’une entité qui vous dépasse, que vous l’appeliez Dieu, la nature, le cosmos ou l’humanité. C’est dans ces moments-là que tout coule de source dans votre esprit ; vous arpentez, plus hardiment que jamais, votre route lumineuse. Parmi les célébrités marquées par cet aspect, il n’est guère étonnant de trouver Jean-Jacques Rousseau, Célestin Freinet. Romain Rolland, Aristide Briand et Bertolt Brecht. Nombre d’artistes de la chanson, semble-t-il, ont également su trouver la voie de leur cœur. Il me suffira de citer Charles Trenet, Moustaki, Yves Montand, Jean Ferrat, Julien Clerc, Françoise Hardy, Gérard Lenorman, Maxime Le Forestier, Leny Escudero, Mort Shuman et Elvis Presley…

Dissonance SoleilNeptune : On peut comparer le couple SoleilNeptune au couple SoleilSaturne : dans les deux cas, les fonctions des planètes en cause n’ont aucun point commun, et une dissonance éventuelle fait ressortir en priorité les incompatibilités et les divergences. Si, dans votre thème, le Soleil domine, vous jouerez la carte de la raison contre celle de la foi, la carte de la logique contre celle de l’affectivité, la carte de la réussite sociale contre celle de l’abandon grisant aux émotions. Tout ce qui ressortit de la sensibilité vous paraît compromettre vos chances d’atteindre votre but. Vous ne pressentez que trop la puissance insidieuse des rêves et des désirs informulés qui vous habitent. Si vous vous laissiez aller, qui sait dans quel brouillard ou quel mirage vous iriez vous perdre ? Il est vraiment trop dangereux de laisser sa fantaisie infléchir le droit chemin qui mène à la considération de ses semblables. Vous rejetez, d’emblée, toute règle approximative, toute explication incertaine, tout ce qui fait la part trop belle à l’irrationnel, au magique, au merveilleux. Ce n’est pas sans déchirement que vous refermez le livre de contes bleus pour vous plonger dans la grammaire austère et le fastidieux traité de savoir-vivre. Mais comme vous voulez garder bonne contenance, toujours bien faire ce qui est à faire et ne jamais dire d’âneries, vous n’avez pas le choix. Vous apprendrez, tôt ou tard, et peut-être à vos dépens, qu’il est des situations confuses et des événements imprévisibles. Ils vous dérouteront d’autant plus que vous vous serez persuadé, à la longue, de l’universelle infaillibilité de vos idées reçues.

Si Neptune l’emporte sur le Soleil, vous serez tenté de jouer vos cartes à l’inverse de la partie précédente. Tout ce qui est règle précise, code convenu, ferme ligne directrice vous semble desséchant, mutilateur et mesquin comparé à l’univers foisonnant qui vous habite et à l’intarissable ruissellement de vos émois. Vous ne vous sentez guère à l’aise quand les circonstances vous contraignent d’assumer un rôle, d’exercer des responsabilités officielles, d’arborer un maintien digne qui vous pose et qui vous classe. La perception oppressante de l’incroyable multiplicité des facteurs humains qui entrent en jeu tend à brouiller vos plans, à vous faire perdre votre contenance et le fil de vos beaux discours. De toute manière, vous pressentez, instinctivement, que la vérité du monde est ailleurs que sur les scènes et les tréteaux ; qu’avant de se préoccuper des apparences, il importe de vivre au sens plein du terme, tour à tour bercé par les vaguelettes et brassé par les houles de l’océan du monde. Mais votre poème intérieur, couvert par le fracas des vagues mugissantes, aura sans doute bien du mal à trouver les mots qu’il faut pour se faire entendre clairement. Et au creux de vos désarrois, il vous viendra souvent des nostalgies de phares victorieux dissipant les brumes.

Avec Soleil et Neptune à égalité de puissance, vous paraîtrez volontiers ambigu et déroutant. En vous se mêleront d’étranges cocktails : l’arrivisme le plus plat et l’idéalisme le plus désintéressé. Vos professions de foi, vos règles de conduite explicites, les propos que vous formulez habituellement peuvent être tout à fait conformes à ce que les autres attendent de vous eu égard à votre position sociale. Mais tout ce qui est nié, minimisé, mis aux oubliettes par vos discours officiels ne manque pas de refaire capricieusement surface de temps en temps, au mépris de toutes les convenances et de votre réputation, laquelle ne ressort pas toujours immaculée de l’aventure. Une statue de la Liberté qui prétend éclairer le monde, mais patauge piteusement dans le sombre mazout des pétroliers qu’elle laisse divaguer sans contrainte : telle est l’image audacieuse que suggère cet aspect.

Les politiciens professionnels de toute obédience semblent s’en accommoder, si j’en juge par le nombre impressionnant de SoleilNeptune dissonants dans leurs rangs : Nixon, Jean-Jacques Servan-Schreiber, Giscard, de Gaulle, Robespierre, Michel Debré, Jacques Chirac, Léon Blum, Royer, Roosevelt, Mendès-France, François Mitterrand, Trotski, et j’en oublie certainement. On relève aussi, parmi les titulaires célèbres de cet aspect, les noms de Cervantès, Lanza del Vasto, Charles de Foucauld, Schubert, Mozart, le docteur Schweitzer.

Soleil-Pluton

Harmonie SoleilPluton : Cet aspect est un peu cousin de l’aspect harmonique SoleilSaturne : il vous permet, lui aussi, de prendre vos distances vis-à-vis des modèles, tout en vous y conformant. Là encore, vous êtes fort capable de vous montrer parfaitement bien élevé, respectueux des coutumes, exécuteur scrupuleux des consignes, applicateur attentif des règles en vigueur. Mais la plupart de ceux qui vous côtoient sont à mille lieues de se douter combien tout cela vous est indifférent, de façon beaucoup plus radicale, encore, que dans le cas de l’aspect SoleilSaturne. Avec ce dernier, vous avez eu, malgré tout, besoin de vous confronter un certain temps au monde concret, le temps d’acquérir l’expérience de la vanité des apparences et des principes superficiels. Avec Pluton, vous n’avez même pas eu cette peine : c’est comme si vous aviez toujours vu le caractère parfaitement dérisoire de nos petites pantomimes, à l’échelle de l’univers et de l’éternité. Une sorte d’énorme évidence indicible qui saisit la vérité d’un monde dont chaque grain de poussière a la prétention d’être le centre.

Comme vous ne vous sentez réellement impliqué dans aucune de vos paroles, de vos attitudes ou de vos conduites, vous n’en êtes que plus libre pour vous mettre parfaitement dans la peau de tel ou tel personnage extrêmement bien défini. Vous serez même capable de remplir votre rôle avec une vérité si criante et une telle apparence de conviction qu’on ne saura plus si vous jouez, si vous êtes sincère, ou même si vous jouez à être sincère. C’est dans la mesure où vous posez votre vrai Moi comme parfaitement réfractaire, irréductible et inaliénable que vous pouvez vous permettre ce genre d’exercice : quelle que soit l’intensité de votre prestation, vous savez qu’elle n’a pas d’importance et que votre for intérieur ne risque rien. Le plus amusant dans l’histoire, c’est le désarroi de vos interlocuteurs qui croyaient vous avoir compris et qui pensaient que tout était simple… Ils vous voient soudain changer de masque et aperçoivent, le temps d’un éclair, toute l’étrangeté indéchiffrable qui peut se cacher derrière le texte le plus clair et la conduite la plus banale. Si vous êtes virtuose dans l’art d’évoquer les pièges du discours, l’inanité des mots, l’extrême relativité des points de vue, vous savez aussi réduire en formules frappantes les réalités les moins familières, ou encore montrer l’unité de tout ce qui semble disparate, décousu, inextricable.

Vous rassemblez, d’un seul coup, les pièces du puzzle énigmatique, vous recollez tous vos éclats d’intuition pour en faire une certitude lucide et parfaitement raisonnée. Si cet aspect domine vraiment votre ciel, vous ne passerez guère pour un cœur tendre facile à émouvoir, ni pour un être d’un abord avenant et plein de rondeur. On vous jugera volontiers distant, hautain, aristocratiquement impénétrable, éloigné des préoccupations terre-à-terre et subalternes d’un entourage aux prises avec le nécessaire labeur quotidien. On trouve un important aspect harmonique SoleilPluton dans les thèmes de Léo Ferré, Georges Simenon, Albert Einstein, Hervé Bazin, François Mitterrand, ainsi que dans ceux du cosmonaute Gagarine et du poète Supervielle.

Dissonance SoleilPluton : Comme indiqué dans l’introduction, nous avons ici la rencontre, sur un mode conflictuel, des fonctions planétaires les plus antagonistes qui soient. Les processus en cause, de part et d’autre, menacent donc de se manifester avec une tension extrême qui peut être fort éprouvante pour l’équilibre du sujet. Si le Soleil domine nettement, vous refusez avec violence et parti-pris tout ce qui relève de Pluton, en le considérant sous un angle résolument négatif. Autrement dit, tout ce qui est différent de votre étroite conception des normes, vous le jugez automatiquement dangereux, nuisible, indésirable, et même un peu diabolique sur les bords. L’étranger est ressenti comme hostile, le marginal est vécu comme un voyou en puissance, le laideron et le clochard sont considérés comme d’affreuses taches sur la blancheur immaculée de la nature et de la société. Vous recevez tout discours novateur comme un innommable charabia, et la moindre vérité que vous ne trouvez pas bonne à dire se mue en redoutable bombe qui menace de démolir vos splendides châteaux de cartes. Dans ces conditions, l’on comprend que vous puissiez avoir, à l’occasion, quelque vocation de censeur impitoyable, de rééducateur de choc, de justicier répressif donnant dans l’épuration radicale et la domestication du chaos.

En cas de nette dominance plutonienne, le tableau se renverse complètement, et ce sont les valeurs solaires qui sont passées à la moulinette : les cadres fixes et les règles précises sont ressentis comme d’odieuses atteintes à l’authenticité primordiale des êtres, les mots trop clairs sont des traîtres à la vérité du monde. Toute coutume est mesquine, toute convenance hypocrite. Le silence est préférable à la moindre compromission. Mieux vaut susciter la réprobation générale et déclencher les plus irréparables des scandales que de renoncer à une once de sa féconde complexité. Tout ce qui est déprécié, honni, montré du doigt par les bien-pensants éclipse, de loin, le plus petit modèle conventionnel. Vous êtes un irréductible rebelle ; vous vivez sous le régime d’une perpétuelle remise en question des manières simplistes d’appréhender le monde et de se conduire en société.

Avec Pluton et Soleil de force sensiblement égale, vous risquez de passer d’un extrême à l’autre, de tomber du sommet au fond du gouffre puis de remonter, d’osciller du fanatisme au nihilisme, éperdu devant l’insondable mystère de l’Univers. Mystère dont vous êtes tenté de rejeter l’explication dès le moment où vous la formulez.

Parmi les célèbres dissonés solaro-plutoniens, citons Nietzsche, Rimbaud, Mata-Hari, de Gaulle, Jean Yanne, Edith Piaf, les dessinateurs Gébé, Cabu, Bosc et Gotlib…

Comment interpréter les Planètes dans les Signes

Au cours de notre exploration de la psychologie léonienne, j’ai eu, plus d’une fois, l’occasion de souligner l’importance décisive de la force et de la position des planètes pour l’interprétation d’un thème. On a déjà vu à quel point telle ou telle dominance pouvait infléchir le comportement-type du signe. Il est des règles précises pour déterminer les planètes prépondérantes d’un ciel de naissance. Pour une planète donnée, les situations les plus en vue sont les suivantes : être proche de l’Ascendant ou du Milieu-du-Ciel, se coucher, être proche du Fond-du-Ciel, être conjointe ou opposée à la Lune ou au Soleil. On conçoit qu’une planète se trouvant simultanément dans plusieurs situations valorisantes a de grandes chances de figurer au palmarès. Si vous désirez savoir à quoi vous en tenir dans votre cas personnel et juger du bien-fondé ou de l’inanité de mes analyses, je ne peux que vous renvoyer aux pages techniques de ce livre, qui vous permettent de découvrir votre Ascendant, ainsi que la position de vos planètes, sans aucun calcul.

Les Planètes dans le Lion

Soleil en Lion

Comme vous le savez, la seule présence de l’astre du jour dans un signe quelconque suffit à vous définir comme étant un natif du signe en question. C’est pourquoi, dans le cas d’un Soleil en Lion, les astrologues se contentent généralement d’annoncer que le signe du Lion est valorisé. Ils embrayent illico sur les traits de caractère classiquement attribués à ce dernier, insistant sur les qualités en cas d’aspect harmonique, mettant l’accent sur les défauts si des dissonances interviennent, et passez muscade. Vous voilà donc fier, ambitieux, magnanime, plein d’autorité, ou bien au contraire despotique, méprisant et cruel, avec, en prime,’ une affection cardiaque pour vous punir d’être si vilain. Il est certain que les fonctions solaires présentent bon nombre d’affinités avec les fonctions léoniennes, à tel point que la Tradition a fait du Soleil le maître du Lion. Cependant, n’assimilons pas totalement l’astre au signe, même si l’emblème des drugstores Publicis est un superbe Phébus à crinière…

En vérité, dans votre cas, la fonction solaire, qui sensibilise aux modèles culturels en usage, vous a fait percevoir avec une acuité particulière tout ce qui, dans ces modèles, participe des fonctions de base du Lion. Vous avez retenu, en priorité, les leçons et les principes qui mettaient l’accent sur l’autonomie personnelle, la volonté de surpassement, l’extension de la puissance. Vos premiers héros favoris, vous les avez choisis spontanément parmi ceux qui incarnaient le mieux ces facultés. Non pas que vous suiviez ces exemples-là en permanence : comme nous nous en sommes déjà rendu compte au chapitre des Ascendants, nous verrons, à la rubrique des Aspects planétaires, que les premières et fortes impressions qui ont marqué votre esprit peuvent subir bien des avatars. L’on peut affirmer pourtant que tous ces grands dadas léoniens demeureront vos points de référence essentiels.

Sujets de vos discours, thèmes de vos oeuvres, mobiles de vos actes, objets de vos recherches, motifs de vos craintes ou cibles de vos sarcasmes, ils seront les plus fermes pivots de votre conscience lucide. Tout ceci, d’ailleurs, va dans le même sens que votre prédilection pour les grandes idées-forces qui orientent toute une existence dans une direction privilégiée.

La dominance solaire renforce également les penchants léoniens à l’organisation stricte, au refus de la concurrence et des contradicteurs, à l’hyper-susceptibilité quant à son crédit personnel et à l’effet produit sur les autres, sans parler d’une tendance accrue à tout centrer sur sa petite personne, à tout faire graviter autour de sa volonté souveraine. Dans les cas les plus positifs, vos outils favoris pour résoudre les problèmes et vaincre les difficultés sont les mots clairs, les images nettes et les attitudes franches. A moins d’aspects planétaires nettement contraires, vous êtes un idéaliste, épris de perfection, animé du désir de se conformer le mieux possible à ce que son entourage attend de lui. Le reproche vous sera souvent fait de vous cantonner à un plan formel, de n’être pas très efficace concrètement ou de refuser d’approfondir ce que vous posez comme évident. Mais vous avez, pour vous, l’honnêteté, la clarté des choix, la sainte horreur des magouillages. Parmi les solariens du Lion assez purs, on peut citer Pétrarque, Laurent le Magnifique, Napoléon le’, Claudel.

Lune en Lion

Les interprétations classiques insistent sur l’effervescence des instincts, leur générosité, leur noblesse et leur panache. On vous accorde, en outre, une imagination tournée vers le grandiose, le prestigieux, le magnifique, et la faveur publique vous est, paraît-il, acquise, si vous abordez la carrière artistique. Parmi les travers qui vous sont le plus souvent reprochés, on note une certaine fatuité, un côté snob épris de luxe, un penchant aux caprices voyants et à la paresse dorée.

En vérité, tout n’est pas si simple ; plus encore que pour toute autre planète, les aspects reçus ont, ici, une importance primordiale. La fonction lunaire est en rapport avec nos potentialités, nos virtualités, la globalité indifférenciée de nos tendances foncières. A partir de ce noyau initial, la gamme des évolutions possibles est évidemment fort vaste. Les interprétations qui vont suivre concernent vos dispositions instinctives fondamentales. A vous de les nuancer en considérant la planète qui forme l’aspect le plus fort avec votre Lune.

Si vous êtes un pur lunaire du Lion, vous n’admettez guère d’entraves à vos caprices, à vos envies, à la satisfaction gloutonne de vos appétits. Mais vous n’avez pas tellement envie de vous démener en conséquence : c’est bien trop fatigant. C’est pourquoi, vous attendez de tous ceux qui gravitent autour de votre précieuse personne qu’ils soient aux petits soins pour vous. Votre tendance léonienne à vous croire le nombril du monde est singulièrement renforcée ; mais, sans le secours d’aspects dynamisants, tout cela risque fort de demeurer au stade des velléités. De toute manière, vous risquez de connaître bien des tiraillements entre votre aspiration à l’autonomie et votre dépendance constante vis-à-vis de votre milieu.

Si vous en restez à un stade élémentaire d’évolution, vous serez tenté d’exiger de votre famille ou de votre groupe d’élection les vertus surhumaines des fées et des enchanteurs, qui, d’un coup de baguette magique, aplanissent tous les obstacles et réalisent tous les souhaits. Peut-être avez-vous la chance d’être né en pays de Cocagne ; auquel cas, vous vous installerez sans problèmes majeurs dans votre rôle d’impérial enfant gâté. Mais, la plupart du temps, le réel n’est pas si généreux. Vous pouvez alors dévier vers une certaine forme de mythomanie, à moins que vous n’opériez, carrément, une sublimation artistique. Vous concevrez alors les fantasmes, les rêveries et les caprices de la sensibilité comme le plus sûr moyen de dominer toutes les fatalités oppressantes, de se délivrer des tyrannies, de faire voler en éclats les chaînes et les carcans. La puissance créatrice de l’imagination constitue, à vos yeux, la part la plus durable et la plus inaliénable de votre individu, celle qui vous permet de tenir le coup par-delà toutes les vicissitudes.

Vécue sur un mode moins passif et moins éthéré, la fonction lunaire, associée au déblocage léonien, mobilise vos audaces pour la consolidation triomphante des communautés d’intérêt dont vous vous sentez solidaire. Cela peut être réduit à vos intérêts personnels bien compris, comme cela peut s’étendre à ceux de votre couple, de votre famille, de votre corporation, de votre classe sociale, ou même à ceux d’un peuple tout entier. Quel que soit le groupe ou la globalité concerné, vous mettrez l’accent sur la force irrésistible qui résulte de sa cohésion, sur son expansion que nul n’est en droit de restreindre, sur son infinie capacité d’assimilation, sur la richesse inépuisable de ses multiples ressources. Au nom du droit imprescriptible de suivre vos penchants les plus naturels, vous vous asseyez, sans façon, sur les critiques mesquines, les analyses pâlichonnes et les mises en garde timorées de vos adversaires et contradicteurs.

Quelques Lune-en-Lion assez connus : Louis XIV, Churchill, Trotski, Mao, Rocard, Rosa Luxembourg, Willy Brandt… Parmi les poètes citons Verlaine, Jules Laforgue, Charles Cros et Schiller. N’oublions pas non plus le commandant Cousteau, Fernand Raynaud, Raimu, Sophie Desmarets, Claude Villers, les dessinateurs Gotlib et Gébé, André Malraux, John Rockefeller. Comme on le voit, la diversité lunaire n’est pas un vain mot. Ne nous laissons pas tromper par les apparences hétéroclites, cette liste a plus d’unité qu’il n’y paraît.

Mercure en Lion

De la position de Mercure en signe, les astrologues s’accordent en général à déduire les dispositions de base de votre intelligence. En première approximation, l’on peut trouver juste leur démarche. Encore convient-il de ne pas se laisser aller à la paresse, en se contentant de plaquer bêtement les symbolismes léonien et solaire sur le concept d’intelligence, comme le font d’illustres confrères qui se croient sans doute très profonds.

Cela donne des perles, du genre « prix littéraires, honneurs intellectuels » ou encore « intelligence occupée par l’or ». Une analyse astro-psychologique est tout de même plus pénétrante. Nous l’avons déjà évoquée, à peine retouchée par de brèves notations neuro-physiologiques, au début du chapitre consacré à l’éducation.

Cependant l’on ne peut identifier Mercure à la seule intelligence. Si l’on fait entrer cette dernière dans les attributions mercuriennes, c’est que la fonction de la planète, d’une façon plus générale, sensibilise aux combinaisons complexes qui découlent des données simples de la conscience. Cela peut se traduire par une prise de distance vis-à-vis des évidences, par la découverte de nouveaux rapports à partir du connu, mais aussi par des processus de diffusion, de multiplication, de dispersion, à partir d’un centre quelconque. Le tout va interférer de façon plus ou moins heureuse avec les fonctions léoniennes.

Vous pouvez, par exemple, connaître la sensation grisante de pouvoir venir à bout de toutes les énigmes, d’affronter comme en vous jouant les problèmes filandreux où s’entortillent les esprits moins alertes. Pour vous, les discours-chocs, les idées fortes et les images frappantes, pour peu qu’on les répande suffisamment, recèlent une efficacité redoutable, un pouvoir libérateur hors pair. Nulle muraille ne s’avise de résister à un trompettiste suffisamment constant et malicieux ; tous les rescapés de Jéricho vous le diront.

Si vous vivez bien votre Mercure, vous serez moins prisonnier de votre monomanie que d’autres Lions ; moins imbu de votre personne, moins dupe des apparences. Cela ne veut pas dire que vous renoncerez à vous affirmer. Mais vous saurez faire preuve d’infiniment plus de souplesse, mettre opportunément votre intransigeance en veilleuse ou lui donner des formes subtiles et complexes. Vous excellerez à déployer, en éventail superbe, les mille facettes de vos talents éventuels, à multiplier les applications de vos maximes percutantes et de vos recettes infaillibles.

Mercure en Lion, vécu sur un mode inadapté, vous sensibilise, en revanche, à la fragilité de votre image de marque, à l’extrême relativité de l’effet produit, aux fluctuations constantes du jugement d’autrui. Il en résulte une fébrilité d’autant plus désorientée qu’elle omet de prendre en considération les données objectives qui vous permettraient de redresser la barre. Il peut y avoir une fuite compensatoire dans un verbiage outré, avec prédilection pour les galéjades énormes et les tartarinades effrénées. Brasser du vent, c’est un moyen comme un autre de se faire remarquer. L’essentiel n’est pas d’être efficace, mais d’éviter l’insupportable éteignoir de l’anonymat. Les Lions inadaptés d’un genre plus introverti gagneront à exorciser leur dilemme par le biais de l’humour, un humour dont les cibles favorites seront les puissants, les vaniteux, les matamores plastronnants, les héros prétendument sans peur et sans reproche.

On trouve un Mercure en Lion important chez Napoléon I », Jean Piaget, René Goscinny, Jean-Christophe Averty, le dessinateur Sempé, les poètes Robert Desnos et Guillaume Apollinaire.

Vénus en Lion

Mythologie oblige : quand les astrologues interprètent Vénus dans un thème, ils évoquent, en priorité, la vie affective et amoureuse du sujet. Comme l’association Mercure-intelligence, le rapprochement Vénus-sentiment n’est guère sujet à controverse ; encore que, pour le domaine évoqué, il faille aussi tenir compte de la Lune, de Neptune et des planètes dominantes. Plus précisément, disons que la position et les aspects de Vénus permettent de déterminer à quel type d’images le natif est émotionnellement sensible, sur quel mode il s’efforce d’incarner les modèles valorisants qu’on lui a inculqués. Les attachements passionnels privilégiés entrent, évidemment, dans le cadre de ces fonctions plus générales. Dans le cas du Lion, au chapitre consacré à l’amour avec un grand A, nous avons déjà évoqué la topographie de la Carte du Tendre de notre félin bien-aimé. Voyons les autres aspects de votre personnalité vénusienne.

Vous savez jouer au maximum de l’efficacité des apparences, de l’impact affectif des paroles. Votre Moi en représentation s’affirme par le canal de l’émotion ainsi produite sur les autres. Vous vous efforcez de susciter la sympathie admirative par les moyens les plus extérieurs – d’aucuns diraient les plus superficiels – tels que la beauté physique, le vêtement, la parure, le maintien, la qualité du langage et le respect de l’étiquette. Selon votre orientation générale extravertie ou introvertie, vous viserez, par ces biais, à donner une impression de force, d’aisance souveraine, de liberté superbe, ou bien de noblesse, de générosité, d’élégance morale.

Dans le cas où les modèles proposés par votre milieu ne vous satisfont pas, vous pouvez faire montre d’audace dans vos choix sentimentaux et dans vos goûts esthétiques. Vous serez peut-être de ceux qui dressent avec éclat les raisons du cœur contre celles de la tête, les inclinations des sens contre la rigidité des coutumes. La mesure et le sens des nuances n’étant pas le fort du Lion, la profondeur de réflexion n’étant guère le fait de Vénus, gardez-vous de dévier vers la coquetterie voyante, le maniérisme pompier ou l’aveuglement passionnel.

Si les modèles socio-culturels ont l’heur de vous agréer pleinement, une Vénus dissonante en Lion peut vous conduire à ne vivre vos aspirations léoniennes à la puissance ou à la perfection que sur un plan formel. Les héros de films et de romans proposés à votre adoration vous suffiront : ils acquièrent, pour vous, une telle matérialité qu’il vous paraît inutile de vivre réellement leurs exploits pour en tirer jouissance.

Vénus en Lion est fortement valorisée chez la couturière Coco Chanel, le cinéaste Hitchcock, Louis XIV, François I », Pompidou, George Sand, le peintre Rubens, les écrivains Claude Roy, Jean Daniel et Roger Peyrefitte. J’allais oublier de citer Cécile Sorel (qui n’a pourtant pas fait grand-chose pour tenter de passer inaperçue).

Mars en Lion

De l’avis général, être né avec un Mars dans son Lion s’avère largement aussi payant que mettre un tigre dans son moteur. Les interprétations classiques insistent avec raison sur la force réalisatrice et la puissance d’action, sans éluder quelques menus travers, tels que les grosses colères et la brutalité sans scrupules, si l’occasion s’en présente. Il faut dire que la planète rouge trouve, dans notre signe, un terrain de choix pour développer ses talents divers. A moins d’un aspect important de Saturne pour y mettre le holà, ses exploits ont des chances d’être plutôt fracassants.

La force d’excitation débloquante, en effet, joue ici sur le mode d’une confrontation directe et immédiate avec le monde environnant. Elle n’a rien d’un fantasme, d’une simple spéculation théorique ou d’une évocation évanescente. Elle acquiert une présence telle qu’il est impossible à autrui de l’ignorer ou de n’en point constater les effets percutants. Dans le combat quotidien pour la survie personnelle, vous refusez absolument toute entrave à vos initiatives. Vous ne vous préoccupez guère des implications philosophiques de vos actes ou de ce que l’on va penser de vous : l’essentiel est de vaincre l’obstacle par les moyens les plus rapides et les plus indiscutablement efficaces. Vous n’êtes pas une personne à vous décourager facilement. Non pas que vous fassiez preuve d’une patience obstinée, mais surtout parce que vous savez surmonter vos fatigues, recharger à bloc vos batteries au moment où l’on vous croit épuisé. Vos sursauts de volonté, dans les situations les plus éprouvantes, ont de quoi étonner les plus blasés. Vous êtes moins tenté que d’autres Lions par les politesses mondaines. Vous n’avez cure de mettre les formes dans vos propos. La diplomatie n’est pas votre qualité dominante. Vous vous rattrapez sur la franchise ; une franchise qui confine, bien souvent, au cynisme le plus cru. Vous ne sauriez garder longtemps quelque chose sur le cœur : il faut que ça sorte, de manière explosive et violente de préférence. Vous joignez facilement le geste à la parole : vos contradicteurs l’apprennent souvent à leurs dépens. Dans les cas extrêmes, on vous accusera de ne reconnaître que la loi du plus fort, on vous jugera comme un aventurier sans morale ou un casse-cou hâbleur.

Un de vos problèmes essentiels consiste à réussir la coordination de votre lenteur d’excitation léonienne avec les processus martiens. Vos aptitudes à organiser, à gérer, à mûrir longuement vos plans opiniâtres peuvent pâtir de vos impatiences, de vos soudains emballements instinctifs. Mieux maîtrisé, votre Mars devrait vous permettre de régénérer perpétuellement vos certitudes au contact des situations réelles toujours nouvelles, de réajuster vos objectifs à long terme en fonction des rapports de force du moment. Vous pouvez ainsi vous libérer des oeillères de certains préjugés illusoires. Il ne faudrait pas, pour autant, que vous vous embourbiez dans l’ornière d’un prosaïsme étroit dépourvu de toute dimension spirituelle ou collective.

Parmi les célébrités nanties d’un Mars en Lion assez fort, on peut citer Robespierre, l’empereur Hiro-Hito, Bleustein-Blanchet, Landru, Pierre Messmer, Raimu, le général Bigeard, Henry Ford, Edith Piaf.

Jupiter en Lion

Voilà encore une rencontre qui a eu, de tout temps, fort bonne réputation. Comment pourrait-il en être autrement ? Aux yeux de la Tradition, l’alliance du signe royal par excellence et de l’astre qualifié de Grand Bénéfique ne saurait enfanter qu’une avalanche de bienfaits : honneurs, célébrité, succès, triomphe et autorité indiscutée vous sont octroyés, sans lésiner, par les célestes cornes d’abondance.

Quant aux seuls inconvénients évoqués, ils découlent des risques de démesure et de surabondance. L’astro-psychologie descriptive, tout en étant moins catégorique sur les événements promis, ne dément pas la tonalité générale du tableau. L’astre et le signe se rejoignent par leur côté extraverti, optimiste, théâtral et ambitieux, le tout saupoudré de ce paternalisme pontifiant qui est, paraît-il, l’apanage enviable de la maturité bien assise. Jupiter et le Lion, c’est l’expansion sur tous les fronts. Mais ne nous en laissons pas imposer par ces images de puissance, et selon notre bonne habitude, voyons de plus près les mécanismes en cause.

A l’instar du Lion martien, vous ne vivez guère dans les nues. Vos domaines de prédilection, ce sont les choses telles qu’elles sont, la vie comme elle va, les gens comme ils viennent. En bon natif adapté du cinquième signe, pas question de rester passif et résigné devant ces réalités-là. N’en déduisez pas, un peu hâtivement, que vous avez une âme de révolutionnaire. Certes, vous ne rechignez pas à retrousser vos manches ; vous vous démenez, vous savez dépasser les situations contraignantes. Mais, ce faisant, à la différence du martien pur, vous vous souciez beaucoup plus de la dimension sociale de vos actes. Jupiter renforce nettement le besoin léonien d’être approuvé, admiré, louangé par autrui.

Pour audacieuses qu’elles soient, vos entreprises tendent à s’insérer dans un cadre officiel, à respecter les normes communément admises par votre milieu. Fermement campé sur la vie quotidienne dans ce qu’elle a de plus palpable, vous canalisez vos efforts vers des directions privilégiées : celles qui sauront le mieux rehausser votre image de marque. Cette aptitude à ordonner les rapports de force et à clarifier les confrontations vous vaut des talents d’organisateur dynamique, de stratège entraînant capable d’unir efficacement ses troupes en vue de la victoire. Vous pensez que l’un des meilleurs moyens de dominer les situations consiste à savoir les décrire et à les formuler sans ambiguité.

Si vous êtes attiré par les sciences, peut-être vous distinguerez-vous par vos hautes compétences en matière de classification et de nomenclature. Plus littéraire, vous serez doué pour des descriptions puissantes et colorées. La plupart du temps, vous vous contentez d’asseoir votre supériorité par le travail, la force physique, la conquête d’avantages matériels. Persuadé que ce que vous faites est forcément bien fait – puisque fait selon les règles – vous êtes rarement assailli par le doute. Vous avez donc tout ce qu’il faut pour être un Lion bon teint.

Si Jupiter est dissonant, sa fonction simplificatrice risque de s’emballer, mettant ainsi en relief les travers léoniens les plus voyants. Votre souci d’insertion sociale active dégénère en arrivisme boulimique. Vos menues concessions pour gagner la faveur publique tournent à la démagogie éhontée. Votre formulation des faits devient éminemment partiale, arrogante, sentencieuse et caricaturale. Bien que vous preniez plus d’une liberté avec les réalités immédiates, ces dernières demeurent le point de référence exclusif de vos affirmations.

Vous rejetez l’impalpable, le subtil, le nuancé, tout ce qui fleure l’inhabituel, l’insolite, l’imprévu, le marginal. La finesse d’analyse des situations complexes est moins que jamais votre fort. Inutile de vous dire que vos adversaires éventuels ne se feront pas faute de tirer parti d’un si providentiel talon d’Achille.

On trouve un Jupiter en Lion notable dans les thèmes de Wagner, Louis XVI, Vincent Auriol, Lindon Johnson, Georges Marchais, Raimu, André Breton, Michèle Morgan, Eric Tabarly, Gilbert Trigano, Arthur Conte, Jean Piaget. L’olympienne planète se trouve également dans votre signe si vous êtes un Lion d’une des années suivantes : 1896, 1908, 1920, 1931, 1932 (jusqu’au 10 août), 1943, 1944 (les 23-24-25 juillet), 1955, 1967, 1979, d’août 1990 à août 1991.

Saturne en Lion

Là, ce n’est pas tellement la fête. De toute manière, dès que Saturne est en cause, les astrologues traditionnels éteignent leur beau sourire commercial et vous prennent des airs gravement consternés. Comme, par-dessus le marché, ils considèrent le Lion comme le lieu d’exil de la planète – c’est-à-dire le signe avec lequel elle présente le moins d’affinités – vous voyez d’ici le tableau engageant. Dans le meilleur des cas, ils évoquent une autorité froide, une implacable ambition, des buts politiques à long terme, le sens de l’organisation.

Il est surtout question de despotisme, d’avidité insatiable, d’orgueil égocentrique et misanthrope, de dureté, de cruauté, de lâcheté. Certains vont même jusqu’à parler de déchéance et de malédiction si le Moi ne consent pas à se sacrifier. Charmant programme !

Il faut dire que, parmi les célébrités marquées par ce signe, on trouve toute une brochette de personnages peu sympathiques. Mais la réalité est tout de même plus nuancée. Certes, les fonctions du signe et de la planète paraissent bien peu compatibles, de prime abord. Ce n’est pas une raison pour faire de l’anti-saturnisme primaire. La vérité n’est pas toujours du côté des évidences trop éclatantes.

La fonction débloquante, la plus caractéristique du Lion, implique une hausse d’excitation, un surcroît soudain d’énergie. Hélas, trois fois hélas, le processus saturnien se traduit, au contraire, par une baisse d’énergie, une chute de l’excitation. Il travaille donc à l’encontre des tendances à s’extérioriser, à se mettre en vedette, à exercer sa force avec éclat.

Notre cher signe va-t-il être contraint d’abdiquer ? Ce serait bien mal le connaître, avec son art d’exploiter à fond les atouts les plus minimes. Avec Saturne, comme lorsqu’il est accompagné de Mars ou de Jupiter – sous réserve que la planète soit suffisamment soutenue par de bons aspects -, il peut saisir l’occasion d’être réaliste. Avec, en prime, la profondeur, la prudence et la réflexion, qualités dont le Lion-type est rarement coutumier.

Dans l’hypothèse la plus positive, le natif sait davantage percevoir le fin fond des choses, les conséquences ultimes des actes, le mécanisme secret des phénomènes. Toutes ces données, on le conçoit, peuvent fort bien être utilisées pour la réussite personnelle, l’acquisition d’une compétence indiscutée, le renforcement de l’immunité du Moi. Ces conquêtes léoniennes ne se font pas sur le mode spectaculaire et soudain qu’on lui connaît. Pour une fois, c’est le Lion qui se conduit comme le rat de la fable. Pour briser ses entraves, patience et longueur de temps font plus que force ou que rage… L’accent est donc mis sur la lenteur d’excitation, sur les qualités de ténacité, de constance et d’organisation qui en découlent.

Les libertés que vous quêtez sont essentielles, durables, décapées du vernis des convenances et de la morale à courte vue. A emprunter ainsi les voies obscures, à dédaigner les gros effets faciles, à ne pas se laisser fléchir par l’accidentel et le superficiel, on s’attire immanquablement, de la part des chantres de la réussite éclatante, quelques qualificatifs bien sentis. Vous vous exposez à être longtemps considéré comme un incapable, un besogneux, un être falot, peu représentatif de votre signe. On peut vous reprocher aussi, à l’occasion, votre froideur calculatrice, votre orgueil rentré, votre dédain de la sentimentalité. Les plus hargneux vous traiteront d’égoïste hypocrite et sournois. Ils n’ont pas nécessairement tort, mais, la plupart du temps, ils sont tentés de forcer un peu la dose, par simple refus d’approfondir leur analyse.

Si vous ne parvenez pas à utiliser positivement les fonctions saturniennes, elles menacent de se transformer en encombrant fardeau. Votre perception des complexités de l’existence, loin de vous aider à déjouer les embûches, vous donne une grave impression d’insécurité.

Vos pressentiments tournent autour de tout ce qui pourrait altérer vos capacités d’affirmation léoniennes. Vous voyez partout des traquenards, des embarras, des risques de perte, de spoliation, d’abandon. Vous avez donc tendance à vous montrer exagérément soupçonneux, possessif et susceptible. Mais vous êtes foncièrement ambivalent : cette complexité qui vous fait peur, vous ne pouvez vous empêcher de soupirer après les trésors d’absolu que vous y devinez, malgré tout. Vous voilà donc écartelé entre vos craintes et vos désirs, assoiffé de perfection morale, de suprême connaissance ou d’indéfectible passion, mais n’osant les quérir vraiment par crainte de vous y abîmer. A l’encontre de ce que prétend la Tradition, vous n’êtes pas un Lion vieillard, mais un Lion traînant après soi une adolescence qui n’en finit pas de mourir.

On trouve un fort Saturne en Lion dans les thèmes de Guillaume II, César Borgia, Hitler, Ravachol, Michel Sardou, Mitterrand, ainsi que dans ceux de Maurice Chevalier, Charlie Chaplin, Bourvil, Henri Salvador, Jules Laforgue, Jean-Roger Caussimon. Saturne est également dans votre signe si vous êtes un Lion des années suivantes : 1918, 1919 (jusqu’au 11 août), 1946 (à partir du 3 août), 1947, 1948, 1976, 1977, 1978 (les 24-25-26 juillet).

Uranus en Lion

Chose curieuse, les astrologues classiques ne semblent guère s’attarder sur le fait que, selon leur système, Uranus se trouve, tout autant que Saturne, en exil dans notre signe. On comprend bien pourquoi : les affinités entre les fonctions léoniennes et uraniennes sautent tellement aux yeux qu’ils se ridiculiseraient en prétendant le contraire. Les interprétations qui insistent sur la détermination, la puissance de caractère, la forte ambition, l’audace et les risques de déviation vers la paranoïa, sont certainement plus proches de la vérité. Encore méritent-elles quelques petites explications.

Le point commun fondamental entre Uranus et le Lion, c’est un processus de concentration, de réduction extrême à un pôle unique, dans un but d’efficacité maximale.

Dans le chapitre consacré à la Caractérologie du signe, nous avons déjà étudié tout ce que cela implique : imposer son point de vue aux autres, se sentir invulnérable, être sûr de son bon droit, ne pas concéder la moindre miette de son pouvoir et de son autorité. Uranus exacerbe ces tendances, les radicalise, les assortit d’un impact, d’un tranchant tels qu’elles ont bien peu de chances de passer inaperçues. Vous visez toujours les sommets : qu’il s’agisse de ceux du pouvoir, de l’intensité d’expression de votre personnalité, de l’acuité de votre conscience lucide ou de la rigueur concise de vos formulations. Vous dissipez le brouillard à coups d’éclairs soudains, vous focalisez les lueurs éparses en faisceau aveuglant, vous rassemblez les forces les plus diluées en un seul et invincible fer de lance. Vos irruptions sur le devant de la scène sont souvent plus provocantes que celles du Lion jupitérien. Vous ne prenez pas, comme lui, votre élan à partir de données familières, de réalités que chacun peut voir et palper. Vous vous appuyez sur vos pulsions les plus intimes, vos tendances les plus inaliénables, ou encore sur de vastes entités collectives, des sujets d’étude passablement complexes, fort difficilement perceptibles du fait de leur nature ou de leurs dimensions. Les motivations de vos exigences et les sources de vos déductions fulgurantes s’enveloppant ainsi de mystère, vos attitudes abruptes sont souvent ressenties comme parfaitement arbitraires et violemment partiales. Vous surprenez, vous choquez à l’occasion, mais vous ne laissez personne indifférent.

L’un des dangers majeurs qui vous guettent réside dans les polarisations trop exclusives, les manies forcenées dévoreuses d’énergie, la surtension constante pour vous maintenir à l’altitude de votre personnage. Les tristes déboires du Lion qui met tous ses oeufs dans le même panier vous concernent particulièrement. Pour tout ce qui est en-dehors de vos spécialisations les plus valorisantes, vous risquez de porter des oeillères d’une opacité à toute épreuve. A moins d’une dominance planétaire compensatrice, les dimensions émotionnelles des situations, tout leur côté « humain trop humain » vous échappent totalement. L’œil braqué sur votre but, vous foulez aux pieds les tendres, les gentils, les affables et les doux meurs sans leur prêter la moindre attention. Le manque de discrimination léonien, dans ce cas particulier, ne fait pas de vous un gaffeur soupe-au-lait, somme toute bien sympathique, mais plutôt, dans les cas les plus graves, le parfait butor arriviste qui s’est fait greffer un ordinateur à la place du cœur. Soucieux, avant tout, de faire un effet boeuf par vos bluffs, vous sautez à pieds joints par-dessus les menues tâches pratiques de tous les jours, par-dessus les mille petits faits qui tissent la trame la plus consistante de la vie. Si vous êtes un uranien dissonant de cette trempe, regardez tout de même de temps en temps où vous marchez : vous êtes peut-être un génie, mais les peaux de bananes sont aussi glissantes pour vous que pour les autres.

En raison de sa lenteur, Uranus n’est pas très souvent dans notre signe : il y revient tous les 84 ans pour une période de 7 ans en moyenne. Parmi les Lions du XXe siècle, seuls sont concernés les natifs de 1956 à 1962 inclus (et encore, jusqu’au 9 août seulement pour ceux de la dernière année). Lors de son passage précédent, Uranus en Lion s’est notamment fait remarquer dans les thèmes de Churchill, Colette, Ravel, Jung et Mata-Hari.

Neptune en Lion

Enigmatique et problématique alliage. Les affinités entre la planète et le signe sont nettement moins évidentes que dans le cas d’Uranus ou de Jupiter, et la coopération ne sera vraiment effective que si Neptune reçoit, par ailleurs, de forts aspects dynamisants. Dans le cas contraire, les fonctions dominantes du Lion sont passablement altérées. Les manuels traditionnels parlent d’exaltation lyrique, idéaliste, mystique ou romanesque, de sens esthétique noble et raffiné, avec forte propension aux illusions et déceptions sentimentales, dans l’hypothèse d’un Neptune très dissoné. Le portrait s’avère assez ressemblant pour l’essentiel, mais quelques touches supplémentaires ne lui nuiront pas, je l’espère.

Par la fonction neptunienne, émergent en vous des émotions et des sensations dont les sources échappent à votre conscience claire parce que trop subtiles, trop complexes ou trop inhabituelles. Vous avez l’impression d’être habité par quelque chose de plus vaste que vous même, d’être fondu dans un grand tout avec lequel vous vibrez à l’unisson. Vous agissez au flair, animé par les impondérables, témoignant, à votre manière, de valeurs collectives ou d’un ordre invisible que chacun nomme à sa façon, selon ses propres convictions. Pour vous, ce que l’homme a de plus humain, ce sont les battements de son cœur, ses enthousiasmes, ses chagrins, les échos frémissants de la symphonie universelle qu’il sent palpiter en lui. Vous n’avez vraiment rien d’un sec ordinateur uranien. Avec l’apport du Lion, dans les cas les plus positifs, la façon dont vous manifestez ces émotions et sensations peut acquérir une force de conviction peu commune. La liberté, telle que vous la concevez, c’est le refus des barrières formelles de la raison raisonnante, le pouvoir que nous avons de nous délivrer des mortelles scléroses en vivant pleinement, selon nos intuitions les plus folles, en nous laissant soulever par notre foi, par les aspirations de tout un peuple, ou par la puissance irrésistible de la Vie avec un grand V. L’alliance LionNeptune peut également prendre la forme d’un rayonnement personnel, fondé sur un sens profond de l’humain ou sur la générosité inconditionnelle. A l’occasion, vous pouvez aussi exceller à enrober vos appétits dominateurs de considérations universalistes et philanthropiques.

Mais Neptune, comme je vous le laisse entendre plus haut, ne manque pas de bâtons à nous mettre dans les pattes. Ainsi, en prise directe perpétuelle avec ce qu’il y a de plus mouvant et de plus incertain, il ne facilite guère l’immunisation du Moi par concentration des mécanismes protecteurs. L’Invincible Armada de vos tendances aura bien du mal à ne pas se disperser dans les tempêtes ou à ne pas s’enliser dans quelque mer des Sargasses. Autre difficulté : Neptune néglige tout ce qui est mise en vedette, représentation extérieure, recherche du prestige et de l’autorité. Si vous persistez à vouloir vivre ces tendances léoniennes, vous aurez la sensation d’un perpétuel inachèvement, vous vous sentirez plus ou moins « raté », riche d’infinies virtualités que vous êtes impuissant à utiliser pour votre valorisation personnelle. Vous déplacerez vos désirs de conquête, de toute-puissance et de liberté souveraine sur le plan de l’utopie, du rêve, du fantasme, avec réalisation possible dans le domaine artistique ou littéraire. Signalons, enfin, qu’un NeptuneLion dissonant risque d’affaiblir encore les facultés discriminatrices du signe. Il ne s’agit pas d’une carence de flair et d’intuition, mais d’une grande maladresse dans les rapports officiels. Si fort qu’en soit votre désir, vous ne maîtrisez pas les subtilités de l’étiquette, le savoir-vivre et le savoir-parler dans ce qu’ils ont de plus étroitement formaliste. Vous agissez en priorité selon vos humeurs, vos sentiments, vos impressions fugaces, suivant les inclinations naturelles de vos indignations ou de vos enthousiasmes, sans y mettre les formes auxquelles les autres s’attendent. Au lieu de vous en culpabiliser, considérez-vous plutôt comme l’involontaire et naïf messager d’un monde plus vrai et plus libre que cet univers de mots creux et de décors en carton-pâte où se complaisent tant de gens prétendument raisonnables.

La visite de Neptune à notre signe est particulièrement rare, puisqu’elle ne se produit que tous les 184 ans. Il est vrai qu’en raison de son mouvement très lent, la planète y demeure durant plusieurs années, marquant ainsi toute une génération de son empreinte. En ce qui concerne notre siècle, les Lions marqués par sa présence sont ceux des années 1915 à 1929 incluses (le 23 juillet seulement, pour les natifs de cette dernière année). Neptune en Lion est important dans les thèmes de Mozart, Robespierre, John Kennedy, Kissinger, Michèle Morgan, Bourvil, Theodorakis, Arthur Conte, Claude Roy, Fernand Raynaud, Raymond Devos, Robert Sabatier, Gébé, Goscinny, Lagoya, Jean Daniel, Trigano, Stockhausen.

Pluton en Lion

Pluton a beau être la petite dernière, on ne peut pas dire qu’aux yeux des astrologues, elle soit la préférée de la famille. Certains ne lui reconnaissent même pas le droit de figurer dans les thèmes, c’est vous dire. Bon nombre de ceux qui se hasardent à l’interpréter ne la manient qu’avec des pincettes, prétextant que sa découverte est encore trop récente pour qu’on puisse en dire quelque chose de sensé. Les symbolistes, éloquemment inspirés par le sombre parrainage du dieu des Enfers, lui attribuent l’ambivalence extrême des mondes souterrains, qui sont aussi bien le lieu de la damnation éternelle que celui des plus riches trésors. En général, cependant, ils insistent sur le mauvais côté. Destruction, crise, révolte sauvage et sans cause, perversité, angoisse, absurdité, instinct de mort n’en finissent pas de défiler lugubrement. Il faut dire que les fonctions naturelles de Pluton, dégagées par l’astrologie moderne, impliquent des affinités avec l’essence des choses, la vérité en soi par-delà les jugements de valeur, la transcendance absolue. D’où la suspicion naturelle qu’elle inspire…

A priori, la cohabitation avec le Lion s’annonce plutôt malaisée. Le désir de surclasser les autres et le goût de la parade tonitruante, notamment, en prennent un sacré coup. Un Lion plutonien bon teint, vu de l’extérieur, a fort peu de chances de cadrer avec le portrait-robot du signe. Avec Pluton, l’on aurait cependant bien tort de se fier aux apparences, l’essentiel se passant au niveau de votre inaliénable for intérieur. En fait, Pluton, tout comme le Lion, refuse les limites. Il les refuse même de la façon la plus radicale qui soit. Le temps et l’espace n’ont pas de bornes, l’éternel et l’infini sont ses domaines. Il n’a de compte à rendre à personne, il ne se soumet à aucune autorité humaine. Il engendre lui-même sa propre loi et sa propre vérité. C’est un réfractaire, un irréductible, un pur, un authentique. On pourrait croire que Pluton, éloigné de tout personnalisme, désintègre le narcissisme du Lion. En fait, il remplace un narcissisme superficiel par un narcissisme beaucoup plus profond : la contemplation inexprimable, intégrale et perpétuelle des rouages les plus secrets de votre Moi ; la traque de vos mobiles les plus intimes. Vous vous retrouvez seul avec vous-même pour assumer l’angoissante étendue des possibles qui vous habitent. Si votre Pluton est bien soutenu par des aspects harmoniques ou bien épaulé par d’autres dominantes, vous pouvez vous imposer dans un rôle d’accusateur, de démystificateur, d’opposant ou de personnalité marginale, conquérant ainsi, au moins sur un certain plan, une petite part de la liberté absolue que vous rêvez d’atteindre.

Même dans les cas les plus favorables, de quelque signe que l’on soit, l’on ne saurait attendre de Pluton qu’il nous facilite la vie : il n’est que des différences de degrés dans une inintégration foncière que l’on accepte plus ou moins bien. Avec Pluton en Lion, l’inadaptation peut se traduire par l’écroulement total des barrières de prudence et de raison. Vous êtes irrésistiblement entraîné vers les situations les plus dangereuses pour votre équilibre psychique ou corporel, animé par une sorte d’orgueil métaphysique. Vous faites de vous-même votre propre dieu : un dieu dont vous éprouvez, sans relâche, l’étendue des pouvoirs, un dieu que vous remettez en question, sans jamais trouver de réponse définitive.

Les tendances phobiques du signe atteignent une intensité à la mesure de l’intransigeance de vos refus. Savoir que toute immunisation de votre Moi est, d’avance, vouée à l’échec : n’est-ce pas ce qu’il y a de plus insécurisant au monde ? Ne pouvoir s’empêcher de saboter l’estime qu’on vous porte tout en la quêtant éperdument : qu’existe-t-il de plus éprouvant ? Peut-être aurez-vous la ressource de socialiser vos angoisses par le biais d’un humour corrosif, mettant en épingle le caractère définitivement dérisoire des prétentions léoniennes ; vous résoudrez peut-être, ainsi, la distorsion entre votre refus des conventions et votre besoin d’un public admiratif.

Pluton est entré en Lion en août 1938 pour n’en ressortir qu’en août 1957. Si vous êtes un léonien né entre ces deux dates, la ténébreuse planète a de fortes chances de jouer un rôle non négligeable dans votre horoscope. Aucun natif de cette période n’a encore eu le temps de devenir un vénérable vieillard, mais, parmi ceux dont le Pluton en Lion important n’a pas fait obstacle à la notoriété, on peut déjà citer les chanteurs Michel Sardou, Mort Shuman, Maxime Le Forestier, Antoine, ainsi que Claude Lelouch, Jacques Attali, Patrick Modiano, Claude Villers, Anne Gaillard, et la dessinatrice Claire Bretécher.

Comment interpréter les Signes dans les Maisons

Votre heure de naissance, nous l’avons vu, permet de déterminer votre signe Ascendant.

Elle permet aussi de calculer le degré zodiacal traversé par le plan méridien du lieu concerné. A partir de ces deux repères, et par des procédés que je ne juge pas utile de développer ici, il est possible de diviser la sphère céleste en douze secteurs pas nécessairement égaux. Chacun de ces secteurs est numéroté et appelé Maison I, Maison II, Maison III… jusqu’à Maison XII. Un peu au fait de l’astrologie, vous savez sans doute que lesdites Maisons sont censées nous renseigner sur la façon dont nous vivons tel ou tel domaine bien délimité de notre existence : carrière, famille, santé, amours, voyages…

Au risque de faire bondir bon nombre d’astrologues vétérans, je vous avouerai que je suis assez sceptique quant à la réalité de leur influence, du moins dans les limites définies par la Tradition. Elles ne me semblent pas nécessaires, de toute façon, pour une saine interprétation d’un thème. Les dominances planétaires et zodiacale, les aspects majeurs et les renseignements fournis par le consultant suffisent amplement à faire prendre une claire conscience de la structure d’une personnalité. On ne répétera jamais assez qu’il est vain de vouloir trouver dans un thème tous les détails d’une vie. Cela dit, si vous disposez de votre carte du ciel, je ne vous empêche pas de vérifier vous-même le bien-fondé ou l’inanité des sentences traditionnelles. En avant, donc, pour la visite des douze Maisons.

Le Lion dans les Maisons

Lion en Maison I

Cette Maison a trait au sujet dans ce qu’il a de plus représentatif et de plus évident. Elle concerne votre extériorité physique et la conscience que vous acquérez, peu à peu, de vous-même. Une Maison I fortement chargée signale un natif préoccupé avant tout de sa personne et faisant de celle-ci son principal centre d’intérêt : on voit ce que ça peut donner dans le cas du Lion. Je crois bon, par ailleurs, de vous rappeler que la pointe de la Maison I s’appelle l’Ascendant. Il vous faut donc vous reporter au passage consacré au LionAscendant Lion, ainsi qu’aux passages relatifs aux gestes et aux mimiques dont notre signe est coutumier : vous serez suffisamment éclairé. Je me permets de préciser que toute planète située à proximité de l’Ascendant a de fortes chances d’être l’une des dominantes de votre thème. S’il en est une dans ce cas, reportez-vous au paragraphe qui la concerne.

Lion en Maison II

Cette Maison est censée renseigner sur votre attitude face à l’argent, sur vos aléas financiers, sur la nature de vos gains. J’ai déjà traité assez longuement du comportement léonien en matière pécuniaire. Pour juger sainement de la question, d’ailleurs, l’astrologue peut bien se contenter de considérer vos planètes dominantes, ainsi que les aspects lunaires, jupitériens et vénusiens. Si, conformément à la Tradition, l’argent occupe une place prépondérante dans votre existence, cherchez plutôt dans cette Maison-là et regardez aussi où se trouve votre Ascendant : il est peut-être dans le signe thésauriseur et engrangeur du Cancer. Pour l’astrologue qui s’obstine à déceler dans le thème des événements et des faits précis, une Maison II en Lion est un indice de fortune et de réussite financière, quoique certains auteurs vous jugent suprêmement désintéressés et attirés par des métiers plus honorifiques que lucratifs. Pour ce qui est de la source des gains, on mentionne habituellement l’enseignement, le spectacle et les commerces de luxe.

Lion en Maison III

Les attributions classiques de cette Maison sont multiples : rapports avec frères et sœurs, cousins et voisins, petits déplacements, correspondance, publications littéraires, intelligence pratique, enseignement primaire. Nous avons déjà évoqué la forme d’intelligence du Lion et ses rapports possibles avec ses frères et sœurs à la rubrique Education. Quant aux autres domaines, ils me semblent par trop anecdotiques ou purement événementiels pour que je puisse les traiter sérieusement ici. Les compilateurs classiques parlent de prix littéraires, de frères haut placés, de déplacements profitables, se cantonnant surtout aux réunions mondaines et aux spectacles. Si vous avez vraiment la bougeotte et si vous êtes pris d’une frénésie de communication et d’échange, voyez plutôt la force de votre Mercure, de votre Mars et de votre Lune. Quant à votre Ascendant, il pourrait bien se situer dans les derniers degrés des Gémeaux, ce qui expliquerait bien des choses.

Lion en Maison IV

En analogie avec sa position au Fond-du-Ciel, la Tradition associe à cette Maison tout ce qui constitue la souche, les bases, les racines profondes. Elle concerne donc l’atavisme, l’hérédité, le terroir, le domicile, la famille. Pour faire bonne mesure, on y rajoute aussi la fin des choses, les trésors cachés, la sépulture et l’héritage de propriétés. Du Lion en Maison IV, nos rêveurs à chapeau étoilé s’accordent à déduire une prestigieuse galerie d’ancêtres, ou, tout au moins, des parents haut placés. Ce qui ne laisse pas de rendre perplexe si l’on songe que les frères et sœurs d’une même famille ont très rarement la Maison IV dans le même signe. Mais il en faudrait bien davantage pour démonter de tels astrologues. Ils embrayent aussitôt sur le terme de votre existence, vous assurant qu’il sera comblé de succès et de plaisirs en tout genre. Vous serez bien aise d’apprendre, également, que vous êtes autoritaire avec ceux qui partagent votre toit, que vous avez des talents de décorateur d’intérieur et du goût pour les ambiances luxueuses. Je crois que c’est à peu près tout… Si vous désirez des renseignements moins sommaires sur la façon dont vous ressentez votre foyer, le climat familial, l’appartenance à, une communauté quelconque, référez-vous à la position et aux aspects de votre Lune. Relisez, en particulier, le passage consacré à la Lune en Lion, vous avez quelque chance de vous y reconnaître.

Lion en Maison V

Cette Maison concerne vos amours, votre progéniture, vos oeuvres, vos amusements et vos spéculations. Dans la logique de l’astrologie traditionnelle, avec l’apport du Lion, vos amours ne sauraient être qu’ardents et dignes, votre progéniture remarquable, vos oeuvres brillantes, vos amusements fastueux et vos spéculations fructueuses. Si ça n’est pas tout à fait le cas, cherchez l’explication du côté de vos planètes et signes dominants ; tenez compte de la position et des aspects de la Lune, de Vénus, Neptune et Jupiter : les déductions sont nettement plus sûres. Je me permets aussi de vous renvoyer aux rubriques Amour, Argent, Education et Amitié. Je crois y avoir déjà détaillé les jeux et les ris de notre félin.

Lion en Maison VI

Cette Maison met l’accent sur vos problèmes de santé, sur votre travail dans son côté terre à terre et astreignant, sur vos relations avec les subordonnés, les petites gens, les °tic. et tantes, les petits animaux domestiques. Vous devriez trouver dans les rubriques Travail et Santé de quoi satisfaire votre curiosité quant aux interférences du Lion avec ce sixième secteur.

Lion en Maison VII

Une chose au moins est sûre : comme dans le cas de la Maison I et de la Maison IV, les planètes de votre thème, situées à proximité du début de cette Maison, sont valorisées. Elles ont de fortes chances de figurer parmi vos dominantes. La Maison VII concerne vos relations avec autrui dans ce qu’elles ont de plus officiel et de plus sélectif. La Tradition la met en rapport avec le mariage, les contrats, les associations, les ennemis déclarés, les procès. Assaisonnez avec du Lion et mélangez bien le tout. Vous obtenez immanquablement un conjoint noble, élégant, superbe et généreux, un associé sincère et magnanime, des ennemis très fair-play, des procès victorieux, et – ça va de soi – des contrats léonins. En fait, comme vous le savez, votre horoscope ne saurait vous renseigner sur la réalité objective d’une autre personne, mais seulement sur la façon dont vous êtes tenté de percevoir cette personne. Logiquement, le Lion en Maison VII devrait donc vous conduire, plus que jamais, à percevoir le conjoint, le partenaire, l’adversaire ou l’associé à votre propre image. Selon votre dominance planétaire, votre nature vous incite à modeler vos proches, à les rendre conformes à l’image que vous avez d’eux ; ou bien vous v.)us contentez de vivre vos aspirations léoniennes par délégation, par le biais d’un complémentaire en qui vous avez décelé de prometteuses potentialités. J’ai d’ailleurs déjà fait mention de ce processus dans les passages consacrés à l’Amour et à l’Amitié. Voyez les portraits du LionAscendant Capricorne et du LionAscendant Verseau. Si vous êtes un Lion de la Maison VII, un des deux vous concerne nécessairement.

Lion en Maison VIII

Si l’on en croit la Tradition, avec une Maison VIII fortement occupée, votre existence, d’une manière ou d’une autre, sera marquée par la mort et par ses conséquences. Les deuils, testaments, héritages sont censés prendre une importance toute particulière. Ou alors, vous vous contentez de brasser des idées morbides et suicidaires, de mettre la mort au centre de toutes vos théories. Moins macabrement, cette Maison est également en rapport avec l’argent du conjoint et des associés. L’astropsychologie, d’une façon générale, en fait la Maison des crises, des transformations, des régénérations et de la sexualité. L’on devine ce que peut donner, dans l’optique du traditionaliste, le Lion en Maison VIII : la mort par accident cardiaque, le grandiose héritage, les honneurs posthumes et autres joyeusetés.

A mon sens, pour juger plus sainement des rapports de notre signe avec les crises de transformation en général et avec la mort en particulier, il vaut mieux considérer la force et les aspects de Saturne, Neptune et Pluton dans le thème. Reportez-vous donc aux passages concernant la présence de ces planètes dans notre signe et les aspects de ces mêmes planètes au Soleil. Saturne va surtout concerner la mort en tant que perte, disparition de la personne et du corps physique : sur le plan évolutif, il aura trait, notamment, à la prise de distance vis-à-vis du charnel et de l’émotionnel, à la quête de la profondeur des êtres et des choses.

Neptune concernera plutôt les rapports de la mort et de la vie, le passage de l’une à l’autre dans les deux sens, leurs interférences et leurs imbrications, la faculté de se représenter, concrètement, un au-delà éventuel et d’en ressentir déjà la présence. Quant à Pluton, c’est la mort considérée comme un absolu, comme le point de non-retour, avec ce que cela peut comporter d’exaltant ou de terrifiant selon votre propre conception de l’autre monde. Nos rapports avec la mort et les transformations, de toute manière, sont ceux que nous entretenons avec l’inconnu et la complexité. Il en est souvent question dans ce livre, et pas seulement dans les passages mentionnés à l’instant. Voyez par exemple, au rayon caractérologie, le passage intitulé « Peurs de Lion« . Je vous laisse le soin de faire les transpositions nécessaires…

Lion en Maison IX

Pour la Tradition, c’est la Maison des grands élans vers le lointain et vers le spirituel : elle concerne aussi bien les longs voyages et les rapports avec l’étranger que l’intelligence spéculative, la religion, la philosophie, l’enseignement supérieur. L’interférence avec le Lion est censée apporter générosité et noblesse de pensée, hautes fonctions universitaires, diplomatiques ou ecclésiastiques, attrait pour les longs périples honorifiques et représentatifs. Pour vérifier ces assertions, reportons-nous à la position de Mars, Jupiter, Saturne et Neptune (en dominance harmonique). Mars met l’accent sur le goût de l’action, de l’entreprise et de l’aventure. Jupiter insiste sur le côté officiel et pontifiant. Saturne favorise la réflexion, la méditation et le détachement, tandis que Neptune sensibilise à l’inconnu, au collectif, à l’universel et à toute autre transcendance qu’il vous plaît d’imaginer. Notons pour finir qu’une planète située dans les quinze derniers degrés de cette Maison peut être considérée comme conjointe au Milieu-du-Ciel, et qu’elle a, par conséquent, de sérieuses chances de figurer parmi les dominantes de votre thème.

Lion en Maison X

Cette Maison importante, qui valorise les planètes qui s’y trouvent, concerne la façon dont vous vivez votre carrière, votre engagement socio-professionnel, dans ce qu’il a de plus officiel et de plus formel. Pour les astrologues qui interprètent un thème en y cherchant des événements, elle renseigne sur les chances de succès, la célébrité éventuelle, les honneurs, le pouvoir que vous pouvez acquérir, et naturellement, sur les éventualités contraires : les risques d’échec, de déshonneur, de chute. Comme on s’en doute, pour les manuels classiques, la présence du Lion dans ce secteur est éminemment prometteuse : autorité, vedettariat, brillante ascension, réussite magistrale dans les domaines de l’art, de l’éducation, de la politique, de la mode, de la joaillerie ou du théâtre, j’en oublie certainement. Pour que les promesses aient quelque chance d’être tenues, il vaut mieux avoir, par ailleurs, une bonne vieille dominance de Mars, Jupiter, Soleil et Uranus. Mais encore une fois, dites-vous bien que, pour atteindre des sommets, il ne suffit pas du conditionnement de son horoscope, aussi excellent soit-il. Quant au comportement léonien dans le cadre des attributions de ce secteur, il est abondamment décrit à la rubrique Travail et à la fin de la partie Education.

Lion en Maison XI

Cette sympathique Maison a trait aux amitiés, aux espérances et aux projets. Selon l’interprétation la plus traditionnelle, le Lion dans ce secteur devrait vous valoir des amis brillants, fidèles, enthousiastes et quelque peu dominateurs, des relations puissantes et des protections en haut lieu. Vos projets, enfin, ne sauraient qu’être empreints de grandeur, de noblesse ou d’outrecuidance. En fait, pour que votre vie amicale soit euphorique, détendue et sans problèmes, il suffit bien d’une dominance harmonique des planètes Jupiter, Vénus, Mercure et Lune. Prière, aussi, de vous reporter à la partie Amitié du présent ouvrage.

Lion en Maison XII

Comme le chanterait Brassens, dans les thèmes, sans prétention, elle n’a pas bonne réputation, cette Maison XII… On lui attribue, en effet, les épreuves majeures et les grands chagrins. Maladies chroniques, hospitalisations, exils, emprisonnements sont de son triste ressort. Elle passe pour prédisposer à une existence marquée par le secret, les choses cachées, la vie occulte. Les ennemis sournois et les complots y élisent également domicile, en bonne compagnie avec les vices et les tendances au suicide. Comme on le voit, même s’il n’est guère reluisant, le choix est fort vaste. Le mariage avec des tendances léoniennes, en tout cas, s’annonce plutôt malaisé : la fonction primordiale du Lion n’est-elle pas de se délivrer des embûches ? On peut chercher du côté des très gros ennuis cardiaques, des ennemis puissants, des risques de disgrâce fracassante. Loisible, aussi, d’évoquer le pauvre Lion en cage qui n’a pas su se réaliser, le pauvre Lion prisonnier à perpétuité des barreaux de ses inhibitions. A ce propos, remarquons, tout de même, que le Lion en Maison XII correspond presque immanquablement à un Ascendant Vierge, ce qui peut expliquer bien des choses : relisez le portrait relatif à ce dernier signe au chapitre des Ascendants.

Examinez aussi les grandes dissonances de votre thème, en particulier celles de Neptune, Saturne et Pluton. Pour finir, je ne peux résister au plaisir de jeter le trouble dans l’esprit de la Tradition. Cette dernière considère les planètes situées en Maison XII comme étant particulièrement affaiblies. Or, des travaux modernes ont mis en évidence une forte zone de valorisation à la fin de ce secteur : tout astre situé dans les quinze derniers degrés pouvant même être considéré comme conjoint à l’Ascendant

La Lune Noire

Après l’évocation des images-degrés et des étoiles fixes, comment pourrais-je passer sous silence le dernier outil sophistiqué de nos travailleurs à chapeau étoilé ? N’allez pas croire qu’il s’agisse d’un satellite artificiel barbouillé à l’encre de Chine ; sa définition est tout ce qu’il y d’astronomique, ce qui devrait a priori nous rassurer. Je vous la livre dans toute sa lumineuse simplicité. La Lune décrit une orbite elliptique autour de la Terre, cette dernière occupant l’un des deux foyers de l’ellipse, conformément aux lois de la mécanique céleste.

La Lune noire, c’est tout bonnement le deuxième foyer, inoccupé celui-là, de l’orbite de notre sœur lunaire. Quant à l’apogée de ladite orbite, c’est-à-dire le point le plus éloigné de la Terre, il a reçu le petit nom charmant de Lilith.

Ça vous chiffonne qu’il s’agisse de deux lieux vides ? Vous n’êtes pas le seul. D’aucuns n’ont pas manqué de faire remarquer aux adeptes de la Lune noire que l’influence de points immatériels semble, pour le moins, problématique. Ils ne se sont pas démontés pour si peu : la Lune noire, disent-ils, n’est pas un point fictif, mais un point virtuel. Elle n’est pas inexistante, elle est immanente. Ce qui change évidemment tout quant à l’efficacité de son influence. Don Néroman, l’astrologue qui l’a remise au goût du jour, parle d’ailleurs de son « action théorique évidente ». Reconnaissons tout de même que l’évidence d’une action réelle serait éminemment préférable. Et, dès lors, pourquoi ne prendrait-on pas en compte les autres foyers vides des orbites planétaires ? Un Jupiter noir, un Saturne noir, un Mars noir ; plus on a de points noirs, plus on rit de se voir si beau en ce miroir…

Pour ce qui est de l’influence de notre espiègle Lilith, je crois préférable de vous épargner la dialectique méandreuse de ses fans et de vous exposer tout de suite leurs conclusions. La Lune noire, c’est l’inaccessible, la transcendance de l’interne, la dérision, l’opposition à la représentation extérieure, la neutralisation et l’inversion. C’est la pureté du silence, la quête de l’être, la destruction des tabous, la solitude aiguë afin de garder la conscience de soi, la justice intérieure absolue. Elle jouerait un rôle décisif dans le thème des personnalités sortant de l’ordinaire, dans les cas d’homosexualité, de crimes et de suicides. Elle symbolise la femme castratrice, ou, tout au moins, la femme émancipée qui refuse soumission, dépendance et servage.

Si l’on considère tous ces attributs, le double emploi avec les fonctions de Pluton ne fait pas de doute. Et, de fait, comme par miracle, on trouve dans la quasi-totalité des thèmes signés Lune noire une très forte position de Pluton, souvent associé à Saturne qui présente bien des affinités avec lui. L’explication du thème par la position d’un point virtuel s’avère superflue. Les astrologues féministes qui en font leur cheval de bataille ont investi ce symbole de toute la puissance de leurs rancoeurs, en réaction à une nomenclature traditionnelle imbue de phallocratisme. Face à Lune et Vénus, symboles de la femme-mère et de la femme-femme, elles dressent la corne de Licorne et de la Lune noire, symbole de la femme refusant les modèles, de la femme absolue. Au lieu de remettre en cause le symbolisme des planètes, de le dépasser par la recherche des fonctions qui le sous-tendent, elles le figent dans une sorte de réplique céleste de stéréotypes culturels posés comme immuables. Et quand, sur Terre, vient au jour la contestation spécifique desdits stéréotypes, il leur faut absolument trouver au ciel un élément nouveau qui en sera l’incarnation. Avec ce système de raisonnement, le firmament va bientôt se trouver bondé !

Cela dit, chers natifs du Lion, qu’est censée vous apporter la Lune noire dans votre signe ? Eh bien, vous manquez des qualités léoniennes : ou vous les possédez seulement en miniature, ou vous les incarnez sur un mode caricatural et dérisoire. Il paraît aussi que vous êtes fascinés par un type de femme royale, dominatrice, puissante et autoritaire. Les natifs concernés sont ceux des années 1899, 1908, 1917, 1934, 1943, 1952, 1961, 1970, 1979, 1987, 1996, 2005 et 2014. Avant de vous dire que ça colle vraiment très bien, regardez plutôt deux fois qu’une la force et la position de votre Pluton et de votre Saturne.